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IMAGES rCULTE DES’5° Lex imaijes de Dieu et des anges. — Nous avons idejà dit, dans les notions sur l’image, qu’il y a trois manières de représenter les êtres spirituels. Il iaut rejeter, comme impie et sacrilège, la prétention qu’avaient les païens de reproduire leur nature, mais les deux autres modes sont acceptables. L’image ne fait alors que représenter une apparition divine ou angélique, en la forme même que Dieu a choisie pour nous faire connaître à l’aide des figures sensibles les réalités intelligibles, et de soi, n’induit pas plus en erreur que ne fit l’apparition elle-même ; ou bien, à l’imitation du langage de la sainte Écriture, elle prête soit aux anges un corps jeune et des ailes pour indiquer leur pureté et leur prompte obéissance aux ordres divins, soit à Dieti des membres ou des passions pour exprimer l’un ou l’autre de ses attributs, la véhémence de son amouj-ou la force de sa volonté irrésistible. Qnos Scripturu jacil verbis, dit Thomas de Vaux, cur artifex non jaciet signis ? An magis peccatum circa hanc rem incurrit penicUlus, qaam penna ? imago qiiam littera ? Il est donc clair que ces sortes d’images ne sauraient être, per se et a priori, défendues. C’est à l’Église qu’il appartient de les autoriser ou de les prohiber, selon la sagesse. Étudions là-dessus son enseignement.

I. Les images de Dini et de la sainte Trinité. — L’ôpoç proclamé dans la VU" session du IP concile de Nicéc ne dit pas un mot de ces images. Mais, dans la VIII » session, session de clôture, après qu’on eût relu rôpoç, les Pères firent entendre un certain nombre d’acclamations, parmi lesquelles on remarque celle-ci : « Croyant en un seul Dieu, loué dans la Trinité, nous saluons ses précieuses images ». Mansi, op. cit., t. xiii, col. 41 G. Certains théologiens, comme l’esch, Præleclioncs dogmaticæ, l-"ribourg-en-Brisgau, 1900, t. iv, p. 334, ont pensé que le concile, par cette acclamation, authentiquait l’usage et le culte des images de Dieu et de la Trinité. Le sens qu’ils ont donné à ce texte est bien celui qui se présente à première vue, et à qui ne lit pas autre chose, il est difficile d’en soupçonner un différent. Mais la lecture des actes du concile et des écrits des Pères empêche de l’aocepter.

Une remarque tout d’abord sur le texte susdit. Ce texte ne se voit pas seulement dans le passage des actes que nous avons indiqué. Dans la VU" session, après lu lecture de l’ôpoç, avaient eu lieu, à fort peu de chose près, les mêmes acclamations. On y remarque aussi celle que nous avons citée plus haut : TTKTTSûov-reç eiç Êva (’)tôi èv TptâSt Û ! i.vou[jiEvov, Tàç ziy.iry.c, eîxôvaç àoTîa^iyæGa, sans « ùtoù. Mansi, op. cit., t. xiii, col. 397. On les retrouve à la fin de la V’session, où l’on lit : TTiaTE’iovTsc ; etç eva 0£6v èv TpidtSi àvu(J.v6u(i.£vov, xàç Ti(jitaç EÎxôvou ; àn7t<x ! ^6(X£6a, pareillement sans aÙToî). .Mansi, op. c/7., t. xiii, col. 201. C’est exactement la même formule qui est contenue dans les acclamations de la IV « session. Mansi, op. c17., t. xni, col. 128. C’est encore elle que répètent presque dans les mêmes termes plusieurs ti-xles des Pères. Ainsi, à la fin de la lettre à l’empereur Théophile, n. 31, inlcr opéra S. Joan. Dama.iccni : TctaTeùovxet ; sic T-r, v àytâv >cal ôjacoûoiov xai. î^ojonoi^jv TpiiSa.Tàç Tiixîaç eîx.ovaç (i(r : raî^ô(ji.eOa, encore sans « ôtoû. et le contexte montre évidemment qu’il n’y a In qu’une réminiscence du concile. P. G., t. xcv, col. 385. Saint Nicéphorc, citant les anathèmes des Pères de Nicéo, commence ainsi : IlioTeûovTEç EÎç Iva 0eàv Tov èv Tpià^i ûixvoùfXEvov. Tàç « yiai ; clKévaç àoTtaJ^ô(jic6a. Apologelicus minor pro sacris imtiyinibus, 6, /*. G., t. c, col. 841. Ainsi, partout ailJi-urs que dans la VIII » session, c’est toujours sans a’rroG que notre formule revient. Cette remarque peut nous amener h une interprétation particulière du Icxle que nous examinons.

Vovons auparavant quelR sentiments avaient les

Pères et le concile de Nicéc sur les images de Dieu. Sans doute, on ne trouvera point chez eux la défense des images symboliques de la Divrinité ou de la Trinité, mais on y constatera que ces images ne devaient guère être en usage. Peindre, pour eux, c’est représenter quelefue chose de réel, qui se voit, ou qui s’est iiv et c’est pourquoi ils trouvent dans les images de Jésus-Christ un moyen efficace pour affirmer la réalité de sa chair. Les images purement symboliques de Dieu ou sont inconnues, ou, ce qui reient au même, ne sont pas comptées parmi les images saintes qui ont un culte, et au sujet desquelles se divisent icononiamaques et iconophiles et se tient le concile.

<i Nous faisons des images de Dieu, dit Jean de Thessalonique, cité dans le concile, c’est-à-dire de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, en le peignant comme il a été vu sur la terre et a conversé avec les hommes et non en tant qu’oti le sait Dieu. Car. quelle similitude, quelle figure peut-il y avoir du Verbe de Dieu, qui est incorporel et sans figure ? car Dieu, c’est-à-dire la nature de la Trinité sainte et consubstantielle, est esprit, comme il est écrit. Mais, parce que, par la miséricorde de Dieu le Père, son Fils unique. Dieu le Verbe, s’est incarné pour notre salut, par l’action du Saint-Esprit, de Marie, Vierge immaculée et mère de Dieu, nous peignons son humanité, non sa divinité incorporelle. » Mansi, op. cit., t. xiii, col. 164. En un mot, si l’on fait des images de Dieu, ce n’est que de Jésus-Christ, et parce qu’il est homme. « Nous ne faisons, dit plus explicitement saint Germain, aucune image ou similitude ou figure de la Divinité invisible, que les ordres sublimes des anges ne peuvent eux-mêmes considérer et comprendre ; mais, parce que le Fils unique, qui est dans le sein du Père, a daigné se faire homme, par la volonté miséricordieuse (EÙSoxta) du Père et du Saint-Esprit, participant à la chair et au sang comme nous-mêmes, selon le mot du grand apôtre, et devenu semblable à nous en tout hormis le péché ; (à cause de cela) nous retra çons sa figure d’homme et l’image de sa forme humaine selon la chair et non de sa divinité incompréhensible et invisible : nous nous efforçons de rendre présentes par là des vérités de la foi, en montrant tju’il ne s’est pas uni notre nature en apparence seulement et en ombre, comme certains hérétiques l’ont autrefois pensé, mais que, en fait et en vérité, il est devenu homme parfait en toutes choses, excepte le péché que l’ennemi a semé en nous. » Mansi, op. cit., t. xiii, col. 101. C’est la même pensée sous la plume de saint Jean Damascène : « Qui peut faire une imitation de Dieu, invisible, incorporel, sans terme et sans figure ? C’est donc le comble de la folie et de l’impiété que de vouloir donner une forme à la divinité. C’est pourquoi dans l’Ancien Testament n’était pas répandu l’usage des images. Mais après que Dieu, par ses entrailles de miséricorde, s’est fait vraiment homme pour notre salut et ne s’est pas seulement montré comme à Abraham et aux iirophétes sous une apparence humaine, mais s’est fail homme en toute vérité et réalité, a vécu sur la terre, est demeuré avec les hommes, a fait des miracles, ii souffert, est ressuscité, est monté au ciel, et tout cela véritablement : ces choses ont été écrites pour le souvenir et l’instruction de ceux qui n’étaient pas lii, afin qu’en entendant ce que nous n’avons pas vii, nous recevions la béatitude du Seigneur. ^Mais parce qiie tous ne connaissent pas les lettres et ne s’adoiment pas à la lecture, les Pères ont jugé bon que ces événements fussent retracés dans de-s images, ainsi que des exploits, en vue d’un souvenir promiit. » De fuir orlhodo.ra, I. IV, c. xvi, P. G., t. xciv. col. 1 1 (in-1 1 72. Cité par Euthyme Zigabène, Pono ;)L, lit. xxii, P. (L, t. cxxx. col. 1172. Autrefois, dit-il ailleurs, Dieu, parce qu’il est sans