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IMAGES (CULTE DES ;

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selon qu’elle s’adresse à la Trinité et concerne la nature, et selon qu’elle est relative et concerne la personne. Si donc tu appalles latreutique la proskynèse de l’image, tu signifles par là que le Père et le Saint-Esprit se sont incarnés comme le Fils, ce qui est absurde. » Episl., t. II, epist. lxxxv, P. G., t. xax, col. 1328-1329. A Sévéricn, son fils spirituel, qui lui avait fait cette objection : « Le Christ reçoit un culte de latrie dans son image, donc l’image aussi doit recevoir un culte de latrie », le saint répond avec indignation :

« D’où et de qui as-tu donc appris ce que tu

enseignes ? car aucun des saints n’a pu dire cela, mais seulement que le Christ reçoit un culte (TrpoaxuveÏTai) dans son image et que l’image est digne de culte (TvpoaxuvYjTT)), c’est-à-dire est honorable, ou vénérable, ces deux mots ont même sens ; et cela, avec raison, car la latrie, comme la foi, ne s’olïre qu’à la sainte Trinité, mais aux autres on rend un autre culte, à la mère de Dieu, à la sainte croix, aux saints, à l’image vénérable du Christ et aux autres images saintes, et cela en tenant compte que les prototypes sont au-dessus de leurs similitudes. Que si le Christ reçoit la latrie dans son image, ainsi que tu dis, comme ce culte est propre à la Trinité, le Père et le Saint-Esprit sont donc adorés aussi dans l’image. Que s’ensuit-il ? Ceci, que le Père et le Saint-Esprit se sont aussi incarnés. Quoi de plus impie ? Et de plus, puisque tu dis que l’image du Christ est digne de latrie, tu te trouves être tétradique, parce que, en plus de la Trinité, tu honores l’image du Christ d’un culte de latrie. Cette absurdité sera évitée, si c’est la proskynèse que l’on offre à la Trinité et aussi à l’image, car l’honneur et la proskynèse peuvent se donner même au simple mortel, mais non pas la foi et la latrie. Comme nous ne croyons qu’au Père, au Fils et au Saint-Esprit, nous n’offrons qu’à eux la latrie. Après avoir entendu ces explications, renonce, mon frère, je t’en prie, aux vains discours et à l’hérésie tzycalique ou centucladique, qui est diamétralement opposée à celle des iconomaques. » Epist., t. II, epist. eu, P. G., t. xax, col. 1472. « Il faut vénérer (Tïpoaxuvetv) l’image du Christ, écrit le même auteur dans une lettre à Diogène, et, c’est ici le dernier mol du sujet, relativement, oxeTixûç, mais ne point lui ollrir la latrie, àXX’où Xarpeu-Tscv. Cariln’y a qu’une latrie, et elle est pour la Trinité. A la mère de Dieu elle-même, on ne peut oflrir la latrie, ni à la croix vivifiante. De même à l’image du Christ point de latrie, mais seulement la proskynèse :

« le telle sorte que toutes les proskynèses soient, par

le moyen des prototypes, rapportées à l’unique et seule adoration latreutique de la sainte Trinité. » Episl., t. ii, epist. CLXvn, P. G., t. xax, col. 1532. Et au grammairien Jean : » Hemaniue bien que, pour nous clirétiens, il n’y a qu’une latrie, que toute la nature visible et invisible offre à la seule Trinité sainte et consubstanticUc. Et il n’est pas permis de dire qu’il faut rendre à la vénérable image du Christ un culte de latrie. Car l’un ou l’autre : ou bien ce que vous adorez ainsi par latrie est introduit dans la latrie quc l’on rend à la Trinité, ce qui est impossible, puisqu’on ne peut rien ajouter à la Trinité sans en faire une qualernilé ; ou bien si cela n’a pas lieu et qu’on adore vraiment l’image en elle-même, vous profes.sez qu’il y a parmi nous deux latries. Et que cherchent autre chose les iconomaques. sinon de montrer que nous avons une douhle latrie, et qu’cn plus du créateur nous adorons (XaTpeûofvsv) la créature, égalant les ariens en impiété ? 11 faut donc offrir à l’image du Ciirist la proskynèse et non la latrie, celle-ci étant réiervce au Christ rju’on vénère dans l’image, selon les lois de la c()nséquencc, car ce sont deux choses que l’image et le pr()tolype, la différence étant non dans la personne, mais dans la nature. Epist., I. II, episl. ccxii, P. G.,

t. xax, col. 1640. Terminons ces témoignages intéressants du célèbre Studite par quelques mots adressés à la vierge Thomaïs : « Nous vénérons (Trpoaxuvoùfxsv) l’image de Notre-Seigneur Jésus-Christ comme Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même. Mais ce mot comme, ’Qç, signifie la similitude et non l’affirmation (le mot CùQ en grec comporte en effet les deux sens)… Il ne faut pas, parce qu’on rend au Christ l’adoration de latrie, rendre aussi la latrie à l’image ; autrement, il n’y aurait pas de distinction entre l’image et le prototype. Or, ce sont deux choses diverses par leur substance, non par la simiUtude de la personne. » Epist., t. II, epist. ccx%ti, P. G., t. xax, col. 1656.

Euthyme Zigabène, qui, nous l’avons vu plus haut, avait fortement insisté sur l’identité de la personne pour l’image et le prototype, donne le même enseignement. Son texte n’est du reste qu’un tissu de paroles des Pères et du concile à ce sujet et présente un bon résumé de leur doctrine. « Les orthodoxes offrent à la bienheureuse Trinité la latrie en esprit et en vérité, aux saintes images aucunement la latrie, mais la proskynèse, le baiser, l’honneur. Bien que l’honneur de l’image passe à l’original, on ne doit cependant pas la latrie aux saintes images, mais à la seule bienheureuse Trinité, pour ne point paraître adorateurs de la créature et de la matière, xTtofjioXàTpai v.xl ûXoXaTpai. Quand il s’agit du Christ lui-même, l’adoration est latreutique et concerne la nature (XarpsuTixT) xal ÇUCTI.XY)), parce qu’il appartient à la sainte Trinité par sa nature divine. Quand il s’agit de l’image du Clirist, l’adoration (7rpoaxûvr]ai.( ;) est relative et homonymique : en elle j’adore le Christ, qui, parce qu’il s’est incarné, est représenté selon sa forme corporelle ; et cette adoration est relative et concerne la personne représentée (a^eToxY) xal ÛTToataTixT)). De même que la foi, la latrie est réservée à la bienheureuse Trinité. C’est pourquoi celui qui rend à l’image du Christ un culte de latrie est jugé offrir la latrie à une quaternité et introduire l’image dans la Trinité, car c’est le propre de la Trinité, comme il a été dit, de recevoir la latrie. » Panoplia, tit. xxii, P. G., t. cxxx, col. 1168.

Voilà plus de témoignages sans doute qu’il n’en fautpourétablirquelemotde latrie n’était pas susceptible chez les grecs d’un double sens, absolu et relatif. De ce que l’honneur de l’image passe à l’original, ils ne croyaient pas permis, ils jugeaient même criminel de conclure que l’image du Clirist peut recevoir aussi la latrie. Car, pour eux, la latrie, comme la foi dont elle dérive, est essentiellement absolue, c’est Vadoratio alicujiis propter seipsum. Ce qui lui est opposé est précisément la relativité du culte. 7Tpoaxûv/)(Ti( ; aj^sTiv./ ;. Puis donc que la « latrie relative » ist pour les givrs un non-sens, on ne peut dire que les Pères du II" concile de Nicée ont voulu, en parlant de latrie véritable, la distinguer d’une latrie relative dont ils n’avaient pas l’idée. La « latrie véritable » dont ils parlent est celle ciui procède de la foi : Ty ; v xaxà Tzlariv àXY)Oivr)V Xaxpeiav, est-il dit dans l’opoç. Et de même qu’il n’y a pas de foi relative, de même, pour les Pères grecs, il n’y a pas de latrie relative. Ainsi donc, on ne saurait admettre ce premier essai de conciliation entre la doctri ne desaintTliomas et la définilion chi II" concile de Nicée.

Une autre explication est fournie par plusieurs commentateurs. Billuart rcinartiue c|u’il y a trois manières de considérer l’image : 1° matcrialitcr ut res quæddtn aura, ligno, tela constans, figura, colorilms, lineamrntis aliisque, artis ornamentis dccontta : sic sumptu imugo imlla vencratianc est dignu. 2° J’olrst considrrari jormalissimc. imago firout in aclu exercito exerccl o/Jicium imaginis, quod est (irtu cxhibcrc cxrmplar cujus vices gerit et <i quu sub ista furmalissinui m-