Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/485

Cette page n’a pas encore été corrigée
955
956
IMMACULÉE CONCEPTION


cune àine ne pouvait, par ses seules forces, se disposer conveimblenient à remplir (’et ofïice, encore moins aucun corps. C’est pourquoi Dieu ne se contenta pas, comme il le fait pour les autres saints, de coopérer et de tendre la main à sa bonne volonté ; il lui accorda bien plutôt d’agir d’une manière appropriée à la préparation infuse qu’elle avait reçue ; de sorte que son action se pro(luisait sans doute en harmonie parfaite avec sa volonté, en vertu de l’habitude et de la puissance donnée d’en haut ; mais cette liabitude elle-même ne venait pas d’une lonj^ue répétition d’actes sagement ordonnés par une volonté éprise de perfection. C’était Dieu qui l’avait jetée dans la nature pour qu’en cette "Vierge on ne découvrît pas le moindre vestige des déficits de notre nature. Et ce que la conception virginale opéra en celui qui est né d’elle, cela même, la grâce divine l’opéra en celle qui naquit de la conception charnelle, afm qu’une pureté sublime resplendît dans les deux, pureté plus glorieuse, dans le Fils, parce que découlant de la nature soustraite à toute occasion de souillure ; pureté seulement de grâce dans la mère, qui devait être toute pure dès le premier instant de son existence, parce qu’elle devait enfanter le Très-Pur, mais qui avait, unie à sa nature, une occasion de contracter la souillure (= qui était exposée, par sa naissance, à contracter la souillure), » où Tofvjv a’jvrjpyst [j.o’vov zaî y^ipa r : ap3Ï/£ x^ xaÀ^ -ooy.’.pi’jS’., y.a6âr ; p iv toTç aXÀoiç <j-o-j(Jy.io’. :, kXk’èoîSou jjiàXÀov àÇ »  » ; -cfj ; èyLTiaŒÎar, ; aù-v^ -apa^/surj : èvspycïv… (’) ; av oj-to (ArjoT/voi ; - : "ùJvvriçç’j’Ji’j) : j7T£pY] ! J.â--tijv xauTT) CT-jv^. Kai o~ip ïj <j7 : i^’j.x-rjç àvî’j aûÀÀTj’^L ; àv Tcp Tïap’aùxrj ; ycvvïjOivTi, tout’aùx-^jZai ôii a-ipjj.axo ; yjvvr|st’(j7], 7] Ojîa ydpii ; vr[py£ !, (îj ; av r] xa ! £vàij.sotvyj -LaGapoTri ; ÇeviÇouda, io> (aèv âÇ a’jtYJ ; ^ewtou-Évo) za ; otà œûaiv ÈvôûÇûTcpo ;, o’josaîav p’j-ou -pdçaaiv’s'"/ouaa’t’^ os ~o^~ov yîvvdjaï) Laxà -/i^’M "poaTJ [j.dvrjv zaî r, zaSapfDxâTïi y£v-VYiOsïaa sùGùç, (îj ; <yi ij.iÀXo’jja tov zaOapfÔTaTOv TiV.T ;  : v, zat-Tot ToCf pÛTTOu -po’saaiv "Éyo’jtJx xr ; çûasi auvojaav.

Scholarios, on le voit, marque fort exactement la différence qui existe entre la conception immaculée de Jésus et la conception immaculée de Marie. La première découle de la nature même ; la seconde est un privilège gratuit et revêt le caractère d’une préservation. Le théologien byzantin exprime dans son langage à lui ce que nos théologiens entendent par le debitam auquel la Vierge était soumise comme fille d’Adam. Il importe de noter qu’avant de formuler d’une manière si explicite le privilège de Marie, Scholarios avait posé un principe qui paraissait l’exclure absolument : « Si, afïîrmait-il, le Christ avait eu un père selon la chair, il n’aurait pu éviter la souillure qui, par la génération, atteint tous les hommes, » iy. <j~.io’xa~(ji 5’av ysvo|j. : v(o o’jI. av oiov x rjv u-ïj "Lai Tov ÈzsîOsv ryjTzoy cjvEÏva ;, TCiv iI. : ’.'6sv ràj’.v avOp(o7 : o : ç t-, to’.auxr ) 81a3û/fj xaxto’vTa. Ibid., fol. 138 v". Grégoire Palamas, Démétrius Cydonès, Gabriel de Thessalonique avaient énoncé, avant lui, le même axiome théologique. Et cependant, comme lui, nous lavons constaté, ces mêmes théologiens ont soustrait la mère de Dieu à la souillure originelle. D’où il suit qu’on n’est pas sérieusement fondé à considérer un auteur comme adversaire de l’immaculée conception par cela seul qu’il affirme que le péché originel accompagne nécessairement la génération charnelle.

Le témoignage de Scholarios revêt une importance capitale, à un autre point de vue. On y trouve la mention explicite des dons infus dont Dieu orna gratuitement l’âme de sa future mère, dès le premier instant de son existence. Plusieurs théologiens byzantins laissent dans l’ombre le rcMe de la grâce dans la préparation de Marie à la maternité divine, et insistent surtout sur le mérite personnel et la sainteté acquise de la Vierge. Scholarios, qui connaissait la théologie latine

et avait lu saint Thomas et Scot, complète la doctrine de ses devanciers et montre bien la part qui revient ; i la grâce infuse dans la sainteté exceptionnelle de la mère de Dieu.

.’5 » Conchiaion sur cette sccunde période. — Les fquelques témoignages que nous venons de citer sur la croyance des byzantins à la sainteté originelle de Marie ne sont certes pas les seuls qui nous soient parvenus. Beaucoup se cachent encore dans les manuscrits (les bibliothèques, et attendent qu’on les produise à la lumière. Ceu.x que nous avons mis sous les yeux du lecteur suffisent cependant, à notre avis, à établir que, contrairement à ce qui s’est passé en Occident, la doctrine de la conception immaculée, transmise par l’ancienne tradition, s’est conservée pacifiquement dans l’Église grecque jusque vers la fin du xve siècle, et a môme acquis des précisions nouvelles, à partir du XI'e siècle. Cette doctrine, personne ne l’a sérieusement contestée. La négation timide et à moitié rétractée de Nicéphore Calliste est restée inaperçue, et n’a exercé aucune influence sur les théologiens venus après lui. Cet enseignement explicite de l’Église byzantine n’a été connu jusqu’ici que très imparfaitement des théologiens occidentaux. Quant aux grecs modernes, pourtant les héritiers naturels de cette tradition, ils l’ont presque complètement perdue de vue, à partir du XVI » siècle, pour des motifs divers, dont nous dirons un mot tout à l’heure.


IV. La fête de la Conception. Les textes liturgiques.

— Après les témoignages que nous avons apportés de la croyance des byzantins à la sainteté originelle de la mère de Dieu, il est facile de déterminer la véritable valeur de l’argument liturgique emprunté au fait de la célébration d’une fête de la Conceiîtion en Orient, ainsi qu’aux textes de la liturgie grecque relatifs à la sainteté de la mère de Dieu. Si l’on a tant insisté jusqu’ici sur cet argument, si l’on en a souvent exagéré la portée, cela vient sans doute de la pauvreté des preuves qu’on puisait à d’autres sources. Or, il faut savoir le reconnaître, l’argument liturgique pris en lui-même et isolé des autres témoignages serait bien faible pour nous convaincre que les grecs ont cru d’une foi explicite à la doctrine de l’immaculée conception. Loin de tenir la première place.il ne vient qu’en seconde ligne. Toute sa force et sa clarté lui viennent des écrits des théologiens et des prédicateurs.

La fête.

Parlons d’abord de la fête de la Conception.

Sui son origine, on est à peu près fixé de nos jours. Cette fête était subordonnée à celle de la Nativité de la Vierge, et n’a pu venir qu’après elle. Or, il est établi que la fête de la Nativité existait à l’époque du mélode saint Romanos, dont on possède un cantique sur cette solennité, c’est-à-dire vers le milieu du vie siècle. En fait, c’est un bon siècle plus tard, vers la fin du viie siècle, ou au début du viii », que nous trouvons le premier témoignage authentique de l’existence d’une fête de la Conception d’Anne. Ce témoignage est le canon de saint André de Crète (CGO ?740). In Conceptionem sanctæ ac Dei cwiæ Annæ, P. G., t. xcvii, col. 1305-1316, qui commence par ces mots : ’Nous célébrons aujourd’hui, : ’jpTâïo ; j. : v, ta conception, ô pieuse Anne, parce que, délivi’ée des liens de la stérilité, tu as conçu celle qui a contenu celui qui n’est contenu nulle part. » La première homélie que nous possédions sur la fête est à peu près contemporaine : c’est celle de Jean, évêque d’Eubée, qui vivait du temps de saint Jean Damascène († 749), P. G., t. xcvL, col. 1459-1500. Jean d’Eubée nomme la fêttde la Conception d’Anne la première de toutes les fêtes dans l’ordre chronologique, mais il reconnaît que, de son temps, elle n’était pas encore universelle, s ; La : ur, rrapi to’. ; -àa’.v (il n’y a pas simplement : -àjiv, mais :