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IMMACULÉE CONCEPTION


mulierem quae pepcrit tnas ciilum ; 14. et tlatne sunt

mulipri alic cluic afiuilie

magn : » ^, ut volarel iii descr tum in locuiii suum. ubi ali tur per tempas, et lempora,

et dimidium temporis, a

facie sorpenlis. 15. Et misit

serpens ex ore suo, post mu lierem, acpiam tanquam

flumeii, ut eam facerct tralii

a flumine. 16. Et adjuvit

terra mulierem, et aperuit

terra os suum, et absorbuit

flumen quod misit draco de

ore suo. 17. Et iratus est

draco in mulierem, et abiit

facere praîlium cum reliquis

de semine ejus, qui custo diunt mandata Dei, et

habent testimonium Jesu

Christi…

avait mis au monde l’enfant

mSle ; 14. et les deux ailes

du grand aif^lo furent don nées à la femme pour s’en voler au désert en sa retraite,

où elle est nourrie un temps,

des temps et la moitié d’un

temps, loin de la face du ser pent. 15. Et le serpent lança

de sa bouche après la femme

de l’eau comme un lleuve, afm

de la faire entraîner par le

fleuve. 16. Mais la terre vint

au secours de la femme : elle

ouvrit son sein et engloutit

le fleuve que le drason avait

vomi. 17. Et le dragon fut

rempli de fureur contre la

Jemme, et il s’en alla faire la

guerre au reste de sa race, à

ceux qui gardent les com mandements de Dieu et qui

ont le témoignage de Jésus…

Quelle est cette femme qiii, d’un côLc, apparaît aux yeux ravis de l’apôtre comme enveloppée de splendeur, et qui, de l’autre, enfante dans les gémissements, puis devient, elle et son fruit, l’objet d’une singulière hostilité de la part du grand dragon ? Quelques anciens Pères l’ont idenlifiée avec la Vierge Marie, par exemple, chez les latins, l’auteur du Sertn., ïv, de sijmbolo ad catech., imprimé à la suite des sermons de saint Augustin, P. L., t. xl, col. 665 ; chez les grecs, le pseudo-Épiphane, De laudibas S. Marias, homil. v, P. G., t. XLiii, col. 493 (à rapprocher du véritable Épiphane, disant que le verset 6, où nous voyons la femme fuyant au désert, a pu trouver son accomplissement en Marie : -x/t. ol ojvaiat ir.' aÙT^ -Xï, pojjOa'. . Hier., Lxxvra, 11, P. G., t. xcii, col. 716). Cette opinion conserva longtemps des partisans en Orient, comme en témoignent, au vie siècle, André de Césarée, et sur la fin du ix^ Aréthas, dans leurs commentaires sur l’Apocalypse. P. G., t. cvi, col. 320, 660. Mais on ne peut admettre cette interprétation qu’en s’attachant exclusivement h certains traits du tableau, abstraction faite de l’ensemble et du rapport étroit qui existe entre le c. xii et le reste du livre. Aussi d’autres Pères, en plus grand nombre et de plus grande autorité, ont vu dans la femme de l’Apocalypse une personnification de l'Église, considérée comme mère spirituelle du corps mystique du Sauveur et soumise, en cette qualité, à la loi de la souffrance et de la persécution : S. Hippolyte, De Antichristo, 60-61, P. G., t. x, col. 780 ; S. Victorin, Scholia in Apoc, P. L., t. V, col. 336 ; S. Méthode, Sijrnposion, VII, 4, P. G., t. XVIII, col. 145 ; S. Augustin, Enarr. in ps. CXLII, 3, P. L., t. xxxvii, col. 1846 ; Primasius, in h. L, P. L., t. Lxviii, col. 872 sq. ; André de Césarée et Aréthas, loc. cit., et beaucoup d’autres à la même époque et dans les siècles suivants, en sorte que cette interprétation est devenue courante parmi les exégètes, malgré les divergences qui se produisent quand il s’agit d’expliquer dans les détails l’allégorie complexe contenue dans la vision de l’apôtre, ou de déterminer d’une façon précise en quelle période de son existence l'Église doit être considérée.

Marie n’est donc pas au premier plan dans le c. xii de l’Apocalypse ; en est-elle complètement absente ? C’est une autre question. Si plusieurs des traits dont se compose le tableau d’ensemble ne lui conviennent pas proprement, d’autres ne lui conviennent pas moins qu'à l'Église, et certains ne conviennent même à celle-ci qu’en vertu d’une sorte d’attribution qui lui est faite de prérogatives réellement propres à la mère de Dieu. C’est ainsi qu’en face du contraste présenté par l'Église apparaissant en même temps

comme ' mère souffrante » et « sous un aspect divin », un auteur récent a écrit : « Cette emphase symbolique surprendra moins, si l’on admet que la mère allégorique du Messie, la communauté, est ici représentée sous les traits qui conviennent premièrement à sa mère réelle. » B. Allô, Le douzième chapitre de l' Apocalypse, p. 540. De même, en face du ꝟ. 5 énonçant la naissance de l’enfant mâle destiné à régir toutes les nations, Newman fait cette réflexion : » Personne ne doute que ! ' « enfant mâle « ne soit une allusion à Notre-Seigneur ; pourquoi donc la « femme » ne serait-elle pas une allusion à sa mère ? » Du culte de la sainte Vierge, p. 87 sq. D’autres allusions sont relevées par divers commentateurs. Saint Jean a fait un portrait idéal où, pour peindre l’enfantement du Christ mystique et la maternité spirituelle de l'Église au cours des siècles, il s’est inspiré de faits qui se sont réalisés dans l’ordre historique où Jésus-Christ et sa mère ont vécu. Par là s’explique que beaucoup d’auteurs ont été amenés à voir dans la femme de r.pocalypse non seulement l'Église personnifiée, mais encore Marie, son exemplaire ; il y a seulement différence de terminologie. Les uns parlent de sens spirituel ou figuratif, dont le fondement est le rapport de ressemblance qui existe entre Marie et l'Église, comme entre l’exemplaire et la copie. D’autres, envisageant les deux termes d’une façon plus intime et plus protonde, ajoutent au rapport de ressemblance un rapport de dépendance et de connexion tel qu’en dehors de lui, le sens même littéral du texte sacré n’est pas saisi dans sa plénitude ou sa portée intégrale. Voir, entre autres, J.-B. Terrien, La mère des hommes, t. II, p. 71 sq. ; Scheeben, op. cit., n. 1531. Pour ces derniers, Marie rentre donc, indirectement ou implicitement, dans le sens littéral.

Loin de contredire les données traditionnelles, cette interprétation les concilie plutôt ; elle synthétise et harmonise les deux courants qui se sont manifestés chez les Pères et les écrivains ecclésiastiques. Que la femme de l’Apocalypse ait été identifiée, par les uns avec l'Église, par les autres avec la mère de Dieu, il n’y aurait en cela d’opposition stricte que si, de côté et d’autre, l’affirmation se posait dans un sens proprement exclusif, ce qui, en général, n’est point le cas. Ils ne sont pas rares, au contraire, ceux qui combinent les deux points de vue ; voie moyenne dont saint Bernard est un illustre représentant, Sermo de duodecim prierogalivis B. V. M., ex verbis Apocalypsis, XII, 1, P. L., t. cLXxxiit, col. 430 sq. Le pieux docteur ne soutient pas, comme on le suppose parfois, que le texte sacré s’applique directement à Marie, mais que, néanmoins, on est en droit de le lui appliquer, n. 3 : Esio siquidem, ut de prsesenti Ecclesia id intéllige.ndum propheticse visionis séries ipsa demonstrel ; sed id plane non inconvenienler Marise videtur altribuendum. Idée que l’abbé de Clairvaux développe brillamment. Les précurseurs ne lui avaient pas manqué ; qu’il suffise de citer, au vie siècle, Primasius, op. cit., et Cassiodore, Complexiones in Apoc, xii, 7, P. L., t. Lxx, col. 1411 ; au vin", Ambroise Autpert, In Apoc, XII, dans Maxima biblioth. Patrum, Lyon, t. xiii, p. 530 sq. : Ipsa bcala ac pia Virgo hoc loco personani gerit Ecclesiie, quæ novos quolidie populos paril ; au ix", Haymon d’Halberstadt, qui répète le précédent, Expos, in Apoc, xii, P. L., t. cxi, col. 1081, et Bérengaud, le pseudo-Ambroise, Expos, in Apoc, xii, P. L., t. xvii, col. 876. Dès lors, ce qui convient à la femme de l’Apocalypse, comme copie ou figure de Marie, mère du Christ et de son corps mystique, convient également à celle-ci, non par simple accommodation, mais proprement, en vertu d’une connexion réelle et objective. Ainsi, dans la femme < revêtue du soleil, ayant la lune sous ses pieds