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IMMACULEE CONCEPTION


de la sanctification de Marie in primo inslanli ferait croire qu’il eut connaissance de la controverse agitée à son époque dans les universités de l’Occident. L’hypothèse n’a rien que de très vraisemblable. On sait, en efïet, que Manuel fit, do 1399 à 1402, un lon.u voyage en Italie, en France et en Angleterre. Il passa à Paris pi es de deux ans, et les historiens nous apprennent qu’il aimait à s’entretenir avec les membres du clergé français, notamment avec les moines de Saint-Denis. Il réfuta longuement un écrit sur la procession du Saint-Esprit que lui présenta un membre de la Sorbonne. Le débat sur l’immaculée conception qui mettait alors aux prises franciscains et dominicains dut, sans doute, lui être signalé. Et ce ne fut pas dans l’école thomiste, mais chez les disciples de Scot qu’il retrouva la doctiine de son Église. Comme eux, il affirma que la Vierge Marie avait été pleine de grâce dès le premier instant de son existence.

C’est la pure tradition byzantine à l’exclusion de toute influence étrangère, que nous entendons dans les homélies mariâtes de Joseph Bryennios (t vers 1435) dont les œuvres publiées par Eugène Bulsaris, au xvine siècle, voir Bryennios (Joseph), t. ii, col. 11561161, sont restées inaperçues en Occident. Bryennios exprime de mille manières la sainteté originelle de la mère de Dieu et fait de nombreux emprunts aux théologiens qui l’ont précédé. Deux textes sulliront pour montrer qu’il a bien enseigné le privilège mariai. Voici d’abord un passage tiré de la troisième homélie sur l’Annonciation : « En plusieurs endroits de l’Évangile, Jésus-Christ s’appelle le Fils de Ihomme avec l’article, c’est-à-dire de cet homme sans péclié, de cet honmie vierge, de cet homme tel qu’il était avant la transgression d’Adam. C’est pour garantir cette vérité qu’il a pris une chair toujours-vierge vierge d’une femme toujours-vierge vierge, » r.rikXa.Pyj Toii syayy ; -Àîoj Éa-jtov jiov "OÙ àvOçti’)-oj, [j.STà T7, ç’VJ àpOpoj KcoafJrjLT, ; ôvoaâÏJiTTjTÉaTt, tou àvau.apTr|TO-j avOpo) ;  : o’j ïy.ibt(it. Toj -ac.O ; v’.j. tou "Oo "rj ; ~apa[bâŒï(oç Aôàiji Ll’v ; s ;  ; -{affoîj’.v -.7 : j-(^qI "T^ ; ivvoi’a ;, âj actrapOÉvtj "apOivoj "apOivov as ; TapOîvov ïâpLa îauTw cuvsaTrJaaTO. Homil., iii, in Annunl., E. Bulgaris, ’locÀiÇ aova/oj Toû Bpjîvvîo’j Ta eupT|0 ; v : a. Leipzig, 1768, t. ii, p. 241. Être vierge, c’est être dans l’état d’Adam avant le péclié, être impeccable comme lui. Marie a toujours possédé cette virginité parfaite. Elle est la vierge toujours-vierge qui a donné à Jésus une chair vierge toujours-vierge.

A deux reprises, dans la première de ses homélies sur la Nativité et dans la seconde sur l’Annonciation, notre théologien se demande pourtiuoi Marie a été dioisie entre toutes les femmes pour devenir la mère du Fils de Dieu, et quelle qualité supérieure elle possédait pur être préférée aux autres. Voici sa réponse : t Une autre ne lui a pas été préférée parce que Dieu, les connaissant toutes à l’avance, a sanctifié dès le sein maternel celle qui devait être plus digne et plus pure que les autres. Il a rejeté, cela va de soi, celles qui étaient indignes d’un si grand honneur. Quant au mérite souverain qu’elle possédait, c’était d’avoir été purifiée par anticipation parle Saint-Esprit, et d’avoir été préparée pour devenir le digne séjour de la divinité, » aXÀr) jjLïv -aJTr, ; oj -pOT£’{|j : r|-a[, OTi ~aaa ; 6 (")£0ç

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[xi^Tpa : riftaaï.., apéTtôv ol r : aiôjv û-îpTc’pav ty.iy.ir[-fj to TCpoy.apOap’jTJva’. T<7) I ! v£j|jiaT !, xa ! ooyîUjy STOtijLaoOrjva ! hiK-.’./Ji’i -j, ; àr.yj’ji-.’yj flt’r.r-.o ;. Op. cit., t. il, p. 152 ; t. iii, p. 11. Le sens précis de l’expression éz

j.iî-
p7 ; r, yi%’7t ne peut, ici, faire de doute. Il s’agit

bien de la sanctification in utero a primo inslanli. De même, l’expression -o rpozaOap’ifiVa ! -ôt IIvcûfxaK désigne non l’augmentation de sainteté apportée à la

Vierge par la descente du Saint-Esprit, au moment de l’incarnation du Verbe, mais bien une purification anticipée, c’est-à-dire la préservation de la souillure originelle. Bryennios jiarle, en effet, d’une qualité possédée par Marie antérieurement au salut de l’ange, qualité unique qui l’emporte sur tous les autres mérites et qui a déterminé le choix divin.

Le successeur d’Isidore Glabas sur le siège de Thessalonique, Gabriel, est l’auteur d’un recueil d’homélies encore inédit, contenu dans le cod. 38 de la bibliothèque de l’Ecole theologique ile Halki. D..ns une liomélic )iour la fête de la Dormition, qui est la xxxviii « de la strie, se lit le passage suivant : <- C’est une embarrassante question que celle-ci : Comment la mort a-t-elle triomphé même de cette nature immaculée (la Vierge Marie), de celle qui fut la demeure de Dieu aussitôt qu’elle fut formée dans le sein maternel et dès le berceau ? Comment lamort a-t-clle fait en elle sonouvrage, comme elle le fait sur l’honnne transgresseur ; et comment cette mort, fille du péché, a-t-elle pu trouver place en elle, en elle, inaccessible à toute volupté, supérieure à toute passion" ? » -ôiç zai TaÙTT, ; ttJ ; àjjLd)[j.rl-ryj çùaîwç zaî ToO s/, [ipiçryjç s’JO-j ;. Laï âz azapyâvjov a-J-o)V oi’zYiTrJptov û’jaï| ; WjoCÎ. -^ptsyivîTO 6 fJâvaTo ; zai (’)3-£p £-L TÔi 7 : apa[îâvT[ avÛp())-to, oJzw -Lai £7 : 1 -aû-rj Ta o ; ’y.£ta £vr|pyr, j£ ; et l’orateur répond en empruntant les paroles du mélode Cosnias : Marie est morte pour imiter son Fils.

Le célèbre Siméon, archevêque de Thessalonique († 1429), n’a pas laissé d’homélie mariale. Mais la manière dont il parle, en passant, de la Vierge Marie, prouve qu’il admettait la doctrine reçue touchant la perpétuelle sainteté de la Toute-Sainte, Marie est pour lui la seule Toute-Immaculée, y, iEatpiTO) ; -/ai [jLo’vri -yi’/i’j.t'>'j.o ;, la seule Toute-Sainte, r, ijlo’vt) zavayia, la seule "i’oujours-Viergc, r, ; j.ovt, aj’.-apOivo :. P. G., t. CLV, col. 569, 668, 801. Dieu a toujours été avec elle par ses dons et ses illuminations, avant d’être avec elle par l’incarnation, TrpoTEpov ^b/ y£yovo) ; èvu ;  : oaTa-T (j)ç èv ao ;. 7 : avT0T£ 0£ Taiç 8fop£a !  ; za ; âXXâix’j’Eaiv. Passage tiré d’une prière à la Vierge, publiée par I-^ von Dobschiitz, dans son étude intitulée ClirisiusbUdcr, Untcrsuchungen ziir christlichen Légende, Leipzig, 1899, p. 148-149, t. m de la nouvelle série des Texte und Unlcrsucimngen.

Le dernier et le plus grand théologien de Byzancc schismatique, Georges Scholarios, qui survécut à la prise de Constantinople par les Turcs, et occujia pendant deux années (1454-1456) le siège patriarcal sous le nom de Gennade, clôt dignement la série des panégyristes de l’immaculée quenous avons entendus jusqu’ici. Son témoignage est particulièrement remartjuable et ne laisse rien à désirer pour la précision théologique. Nous l’avons trouvé dans une homélie inédite sur la Dormition, qui est contenue dans deux manuscrits autographes de Scholarios, les cod. 1289 et 1294 du fonds grec de la Bibliothèque nationale de Paris. Le cod. 1294 fut transcrit en 14()8, dans un monastère près de Serrés, en Macédoine, où rex-patriarchc))assa ses dernières années. Au fol. 139 v" de ce manuscrit nn lit : (I Tout comme Jésus, la Vierge n’eut pas à progresser péniblement dans la vertu, (^ene fut point par des purifications successives qu’elle atteignit au degré de pureté qu’on lui connaît, et ce no fut point par ses seuls eflorts qu’elle parvint à mener dans la chair une vie tout angéliquc, même avant de devenir la demeure du Seigneur des anges. Sans retard, et avant qu’arrivât le temps où devait s’accomplir le mystère, Dieu la prépara à être le digne instrument d’un si haut dessein, qui réclamait non seulement la purctéde l’âme et du corps, mais aussi un certain développement du corps. Aussi celui qui devait recourir à son ministère prit-il soin tout d’abord de la préparer, attendu qu’au-