Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/427

Cette page n’a pas encore été corrigée
839
840
IMAGES (CULTE DES !


corps et sans figure, n’était aucunement reproduit dans l’image. Mais maintenant que Dieu a été vu dans la chair et a conversé avec les hommes, je retrace l’image de Dieu, comme il a été vu. » De imaginibus, orat. I, IG, P. G., t. xciv, col. 1245. Et encore : « Nous serions vraiment dans l’erreur si nous faisions une image de Dieu invisible. Car il est impossible de mettre en image ce qui est incorporel et invisible, sans terme et sans figure… Mais après que Dieu, dans sa bonté ineffable, s’est incarné et a été vu ici-bas dans la chair et a conversé avec les hommes, ayant pris la nature, la densité, la figure et la couleur de la chair, nous ne nous trompons pas en faisant son image. » De imaginibus, orat. ii, 5, P. G., t. xciv, col. 1288. Cf. orat. n, 8, 11 ; rii, 2, 4, 8, 9, col. 1289, 1293, 1320, 1321-1324, 1328-1329, 1332. Le concile de Nicée, dans la VI « session, dit ceci qui est remarquable : « Les chrétiens n’ont jamais donné l’adoration en esprit et en vérité ni aux images, ni à la divine figure de la croix ; ils n’ont même jamais fait d’image de la nature invisible et incompréhensible, mais c’est selon que le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous que l’on peint les mystères de la rédemption de l’homme. » Mansi, op. cit., t. xiii, col. 284. Il est clair que tous ces textes ne sauraient condamner l’usage des images symboliques de la divinité et de la sainte Trinité. C’est la nature divine elle-même que l’on déclare ne pouvoir être l’objet d’une imitation artificielle, et si une personne divine, Jésus-Christ, est déclarée pouvoir être peinte, ce n’est pas selon sa nature divine, mais selon sa nature humaine. Mais il est non moins clair que cet usage est comme ignoré : on ne connaît, en fait d’images, que celles qui reproduisent un objet visible. De même que peindre Jésus-Christ comme homme, c’est affirmer la réalité de sa nature humaine, de même représenter Dieu sous des formes sensibles, serait signifier qu’il a une nature sensible. Dans un tel état d’esprit, des images symboliques de la Divinité ne sont point possibles. C’est du reste la même conception qu’avaient les premiers Pères, à cause de la mentalité créée par le paganisme et, à leurs yeux, faire une image de Dieu eût été imiter la pratique des idolâtres. Plus tard on la rencontre encore chez Nicéphore Calliste, qui, parmi les erreurs qu’il reproche aux jacobites, range celle-ci, qu’ils font des images de Dieu et du Saint-Esprit, car, dit-il, « il n’y a d’images que des corps, qui sont visibles et circonscriptibles, et non des choses incompréhensibles et invisibles. » H. E., t. XVIII, c. Lra, P. G., t. cxLvin, col. 441. Mieux encore que les écrits des Pères, le silence des iconoclastes nous renseigne sur l’absence, en leur temps, d’images de la divinité. Leurs ouvrages ont été détruits, mais il en reste quelque chose dans les réfutations des iconophiles ; il reste la définition du concile de Hieria reproduite danslaVI « session du concile de Nicée. On y voit qu’ils s’élevaient contre les images du Christ, parce que, Jésus-Christ étant Dieu, c’était, disaient-ils, circonscrire la divinité que de le peindre. Qu’eussent-ils dit, ou que n’eussent-ils pas dit, si outre les images du Christ, les chrétiens orthodoxes avaient eu aussi des images de Dieu le Père ou de la sainte Trinité ? Or, nulle part, on ne rencontre d’objection ou d’accusation à ce sujet. Il est donc bien évident qu’il ne saurait s’agir, dans le texte cité de la VHP session, des images de la sainte Trinité. Une dernière remarque confirme cette conclusion. Si le rapprochement que nous avons fait plus haut de ce texte avec les passages parallèles ne nous permet pas de le corriger, audace à laquelle il faut rarement recourir et pour des raisons qui s’imposent, toujours est-il qu’il nous montre en quel sens il faut l’interpréter. Or, ce sens, en dehors des adjuncla historien, nous est fourni par le contexte lui-même, dans la V1I « et la

VIII » session. Les acclamations s’y font après la lecture de l’Ôpoç. Or, l’Ôpoç parle expressément et seulement des images de Notre-Seigneur, de la sainte Vierge, des anges et des saints et ne soufQe mot des images de la sainte Trinité. Est-il possible que le concile, proclamant son adhésion à l’Ôpoç, mentionne expressément et seulement les images dont ni dans l’Ôpoç, ni nulle part ailleurs il n’est question et se taise sur celles précisément qui font l’objet de sa définition ? N’est-il pas plus simple de penser qub ràç Ti.(ji, taç aÙTOÙ slxôvaç est une expression qui résume toutes les images que l’ôpoç a énumérées, quitte à expliquer aÙTOû dans un autre sens que celui qu’il présente à première vue ? — Puisqu’il faut écarter les images de la Trinité, comment donc expliquer notre texte ? On peut en donner une double interprétation, avec un égal fondement dans divers passages du concile. L’une est celle-ci : Ne croyant qu’à la Trinité, ne donnant notre foi qu’à elle, nous saluons les précieuses images (aÙToij, destinées à sa glorification, comme nous verrons plus loin). Cette explication s’accorde avec la préoccupation dominante du concile de repousser l’accusation d’idolâtrie. Elle s’appuie particulièrement sur les divers passages du concile où l’on réserve à Dieu la foi et la latrie pour n’accorder aux images que le salut et la proskynèse d’honneur. Elle se trouve déplus, en termes exprès, dans la lettre de Taraise à Jean, prêtre et higoumène : « Nous saluons les images comme étant des reproductions des piototypes, et pas autre chose, en réservant manifestement notre foi et notre latrie à Dieu seul, loué dans la Trinité. » Mansi, op. cit., t. xni, col. 474. Dans la jiièce anonyme qui clôt les actes du concile on lit une expression semblable : « Les chrétiens honorent un seul Dieu, loué dans la Trinité, et n’offrent de latrie qu’à lui seul. » Mansi, op. cit., t. xra, col. 482. Cf. aussi, t. xiii, col. 284. La seconde interprétation, qui a l’avantage de s’accorder mieux avec le mot aÙTOû, est celle-ci : Croyant à la Trinité, nous voulons la louer par la vénération que nous accordons aux images, qui toutes lui sont dédiées et servent à sa gloire et par suite lui appartiennent. Plusieurs textes autorisent cette explication.’O 0eàv cpoPoûjjievoç, dit Léonce de Néapolis, cité par le concile, tijxS ttocvtwç xal aé^zi xoà TtpoCTXuvsî wç ûiôv 0£o5 XpioTÔv tÔv 0eàv /ifitôv, xal TÔv TÙTtov Toù CTTaupoù aijToO, xal toùç)(apaxrr, paç TMv àyîcov kÙtoù, celui qui craint Dieu rend honneur, culte et proskynèse au Christ notre Dieu comme au Fils de Dieu, à la figure de sa croix et aux traits de ses saints. » Mansi, op. cit., t. xiii, col. 53. Comme s’il disait que notre culte des images est une suite du culte que nous avons pour Dieu. Dans la VI « session, il est porté expressément que nous honorons les images et les autres objets sacrés, parce qu’ils sont faits au nom de Dieu et lui sont dédiés : raùxa à(j7raî^6ji.e6a Sià t6 sttI tôS ôv6jj.aTi ctoû ycwéGQoLi x.al àvaTeÔTJvai.. Mansi, op. cit., t. xiii.col. 310. Et plus loin :

« Offrant à Dieu la latrie en esprit et en vérité, nous

saluons et embrassons toutes les choses qui lui sont dédiées et consacrées » et, parmi elles, les images. Mansi, op. cit., t. xra, col. 310. C’est de la même manière que saint Théodore Studite, dans un texte que nous avons cité plus haut, après avoir réserve la latrie à Dieu seul, relie toutes les proskynèses à la proskynèse latreutique due à la seule Trinité. Epist., t. II, epist. CLXvn, P. G., t. xcix, col. 1532.

Les images symboliques de Dieu n’étaient donc pas en usage en Orient aux temps de l’iconoclasme et le concile n’a pas eu à se prononcer à leur sujet. En Occident, on trouve des images de la sainte Trinité dès le ive siècle, des images de Dieu le Père seul avant le xe siècle. Molanus, De tiistoria sanctarum imaginum, t. II, c. iii, dans Theologix cursus de Migne,