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IMMACULÉE CONCEPTION


Le docteur hesychiaste exprime de plusieurs autres manières la sainteté originelle de la mère de Dieu. Il l’appelle un monde nouveau et un paradis merveilleux, et l’image non mensongère de la noblesse primitive de l’humanité, Tf, ; avo)0£V àvÛp(o : tivi, ; £-Jy£V£Îaç à’iîjor, ; àyavaa. Sophoclis, p. 6. « Voulant créer une image de la beauté absolue et manifester clairement aux anges et aux hommes la puissance de son art. Dieu a véritablement fait Marie toute belle. Il a réuni en elle toutes les beautés partielles, qu’il a distribuées aux autres créatures, etl’aconstituéele commun ornement de tous les êtres visibles et invisibles ; ou plutôt il a fait d’elle comme un mélange de toutes les perfections divines, angéiiqiics et humaines, une beauté sublime embellissant les deux mondes, s’élevant de terre jusqu’au ciel et dépassant même ce dernier… Elle est aux frontières du créé et de l’incréé, aj-rri aovi, OLîOdoio’v èot ; Ltio’t ;  ; za ; àLTisTO’j çja£’) ;. In Dormit. Deiparæ, P. G., t. cli, col. 468, 472. Seule parmi tous les hommes, Marie est apparue parfaite en tout, ne manquant d’aucune perfection à n’importe quel point de vue, aovr|V tôjv àvOp(o ::’i)v âÇ aîdivo ; ultiÔîvo ; èXÀi-tj zaxà ; /t, 0£v çavsïaav. In Prsesent., Il, Sophoclis, p. 142-143.

Se faisant de la sainteté de Marie une idée si sublime, Palamas ne pouvait évidemment entendre que d’une augmentation de sainteté cette purification du jour de l’annonciation dont parlent certains anciens textes : « Tu es déjà sainte et pleine de grâce, ô’Vierge, dit l’ange à Marie ; mais le Saint-Esprit viendra de nouveau sur toi, t’apportant une augmentation de sainteté comme préparation au mystère divin qui va s’accomplir en toi, » 0’.' àY’.aa|j.oij -c.oa0rjy.ï, ; j’iTiÂQ-iça ; i-(y.’j.6X.’jy La ; rpozaTaoTt’Cov tï]’/ âv ao ; Osouçy^av. In Annunl., P. (, ’, ibid., col. 176.

Les louanges que Nicolas Cabasilas († 1363) donne à la Toute-Sainte ne sont pas inférieures à celles que nous venons d’entendre sur les lèvres de Grégoire l’alamas. Dans trois homélies mariales encore inédites et conservées dans le cod. 1213 du fonds grec de la liibliothèque nationale de Paris, ce théologien développe surtout cette pensée que « Marie est le type idéal de l’humanité, c|u’elle seule a pleinement réalisé l’idée divine de l’homme ; qu’clle est l’homme par excellence. » Il parle d’abord d’une intervention toute spéciale de Dieu pour former le corps et l’âme de sa future mère. Sans doute plusieurs autres saints personnages ont partagé avec Marie le privilège de naître par miracle de parents stériles, à la suite de prières adressées au Seigneur. Mais entre la naissance de la "Vierge et la leur, il y a toute la différence qui existe entre la cause et ses elTels, entre la réalité et la figure : « Marie seule a été véritablement le fruit d’une prière sainte, parce qu’cn elle il n avait rien cjui ])ùl inspirer l’aversion ou la haine. Seule, elle a été un don de Dieu, digne à la fois d’être donné à ceux qui le demandaient, et d’être reçu par eux ; rien, en elTet, dans ce préscnt, qui fiU indigne de la main du donateur et de celle du riestinatairc. C’est pourquoi il était naturel que la nature ne put contribuer en rien à la génération de l’Immaculée, et que Dieu fît tout en cette œuvre, écartant la nature pour former lui-même immédiatcinenl, pour ainsi dire, la Hienheurei’^e, comme il créa le premier homme. VA la Vierge, en elTet, n’esl-clic pas, à proprement jiarltr, le premier homme, la prcmiêre cl la seule qui ail montré en elle la nature humaine ? » i~v. Lai >i.%K’.i-% Ly.’. Ljv-’iiTiTa T.^^Cr.’ii avOf.’.)-oç f, zarJlévfjr, r.y-’nr, L% : |jiovti ttv çji’.v ïfif^i’I. Ilomil. in Naliv. B. Jl/an’a ?, COI-I. ClL, fol. 3 ro.CU’t te dernière pensée, (Cabasilas ne cesse de la répéter : Seule parmi les hommes qui ont vécu ou vivront au cours des siècles, la Vierge a tenu ferme contre riniquité, depuis le commencement de son exi.stencc jusqu’à la fin ; seule,

elle a remis à Dieu dans son intégrité la beauté qu’il nous donna, xa ; -oi (^sôi to r.io olJtou So6£v r^ij-îv ày.r^patov à-Éoojy.E -LctÀXoç ; seule de tous les hommes qui ont vécu dans le passé ou qui vivront dans l’avenir, la bienheureuse Vierge a gardé la forme humaine dans toute sa splendeur, pure de toute forme étrangère. Aucun des autres, dit le prophète, n’est exempt de souillure, Tr, ’/ àvOp’Djrsfav iosav atoiaia La ; ji-ptï) ; £ ; ’oo3ç s^’À'.zpivJ] ravTO ; àXÀOTpiou [ao’vïi -(ùv y£voij.£vo)v za ; Twv ï-£ct’iioaivtov àvOp(Ô7 : tov r, aaxaiia -apOivor. Ihid., fol. 4 v".

La pureté absolue de Marie et son exemption de la faute originelle sont proclamées en plusieurs autres endroits des mêmes homélies : « Le mur de séparation, la barrière de l’inimitié n’existaient pas pour elle, et tout ce qui tenait le genre humain éloigné de Dieu était enlevé de son côté. Avant la réconciliation commune, elle seule fit sa paix ; ou plutôt elle n’eut jamais, en aucune manière, besoin de réconciliation, ayant, dès l’origine, tenu la première place dans le chœur des amis. Mais c’est pour les autres hommes qu’elle fut médiatrice de paix, aàÀÂov oï az&vocôv âxsivr) u."£v ojôaaài ;

Ci’jS£-(Ô-Ci’: £ £5£r|0T|, ZOGUSaïoÇ ï 0.y/fli iv T(0 TÔJV Ç ! À0)V

ŒTa ; x£VY| yo’pi ;). » In Annuniiaiionem, fol. l’7v<’. Le rôle

de la Vierge a été tout pareil à celui de l’arche, qui, lors du naufrage universel de la terre, sauva l’homme et sa postérité, et échappa elle-même à la catastrophe commune. Ibid. Marie, dit encore Cabasilas, est la terre nouvelle et le nouveau ciel : elle est terre, parce qu’elle tire son origine d’ici-bas ; mais c’est une terre nouvelle, parce que par aucun endroit elle ne tient de ses ancêtres, et cju’elle n’a pas hérité de l’antique levain. Elle est, selon l’expression de saint Paul, une pâte nouvelle, et commence une race nouvelle, yy ; a : v ot ;, iziiOcV zaïvr] Zï, ci" ; toï ; ~Goydvo ; ç ojoor. ; jLfJO£v 7 : poaf|Z£v, ’rjoï xr, ; raXaià ? £y.X71povo[j.T, 5e Xl[J.1^i, àXX’ « ’jxYi, zaxà tov -jrj IlaûXo-j Xo’yov, çûpaaa v : ov zaTsaiT, , zat vifjj zv/ôi rjpÇaTO yivouç. In Dormilionem, fol. 37 v". La Vierge est l’épouse toute belle des Cantiques, en qui il n’y a aucune tache : « Le ciel lui-même, dit l’Écriture, n’est pas pur devant toi, Seigneur (Job, xv, 15). » Mais l’amie de Dieu, la Vierge, n’est pas seulement pure de tout m’ai ; elle est belle ; et pas simplement belle, mais toute belle : Tu es toute belle, est-il écrit (Cant., iv, 7). De même que la lumière que nous voyons, tout en embellissant les choses visibles, ne se trouve pas en elles toutes, mais seulement dans le’disqne du soleil ; de même la beauté de l’humanité, et toute la noblesse et la grâce qui ornaient notre nature avant qu’elle perdît Dieu, et tout l’éclat (lu’elle aurait eu, si elle axait observé la loi, la sainteté qu’elle axait, et celle qu’elle n’a lias eue et qu’elle aurait dû avoir se sont concentrées dans la bienheureuse Vierge seule. Ibid., fol. 38 v ». Personne n’a été saint avant la bienheureuse Vierge ; elle a été la prcmière et la seule à être absolument exempte de péché. l- ; ile s’est montrée sainte, et sainte entre les saints et plus encore, oJOîiçyip ayioç -ptv £lvat ttiV [jaza p’.av, ïALa -p(i)xr| y.ai ij-ovi, tr, ; i. ; j.apT

zOi’, //, ay

j.ivr„sa’jTï|V T£ iyt’avïoî’.ç ;, y.i i.y ; av iyi’ov za ; £’. t ; [j.£iÇov.

Ibid., fol. 40. Si c|uclques saints docteurs ont dit qu’elle avait été préalablement puriliée jjar le Saint-Esprit avant de ilevenir la mère du Sauveur, il faut croire cpi’ils ont entendu cette purification dans le sens d’une augmentation de grâces. Les docteurs parlent, en effet, des anges de la même manière, et disent qi’ils sont purifiés, bien c|u’il n’y ait en eux rien de mauvais. TV, ’/ zà()ap3 ; v -poaOrLT|V yap ; Tfi)V aÙTOï ; [JoûXîoOa ; ypT, v’, |x{r£ ! v, o ; ’zaî Toùç ayyÉ/f/j ; tov -pd-ov tootov ça » ; zaOa ; &£cOa ; r-ao’o ;  ; oùBîv -f)VT|OÔv. In Nativit. Deiparæ. fol. 7 V.

Nicolas Cabasilas ne se contente pas d’affirmcr la l)arfaite pureté et sainteté de Marie. Il donne les rai-