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IMAGES (CULTE DES)

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synode tenu A Sainte-Sopliic (1450), peu après l’union de Florence, se trouve celui-ci : Ciillum lalriæ cxhibere imagini (Jlirisli et cruci, qiiæ soli trad. Vcrbo Deo el homini debctur. Mansi, op. cit., t. xxxii, col. 103. Bellarmin cxin’inic assez bien le genre de culte qui convient à l’image : Ciillus qui per se, proprie, debetur imaginibus, est culliis quidam imperfeclus, qui analogicc el reduclive perlinet ad specicm ejns cullus qui debetur excmphni… Imaginibns non conve.nil proprie ncc latria, ner. hijperdulia, nec dulia, nec uUus alius eorurn quilribuuntur natiiræ inlcUigonti, sed cullus quidam inferior, el varias pro varietate imaginnm… sicut se habet imago ad smim exemplar, ila se habet cullus imaginis ad cultum exrmplaris ; sed imago est ipsum exemplar analogiee el secundum quid ; ergo cli(m imagini debetur cullus ipsi exemplari debitus, imperfeclus et analogicus. De imaginibus sacris, c. xxv ; J. de LaServière, op. cit., p. 318, note 1. Bellarmin n’a qu’un tort, c’est de laisser dans l’ombre le caractère essentiellement relatif de ce culte.

e. La vraie formule du culte des images nous semble être contenue dans la lettre de saint Théodore Studite à Anastase au sujet de l’image du Christ. Elle est citée plus haut. Voici le passage important : « En adorant l’image, je n’ai pas coadoré, mais j’ai adoré le Christ, qui n’en est pas différent « elon la personne, mais selon la nature : ce qui est l’adoration relative et non latreutique. C’est cependant la même, recevant un concept et un nom différent selon qu’elle s’adresse à la Trinité et concerne la nature, et selon qu’elle est relative et se fait en vue de la personne. » EpisL, t. ii, epist. Lxxxv, P. G., t. xcix, col. 1329. Le culte de l’image a pour objet principal le prototype : donc en tant qu’il se termine au prototype, il sera et s’appellera latrie ou dulie. ]Mais il a aussi pour objet secondaire, et en vue du premier, l’image elle-même. Toutefois, comme elle n’est pas le prototype lui-même, mais lui est inférieure, le culte qui l’atteint ne l’atteint pas de la même manière qu’il atteint le prototype, mais d’une manière inférieure : et c’est ce qu’on

« Kprime en donnant au culte de l’image le nom de

npOGX))7)aiç TC ! J, y]T !, XY] ou 71 ; pocxù ; - ; r)atç axsfiKY), xaxà Gxé-oi^J. Et cela ne fait pas deux hommages, mais un seul hommage, à double étape, pour ainsi dire, l’hommage et l’honneur adressés à l’image n’étant que le signe, la protestation du sentiment intérieur qui concerne le prototype.

j) Saint Thomas et le 11’^ concile de Nicée. — Le tort de saint Thomas, et il est minime, est d’avoir ignoré le texte du concile de Nicée (peut-être, de son temps, le concile n’était-il pas encore considéré comme œcuménique, tout en étant reconnu comme légitime) et d’avoir ignoré la signification précise du mot de

« latrie », ayant cru qu’on pouvait par ce mot désigner’les honneurs plus grands que l’on rend à la croix, à

l’image du Christ comparativement aux autres images. Peut-être aussi a-t-il induit ses commentateurs à interpréter à rebours le principe d’Aristote : motus in imaginem est motus in imaginatum. En tout cas, il est bien certain que le fond de sa doctrine est identique à celle du II « concile de Nicée et des Pères défenseurs des images. Sa latrie absolue n’est autre que leur latrie tout court ; sa latrie relative est comprise dans leur 71poc>cûv7]C51ç Ti[X7)Ti.xY) et a’/CTitiri : car de part et d’autre, on refuse aux images le culte absolu et parfait dû â Dieu seul. Le docteur angélique, comme le docteurdu Stoudion, a fort bien vu qu’il n’y avait qu’une adoralio atteignant l’image du Christ et le Christ lui-même et que la différence était marquée par les caractères d’absolu et de relatif ; seulement, par ignorance du sens des mots, il donne à cette adoralio, en tant qu’elle atteint l’image, le nom que la langue grecque réserve au culte absolu que l’on rend à Dieu. Il a pensé

pouvoir le faire, sans doute parce que c’est le sentiment de latrie envers le prototype qui inspire, dicte, informe en quelque sorte le respect, l’honneur, l’hommage rendus à l’image. Thomassin a marqué heureusement les points de vue qui explic|uent cette divergence de langage entre les docteurs scolastiques et le 1I « concile de Nicée : Cum longe uliud reapse sil, imagintm o.fculari, ampleeU, salutare corporis inclinatione, animi eliam effectu congruo : aliud autem infinitam Dei magniludinem fide complecti, eique honores omnes alios ut omnium fonli refundere : quia hœc duo simul perfîciuntur, fus jusque erut seplimæ synodo hwe discrimininarc, ne imagines pro Deo colère infamaremur : fas fuit docloribus scholaslicis hive cogilando cogère in unum et con/lare, ut imagini Christi ubcriores qaam cœleris, el Christo dignos honores infunderenl, sed potissimum ut septima ; synodo, quem. ila decrevisse falsis rumoribus dclusi opinabantur, acquiescèrent. De incarnalione Verbi, t. XII, c. xni, n. 16, Venise, 1730, p. 825. Il ne manque pas d’exemple, ajoute-t-il, de cet accord fondamental de la pensée dans le désaccord des mots ; et il rappelle particulièrement les expressions ôji.ooûa(.o< ;, mère de Dieu, un de la Trinité a souffert, qui ont été prises en sens hétérodoxe comme en sens orthodo.e. Certes, si saint Thomas et les docteurs du moyen âge avaient connu le texte du IP concile de Nicée, c’est de toutes leurs forces qu’ils eussent défendu les expressions mêmes de la définition, ipsa quoque verba mordicus tenuissent, constantius défendissent, algue firmius asseruisseni, dit Baronius, Annales, an. 787, n. 44. Puisque la vérité historique qui leur était cachée nous est connue maintenant, pourquoi nous obstiner à des manières de parler qu’ils eussent été les premiers à rejeter, si elle leur était apparue ?

g) Le concile de Trente. — Le texte du concile de Trente sur les images confirme les diverses conclusions de la théologie positive, ^’oir plus haut col. 883 sq. Ima, gincs porro Christi… simililudinem gerunt, veneremur. Ce décret est certainement moins l’écho de l’enseignement scolastique que de la tradition patristique et de la doctrine de Nicée. On ne peut rien trouver, en si peu de mots, de pms concis, de plus abondant et de plus sage. Thomassin fait ressortir admirablement tout ce qui y est contenu : Primum enim latria secundum fidem et in spirilu imaginibus omnino denegatur, cum velatur ab eis aliquid pcti, , velatur spes in eis defigi, velatur divinitas earum ulla credi. Secundo honos imaginum non alius langitur, quam ut eas relineamus, cas in templis honoriftce collocemus, cas osculemur, eis advolvamur, caput apcriamus, etc., qux ad externum et honorarium cultum omnia pertinent. Tertio non imagines proplcr Christum adorare dicimur, sed imagines osculari, ils adgeniculari, al Christum adorare, sanctos ipsos venerari. Quarto is ipse honorarius cullus non propter se imaginibus, sed ad prololypa refertur, quæ per illas reprsesenlemtur. Quinlo indiscriminalim de omnibus agitur imaginibus seu Christi seu sanctorum, quia nullis penitus latria, omnibus honoraria adoralio adhibetur, quanquum in multos isla gradus dispensetur. De incarnatione Verbi, t. XII, c. xiii, n. 19, p. 857. Ainsi donc, le concile de Trente a soin de ne pas employer le mot d’adoration (qui dans le texte du décret indique la latrie puisqu’il est réservé au Christ) pour désigner le culte des images du Christ. A travers l’image, que nous baisons, que nous saluons, devant laquelle nous nous prosternons, c’est le Christ que nous adorons, le saint que nous honorons. Le sentiment qui dicte ces actes envers l’image du Christ est un sentiment de latrie envers le Christ lui-même, Christum adoremus, mais ce sentiment, en traversant l’image, ne se répand aucunement sur elle, ne l’investit point, de telle sorte que l’image peut être dite adorée, même relativement. Seul, le Christ est dit adoré.