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IMMACULEE CONCEPTION


7>c".s oriyines de hi jêle et (in dogme de l’immaculée conception, dans la Iteniic du clergé Irançais, liMO, t. i.xii, p. 15 sq. ; K. A. H. Kellner. lieorlologie, S 28, Friljourg-eii-Hrisgau, 1911, p. 186 sq.


II. Depuis le milieu du xi-^ sikcle jusqu’au CONCILE DE Bale (1439) : période de discussion. —

Cette période est caractérisée par la jurande controverse qui se prépare à la fin du xie siècle, commence au xii « el se poursuit pendant les deux siècles suivants. Provoqué par le développement que jirend la fêle de la Conception, le débat se concenlre bientôt sur l’objet même de la fcte ou sur la croyance qu’elle implique. D’abord mal présenté ou mal résolu et compliqué de questions accessoires, le problème finit l)ar se poser dans toute sa netteté ; les objections sérieuses sont poussées ù fond. Cela fait, la vérité se dégage et le triomphe de la pieuse croyance devient peu à peu complet et définitif. Diverses étapes se succèdent, dont les grandes lignes doivent être signalées.

I. SECONDE MOITIÉ DU XI^ SIÈCLE : AUBE DELA

CONTROVERSE. — Période courte, mais importante par l’apparition d’un homme et par la divulgation d’un événement, vrai ou supposé, qui devaient exercer une infinence considérable sur le développement et de la fête et de la croyance.

1° Li’s docU’urs ; saint Anselme. — Quelques témoignages, datant de cette époque, ne dilïèrent pas, dans leur ensemble, de ceux qui ont précédé. Saint Pierre Damien († 1072) rappelle ce que nous avons appelé le courant négatif, quand il affirme que tous, en dehors du Sauveur, doivent s’appliquer ces paroles du prophète royal : Ecce in iniqiiitalibus conceptus sum, el in delictis concepil me maler mea. Scrm., xlv, in Nalivilale B. V. M., P. L.. t. cxliv, col. 744. Aussi opposet-il la chair du Christ Sauveur et celle de Marie, comme ayant été conçues, l’une sans péché et l’autre du péché : Ex ipsa carne Virginis, quæ de peccalo conccpta est, caro sine peccido prodiil, qme ultro etiam carnis pcccata delevit. Liber grutissinius, c. xix, P. L., t. cxi.v.col. 129. Ailleurs il rentre dans le courant positif en « ’inspirant d’une idée déjà émise par Paul Warnelride : « Que peut-il manquer, en fait de sainteté, de justice, de religion, de perfection, à la Vierge unique qui reçut dans sa plénitude le don de la grâce divine ? C’est elle, en efiet, qui entendit l’ange la saluer en ces termes : Ave, gratta plena. Dominas tucuni. Quel vice, je vous le demande, pourrait trouver place dans l’àme ou dans le corps de celle qui, semblable au ciel, a mérité d’être le sanctuaire où repose la plénitude de la divinité ? » Scr/n., XLVi, in Naliviliate B. V. M., P. L., t. xxiv, col. 752. Plus expressif encore est le père des Cliar-Ireux, saint Bruno (tUOl), quand il reconnaît en Marie « la terre jjure, que Dieu a bénie et qui, en conséquence, fut indemne de toute contagion du péché, ub unini propierea pecçali conlagione libéra ». Expos ». in ps.ci, c. XX, P. L., t. CLii, col. 167.

Les noms de saint Pierre Damien et de saint Bruno disparaissent devant celui d’un docteur qui, en ce point comme en beaucoup d’autres, devait jouer le rôie d’un précurseur et d’un initiateur : saint Ansehne, archevêque de Cantorbéry (1093-1109). Les défenseurs du glorieux privilège de Marie ont invoqué son témoignage, mais en s’appuyant presque toujours sur des écrits apocryplies : tels le Tractatus de conceplione B. Marias Virginis, le Sermo de conceplione Marisa, le Miraculum de conceplione, dont il sera question plus loin ; tel encoi-e le Mariulc, édit. Ragey, Londres, 1898, où l’on rencontre des formules comme celles-ci : Pulchra Iota, sine nota cujusque maculæ ; aima parens, omni carcns corruptelæ macula ; tola munda et jucunda, loin es mirabilis. Jlijmn., i, str. 14 ; IV, str. 3 ; viii, str. 16. Quelques expressions du même

genre se retrouvent dans les prières à la Vierge attribuées au saint docteur : Virgo sanctissima. corpore sanctissima, moribus omnium pulchcrrima. Virgo virginum. nec corde unquam polhila, nec ore, sed tola pu.chra, tola sine macula. Oral., lix, ad sanctam Virginen Mariam, in Puriftcatione ejus, P. L., t. clviii, col. 964. lixprcssions notables assurément, mais dont aucune n’est appliquée d’une façon explicite au moment de la conception.

Dans ses œuvres dogmatiques, Anselme n’a pas traité de la pureté de Marie pour elle-même, mais seulement en l’envisageant par rapport à la pureté absolue de son divin Fils : « Comment, de cette masse pécheresse qu’est le genre humain, tout entier infecté de péché. Dieu a-t-il pris une nature humaine exempte de péché ? » Telle est la question, motivée par la doctrine augustinienne sur la chair de Marie comme chair de péché, qu’il touche dans un écrit composé de 1094 à 1098, Car Deus homo, t. II, c. xvi, P. L., t. clvhi. col. 416. L’objection que le saint se fait poser par son disciple Boson indique clairement la portée du problème : « Si la conception du Christ, comme homme, fut pure et exempte du péclié qui s’attache à la délc, tation charnelle, la Vierge elle-même, à laquelle il doit son origine, fut conçue dans l’iniquité, sa mère la conçut dans le péché, et elle est née avec le péché originel, puisqu’elle a péché, elle aussi, dans Adam, en qui tous ont péché. » Anselme commence par répondre : Puisque cet homme est Dieu et qu’il réconcilie les pécheurs par sa propre vertu, on ne peut pas douter cju’il ne soit absolument indemne de tout péché ; ce qui suppose qu’il est sorti de la niasse pécheresse sans péché. Si nous n’arrivons pas à comprendre comment la sagesse divine a obtenu ce résultat, ne soyons pas étonnés, mais confessons respectueusement notre ignorance en face du mystère. Sur les instances de son interlocuteur, le saint propose cependant une explication. Les fruits de la rédemption n’ont pas été pour ceux-là seulement qui ont vécu après la passion du Sauveur ; les autres aussi ont pu en bénéficier et obtenir, par la toi au futur rédempteur, d’être purifiés de leurs péchés. Grâce à un acte de foi semblable, la Vierge fut purifiée par une application anticipée des mérites de son fils, et c’est de hi Vierge purifiée que le Christ a été conçu, in ejus ipsa munditia de illa assumpius est. Mais comme elle tenait cette pureté de son propre fils, celui-ci, en fin de compte, ne doit qu’à lui-même d’être né pur, c. xiii, col. 419 sq., 423.

Anselme donne cette explication pour satisfaisante, ista videtur mihi passe salis/acere, c. xviii, col. 425. Elle avait pourtant un inconvénient, dont il se rendait compte, celui de subordonner en quelque sorte la pureté du fils à celle de la mère, comme si le Christ n’eût pas pu naître d’une femme pécheresse. C’est ce qu’avait paru soutenir, entre autres, saint Paschase Radbert ; parlant de la purification de Marie au jour de l’annonciation, il avait écrit : Alioquin, si non codem Spiritu Sancto sanctificata est et mandata, quomodo caro ejus non caro peccati fuit ? et si caro ejus de mitssu primif prævariculionis venit, quomodo Cliristus Verbum caro sine peccalo fuit qui de carne peccati carncm assumpsit, nisi quia Verbum quoi caro jactum esl cam primum obumbravil in quam Spiritus Samtu^i supervenit ? De partu Virginis, t. I, P. L., t. c.xx, col. 1371. Anselme n’était pas du même sentiment ; aussi se réservait-il de donner plus tard une autre explication, qui compléterait la première. Il la donna peu après, en 1099 ou 1100, dans l’écrit De conceptu uirginalietoriginidipcccalo, P.L., t. clviii, col. 431. Sans tomber lui-même s)us la loi du péché, Xotre-Seigneur pouvait naître d’une femme jiécheresse, à la condition de naître virginalemeiit. Cette solution nouvelle