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IMMACULÉE CONCEPTION


sons <le ce privilège. La preniit^re de ces raisons est ainsi formulée : « Il n’est pas vraisemblable que Dieu n’ait pas orné sa mère de tous les biens, qu’il ne l’ait pas laite aussi bonne, aussi bellc, aussi parfaite que possible, o’j-.i -fjv Hîov v.L’o : -r^v ij.T, -ï£pa -f, v éajTCii ai-, r.ii : zojafj’jai TOtç ayaOot ; y.a.1 ;  : pû ; tov -âvT’ov ap’.atov Z7. ! v.’jj’h'.’j-’}-) za ; TîXst.kaTov -ki’j’y.’. -rporrov. » In Annunt., fol. 20 v°. Dieu ne pouvait s’incarner que dans une créature tout à fait innocente. Si la Viertie avait eu la moindre accointance avec le péclié, il ne serait pas descendu. In Natii>., io]. 6 °.

La seconde raison qui postulait pour Marie l’exemption de tout péché et de toute souillure est l’honneur même du créateur considéré comme tel. Dieu portait dans son intelligence l’idée de l’homme parfait, de l’homme pleinement conforme à ses desseins. En créant Adam, il avait voulu réaliser cet idéal, mais le péché avait contrecarré son plan. Pour la gloire de l’artiste divin, pour l’honneur du législateur suprême, il fallait qu’une créature humaine, au moins une, produisît au dehors dans toute sa splendeur le concept divin ; il fallait un homme pleinement homme montrant par l’exemple de sa parfaite obéissance que le législateur n’avait ]ias manqué de sagesse et n’avait pas imposé une loi imiiossible à observer. Le second Adam ne pouvait être cet homme pour deux raisons : tout d’abord, étant Dieu par nature, il ne pouvait montrer en sa personne notre nature dans sa simplicité. Par ailleurs, étant absolument impeccable, il ne se trouvait pas dans la condition de l’homme ici-bas, il ne pouvait choisir entre le bien et le mal. Cet homme idéal, c’est la Vierge qui l’a été, en vertu des décrets divins. Ibid., fol. 8-9.

La troisième raison est aussi fort ingénieuse. Il fallait, dit notre théologien, qu’avant de s’unir dans la personne du Verbe, les deux natures, la divine et l’humaine, fussent manifestées séparément dans leur intégrité respective, i/pv/ çavr|Va ! -çoTîpov izaT^cov axpatifvÉç. Ibid., fol. 9 V".

Enfln, pour réaliser son grand dessein de réformer notre nature et de la couronner par la merveille de l’union hypostatique. Dieu attendait un aide digne de lui être associé. Cet aide, il l’a trouvé en Marie : « L’Immaculée n’a pas créé l’homme, mais elle l’a trouvé dans la perdition. Elle ne nous a pas donné la nature, mais elle l’a conservée. Elle a prêté son concours à l’artiste pour réaliser son chef-d’œuvre. A ce chefd’œuvre elle a rendu ce qu’il était’auparavant ; l’artiste, lui, lui a ajouté ce cjuil n’était pas ; mais il n’aurait pas fourni ce second élément, s’il n’avait trouvé le premier. » Ibid., fol. 10 r ».

Mathieu Cantacuzène, empereur de Constantinople (1354-13.5()), a laissé un commentaire du Cantique des cantiques, dans lequel on trouve plusieurs atlirmations indirectes de l’absolue sainteté de Marie. Non seulement la Vierge est l’épouse toute belle en laquelle il n’y a point de tache, P. G., t. oui, col. 1037, mais encore elle a été la première à échapper aux liens des démons, zctÔTr, ’/ - : / ; v -apOivov Toùç âzsîvov 8’.açuyoÙ ! jav ocG|j.o’Jç, ibid., col. 1040 ; elle seule est venue au monde comme étant du principe de la foi, où ijlo’vt), <’)ç O-Tz’CL^yTi ; -rv^, ; T.îc^ ; i’) : rrjaa, ÈÀï’jrjr ; T.po ; xov [ilov. Ibid. Après la malédiction, la terre produisit des épines, source d’amertume pour les hommes. La cause de cette malédiction a été supprimée, quand a paru le doux fruit de vie ; mais avant lui, devait s’épanouir la fleur, parmi les femmes qui ont eu la tristesse en partage. Ibid., col. 1016.

Nous retrouvons la doctrine de Nicolas Cabasilas dans les homélies mariales de l’un de ses successeurs sur le siège de Thessalonique, Isidore Glabas († 1397). Comme Cabasilas, Isidore voit en Marie le type idéal de l’humanité. C’est à cause d’elle que Dieu a dit, en

formant l’homme : « Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance, » car ni Adam ni aucun autre n’a réalisé pleinement l’idée divine de l’homme, oùol yàp’, Sà[j., o’jy. aXXoç t ; ç tcôv s ; £x. : t’vo ; to to5 avOp’o7 : £tou rxirpov r.17 : Xr’, y >I. ! ’/ s/zzhTt : j’^ouç. Homilia in Annunt., Balierini, Sijllogc, t. ii, p. 426-427. Elle est l’homme tout à fait nouveau, o Laîvôta-ro :, créé à la ressemblance divine pour coopérer avec Dieu au salut des hommes. Ibid., p. 428-429. « Du haut du ciel Dieu regardait, cherchant s’il trouverait sur terre quelqu’un qui fût selon son cœur et qui parût capable de délivrer les hommes. Et il n’en découvrait pas un seul : tous n’étaient bons à rien ; tous étaient infectés du venin du serpent. Mais voici qu’après de nombreuses générations apparaît la TouteImmaculée, ce chef-d’œuvre sublime dont la vertu, pour employer l’expression du prophète, a couvert les cieux, et dont l’éclat a rayonné sur toute la terre, au point d’éclipser l’astre qui nous éclaire. Dieu alors opère par la Vierge de grandes merveilles. Il délivre les captifs des mains du tyran et rend maîtres ceux qui étaient esclaves. Ibid., p. 396-397.

Isidore, parle à maintes reprises de l’intervention spéciale de Dieu dans la formation de sa future mère, intervention qui a eu pour effet d’écarter d’elle la souillure originelle : « .Joachim et Anne sont magnifiquement exaucés dans leur demande, et ils engendrent ce fruit merveilleux qui est apparu comme la beauté et l’ornement de toute la terre… Il convenait, en effet, que des personnages à l’âme si élevée, qui étaient parvenus au sommet de la perfection, qui préféraient Dieu à toute chose terrestre, dont l’esprit brillait d’une lumière divine, ne devinssent pas les parents d’une autre que de cette bienheureuse Vierge, et il convenait aussi que celle-ci, dont la grandeur est ineffable, ne fût pas la fdle d’autres que de ceux-là. Il fallait de plus que la cause première et déterm.inante de l’union dans laquelle la Vierge devait être conçue ne fut pas autre chose qu’un entretien avec Dieu, afin que, de la manière que cela était possible, la Toute-Immaculée seule put échapper à la loi dont parle le prophète et affirmer d’elle-même : « Je n’ai pas été conçue dans l’iniquité : » je suis la seule dont lanière n’a pas conçu dans le péché : et cela même est compté au nombre des merveilles que le Tout-Puissant a opérées en moi, ïv’(oç ofo’v ts r^v, f, -âvayvrj ; ï/o : u.o’vr| xatTO r.pozTfXrLrr/ âLsîvo -îtai’jyîîvLa’. oùx âv àvoij.{a ; ç ŒuviÀrlçOriv, O’jy. èv àaapTÎa !  ; Èy.LŒ3T|g£ |j.£ jxôvrjv r, (J-tIty^p [jlo-j, 7 : £pi âa’Jtï ;  ; çotejy.c’.v, £Z£tv(|) zaï xo’jiou a’jijL7 : £pi£ ! X-)f)(jL(jL£Vou toi za-aÀoy(i), (i)V ij.o : [j.£yaÀ£ ; ’fiiv £roir)7£v 6 o-jvatô ;. nln Prsesentalionem Deiparæ, Balierini, op. cit., p. 443-445. De ce passage il convient de rapprocher cet autre, tiré de l’homélie sur la Nativité : « Comme les justes (Joachim et Anne) persévéraient dans leur prière, voici que l’ange apparut à l’un et à l’autre : « Votre prière » a été exaucée, dit-il ; il vous naîtra une enfant dont « la gloire se répandra par toute la terre. » L’effet suivit la parole de l’ange, et la fille de Dieu, la nouvelle créature, to za’.vov nXâsaa, fut engendrée… Elle était véritablement un rejeton de la prière et de la crainte du Seigneur, cette enfant de salut, que Dieu de sa propre main embellit de grâces inénarrables. » Op. cit., t. I, p. 233-234.

L’intervention sanctificatrice de Dieu en faveur de Marie est encore marquée dans les homélies de notre orateur par les expressions suivantes : la Vierge est un rejeton sacré que Dieu a formé, <}iojç, j : y.t->-7.-o-/ )"ivvTjrj.a, ibid., ]). 247 ; un vase façonné par ses mains, TO 0£o-oîr, Tov ayyo :. 7/ ! Præscnt., t. ii, p. 451. Dieu a toujours été avec elle, avant de s’incarner en elle. In Nativ., t. i, p. 247. Elle est une créature céleste ; elle vient du ciel comme Jésus. Ibid., p. 222-224. Elle n’a participé à rien de ce qui, chez les hommes, n’est