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IMMACULÉE CONCEPTION


ceux qui traitent de choses où le surnaturel et le divin se mêlent à l’humain, l’orateur poursuit en ces termes : « Il convenait, oui, en vérité, il convenait que celle qui, dès le commencement, grâce à une prière sainte, avait été conçue saintement (ou plus exactement : par une action sanctificatrice) dans le sein d’une mère sainte, et qui, sainte qu’elle était, avait, après sa naissance, été nourrie dans le Saint des saints, qui, par le message d’un ange, avait reçu le privilège d’une conception sainte, et avait eu pareillement un enfantement saint, il convenait, dis-je, que celle-là obtînt une dormition sainte. Car celle dont le commencement est saint, de celle-là aussi le milieu (c’est-à-dire la suite de la vie) est saint, sainte la fin, et sainte toute l’existence, » ï-pe-jv yap, èxpETiEv ovTOi ; Tr, ’/ iç àp/, ^ ? 8t’sî>’/Jii ayîa ; si ; ij.rj-pav [j.rixpôç àyt’a ; ây.asTfLàiv £ij.Spu(oOô{iav, La ! aeTæ tôzov et ; âyt’cov âyia àyt’av êvTpaçsÏCTav, Si’ayysXou âyîav aûXXrj’jnv Xa|30uaav, x.ai trjv Ljr)atv ây’av ki/rf/Ma’/, Ôij.o ; oj ; za ! Trjv 7.oî ; i.ï)aiv àyt’a ; Loivi’aaaOa ;.’Hç yàp t] àpyj] àyîa, TauTTi ; xa ; xà [j.I’jol âyia, xaî to xsXoç à’y.ov, zaï rîaa r) Ivxs’jEiç àyîa. Cod. 763 du fonds grec de la Bibl. nal. de Paris, fol. 8 v ». De tous les témoignages que nous avons apportés jusqu’ici de la foi des Byzantins à la sainteté originelle de Marie, celui-ci est certainement le plus satisfaisant et le plus précis. On remarquera surtout l’expression du texte original, à peu près intraduisible en notre

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Im possible de mieux rendre l’idée de la sanctification in primo instanti. L’adverbe iyacriixo) ; indique une action sanctilicaLrice de la part de Dieu. Théognoste ajoute : o ; ’ij/f, ; àyia ;, « par l’intervention d’une prière sainte ». Cette prière des parents de Marie a été comme la cause instrumentale morale par laquelle Dieu a communiqué à sa future mère les dons de la grâce, dès le premier instant de son existence. L’intervention de Dieu dans la naissance de la Vierge n’a pas seulement consisté, en effet, à faire cesser la stérilité d’Anne. Il y a eu une action sanctificatrice directe, qui a fait que Marie a été vraiment Fille de Dieu, O16-y. : i, a.u point de vue surnaturel. Remarquons aussi que Théognoste suppose admis le privilège de la conception immaculée, et s’en sert comme d’une majeure pour conclure au privilège de l’assomption glorieuse. Il fait valoir, comme le fera plus tard Scot, la raison de convenance, k’jrpî-sv. Mais l’objet, comme le point de départ de la démonstration, n’est pas le même. Pour le théologien byzantin, la conception immaculée va de soi et n’a pas besoin d’être prouvée.

Plus pâles sont les expressions de la sainteté originelle de Marie que nous rencontrons dans le panégyrique de Joachiin et d’Anne, composé par Cosmas Vestitor, qu’on suppose avoir été un dignitaire de la cour de Léon le Sage. Dans ce morceau, Marie est appelée un paradis vivant, 7 : apâ8£t ! To ; ïivi>y^oi, un rameau sans défaut de la souclie humaine, xXâooç àviyxXfi-co ;, une perle immaculée, une colombe sans tache, la fille sanctifiée de Joachim et d’Anne, ï|y ; aa|j.ivfiv Ojyaxioa. Anne a conçu pure celle qui a été la mère virginale du Verbe, tVjV a7~dp’.o ; o ;  ; a|x=vïiV tov à/fôprjTOv.Vo’yov àyvrjv âv u-ïJTpa orjvÉXaS ; ?. Sermo in SS. Joachim el Annam, P. G., t. cvi, col. 1009. Cf. Canon in Concept. Deiparx, ibid., col. 1016.

Avant de clore ce paragraphe sur les docteurs des vii-ixe siècles, dont nous venons de constater l’entente parfaite sur la perpétuelle sainteté de la mère de Dieu, nous devons signaler une voix discordante, celle du théologien arabe Abou-Qourra, évêque de Haran, mort après 813. Il fut disciple de saint Jean Damascène, et écrivit à la fois en grec et en arabe. Ses opuscules grecs publiés dans la P. G. de Migne, t. xcvii, col. 1461-1602, loin de contenir quoi que ce soit de contraire au privilège mariai, paraissent plutôt

l’insinuer. Marie y est appelée la toute-sainte et tout immaculée fille de David, f, -avayia Lai -avâ|j.fjj ; j.oç oa-j : o : x>| vciv’. ;. P. G., t. cit., co. 1488. C’est de son sang immaculé que le Fils de Dieu s’est formé un corps pur et exempt de toute souillure du péché, jau-oj h. ~Cl)V ày pd^/ior/ aiaax’jiv -7, ; -avay’a ; -aoÛÉvou Mapîa ; O’.srXâjaxo zaOapciv xa ! -avTO : aj^oj ; à ; j.ap- :  ; aç iXî-j-Ospo’v. Ibid., col. 1520. La mort de Marie n’a pas été une vraie mort ; elle s’est endormie d’un sommeil extatique comme Adam pendant la création d’Eve, Tr]v’}'j/r ; v xr, ’/ zavayîav -ôi ^ziî>, wr iv’jTrvw ~%ci()i~ri, col. 1593. L’Abou-Qourra grec paraît donc marcher dans la voie de la véritable tradition byzantine et parler en fidèle disciple du docteur de Damas. Il n’en va pas de même de l’Abou-Qourra arabe, tel, du moins, qu’il se présente à nous dans l’édition de ses œuvres, faite par Constantin Bâcha, (Euires arabes de Théodore Àboucara, évêque de Haran, in-8°, Bej’routh, 200 pages. Dans le VI « traité ou mimar, qui parle de l’incarnation et de la rédemption, on lit : « Le corps du Verbe incarné ne fut pas pris de la Vierge Marie avant que le Saint-Esprit n’eût purifié celle-ci de toute tache du péché. Et le Fils éternel de Dieu a pris en elle ce corps de son sang pur, sans taclie, immaculé et approprié par la descente de la divinité. r> Georg Graf, Die arabischen Schriften des Ineudor Abû-Qurra, Bischofs von Harran, Paderborn, 1910, p. 182. Cf. C. Bâcha, Un traité des œuvres arabes de Théodore Abou-Qurra, évêque de Haran, Tripoli de Syrie, p. 10. Ce passage, où est niée si catégoriquement l’absolue sainteté de la mère de Dieu, est-il vraiment authentique ? Je me permets d’en douter. On nous affirme sans doute que l’Abou-Qourra qui a écrit en arabe est bien le même que celui qui a écrit en grec. Mais je remarque que C. Bâcha a tiré son texte arabe d’un manuscrit copié en 1735. C. Bâcha, Un traité des œuvres arabes, etc., p. 8. C’est une date bien tardive. A cette époque, l’opinion d’après laquelle la sainte Vierge aurait été purifiée du péché originel, au jour de l’annonciation, était courante chez les dissidents orientaux de rite byzantin. L’affirmation du copiste, déclarant qu’il transcrit un manuscrit plus ancien, ne suffit pas à faire disparaître tout soupçon légitime. Il y aurait lieu, à notre avis, d’examiner la question de plus près, avant de porter un jugement définitif.

4° Écrivains du X'e siècle et de la première moitié du x/ « .

— Au seuil du xe siècle, nous rencontrons, parmi les panégyristes de l’immaculée, Nicétas David, dit le Paphlagonien, parce qu’il fut évêque de Dabybra, en Paphlagonie, Parmi les discours édités sous son nom se trouve une homélie sur la Nativité de la sainte Vierge, qui est curieuse à plus d’un titre. Nicétas unit, en effet, dans son discours, le souvenir de la naissance terrestre de Marie à sa naissance glorieuse, au ciel, le jour de son assoinption. Certains théologiens n’y ont pas prêté attention, et ont invoqué en faveur de la conception immaculée le passage suivant : « Honorons en ce jour la naissance de la Théotocos, non pas seulement sa descendance charnelle d’une mère stérile, mais beaucoup plus encore sa naissance spirituelle de la grâce d’en haut, TtoXXôi 3= u.iXXov xrjv kx xf, ? àv^oÔ^v yâpixo ; xïxà -vsjua yivvi, a’.v aJxfj ;. » In diem natalem S. Mariæ, P. G., t. cv, col. 28. Or, cette naissance selon l’esprit produite par la grâce d’en haut est celle par laquelle « la Toute Sainte, affranchie complètement de la vie terrestre, est allée trouver le céleste Époux. » Ibid., col. 28.

L’orateur soutient une autre théorie non moins surprenante pour nous : conformément à la doctrine de certains Pères grecs, entre autres de saint Cyrille d’Alexandrie, il enseigne que Marie, tout comme les apôtres, n’a reçu la donation personnelle de l’Esprit-Saint que le jour de la Pentecôte. Avant cette date,