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IMAGES (CULTE DES)


t. xxviii, col. 41, note 1. Mais ces sortes d’images (de la Trinité et de Dieu le Père), parce qu’elles peuvent facilement induire en erreur, ne sont pas authentiquemeut proposées par l’Église à l’usage et à la vénération des fidèles. Leur légitimité était autrefois regardée comme une simple opinion, contredite par plusieurs théologiens. Non est tam ceriiim, dit Bellarmin, in Ecclesia an sint facicndæ imagines Dei, sive Trinitatis, quam Chrisii et sanctonim. Controv., t. II, De imaginibus sacris, c. m. On ne peut plus s’y opposer maintenant depuis la condamnation par Alexandre VIII (1690), et Pie VI (1794) de propositions s’attaquant à cet usage. Ce n’est pas à dire que l’Église en fasse par là une institution publique ; elle les permet seulement, et si elle condamne les propositions susdites, c’est parce que leurs auteurs font un crime à l’Église de cette tolérance. Le concile de Trente permet aussi ces images, mais c’est avec une certaine réserve, dans l’intention visible qu’elles soient rares : quod si aliquando, et en ordonnant que le vrai sens en soit expliqué au peuple. Du reste, l’Église n’a pour elles aucun culte public, et bien qu’on ne trouve pas de défense de leur rendre des hommages privés, il semble bien que cela soit contraire à son esprit. Il faut dire la même chose des images symboliques sous lesquelles on peut représenter Notre-Seigneur, comme le pélican, l’agneau, etc., et c’est sans doute pour éviter ou pour supprimer un pareil culte que le concile in Triillo défendit de peindre à l’avenir Jésus-Christ sous la figure d’un agneau. Cela, en eflet, ressemble trop aux formes extérieures du paganisme.

En Orient, il y avait aussi des colombes au-dessus des baptistères et des autels pour rappeler le Saint-Esprit, par la vertu duquel s’opèrent les mystères du baptême et de l’eucharistie. Mais ces objets n’étaient pas des peintures et n’étaient pas comptés au nombre des images. « Une lettre écrite en 518 par le clergé d’Antioche au patriarche Jean II de Constantinople, et insérée dans les actes du concile de Constantinople de 536, action cinquième, accuse Sévère d’avoir enlevé et de s’être approprié les colombes d’or et d’argent représentant le Saint-Esprit, suspendues au-dessus des baptistères et des autels, sous prétexte que l’on ne devait point représenter ainsi l’Esprit-Saint. » Mansi ; op. cil., t. viii, col. 1039 ; Tixeront, op. cit., t. iii, p. 453, note 1. La position même de ces objets empêchait qu’on leur rendît la pro.skynèse. C’est ainsi que certains iconomaques, qui admettaient les images, mais sans le culte, voulaient qu’on les plaçât hors de portée, afin de les soustraire aux saluts et aux baisers des fidèles.Voir S. Théodore Studite, An/jrWie/icus, II, prol., P. a., t. xcix, col. 352-353.

2. Images des anges.

La doctrine de l’Église est claire sur ce point. Dans l’ôpoç de la VI 1^ session du concile de Nicée, les anges sont nommés parmi ceux dont il faut rétablir et vénérer les images. Et de fait, leur culte remonte à l’origine historique du culte des images, comme en témoignent des epigrammala de Marin (fin du v « et vi » siècle), de Nil le Scolaslique (^T siècle) et d’Agathias le Scolastique (vi<e siècle). Epigmmmalum antliologia palalina, édit. Didot, 1864, 1. 1, p. 5, 6. Une question se pose cependant. l’ourquoi les Pères iconophiles ne veulent-ils point d’images de Dieu et acceptent-ils celles des anges ? Si l’immatcrialilé de Dieu s’oppose à ce qu’on le représente, comineiil l’immatérialité des anges se concilie-t-elle avec l’usage de leurs images ? Cette immatérialité est attestée par le décret qui termine la IV’session. Parmi les images saintes, un y mentionne celles des anges incorporels, et aussitôt on ajoute : Car ils ont apparu aux justes sous la forme humaine. « Mansi, op. cit., t. xiii, col. 132. Dans la session suivante, on lit un discours de Jean de Thessalonique, ou il est dit qu’on

ne peut peindre Dieu, parce qu’il n’a pas de corps, mais qu’on peut peindre les anges, parce qu’ils ne sont pas tout à fait incorporels, ayant des corps plus subtils que les nôtres. Saint Taraise mitigé cette affirmation en disant simplement que les anges peuvent être peints parce qu’ils sont circonscrits, TiepîypaTTTa, et ont apparu comme des hommes. Mansi, op. cit., t. xiii, col. 164-165. Théodote avait dit : « Les anges ont des corps, mais, comparés aux corps terrestres, ils sont sans corps et sans figure. " Fragn^., ii, 14, dans Clément d’Alexandrie, P. G., t. ix, col. 663. Et saint Grégoire le Grand : Ipsi (les anges) comparalione quidem nosirorum corporum spirilus sunt, sed comparalione summi et incircumscripti Spirilus, corpus. Moral., t. II, 3, P. L., t. Lxxv, col. 557. Ainsi l’on peint les anges parce qu’ils ont apparu sous forme humaine, et parce que, étant finis et bornés, TreptypaTTToi, on ne risque point, en les peignant, d’imiter l’erreur des païens qui était de renfermer la divinité sous une forme créée ; on signifie seulement par là leur qualité de créatures. Il reste bien entendu qu’on ne leur attribue pas la nature humaine, mais qu’on la leur prête par analogie.

« Dieu, dit saint Jean Damascène, après avoir déjà

affirmé que les anges sont spirituels et sont dans des lieux spirituels. Dieu est incorporel par nature et d’une manière absolue ; l’ange, l’âme et le démon, comparés à Dieu qui est seul incomparable, sont corporels ; comparés aux corps matériels, ils sont incorporels. Dieu, ne voulant pas que nous ignorions les choses incorporelles, les a environnées de corps, de figures et d’images en analogie avec notre nature… C’est ce que nous figurons et mettons en image. Autrement, comment les chérubins auraient-ils pu être figurés et mis en image ? Bien plus, l’Écriture contient des figures et des images de Dieu même. » De inwginibus, orat. iii, 25, P. G., t. xciv, col. 1345. On voit par là que ce docteur n’aurait pas été éloigné d’accepter les images sjmboliques de la divinité, celles du moins qui sont contenues dans l’Écriture. Saint Nicépliore, distinguant avec une précision digne des scolastiques les diverses sortes de circonscriptions, TrepiYpo’<P^ » indique celles qui conviennent ou non aux anges. « La circonscription, dit-il, se fait ainsi, ou par le lieu, ou par le temps, ou par la compréhension. La circonscription du lieu appartient aux corps, car ils sont entourés par le lieu, puisque le lieu est la limite du contenu, en tant que le contenant le contient. Celle du temps et du commencement appartient à ce qui, n’étant pasd’abord, a commencé d’exister à partir d’un temps : elle appartient aussi aux anges et aux âmes ; les anges ne sont pas contenus corporellement dans un lieu, puisqu’ils manquent de forme et de figure, tco [xy^ xuTroùoGai xaL a7r, (xaTÎÇeaOai, ils agissent cependant dans un lieu selon leur propre nature, parce qu’ils sont là spirituellement, voYjTÔiç, étant spirituels, voepoî. et ne sont pas ailleurs, étant circonscrits là d’une manière spirituelle. .. Ce qui est circon.scrit selon la compréhension est ce qui est compris par la pensée et la connaissance^ car la compréhension est une espèce de circonscription. Ainsi les anges comprennent mutuellement leur » natures. » Anlhirrlielicus, II, 12, P. G., t. c, col. 356-357. Dieu seul est absolument incirconscriplible.

Précepte du culte des images.

Y a-t-H un précepte

d’honorer les images ? A cette question on peut répondre brièvement ce qui suit :

1. Il y a un précepte naturel négatif de ne pas mépriser et traiter avec irrévérence les saintes images, car comme l’honneur de l’image rejaillit sur l’original, ainsi en est-il du mépris et de l’irrévérence.

2. C’est l’opinion commune, ciu’il n’y a pas de précepte afïlrmatif absolu d’honorer posilivement les images : ni naturel, puisqu’on peut honorer les proto-