Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/404

Cette page n’a pas encore été corrigée
793
794
IMAGES (CULTE DES ;


dans son humanité, selon laquelle il est représenté et est constitué l’exemplaire de l’image… L’image imitatative ou artificielle n’a pas de personne propre (où yàp ï810 = ÙTt6aTa-r6ç Igtiv), mais désigne la personne de l’archétype, et c’est en quoi elle est son image. Nous appelons ici personne (ÛTc6aTaCTi.v) non ce qui simplement subsiste (où to ànlùx ; ùcpeaTCùç), mais une nature (oùaïav) avec des propriétés qui la distinguent des choses de même espèce. C’est pourquoi l’image n’a point de personne propre, mais seulement l’archétj-pe… Et tout ce qui est représenté par l’art est reproduit non selon sa nature, mais selon la personne ; et à cause de cela l’image est identique à l’exemplaire, non par la nature, mais par la personne, à savoir par l’imitation de la personne. » Pfinoplia, tit. xxii, P. G., t. cxxx, col. 1165. Nous devons noter ici un caractère spécial de l’image artificielle. L’image artificielle ne présente directement que ce que la vue peut percevoir, c’est-à-dire les couleurs, les traits, les contours ; elle ne peut représenter l’âme et ses facultés ; mais parce que ces dernières sont nécessairement unies dans l’homme avec les caractères individuels perçus par la vue, il s’ensuit qu’en peignant ceux-ci, on désigne indirectement celles-là, et partant l’on peut vraiment dire que l’image artificielle est l’image de tel homme, quoiqu’elle ne soit directement que l’image de son corps dans ses accidents extérieurs. Le concile de Nicée arguera de ce caractère pour revendiquer la légitimité des images de Jésus-Christ.

Saint Thomas nous donne une autre division des images : Imago dupUciter in aliquo iwenitiir : uno modo in re ejusdem naturæ sccundum speciem, ut imago rcf/is invenitur in filio siio ; alio modo in re aMerius naturæ, sicut imago régis invenitur in denario. « De la première manière, le Fils est l’image du Père ; de la seconde, l’homme est appelé image de Dieu, et pour indiquer l’imperfection de cette image, nous disons non pas seulement qu’il est l’image de Dieu, mais qu’il est à son image, par où nous signifions un certain mouvement tendant à la perfection. » Sam. theoL, I", q. XXXV, a. 2, ad 3 « ’». Cette division de saint Thomas coïncide avec la première, à condition d’entendre le terme |xt(xr ; TiXYi dans un sens assez large pour s’appliquer aux œuvres de Dieu ad extra, qui ne sont en elTet que des artefada Dei. Ce n’est pas le lieu ici de traiter de l’image naturelle, d’expliquer comment le Fils est l’image du Père, ni non plus comment l’homme est l’image de Dieu. Nous nous restreignons aux images artificielles religieuses ou saintes.

b° Les images religieuses. — Les images religieuses sont celles dont l’exemplaire est quelque chose de saint et c’est à cause du prototype qu’elles représentent qu’on les appelle saintes, religieuses ou sacrées. Elles sont de deux sortes : les unes représentent des êtres corporels, comme les images du (Christ et des saints, les autres des êtres purement spirituels, comme les images de Dieu et des anges. En outre, parmi les images d’êtres corporels, il y en a qui représentent proprement leur original, comme l’image du Christ en croix, et d’autres qui le représentent symboliquement, comme l’image de l’agneau représente Jésus-Christ. Il en est en elTct des images comme des noms ; les uns désignent proprement une personne, comme le nom de Jésus désigne le’crbe fait chair, et d’autres la désignent sous une métaphore, comme l’agneau divin, le lion de la tribu de Juda, la pierre angulaire, etc.

Au sujet des images des êtres spirituels, il faut observer qu’il y a trois manières de les faire. Ou bien l’on prétend retracer par la couleur leur nature propre ; c’est qu’alors on a une idée fausse et païenne de la divinité et des esprits ; ou bien on ne veut les exprimer qu’analogiquement : ainsi, si l’on représente Dieu sous la forme d’une très pure lumière, pour signifier sa

divine clarté, ou encore le Père éternel sous la forme d’un vieillard vénérable pour signifier son éternité. Troisièmement on peut représenter Dieu et les anges, non comme ils sont en eux-mêmes, mais en la forme où ils ont apparu aux hommes : ainsi l’Esprit-Saint est représenté sous la forme d’une colombe. Il ne s’agit point évidemment ici des images de la première manière, mais seulement des deux autres et nous verrons en son lieu ce qui se rapporte à leur usage et à leur culte.

/I. LÉGiTiiiiTÉ DE V USA GE DES i.VA GES. — 1° Preuves d’autorité. — En matière de religion, c’est le premier genre d’arguments qu’il nous faut invoquer. Sans doute, la raison nous montre la sagesse de l’usage des images saintes et l’utilité immense qui en découle. Mais comme, d’une part, les images ne sont pas essentielles à la religion et appartiennent à la catégorie des choses dites indifférentes (c.r génère àSiaçôpcov) et que, d’autre part, leur emploi peut donner lieu à des abus, soit dans la confection elle-même des images, soit dans le culte qui ne peut manquer de s’y attacher, la question de l’usage des images est et demeure une question d’ordre disciplinaire, et c’est à l’autorité religieuse qu’il appartient de déterminer positivement si nous devons ou pouvons faire des images et nous en servir. L’Écriture sainte, la pratique constante de l’Église, le magistère ecclésiastique surtout établissent la légitimité de cet usage.

1. L’Écriture sainte nous apprend que l’usage des images est bon et apte à des fins religieuses. Dieu lui-même a commande de faire des images. En dehors de l’arche d’alliance, qui était une figure des réalités de la Loi nouvelle, il a prescrit de faire des chérubins d’or et de les placer de part et d’autre de l’arche, et dans le désert il a ordonné à Moïse de faire un serpent d’airain en signe de salut. Salomon fit aussi placer dans le temple d’autres figures de chérubins et un certain nombre d’images symboliques diverses. Cet argument scripturaire fut utilisé par le concile de Nicée et les iconophiles. Au début de la IV^ session, on relit les principaux passages de la Bible concernant les images : Exod., xxv, 17-22 ; Num., ’n, 88t-89 ; Ezech., XLi, 1, 15C-19 ; Heb., ix, 1-5 a. Mansi, t. xni, col. 4-5. Le pape Hadrien, dans sa lettre aux empereurs Constantin et Irène, Mansi, t. xii, col. 1063 ; Léontius de Néapolis, ibid., t. xni, col. 44 ; le pape Grégoire II à saint Germain, ibid., col. 97 ; Jean de Tliessalonique, ibid., col. 168 ; S. Jean Damascène, De imaginibus, orat. i, 20 ; orat. iii, 9, P. G., t. xciv, col. 1252, 1329 ; S. Théodore Studitc, EpisL, t. II, epist. XXI, P. G., t. xcix, col. 1184, s’appuient également sur l’Écriture pour prouver la légitimité des images. Parfois même, on va dans ce but jusqu’à invoquer le passage de la Genèse où il est dit que Dieu fit l’homme à son image et à sa ressemblance. Ainsi le pape Hadrien, dans sa lettre aux empereurs, Mansi, t. XII, col. 1070 ; ainsi saint Jean Damascène, quand il donne la division des images. De imaginibus, orat. iii, 20, P. G., t. xciv, col. 1340. A noter ici que les images religieuses employées dans l’Ancien Testament n’étaient que des images symboliques, et que ce n’est que dans le christianisme qu’apparaît l’emploi d’images représentant proprement de saints personnages, patriarches, prophètes, martyrs, et surtout Jésus-Christ et sa sainte mère.

2. La pratique constante du peuple chrétien.

Nous avons vu dans la première partie de cette étude comment, naturellement et spontanément, les premiers chrétiens ont adopté ce moyen très simjile d’instruction et d’édification et comment l’usage, tout au moins, des images remonte aux origines mêmes de l’Église et a pris naissance, pour ainsi dire, avec elle. Cet usage, au lieu de s’alTaiblir, n’a fait que s’étendre