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IMAGES (CULTE DES^


€t se développer prodigieusement. Nous ne revenons pas sur cette histoire. Cette tradition pratique trouve son expression théorique et authentique dans les actes du magistère ecclésiastique.

3. Le magistère ecclésiastique s’exprime dans les conciles généraux et particuliers, approuvés par Rome, dans les documents pontificaux et l’enseignement des Pères, ceux surtout qui ont consacré leur vie à la défense des images. Nous en ferons ici la revue, nous réservant de les citer à mesure et selon que nous en aurons besoin, soit pour montrer l’utilité des images, soit pour en établir et en déterminer le culte.

a) Conciles. — Les principaux conciles qui supposent ou déclarent légitime soit l’usage, soit le culte <qui implique l’usage) des images sont les suivants :

a. le concile Quinisexte (691), can. 82, Mansi, t. xi, col. 977-980, suppose légitime l’usage des images, puisqu’il ordonne de représenter Jésus-Christ non plus sous la figure d’un agneau, mais dans sa forme humaine. Hadrien 1°, dans sa lettre à saint Taraise, accepte tous les canons de ce concile, quæ jure ac divinitus promulgatæ sunt, parmi lesquels il range le 82’". Mansi, t. xji, col. 1080. A plusieurs reprises, dans le concile de Nicée (787), on rappelle ou reproduit ce canon. 1II « session, Mansi, t. xii, col. 1125-1126 ; IV « sess., Mansi, t. xiii, col. 40-41 ; VI<= sess., ibid., col. 220.

b. Le concile de Rome tenu sous Etienne III, en 769, VIII « sess., Mansi, t. xii, col. 720. c. Le II « concile de Nicée, VII « œcuménique (787), qui se réunit dans le but exprès de rétablir l’usage et le culte des images. Mansi, t. xi et xii. d. Le VIII « concile œcuménique, IV^ de Constantinople, en 869, 3= canon. Mansi, t. XVI, col. 161-162, 400. Voir t. iii, col. 1296 sq. e. Le concile de Florence (1438), V « session, où fut reproduite la doctrine du 1I « concile de Nicée. Mansi, t. xxxii, col. 548. I. Le concile de Trente (1563), session XXV « , Mansi, t. xxxiii, col. 171-172, qui exposa avec une grande précision et une grande clarté la doctrine de l’Église sur les images, et les règles générales qui doivent diriger leur confection et leur emploi. On peut signaler aussi d’autres conçues particuliers moins importants ou dont les actes sont perdus : deux conciles tenus à Rome, l’un en 727, sous Grégoire II, dont parle Hadrien ! <" dans sa réponse aux reprehensiones de Charlemagne, P. L., t. xcviii, col. 1275, 1278 ; Mansi, t. xra, col. 789, 792, et l’autre en 731, sous Grégoire III, Mansi, t. xii, col. 299 ; Hefele, op. cit., trad. Leclercq, t. iii, p. 676-678 ; le concile de Constantinople (842), qui triompha définitivement de la réaction iconoclaste et dont les actes sont perdus. Mentionnons enfin le concile de Sens, sous Clément VII, en 1529, qui soutint contre les vaudois l’usage et le culte des images, qu’ils accusaient d’idolâtrie, can. 14, Mansi, t. xxxii, col. 1175-1176, et celui de Mayence, en 1549, sous Paul III, can. 41, 42. Mansi, t. xxxii, col. 1414-1415.

b) Les principaux documents pontificaux sont : a. la lettre de saint Grégoire 1 1 à saint Germain de Constantinople, Mansi, t. xiii, col. 93 ; b. les lettres d’Hadrien I" aux empereurs Constantin et Irène, Mansi, t. xni, col. 1056, et au patriarche saint Taraise, ibid., col. 1020, ainsi que sa réponse aux reprehensiones de Charlemagne au sujet du 11"= concile de Nicée, P. L., t. xviii, col. 1247 sq. ; Mansi, t. xiii, col. 759 sq. ; c. la constitution de Martin V Inter cunctas (1418), Denzinger-Bannwart, n. 679 ; d. la profession de foi de Pie IV (1564), Denzinger-Bannwart, n. 998 ; e. le Codex juris canonici, can. 1225, § 2, 1276.

c) Les Pères, défenseurs des images. — a. Avant Viconoclasmc. — Saint Basile n’a pas eu à défendre la légitimité des images, mais il a posé les principes sur lesquels se sont appuyés tous les iconophiles : il n’est pas d’autorité qui, durant toute la querelle des images,

ait été plus souvent invoquée que la sienne. Ces principes, en petit nombre, sont les points lumineux qui éclairent toute la doctrine : il va identité (morale) entre l’image et le prototype ; dans la confection et le culte de l’image, c’est l’intention qu’il faut voir et d’après elle qu’il faut juger ; l’honneur fait à l’image rejaillit sur le prototype. Toute la doctrine rationnelle des images sort de là. A un moindre degré, on invoque saint Athanase. Léontius, évoque de Néapolis, en Chypre, on s’en souvient, a développé le premi*, d’une façon logique, la légitimité de l’usage et du culte des images. P. G., t. xciii, col. 1597-1609. Le concile de Nicée le cite tout au long. Mans^, t. xra, col. 49-53. Plus proche de l’iconoclasme est Jean de Thessalonique, cité de même parle concile. Mansi, t. xni, col. 164-168.

— b. Au temps de l’iconoclasme, nous avons saint Germain de Constantinople (lettres à Jean, évêque de Synnade, Mansi, t. xra, col. 100-105 ; P. G., t. xcvni, col. 156 ; surtout à Thomas, évêque de Claudiopolis, Mansi, ibid., col. 108-128 ; P. G., t. xcnth, col. 164) ; le patriarche saint Taraise (lettres aux empereurs Constantin et Irène, Mansi, t. xni, col. 400 ; P. G., t. xcvra, col. 1428 ; au pape Hadrien I", Mansi, t. xra, col. 458 ; P. G., t. xcvira, col. 1436 ; à Jean, prêtre et higoumène, Mansi, t. xra, col. 471 ; P. G., t. xcvra, col. 1452 ; aux évêques et aux prêtres d’Antioche, d’Alexandrie et de Jésusalem. Mansi, t. xii, col. 1119 ; P. G., t. xcvni, col. 1460). Mais les trois grands docteurs des images sont : saint Jean Damascène, dont les trois discours sur les images sont si célèbres, P. G., t. xciv, col. 1232-1420, saint Théodore Studite, qui se fit le défenseur des images, non seulement dans ses Antirrhétiques, mais dans de nombreuses lettres, P. G., t. xcix ; il fit vraiment sa cause de la cause des images, et nous verrons que mieux que tout autre il en caractérisa le culte. Enfin saint Nicéphore, qui, comme le Studite, consacra sa vie à la même œuvre. Antirrhétiques et Apologétiques, P. G., t. c.

Preuves de raison.

La raison nous montre combien

l’usage des images religieuses est bon, utile, conforme aux besoins légitimes de notre nature et, par suite, acceptable et louable.

1. l^n premier argument se tire de l’estimation commune des hommes. Puisque chez toutes les nations se trouve l’usage des images dans la vie domestique et civile, pourquoi serait-il absurde, déraisonnable et défendu per se, dans la vie religieuse ? Si l’on reçoit communément les images des rois, des empereurs, des grands hommes, des parents, pourquoi n’aurait-on pas des images des saints ? Cet argument se trouve exprimé dans le IP concile de Nicée, dans la profession de foi de l’évêque Théodose (I’^ session) : a Si l’on vient en foule avec des cierges et de l’encens au-devant des Xaupàxa et des images impériales envoyées aux cités et aux provinces (xwpîoiç), honorant ainsi non le tableau enduit de cire, mais l’empereur, combien plus faut-il dans l’église peindre l’image du Christ notre Dieu, de sa mère immaculée et de tous les saints et bienheureux Pères et ascètes, a Mansi, t. xii, col.1014,

2. La principale preuve de raison en faveur de l’usage des images se trouve dans leur multiple utilité. C’est cela surtout qui est mis en relief par le concile de Nicée et les iconophiles. « Ce n’est pas par un amour charnel, dit le II" concile de Nicée, que nous louons les saints ou que nous les peignons, mais parce que nous voulons avoir leurs vertus à imiter, et nous retraçons leurs vies dans les livres et nous les reproduisons par la peinture ; non qu’ils aient besoin d’être loués par nous par le récit, ou d’être reproduits en peinture, mais nous faisons tout cela pour notre utilité. » Mansi, t. xra, col. 301-304. Une utilité préalable des images, si on peut lui donner ce nom, c’est d’être un ornement pour les éghses, l’ornement qui