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IMMACULÉE CONCEPTION


saurait outrepasser les règles établies autrefois par Dieu. Celui qui est Dieu par nature, qui change et modilie tout au gré de sa volonté miséricordieuse, s’y est soumis lui-même.. Il convient donc qu’il règle le sort de sa mère sur le sien propre. Il montrera ainsi non seulement que sa mère appartient véritablement à la nature humaine, mais encore il confirmera la réalité du mystère qui s’est accompli en elle, » -oi- ::S’av àpapÔT’j) ; aùtio za ! xà vOv è~t >-i~^'- "La'.voupyrjoai. Homil., II, in Dormit., col. 1081.

Après toutes ces expressions de la foi d’André de Crète à la perpétuelle sainteté de Marie, on comprendra toute la portée qu’ont sur ses lèvres des phrases comme celles-ci : « Marie est la seule sainte, la plus sainte de tous les saints. Elle est apparue toute pure à celui qui tout entier, corps et âme, a habité en elle. » Homil., II, in Naliv., col. 832. « Tu es toute belle, ô mon amie, tu es toute belle, et il n’y a rien à reprendre en toi, » Lal ij.ûi[j.oç oùI. ïax'.v èv cot. Homil., iv, in Nativ., col. 872. « Tu es véritablement celle qui est véritablement belle… Après Dieu, tu tiens le premier rang, » au yàp el àXr|Ûwç rj ovtwç -LCLXri, tj yojpi ; (ï)£oû |j.ovou, Ttavxcov avtDXÉpa ûjrapyojaa. Homil., lii, in Dormit., col. 1097, 1100.

La doctrine mariale de saint Germain, patriarche de Constantinople de 715 à 729, ressemble à celle du métropolite de Crète, son contemporain. On a parfois contesté l’authenticité de ses homélies sur les fêtes de la sainte Vierge : deux homélies pour la fête de la Présentation au temple, une sur l’Annonciation, trois sur la Dormition, une sur la ceinture de la Vierge et les langes de l’enfant Jésus. Cette authenticité est maintenant suffisamment établie. Cf. Ballerini, Sylloge monumentorum ad mysterium conceplionis immaculatæ Virginis Dciporæ illuslrandiim, Rome, 1855, 1. 1, p. 249-258 ; 1857, t. ii, p. 285-295 ; M. Jugie, Les tiomélies de saint Germain de Constantinople sur la dormition de la sainte Vierge, dans les Échos d’Orient, t. XVI, p. 219-221. Il est clair, tout d’abord, que, d’après saint Germain, la sainteté de Marie est antérieure au jour de l’annonciation, car l’ange la trouve, à ce moment, « tout entière et en tout pure et irréprochable, » oÀy ; 8t' oXou xaOapà y.a.l a ; j.£[j.7 : xoç xuy/c’vou’ja. Homil. tn Annuntialionem Deiparæ P. G., t. xcviii, col. 328. Cette sainteté existe au moment où la Vierge, âgée de trois ans, est conduite au temple par ses parents, car Anne l’offre au Seigneur « comme un don sanctifié et éclatant d’une beauté divine, » ooipov ÛEoy.aXXwxtaxov r, i’taŒ|j.Évûv. Homil., i, in Præscnt. Deiparæ, ibid., col. 297. Ce n’est pas le temple qui la sanctifie ; < c’est plutôt elle qui sanctifie le Saint des saints. » Ibid., col. 301. Klle est la colombe au plumage d’un jaune d’or, « brillant sous les reflets de l’Esprit-Saint, qui l’illumine. » Ibid., col. 308. Cette sainteté existe dès le premier moment de l’existence de Marie, car celle-ci est une créature nouvelle, réformée, àvd-/, aj ; ç yàp eT, Homil. in Dormit., ii, col. 357, et le ferment de la réformation d’Adam, et la délivrance des opprobres d’Eve, ' au £'. XYJç àva-Àoéast.) ; xoU 'ABàij. ï, rû|j.rj, au v. X'ôv ôvEtS'.ajj.ôJv -fiç EJ’a ; ï, ÈXejOîpa. Ibid., co. 349. Dieu est intervenu d’une manière spéciale au moment de sa conception ; car elle est la fille de Dieu par excellence, r, Gsdratç, In Præsent., i, col. 300, un dépôt divin reçu dans le sein d’Anne, xr.v £/ ©eoS 7 : apax.axa6rîLr, v jTTooEfaaÉvTi. In Præsent., ii, col. 313. Joachim et Anne disent au Seigneur : « Prends celle que tu nous a donnée… Reçois celle que tu as choisie, prédestinée et sanctifiée, celle que tu as triée comme un lis parmi les épines de notre indignité, » r^v fipsxîaco, y.ctl Trpowpt’aaç, y.ixl fjyidtaaç.., rjv (Îj ; y.pi’vov èE àzavflôjv x% rj[j.sxépa ; àvaÇio’xïixo ; èÇeXs'Çw. In PræsenL, i, col. 300.

Comme saint André de Crète, saint Germain attribue la mort de la Vierge non au péché originel, cause

de la dissolution du cadavre, mais à des raisons d’ordre supérieur : Comment la mort aurait-elle pu te réduire en cendres et en poussière, toi qui, par l’incarnation de ton Fils, as délivré l’homme de la corruption de la mort ? Tu as donc quitté la terre, afin (le confirmer la mystérieuse réalité de la redoutable incarnation. En te voyant émigrer de ce séjour de passage et soumise aux lois fixées par Dieu et la nature, on a été amené à croire que le Dieu que tu as enfanté est sorti de toi homme parfait. Fils véritable d’une mère véritable, possédant un corps comme le nôtre, et pour cela, n'échappant pas au sort commun. Ton Fils, lui aussi, a, de la même manière, goûté une mort semblable l)our le salut du genre humain. Mais il a entouré de la même gloire et son sépulcre vivifiant, et le tombeau, réceptacle de vie, de ta dormition. Vos deux corps ont été ensevelis, mais n’ont pas connu la corruption. » In Dormitionem, i, col. 345. " Loin de toi la dissolution, ô Théotocos ; car tu es une créature nouvelle et la reine de ceux qui, tirés d’un limon fangeux, sont soumis à la corruption, » Èppixoj /oZç kr.i loi, àvâ-Àaac ; yàp £l, ox ! xoïç Èv fXût -r|).oj oiaçôapsïa ! zE/prjp.âxixaç SÉa-oiva. In Dormit., ii, col. 357.

Comme saint André de Crète et saint Germain, Jean de Damas a vécu dans la première moitié du vme siècle. Se fondant sur deux passages de ses œuvres, plusieurs théologiens grecs dissidents des temps modernes ont prétendu qu’il avait nié l’immaculée conception. Le premier de ces passages est tiré du IIP livre de V Exposition de la foi orthodoxe : « Après le consentement de la sainte Vierge, suivant la parole du Seigneur dite par l’ange, le Saint-Esprit descendit sur elle pour la purifier, la rendre capable de recevoir la divinité du Verbe et lui donner la fécondité, » x.aOaïpov ajxrjv. De fide orlhodoxa, t. III, c. ii, P. G., t. xciv, col. 985. Le second se trouve dans la i'" homélie sur la Dormition et exprime les mêmes idées : « La puissance sanctificatrice de l’Esprit, survenant en elle, la purifia, la sanctifia et la rendit féconde », ÈxaÛripÉ te za ; T^y’otaE. Homil., i, in Dormit., P. G., t. xcvi, col. 704. Les grecs entendent la purification dont parle ici le Damascène de l’effacement de la faute originelle, qui serait restée en Marie jusqu’au jour de l’annonciation. Que ce ne soit pas là la véritable pensée du saint docteur, c’est ce qui ressort tout d’abord des autres données mariologiques, que renferme V Exposition de la loi orthodoxe. On y lit, en effet, que la sainte Vierge, à l'époque, oCi elle vivait dans le temple, était déjà toute sainte : « Plantée dans la maison de Dieu et engraissée par l’Esprit comme un olivier fertile, elle devint le séjour de toutes les vertus. Tenant son esprit éloigné de tout désir séculier et charnel, elle conserva la virginité de l'âme avec celle du corps, comme il convenait à celle qui devait recevoir Dieu en son sein. En poursuivant la sainteté, elle devint un temple saint, admirable et digne du Dieu Très-Haut. » De fide orthodoxa, t. IV, P. G., t. xciv, col. 1160. La purification du jour de l’annonciation ne peut donc s’interpréter, d’après les principes mêmes du Damascène, que d’une pureté plus parfaite, d’une sainteté plus grande, idée que nous avons déjà rencontrée chez plusieurs docteurs.

La fausseté de l’exégèse schismatiquc éclate encore avec plus d'évidence à la lumière d’autres textes tirés des autres écrits authentiques du docteur de Damas, notamment de ses trois homélies sur la Dormition et de la I" homélie sur la Nativité de la Vierge éditée dans ses œuvres, la ii^ homélie sur le même sujet appartenant à saint Théodore Studite. Dans l’homélie sur la Nativité, nous lisons le passage suivant : « O Joachim et Anne, couple bienheureux 1 Toute la création vous est redevable ; car par vous elle a offert