Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/414

Cette page n’a pas encore été corrigée

813

IMAGES (CULTE DES’814

ini’ocare corumque reliquias alque imagines venerari.

Dans l’expression générale Sacris… imaginibus de la première citation faut-il aussi comprendre les images de Dieu ? 11 serait besoin, semble-t-il, d’un texte plus formel pour permettre de croire que le législateur a voulu ajouter quelque cliose aux décisions de Trente et de Nicée.

Peut-on faire appel, pour étayer le culte des images, à l’Ancien Testament ? Les défenseurs des images l’ont pensé, mais cette raison se présente plutôt sous leur plume comme une réponse ad hominem. On leur reprochait d’adorer des choses faites de main d’homme ; ils répliquaient que l’arche, le propitiatoire, les chérubins, etc., étaient faits de main d’homme et que cependant les Juifs étaient pour eux pleins de respect et les vénéraient (Trpoaxuvsîv). Ainsi trouve-t-on dans la lettre d’Hadrien 1° aux empereurs, Mansi, op. cit., t. XII, col. 1070 ; dans la Synodique de Théodore de Jérusalem, ibid., col. 1145, dans saint Jean Damascène. De imaginibus, orat. ii, 14, 22, P. G., t. xciv, col. 1300, 1308. Cf Léonce de Néapolis, Mansi, op. cit., t. iixi col. 52.

En fln Dieu lui-même, par des miracles, est intervenu, pour montrer que le culte des images lui est agréable. Le II" concile de Nicée en relate plusieurs dans sa IV « session.

Preuves de raison.

1. Le fondement rationnel

du culte des images, comme de leur usage, se tire de leur notion même. Dans l’image, il y a deux choses, la matière, or, argent, bronze, bois, toile, couleur, etc., et la forme, représentation d’une personne ou d’une chose.’Nous vénérons (7rpoaxuvoO[Jt.£v) les images, dit saint Jean Damascène, non pas en adressant notre vénération à la matière, mais à ceux qu’elle représente. » De imaginibus, orat. iii, 41, P. G., t. xciv, col. 1357. La matière n’est pas susceptible de vénération, oùSè TrpooxuveïaOai Tvéçuxe, dit saint Théodore Studile, Anlirriiclicus, III, c. iii, 1, P. G., t xax, col. 421. C’est l’élément formel de l’image qui est la raison du culte qu’on lui rend. C’est en tant qu’image et non en tant que chose qu’on l’honore. Et ce culte est très raisonnable. L’image, en tant qu’image, avons-nous vii, est une en quelque sorte avec l’original ; elle n’a point de personne propre, mais présente la personne de l’original. Et puisque c’est l’original que je vois et regarde dans l’image, tous les sentiments que je ressens pour l’original se réveillent alors, sentiments d’amour, de reconnaissance, de respect, de vénération, et, comme je suis homme, à la fols raisonnable et sensible, intelligent et matériel, tout naturellement je les produis au dehors, tout naturellement je m’incline devant cette image, à cause du prototype, je la baise, je la vénère (Trpooy.uvôj). Et parce que l’image n’a point de personne propre susceptible de vénération, mais ne présente que la personne du prototype, en la vénérant, on ne vénère rien en elle, si ce n’est la personne de l’original ; et l’honneur qu’on lui rend est un honneur rendu à l’original. C’est l’inébranlable fondement du culte des images, celui qu’invoquent les Pères et les conciles de Nicée et de Trente. Saint Basile est le premier à le proclamer..près avoir dit que l’image du roi est aussi appelé le roi, et que cela ne fait pas deux rois, il ajoute : « Comme est une la domination qui nous tient et la puissance ; une aussi et non multiple est la louange que nous lui donnons, parce que l’honneur de l’image pa." ! se au prototype, t Mansi, op. cit., t. xiii, col. 09. A sa voix fait écho toute l’antiquité. C’est la nature même des choses qui nous l’enseigne, dit saint Taraise. Ibid. Si tu me demandes, dit saint Théodore Sfudite, où il est écrit qu’il faut vénérer l’image du Christ, tu recevras vite cette réponse : l’art out où il est écrit qu’il faut adorer le Christ, car ce qui procède du prototype

en est inséparable, i— Antirrheticus, II, 6, P. G., t. xcix, col. 356. Le même auteur, tout pénétré de cette notion formelle de l’image, fait bien ressortir l’identité du culte de l’image et du prototype. Il ne saurait y avoir deux hommages, l’un pour l’image et l’autre pour le prototype, mais seulement un seul, puisque c’est la même ressemblance de part et d’autre. < Ce n’est pas la substance (ouata) de l’image qu’on vénère, dit-il, mais la figure du prototype qu’elle exprime, la substance de l’image demeurant sans vénération. Ce n’est pas la matière qui est honorée, mais c’est le prototype qu’on vénère avec la figure et non pas avec la substance de l’image. Si c’est l’image, donc la vénération de l’image est la même qui va au prototype, de même c’est la même similitude. On n’introduit donc pas, quand on vénère l’image, une autre vénération en dehors de celle qui s’adresse au prototype. » Et encore : « Si celui qui voit une image voit en elle la ressemblance du prototype, il faut de toute nécessité que celui qui vénère l’image vénère en elle la forme du prototype. Comme laresscmblance est une, il n’y aura donc qu’une vénération pour les deux. » Antirrheticus. lu, c. iii, 2 et 13, P. G., t. xav, col. 421, 425. Ainsi donc, dès là qu’on admet l’usage de l’image, on doit aussi en recevoir le culte. C’est une inconséquence d’accepter l’un et de repousser l’autre. Le concile la relève. « Ceux qui disent qu’il suITit d’avoir des images pour le souvenir seulement et non pour les saluer, acceptant l’un et rejetant l’autre, se montrent par là demi-pervers et faussement véridiqucs, confessant ici la vérité et la méprisant là. » Mansi, op. cit., t. xni, col. 364. Saint Théodore Studite dira plus tard : " Si quelqu’un, quand on présente l’image du Christ, dit que c’est assez de ne lui adresser ni honneur ni injure, est hérétique, parce qu’il rejette par là la proskynèse relative qui est une marque d’honneur. » Antirrheticus, I, 20, P. G., t. xcix, col. 349. De même sont convaincus d’inconséquence ceux qui professent du respect pour les saintes images et leur en refusent les marques : « Ceux qui disent qu’ils ont vu honneur les saintes images et leur refusent la vénération sont convaincus par ce Père (saint Athanase de Théopolis, dont on vient de citer un passage) de parler avec hypocrisie. En effet, ceux qui ne veulent pas vénérer, ce qui est la marque de l’honneur, sont censés faire le contraire, ce qui est injurier. « Mansi, txni, col. 50. « C’est pourquoi le concile ordonne non seulement la vénération, mais encore l’adoration pour les images, parce que nul homme sincère ne fait difficulté de donner des marques de ce qu’il sent dans le cœur. < Bossuet, Le culte des images, i, loc. cit., p. 72.

2. Cette raison fondanu>ntale du culte des images ne se présente pas seulement sous une forme abstraite, qui, toute claire et évidente qu’elle est, n’a cependant pas assez de force sur l’ensemble des hommes tant qu’elle ne revêt pas des conditions sensibles ; vérité de sens commun, elle se concrétise aussi, elle prend chair et os et s’incarne dans les manifestations naturelles et quotidiennes de la vie aficctive de l’humanité. Les défenseurs des images surent la présenter avec ce caractère tangible qui frappe l’esprit et s’impose à lui. et cela d’une double manière : a contrario et a simili.

a) A contrario. — « Si tu méprises le vêlement royal, dit le pape Hadrien I en citant saint Jean t hr^ ! ostome, est-ce que tu ne méprises pas par là celui qui en est revêtu ? Ne sais-tu pas que, si quelqu’un injurie l’image de l’empereur, c’est à l’empereur lui-même qui est le prototype et à sa dignité qu’il adresse l’Injure ? Ne sais-tu pas que, si quehiu’un maudit l’image faite de bois ou de couleurs, il n’est pas jugé pour avoir attenté à quelque chose d’inanimé, mais iiour avoir agi contre l’empereur ? » Mansi, np. cit., t. xii, col. 10(18.