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IMAGES (CULTE DES ;

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lion conlennc dans le Décalogue : « Tu ne te feras pas d’image taillée ni aucune figure de ce qui est en haut dans le ciel, ou de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre ». Exod., XX, 4. Le contexte montre clairement que la défense n’est point absolue, mais ne concerne que les images destinées à être adorées comme des divinités ; l’Écriture ajoute en effet immédiatement : « Tu ne te prosterneras point devant elles et tu ne les serviras point. Car je suis.Jalivé ton Dieu », etc., v. 5 ; c’est ce qu’indiquent aussi les passages parallèles, Lev., xxvi, 1 ; Deut., VI, 13 sq. ; Ps. xcvi, et les circonstances historiques de cette prohibition : le peuple juif sortait d’Egypte, où il avait vu des idoles de tout genre, et le premier soin devait être de le mettre en garde contre tout retour à l’idolâtrie. Voir col. 624-625. Du reste. Dieu lui-même fit faire des images : aurait-il établi des choses contraires ? tî oùv voijloÔstsï xà èvocvxîa ; Telle est la réponse qu’ont faite aux iconoclastes les défenseurs des images, saint Jean Damascène, De imaginibus, orat. i, 15, P. G., t. xciv, col. 1244 ; orat. n, 7-9, col. 1288-1293 ; orat. iii, 7, 9, col. 1325-1328, 1329 ; le concile de 787, Mansi, t. xra, col. 284-285 ; S. Théodore Studite, Anlinheticus, I, 5, P. G., t. xcix, col. 333 ; et à supposer que Dieu eût fait une défense positive d’avoir des images, ce qui ne pouvait être qu’à cause du penchant naturel des Juifs à l’idolâtrie, par suite, ce frein n’avait plus sa raison d’être pour les chrétiens, à jamais délivrés de cette grossière erreur par l’incarnation du Fils de Dieu. S. Jean Damascène, De imaginibus, orat. i, 8 ; ra, 8, P. G., t. xciv, col. 1237, 1328.

Outre l’autorité de l’Écriture, les iconomaques ont recherché celle des Pères. Comme ils ne trouvaient point assez chez eux, ils abritèrent de leur nom certaines pièces rédigées dans ce but. Il n’y a évidemment qu’à négliger ces factums. Quant aux textes authentiques allégués par eux, il serait trop long de les rapporter par le menu et d’en faire le commentaire. Qu’il suffise de noter premièrement que ces textes sont bien souvent isolés du contexte, comme le remarque le concile, sess. VI : « C’est le propre des hérétiques de lancer des témoignages tronqués, » Mansi, t. xiii, col. 301 ; ensuite, que les passages invoqués ont généralement une portée autre que celle que lui prêtent les iconomaques, comme, par exemple, celui d’Amphiloque d’Iconium : où xprjofjisv toÙtcov (images des saints), àXXà tJjv TToXiTstav aùrôiv Si’depST/jç zy.^i[LzlaOxi, Mansi, ibid., qui veut dire, comme l’indique tout son discours, que c’est en vainque l’on fait des images des saints si l’on n’imite leurs vertus ; et enfin que, si quelques Pères anciens, comme Clément d’Alexandrie, ont pensé que la prohibition du décalogue avait une portée absolue, il la faut restreindre à l’Ancien Testament, et qu’en tout cas, l’autorité d’un ou de quelques docteurs doit s’elîacerdevantla doctrine commune des Pères et la pratique générale et constante de l’Église. b) Une autre objection concerne Vimage de Jésus-Ciiiisl. C’est le point central de la controverse. Les iconomaques accusent ceux qui font des images d’être nestorieus, parce que, peignant l’humanité, ils la séparent de la divinité, et d’être moaophysites, parce qu’en prétendant peindre Jésus-Christ, qui est Dieu, ils circonscrivent la nature divine et commattent le crime de la confondre avec la nature humaine. Cette double accusation n’est point formulée seulement à la fajond’un dilemme, quoiqu’on la trouve aussi sous cette forma, Mansi, t..xiii, col. 257-230, elle n’est point seulement disjonctive, mais encore copulatlve. Mansi, t. xni, col. 241, 244, 340-341. Le concile ne manque pas de relever cette contradiction flagrante :

« O contes inconsidérés et dignes de vieilles radotîusesl

ô mensonge caché ! De nouveau, ils trouvent bon de

s’arrêter aux mêmes inepties. Car, ou ils ignorent l’opposition des hérétiques qu’ils ont énumérés, ou ils se plaisent délibérément dans un vain bavardage… Il est donc clair que c’est témérairement et en vain qu’ils accusent l’Église de Dieu, disant tantôt qu’elle s’unit à Nestorius, impie qui divise (le Christ), parce qu’elle peint l’incarnation du Seigneur, et tantôt qu’elle s’unit à Eutychès et à Dioscore, criminels qui confondent (les natures)… Si nous accordons que l’Église, comme ils disent, suit Nestorius, ils mentent en l’accusant de penser avec Eutychès et Dioscore ; si, au contraire, nous accordons que son sentiment est celui d’Eutychès et de Dioscore, là encore on les trouve à mentir, car, comme on l’a montré, Nestorius et Eutj’chès se combattent dans leur impiété, et le raisonnement de ceux-là (les iconoclastes) est sans raison et hors de propos. » Mansi, t. xni, col. 241-244. A l’accusation de nestorianisme, le concile répond par l’affirmation de sa doctrine christologique et par l’imperfection essentielle de l’image artificielle, que nous avons signalée plus haut en étudiant la notion de l’image. « De nouveau, ils énoncent seulement et ne prouvent pas. Comment celui qui peint l’image du Christ établit-il Nestorius ? Nestorius introduit deux Fils : l’un, le Verbe du Père, et un autre, né de la Vierge. Mais les vrais chrétiens confessent un seul et même Fils, Christ et Seigneur, et, quand ils peignent une image selon que le Verbe s’est fait chair et a habité parmi nous, homme parfait, ils agissent selon la raison, car Dieu le Verbe a été circonscrit par la chair en venant à nous ; mais cependant personne n’imagine de peindre sa divinité… L’image n’est pas semblable selon la nature (xaxà ttjv oùatav) au prototype, mais seulement selon le nom et selon la position des membres exprimés (xaxà t6 ôvo(za y.cà y.axà tyjv Gsatv Tcôv x°’P°’^Tr)pi.^o|j.évwv ji, eX61v). Et en effet, lorsqu’on fait l’image d’un homme quelconque, personne ne cherche son âme dans l’image, et cependant il y a une distance infinie entre l’âme humaine et la nature divine, car celle-ci est incréée, créatrice et éternelle et celle-là est créée et temporelle, et faite par l’autre. Et aucun de ceux qui ont le sens bon ne pense, en voyant l’image d’un homme, que le peintre a séparé l’homme de son âme ; car l’image n’est pas seulement privée d’âme, mais de la substance même (oùcrîaç) du corps, je veux dire de chairs, de muscles, d’os et d’éléments, c’est-à-dire de sang, de phlegme, d’humeur et de bile ; le mélange (aûyxpaaw) de ces choses ne se peut voir dans l’image. Si, en effet, on voyait tout cela dans l’image, nous l’appellerions un homme et non pas l’image d’un homme. » Mansi, t. xni, col. 241-244. CL ibid., col. 344. Il suit de là que c’est bien Jésus-Christ qui est peint dans l’image, malgré que sa seule humanité y soit reproduite. » Pierre et Paul, dit encore le concile, sont vus en peinture, mais leur âme ne paraît point, puisque, même quand le corps de Pierre est présent, on ne voit pas son àme, et parce qu’on ne la voit point, qui dira, parmi ceux qui suivent la vérité, que la chair de Pierre a été séparée de son âme, si ce n’est par la considération seulement (xar’STrîvoiDcv [xovov) ? Qui dira, à plus forte raison, que la nature incirconscriptible du Verbe de Dieu a été séparée de la chair circonscrite qu’il a prise ? » Mansi, ibid., col. 261. En résumé, de même que, quand on peint un homme, on ne paint pas son âme, mais seulement son corps dans ses accidents extrinsèques et que cela suffit pour que l’image représente un homme ayant une àme ; de même, en peignant le Christ, on ne peint point sa divinité, mais seulement son humanité ; mais parce que la divinité est jointe indissolublenient à l’humanité, l’image que nous avons est bien l’image de Jésus-Christ, à savoir d’un homme qui est Dieu, de l’Homme-Dicu..Vussi,