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IMAGES (CULTE DES)


Jean Damascène indique ces hérétiques sous trois noms différents, dont le premier est XpiartavoxaTvjYopoi, accusateurs de chrétiens. « Ils sont et on les appelle XpiaTiavoxaTr)YOpoi, parce qu’ils accusent les chrétiens qui n’adorent (XaxpeuôvTov) qu’un seul Dieu vivant et véritable, loué dans la Trinité, d’avoir adoré aussi (ÔTi èXdcTpsuaav) comme des dieux, à la façon des païens, les images vénérables de Notre-Seigneur Jésus-Christ, de notre souveraine immaculée la sainte mère de Dieu, des saints anges et des saints. (Ils sont et on les dit) iconoclastes, parce que méprisant toutes les saintes et vénérables images, ils les ont brisées et livrées au feu, et quant à celles qui sont sur les murs, ils ont raclé les unes et enduit les autres de chaux et de noir. (Ils sont et on les appelle) thymoléontes (0u(xoXéovT£ç, qui ont une fureur de lion), parce que, profitant de leur puissance et armant la secte de fureur, ils ont infligé à ceux qui reçoivent les images des mauvais traitements et des tortures extrêmes. C’est pourquoi on leur a donné ce surnom du chef de l’hérésie. >’De hæresibus, 101, P. G., t. xav, col. 773. Cf. S. Nicéphore, Antirrhelicus, lU, 84, P. G., t. ccol. 523. Le pape Hadrien I", dans sa lettre aux empereurs, s’élève aussi contre la folie de ceux qui attaquent la foi et la religion chrétienne. insania frementium contra fidem et religionem christianam. Mansi, t. XII, col. 1063. Dans tout le concile de 787, on désigne cette secte sous le nom de XptaTtavoxaTYjyopoi., Mansi, op. cit., t. xiii, col. 208, 221, 261 ; d’hérésie qui accuse les chrétiens d’avoir abandonné le vrai Dieu pour servir les images, Xpi.aTtavoxaT7)YOpi.xr)( ; alpéoecoç, col. 259 ; xaT7]yopixà)Ç auxo9avTr)oavTe( ; t7]V’ExxX7]C7[av, col. 232 ; oûSèv sTspov auvayouoiv t^ xaTT^yop^aai. tûv xp^OTiavôiv xal xciv tou 0£où lepswv xaTaXeXotTcsvai. ôsov î^wvTa xal àXY)01vov xal elxoat. XaTpeûstv, col. 357 ; et surtout le titre du 9^ canon, Ilepl TOu (i.7) xpÛTiTTEiv Tivà)^piaTtavoxaT7)Yop15<Î2< ; aîpéaecoç ptpXov, col. 430 ; qui accuse l’Église d’idolâtrie, ^ç xaTvjYOpoÛCTtv elScûXoXaTpeîav, col. 348 ; et s’efforce de jeter le mépris et la malédiction sur elle, ïanzvaav èÇouSsvtôirai tyjv’ExxXyjaîav, col. 229 ; tyjv àYia<3|J.évy)v toù ©soù’ExxX7)a[av àpôcaôai 7TEipepii.evoi, col. 344. Aussi l’Église ne pouvait manquer de repousser énergiquement cette injure, qui non seulement la couvrait d’opprobre et de risée devant les juifs et les mahométans, mais qui s’attaquait à Jésus-Christ, car elle revenait à signifier qu’il n’avait pu sauver les hommes de l’idolâtrie, cf. S. Nicéphore, Antirrheticus, I, 10, P. G., t. c, col. 220, ou que, malgré ses promesses, il avait abandonné l’Église. Cf. Mansi, op. cit., t. xiii, col. 229. Elle ne pouvait manquer de combattre cette hérésie de toutes ses forces, de l’écraser de tous ses anatlièmes, et de la poursuivre jusqu’à complète destruction. Les iconoclastes s’étaient vantés d’avoir délivré le monde de l’idolâtrie, aÙTol TaÛT7)v aMTYjptav (TÇET£pi.aa[ji.svoi col. 232, ils en avaient fait honneur à leur synode et à leur empereur, cuXXoyoç ÉTriaxoTTCùV xal TcpEaPuréptùV xal Pacri.Xéwv xpàxoç èppùcaTO V)[i.àç tî^ç TcXàvYjç twv elScôXcov, col. 353-356. Cf. S. Nicéphore, Apologeticus pro sacris imaginibus, 27, P. G., t. c, col..601. Le concile revendique cette gloire pour Dieu seul :

« Après que le Christ nous a sauvés de l’erreur et

du mensonge des idoles, ils se glorifient d’avoir opéré cette délivrance. O arrogance et folie I » Mansi, op. cit., t. xiii, col. 356. « Une fois délivrés des idoles par le Christ, il n’y a pas lieu de nous accuser au sujet des idoles ; à moins peut-être qu’ils ne poussent l’audace jusqu’à dire qu’il y a eu changement dans l’Église, » col. 228 ; et à un autre endroit ;

« j Vous êtes forcés d’avouer que le Christ, notre

Dieu, nous a délivrés de l’erreur des idoles. Que s’il nous a délivres, comment ceux qui ont mis foi dans

le Christ sont-ils encore idolâtres ? Cessez votre maudit bavardage… Dieu n’est pas comme les rois de la terre, tantôt vainqueurs et tantôt vaincus ; mais sa victoire demeure éternellement, » col. 210. Après cela, on ne sera pas étonné de voir que les anathèmes que l’on porte contre cette hérésie l’atteignent surtout par ce côté, et avec une insistance frappante. Voici ce qu’on lit dans la profession de foi de Basile d’Ancyre, I" session : « Dans la simplicité de mon cœur et avec une intention droite. Dieu m’en est témoin, je prononce les anathèmes suivants : Aux accusateurs des chrétiens, à savoir les iconoclastes, anathèmel A ceux qui tournent contre les vénérables images les paroles que la sainte Écriture dit contre les idoles, anathèmel A ceux qui ne saluent pas les vénérables images, anathèmel A ceux qui disent que les chrétiens vont à elles comme à des dieux, anathèmel A ceux qui appellent les saintes images des idoles, anathème ! A ceux qui s’unissent sciemment à ceux qui injurient et déshonorent les vénérables images, anathèmel A ceux qui disent qu’en dehors du Christ notre Dieu, un autre nous a délivrés de l’idolâtrie, anathème ! … A ceux qui osent dire que l’Église catholique a jamais reçu des idoles, anathèmel » Mansi, op. cit., t. iix col. 1010-1011. On retrouve les mêmes anathèmes, ou à peu de choses près, clamés par tout le concile, à la fin de la IV « session, de la V », après la lecture de rôpoç dans la VIP, et enfin dans la session de clôture. Avoir accusé l’Église d’idolâtrie est le grand crime qu’on reproche aux iconoclastes, le leitmotiv des Pères du concile, le principal sujet de la condamnation qu’ils portent contre cette hérésie. C’est la même impression que l’on ressent à la lecture des anathèmes qui terminent le I" Antirrhétique de saint Théodore Studite.

« Si quelqu’un n’appelle pas image du Christ, ou

Christ par homonymie, la description de la forme corporelle du Verbe, mais la dit une idole mensongère, il est hérétique. Si quelqu’un a la témérité de dire que l’adoration relative du Christ dans l’image est une adoration d’idoles…, il est hérétique… Si quelqu’un tourne et applique à la sainte image du Christ les défenses que l’Écriture fait au sujet des idoles, au point d’accuser l’Église du Christ d’être un temple d’idoles (elStùXetov), il est hérétique. » Antirrheticus, I, 20, P. G., t. xcix, col. 349.

Ainsi donc, le débat s’est élevé et a pris une portée très haule. Il ne s’agit pas seulement de savoir si l’usage et le culte des images sont bons et utiles, cela a son importance, mais il s’agit de savoir, ce qui en a bien plus, si vraiment l’Église, qui approuvait et pratiquait le culte des images, était, oui ou non, tombée dans l’erreur, et dans la plus grossière de toutes les erreurs, l’idolâtrie ; si vraiment l’incarnation de Jésus-Christ a été vaine ; et si son œuvre a abouti à une catastrophe ; en un mot, la question est de savoir si l’Église vit encore, ou est morte, si elle est, ou si elle n’est pas. Si l’usage et le culte des images ne sont pas essentiels à l’Église, il lui est bien essentiel de ne pas admettre qu’elle est idolâtre, ni que l’œuvre du Christ a sombré. Voilà pourquoi elle a déploj’é tant de zèle contre cette erreur accusatrice des chrétiens, pourquoi les images ont eu leurs docteurs, leurs conciles et leurs martyrs.

Nature du culte des images.

Tous les théologiens

sont d’accord pour enseigner qu’aucun hommage ne s’adresse à l’image ut est res, mais que l’image est honorée ut est imago. Leurs opinions diffèrent sur la nature de ce culte. Les images sont-elles vraiment objet de culte, ou seulement par manière de dire ? Faut-il rendre à l’image un culte de même espèce que celui qui se rend à l’original, ou bien un culte d’un ordre inférieur ? L’image est-elle susceptible d’un culte qui s’arrête à elle, ou tout culte de l’image