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IMAGES (CULTE DES ;


leur convient. Cette vue artistique ne semble pas toutefois avoir été celle des défenseurs des images, ou du moins elle n’a joué qu’en fonction des utililés proprement dites qui reviennent au peuple chrétien de Ja fréquentation des images. C’est pourquoi nous nous contentons de la signaler. Les utilités de l’image découlent de sa notion même. Puisque l’image tient lieu du prototype et qu’il est moralement idem cum illo, le commerce des images procurera proportionnellement les mêmes avantages que le commerce du prototype lui-même. Ces avantages sont au nombre de trois, ainsi résumés par saint Thomas : Fuit autem triplex ratio institutionis imaginis in Ecclesia. Primo, ad instrudionem radium, qui eis quasi quibusdam libris edocentur. Secundo ut incarnationis mysterium et sanciorùm exempta magis in memoria essent, dum quotidie in oculis reprœsenlantur. Tertio ad excitandnm devoiionix a/fectum qui ex visis efjicacius excilatur quam ex audilis. In IV Sent., t. III, dist. IX, a. 2, sol. 2, ad S^" ». Cette triple utilité appartient à l’image plus qu’à tout autre moyen de connaissance, comme le répètent à l’envi les iconophiles, car la vue est le premier des

« ens cognoscitifs, le plus prompt, le plus rapide, le

plus universel et qui saisit le plus vivement l’objet. a) La première utilité de l’image, l’instruction, est celle qui a été tout d’abord signalée par les anciens Pères. Nous l’avons vue indiquée par saint Nil à Olympiodore, P. G., t. lxxix, col. 577, et par saint Grégoire I" à Sérénus de Marseille : Quod legentibusscriptura, dit ce docteur, hoc idiotis præslat pictura cernenlibus, quia in ijmi etiam ignorantes vident quid sequi debeanl, in ipsa Icgunt qui litteras nesciunt. Unde et f)rxcipue gentibus pro lectione pictura est. P. L., t. Lxxvii, col. 1128. De même saint Jean Damascène : ÔTTep TOÏç Ypà(in.aCTi. i.zy.-^fiivoi.ç, vj pî^Xoç toùto xxi Toïç àYp « [X[i « TOiç r) elxo’jv xal ôusp tt) àxoyi ô >>ÔYo ;, TOÙTO TV) ôpàaei 7) sîxtôv. De imaginibus, orat. I, 17, P. G., i. xciv, col. 1248. Cette comparaison de l’image avec la parole ou le livre, qui se trouve aussi dans le concile de Nicée, Mansi, t. xiii, col. 113, 300, est à plus d’un égard à l’avantage de l’image. Saint Nicéphore développe ainsi ce point :

« Les discours aussi sont les images des choses

et en dépendent comme de leurs causes. Et premièrement, ils entrent dans l’oreille, car il faut tout (l’abord que les sons des paroles frappent l’oreille des auditeurs, et secondement, l’auditeur, au moyen du raisonnement, arrive à l’intelligence des choses qu’on lui montre ; tandis que la peinture, dès l’abord et sans intermédiaire, conduit aux choses elles-mêmes, comme si elles étaient présentes, l’esprit de ceux qui la contemplent, et du premier regard, dès la première rencontre, donne une connaissance claire et parfaite des choses ; et pour me servir de la parole d’un Père, ce que le récit raconte, la peinture, par l’imitation, le montre. Et autant le fait (ëpyov) est au-dessus du discours, autant l’imitation et la simiUtude du fait remportera sur les sons du discours pour nous faire connaître les choses.C’est pourfjuoi souventles discours deviennent plus manifestes et plus clairs au moyen d’une telle description (— : f, ç TOta’JTriÇ ÏTTopîaç). (-ar souvent les doutes et les ambiguïtés naissent de la parole, et de là, sans doute, proviennent diverses pensées dans les âmes ; beaucoup, en effet, ont en eux-mêmes et vis-à-vis des autres des sentiments opposés,

« llsputent sur les mots et ne savent au juste ce qui est
« lit ; tandis que la connaissance qu’engendre la vue

fies choses est à l’abri <le l’ambiguïté (àvxpL’pîXsy.TOv). Ces deux jnoyens de connaissance sont d’ailleurs si bien faits l’un pour l’autre, que, dans un seul et môme livre, comme on peut le voir souvent dans de très aniens documents (5£Xtoiç), le discours est tracé alternativement ici en syllabes et là par la peinture, et c’est

la même narration qui est reproduite de part et d’autre. » Antirrh., III, P. G., t. c, col. 381-384.

L’histoire de l’iconoclasme nous fait connaître une autre utilité des images, spéciale à ce temps, et qui se ra mène au chef de l’instruction^ Elles étaient un moyen très efficace de combattre l’erreur des phantasiastes et d’affirmer, par un langage qui parle aux yeux, la réalité de la chair de Jésus-Christ et la vérité de sa nature humaine. Ces hérétiques prétendaient que le Christ n’a point pris une vraie chair, semblable à la nôtre, et par suite soutenaient qu’on n’avait pas le droit d’en faire des images. C’est pourquoi saint Germain de Constantinople écrit à Thomas de Claudiopolis : « La représentation du Seigneur dans les images, selon sa forme de chair, est d’abord une réplique (eïç éXsy/o^ (i.èv sotl) aux hérétiques qui ont la folie d’affirmer qu’il ne s’est pas fait homme véritablement, puis un secours (xeipaycoY^ocv) pour ceux qui sont incapables de s’élever à la contemplation spirituelle, mais ont besoin d’une considération corporelle pour affermir ce qu’ils ont entendu. » Mansi, t. xni, col. 116.

b) Le deuxième avantage des images est qu’elles [ont souvenir. Il ne suffit pas à l’homme de connaître une fois pour toutes les vérités religieuses ; il a besoin de ramener souvent son esprit à leur contemplation, sous peine d’oubUer ce qu’il a appris ou, tout au moins, de n’en tirer aucun profit. C’est seulement par le commerce assidu et la contemplation fréquente des mystères de la religion et des exemples des saints que l’âme s’élève au-dessus du terre-à-terre auquel l’entraîne continuellement le corps qu’elle anime. A ce but tendent la lecture du saint Évangile et des hvres pieux, les méditations, les saintes exhortations. A ce but aussi contribuera, et à un haut degré, la vue des images religieuses par le souvenir des saints personnages et des scènes bibliques qu’elles impriment et gravent dans l’esprit. C’est ce que si fréquemment inculquent les défenseurs des images et le II" concile de Nicée. Saint Grégoire II, dans sa lettre à saint Germain, inculque cette raison de faire des images, dans un développement saisissant dont voici la fin :

« S’il (Jésus-Chirst) n’a pas ressuscité les morts, redressé

les paralytiques, purifié les lépreux, fait voir les aveugles, délié la langue des muets, raffermi les pieds des boiteux, e„ chassé les démons ; s’il n’a pas ouvert l’oreille des sourds, opéré toutes les merveilles et accompli les divins oracles : qu’on ne le retrace point ; et s’il n’a pas volontairement subi la passion, dépouillé l’enfer et n’est point ressuscité et monté au ciel pour venir juger les vivants et les morts : qu’on ne retrace point, qu’on ne reproduise point tout ce qui raconte ces choses soit en lettres, soit en couleur, soit livres, soit peintures. Mais si toutes ces choses sont arrivées, et c’est un grand mystère de bonté, plût à Dieu qu’il fût possible que le ciel, la terre et la mer, tous les vivants et toutes les plantes, et s’il est quelque autre chose, eussent pour nous les raconter des voix, des lettres et des couleurs. » Mansi, t. xui, col. 96. L’image est un mémorial (’jT : 6|i.v/iji.a), dit saint Jean Damascène. Elle nous rappelle les bienfaits de Dieu et les mystères de Notre-Seigneur.7)c imaginibus, orat. i, 17, 18, P. G., t. xciv, col. 1248-1249. « C’est pour nous souvenir d’eux, écrit Hadrien l" aux empereurs Constantin et Irène, que nous faisons les images des saints, à savoir d’Abraham, de Moïse, d’Élic, d’Isaïc, de Zacharie et des autres prophètes, des apôtres et des saints martyrs qui ont soulfert pour le Seigneur, afin que quiconque les voit dans l’image se souvienne d’eux et glorifie le Seigneur qui les a glorifiés. » Mansi, t. xii, col. 1070. Jean de Thessaloniquc, cité par le concile, avait dit aussi : « J, es images que tu vois sont peintes pour rappeler la rédemption miséricordieuse de notre Sauveur Jésus-Christ, enindiquant la figure (TrpôawTTOv)