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IMAGES (CULTE DES)


il en est sifacileiiiciilsopaialjlc. Abusas non lollilnsum. Oui certes, l’on peut rencontrer des images de Notre-Seigncur, de la sainte Vierge et des saints qui manquent de dignité religieuse et qui portent à des pensées mondaines plutôt qu’à de pieux souvenirs. La conclusion directe en est que ces images-là seulement doivent être supprimées et proliibées, et non point les autres. Et de fait, l’Église les a condamnées et elle veille, suivant son pouvoir, à ce que les images proposées à l’usage et à la vénération des fidèles soient chastes, dignes et leur inspirent vraiment le respect et la piété. Voir le Décret du Saint-OfTice, du 30 mars 1921, prohibant les images d’un nouveau genre qui sont reproduites dans La Passion de Noire-Seigneur Jésus-Christ, par C. Verschæve, Bruxelles, Paris, 1920. Acla apostolicse sedis, 4 avril 1921, p. 197.

e) Calvin accepte bien que l’on représente des scènes historiques qui relatent les actions vertueuses des saints, mais il ne veut point que l’on fasse des images de personnages isolés. D’abord, quel inconvénient y a-t-il ? Ensuite, s’il est utile de nous remettre sous les yeux des actions vertueuses, il est pareillement utile de nous rappeler les saints qui les ont accomplies, indépendamment de telle ou telle action déterminée, et seulement avec la pensée générale de leur héroïsme sur la terre et de leur triomphe dans le ciel. Si ce souvenir est utile, pourquoi ne pas l’aider par l’image du saint, même représenté isolément ? Du reste, assez souvent, les saints sont représentés dans une attitude ou avec un attribut qui rappelle un souvenir plus précis. Le lis de saint Joseph nous parle de sa virginité et le gril de saint Laurent nous fait penser à son mart3’re. De plus, si, comme on le verra plus loin, le culte de l’image est raisonnable, si l’honneur qu’on lui rend rejaillit sur le prototype, cela suffit à légitimer toutes les images, celle qui nous représente isolément une personne sainte, comme celle qui nous la montre accomplissant une action vertueuse. C’est à la personne en effet que s’adresse l’hommage, et non à l’action. //I. LÊaiTiMiTÉ DO CULTE DES IMAGES. — 1° Notions sur le culte et la proskynèse. — l.Le culte. — -Le culte est la reconnaissance, l’aveu fait de plein gré de l’excellence supérieure que l’on reconnaît en quelqu’un ou quelque chose. Le culte religieux est la reconnaissance d’une excellence surnaturelle. Comme en Dieu se trouve la plénitude infinie et la source de toute excellence surnaturelle et qu’il lui a plu de la répandre sur des créatures, c’est à lui, tout d’abord, qu’ira le culte religieux, puis, à cause de lui, à ceux qu’il a daigné sanctifier et glorifier. Tout le culte chrétien commence donc à Dieu et finit à Dieu. C’est lui qui est vraiment et proprement l’objet du culte. Les créatures qu’il a associées à sa félicité ne le sont que relativement, comme disent les anciens Pères, (JXS’ft’twÇ- Cf. Petau, op. cit., t. vi, t. XV, c. v. Et, comme le dit si bien Thomassin, præter ipsum non colitur quod propter ipsum colitur. De incarnatione, t. XI, c. I, n. 9, Venise, 1730, p. 731. Charitale, non seruitute, dit saint Augustin, De vera relig., c. lv, P. L., t. XXXIV, col. 170. Ainsi le culte ne convient en propre qu’à Dieu, et c’est donc dans ce sens qu’il faut entendre les paroles des Pères, quand ils disent qu’il n’y a pas de culte que de Dieu seul. Ille solus colendus est, dit saint Augustin, quo solo fruens, beatus fit cultor ejus, et quo solo non fruens, omnis mens misera est, qualibet re alla perfruatur. Contra Faustum, 1 XX, c. v, P. L., t. xLii, col. 371.

Le nom de culte, pouvant s’appliquer à Dieu et à la créature, est donc, comme celui d’excellence, dont il est la reconnaissance, un nom de signification large, ou, comme disent les scolastiques, analogue. La doctrine aristotélicienne et thomiste de l’analogie, dont l’importance s’est avérée si grande dans l’apologétique

antimoderniste, trouve une application de plus dans la question qui nous occupe. Parce que la nature divine est d’une excellence, d’une dignité infinie, à côté de laquelle celle de toute créature est non point seulement chétive, mais nulle, on devra dire que le culte, testification d’excellence, devra lui convenir en propre ; lui seul est adorable par nature, dit saint Jean Damascène, ijt.6vo Tôj çûasi TrpocyxuvYjTÔ) 6ew, De imaginibus, orat. i, 14, P. G., t. xav, col. 1244 ; et parce que la créature, dont l’origine est le néant, n’a d’excellence que de la main toute-puissante et libérale de Dieu, elle ne pourra avoir de culte que par participation, à cause de ce rapport qu’elle a avec le Premier Excellent, o/eTixcôi ;. Mais il faut remarquer ici qu’il y a deux sortes de aj^éaiç et que les êtres qui reçoivent d’un premier analogue une appellation dérivée sont dans un double cas. Certains, en effet, possèdent en eux-mêmes la forme qui les dénomme, diverse sans doute (simpliciter diversa) de celle qui est dans le suprême analogue, mais propre et proportionnée à leur capacité. Ainsi l’homme est intelligent et libre parce qu’il a vraiment et proprement en lui les formes qui le dénomment ainsi, à savoir l’intelligence et la liberté, mais elles sont imparfaites et dans un ordre tout à fait inférieur (simpliciter diversa) si on les compare à l’intelligence et à la liberté divines, dont elles sont une faible participation. D’autres objets sont privés de la forme qui sert à les nommer et ne reçoivent le nom analogue que parce qu’ils regardent la forme qui est dans le principal analogue. Ainsi, pour employer l’exemple classique, l’air, la nourriture, le teint, le pouls, le régime ne sont dits sains que parce qu’ils sont causes ou indices de la santé qui est dans un vivant et non point parce qu’ils ont la santé, qualité qui ne peut appartenir qu’à une substance vivante. Appliquons ces considérations au culte religieux. Ce culte n’est dû et ne se rend en propre qu’à Dieu, plénitude, source infinie de toute sainteté. Il se rend aux créatures par analogie. Mais les créatures raisonnables, anges et hommes, ayant en elles-mêmes la perfection qui motive le culte qu’on leur donne, à savoir la sainteté, participation de la sainteté divine, sont dites et sont vraiment saintes subjective, et par suite sont l’objet d’un culte dans un certain sens absolu ; les créatures irrationnelles, temples, reliques, images, vases sacrés, etc., n’ayant point en elles-mêmes la forme qui les dénomme, mais ayant seulement relation à un être qui possède cette forme, étant dites saintes, non parce qu’elles possèdent la sainteté, mais parce qu’elles ont appartenu à des saints, ou les représentent, ou bien sont dédiées au culte du Dieu Très-Saint, n’auront qu’un culte purement relatif. Ainsi, seul, le culte de Dieu est parfaitement absolu ; celui des saints n’est point absolu, si l’on veut dire par là qu’il ne se rattache à rien de supérieur ; mais il est absolu, si l’on entend par là que l’on reconnaît en eux non point seulement une pure relation, mais vraiment une forme ou perfection qui leur appartient et pour laquelle ils méritent qu’on les honore et glorifie en eux-mêmes, et, dans un sens subordonné, pour eux-mêmes ; enfin, celui des objets inanimés est purement relatif.

En plus du terme commun qui sert à les désigner tous, cliacun des analogues a généralement un nom particulier qu’il ne communique pas aux autres.

« Culte » est le terme analogue qui englobe toute

a testification d’excellence ». Il faudra d’autres noms pour préciser ce qui est dû à telle ou telle excellence. Il en faudra un surtout pour distinguer le culte que l’on doit à Dieu de celui que l’on doit à des créatures. Le culte propre à Dieu a reçu le nom de latrie, qui veut dire service, ici soumission absolue et dépendance sans réserve vis-à-vis du souverain Maître. C’est l’adoration au sens ordinaire du mot français. Celui que