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IMAGES fCULTE DES^


biens ? Ohl que malheureux sont ces hérétiques qui, par leur faute, ont perdu cette consolation, et tant d’autres 1° Chemin de la perfection, c. xxxv. Œuvres, trad. Bouix, t. iii, p. 256.

Les images sont un soutien, un stimulant pour la vie chrétienne. Exempla (rahiinl, surtout lorsqu’ils sont vus, et l’image les fait voir : « Les images qu’ont les chrétiens, écrit saint Germain à Thomas de Claudiopolis, des saints qui ont résisté au péché jusqu’au sang, selon le mot de l’apôtre, qui ont été les serviteurs de la parole de la vérité, à savoir des apôtres et des martyrs, ou encore de ceux qui, par une vie pieuse et la pratique droite des bonnes œuvres, se sont montrés vraiment les serviteurs de Dieu, ne sont pas autre chose pour nous qu’un exemple d’héroïsme, un modèle de vie sainte et de vertus, un stimulant et une excitation pour glorifier Dieu, à qui ils ont plu dans la vie présente. » Mansi, t. xni, col. 113. « Je reproduis par la peinture, dit saint Jean Damascène, les vertus et les souffrances des saints, parce qu’ils me sanctifient et m’animent du désir de les imiter. » De imaginibus, orat. I, 21, P. G., t. xav, col. 1252. Longtemps auparavant, saint Paulin montrait cette valeur moralisatrice de l’exemple vu dans l’image : il ajoutait même que le temps que les pèlerins de saint Félix passeraient à contempler les peintures de sa basiUque serait un temps dérobé aux bas plaisirs de l’homme animal et qu’ainsi s’insinuera la pratique et le goût de la tempérance chrétienne.

Sanctasque legenti

Historias, castorum operum subrepit honestas Exeniplis inthicta piis ; potatur hianti Sobrietas, nimii subeunt oblivia vini. Dumquo diem ducunt spatio’majore tuentes, Pociila rsrosciint, quia per miracula tracto Tempore, jam paucae supersunt epulantibus horœ’.

Poem., xxvii, 589-594, P. L., t. lxi, col. 661.

Pour finir ces considérations sur l’utilité des images, citons le concile de Trente, qui les résume si bien : Illud vero diligenter doceanl episcopi, per historias mysteriorum nostræ redemptionis, picturis vel aliis similitudinibus exprcssas, erudiri et confirmari populum in articulis fidei commemorandis et assidue recolendis ; tum vero ex omnibus sacris imaginibus magnum fniclum pcrcipi, non solum, quia admonetur populus beneficionim et munerum, quæ a Christo sibi collata sunt, sed etiam, quia Dei per sanctos miracula et salularia exempla oculis fidelium subjiciuntur, ut pro ils Deo gratias agant, ad sanctorumquc imitationem vilam moresque suos componant, excitenturque ad adorandum ac diligendum Deum, et ad pietatem colendam. Sess. XXV. CavaJlera, Thésaurus doctrinæ catholicæ, n. 822.

Après tous ces avantages que procurent les images, on ne sera pas étonne que les théologiens orientaux, en particulier, leur aient attribué une sorte de vertu sanctificatrice. Chez eux ces effets se produisaient à un haut degré. Cette vertu sanctificatrice ne réside pas dans la matière de l’image, mais seulement dans son élément formel, la similitude avec le prototype. L’image opère à la manière de l’Évangile, indirectement, simplement en étant connue, en mettant devant les yeux et en gravant dans l’esprit les épisodes touchants de l’Évangile, les exemples des saints et les augustes mystères du christianisme. « Les vrais fils de l’Église catholique…, dit le concile de Nicée, en contemplant par le sens de la vue l’image du Christ et de sa sainte mère, qui est proprement et véritablement notre souveraine, et des saints anges et de tous les saints, sont sanctifiés, et conforment leur esprit à ces souvenirs et croient dans leur cœur à un seul Dieu pour être justifiés, et le confessent de boucbe pour être sauvés : tout ainsi que ceux qui entendent l’Évangile remplissent le sens de l’ouïe de sanctification et de

DICT. DE TIIÉOI, . CATHOL.

grâce et comprennent dans leur cœur le récit des choses qui sont écrites. » Mansi, t. xni, col. 249.

3. L’utiUte des images est si grande qu’elle confine à la nécessité. Nous en avons pour ainsi dire besoin. EUes sont à la mesure humaine, proportionnées au mode humain de connaissance, qui dépend du sensible, et des limites qu’imposent le temps et la distance. Cf. S. Jean Damascène, De imaginibus, orat. iii, 17, P. G., t. xav, col. 1337. « Parce que nous sommes sensibles, trouve— t-on dans une pièce anonyme qui termine la coŒction des Actes du II « concile de Nicée, nous ne pouvons tendre aux choses intelligibles qu’au moyen de symboles sensibles, soit par la contemplation de l’Écriture, soit par la représentation de l’image. Ainsi nous nous souvenons de tous les prototypes et nous sommes introduits auprès d’eux. Nous percevons l’une par l’ouïe et l’autre par les yeux ; toutes deux, sans contredit, s’exphquent mutuellement et s’éclairent l’une l’autre et reçoivent les mêmes honneurs. » Mansi, t. xni, col. 482. Dans la VI « session, la vue des images est donnée comme appartenant à l’ensemble des moyens nécessaires pour acquérir la vertu. Ibid., col. 304. Ce besoin des images, saint Jean Damascène le proclame énergiqucment à l’orgueilleux quiprétends’en passer : « Toi peut-être, tu es haut et immatériel, et, t’élevant au-dessus du corps et devenu sans chair, tu méprises tout ce qui se voit ; mais moi, je suis homme, entouré d’un corps ; je désire, même avec mon corps, rencontrer et contempler les choses saintes. Toi, qui es si haut, tiens compte de ma petitesse et garde pour toi ta sublimité. » De imaginibus, orat. i, Tcstinwnia. P. G., t. xciv, col. 1264. Même le parfait, selon saint Tlicodore Studite, a besoin de l’image, comme il a besoin du livre pour l’Évangile. Episf., t. II, epist. clxxi, P. G., t. xcix, col. 1537.

Objections et réponses.

L’hérésie iconoclaste

est fille du monophysismc, et par là, du manichéisme. Cette dernière secte, que l’on retrouve si vivace dans l’histoire de l’Église, professait qu’il y a deux principes, l’un bon, l’autre mauvais, deux mondes en lutte, d’un côté Dieu et les esprits, et de l’autre le mal et les corps. La matière, unie à la divinité dans l’unité de nature, tout en demeurant matière, cela parut inadmissible à ce dogme orgueilleux, qui par endosmose s’insinuait partout. De là, Arius, qui prétendit que le Christ n’était qu’une créature ; Nestorius, qui enseigna qu’en lui il y avait union seulement accidentelle de deux substances distinctes ; Eutychès et Dioscore, qui se refusèrent à admettre en lui la permanence de l’élément humain ; le monothélisme qui ne fut qu’un monophysismc mitigé ou voilé ; l’iconoclasme enfin, qui mit en pratique le monophysisme et repoussa toute réalisation matérielle du divin, opposant ainsi le monde corporel et le monde spirituel. Saint Jean Damascène note, à plusieurs reprises, cet esprit manichéen dans l’erreur qu’il combat. Bien entendu, tout cet enchaînement n’est point formulé clairement par les iconoclastes, et dans leur lutte contre les images, ils font flèche de tout bois, mais c’est bien ce qui s’en dégage à la réflexion. Ici, comme plus tard, chez les réformateurs, qui s’élevèrent contre le dogme de l’Église visible, nous rencontrons l’orgueil de l’esprit qui, sans aucun secours humiliant, voudrait monter à Dieu par ses propres forces et devenir semblable au Très-Haut, et qui, pour élayer ses folles prétentions, trouve bons tous les arguments, même contradictoires. Voyons ceux que l’iconoclasme présenta contre l’usage des images : d’abord ceux que l’on rencontre dans l’iconoclasme oriental, puis ceux qu’y ajoutèrent les théologiens protestants de la Réforme.

1. Objections des anciens iconoclastes.

a) La première objection et la plus fréquente chez les iconomaques de tous les temps est celle tirée de la prohibi Vir. — 26