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IMAGES (CULTE DES’79a

soit toute autre reproduction, et dans son sens premier, naturel et précis, signifie la représentation d’une chose existante ou qui a existé, tandis que le terme d’idole, toujours pris en mauvaise part, même chez les auteurs païens, pour désigner une ombre, un songe vain, une apparence à quoi rien ne répond, veut dire chez les chrétiens représentation d’une fausse divinité, soit que l’objet regardé comme dieu n’ait jamais existé (Pères grecs), soit encore qu’il existe ou ait existé, mais n’est point tel qu’on le présente, c’est-à-dire n’est point Dieu (Pères latins). De toute façon l’idole n’est qu’un mensonge à la réalité. Aussi plusieurs théologiens se sont élevés contre la définition d’Henri Estienne, dans son Thésaurus lingiise græcæ : Apud Ecclesix autem scriploTcs etSoXa, latine eliam Idola, peculiari significadone vocantur Simulacra numen aliquod reprœsentantia, quod honore et cultu dignamur. Sans doute, le savant humaniste ne mérite pas les anathèmes qu’appellent sur lui les Salmanticenses, car en disant aliquod, il donne à entendre qu’il parle de divinités païennes. Il aurait dû toutefois dissiper l’équivoque, et dire numen aliquod falsum vel ficlum.

Les défenseurs des images n’ont pas manqué d’attirer l’attention sur cette différence de l’image et de l’idole. Saint Grégoire II, dans sa lettre à saint Germain, dit : Eorum quæ non sunt formatio idolica pictura nominatur, quæ et paganse fabulationis poema finxit, eorum quæ nunquam fuerunt per essentiam (èv tj ; ÛTrxp^ei.) facturam desipienter asseverans. Mansi, t. xni, col. 95. Saint Théodore Studite compare ainsi l’image et l’idole : « Celle-ci (l’image) est réellement la ressemblance de la vérité ; celle-là (l’idole) est la similitude du mensonge et de l’erreur. C’est ainsi que les habiles en cette matière (de langue) ont cru devoir distinguer ces noms, en appelant idole une imitation mensongère et image la représentation du vrai. » Vila (par le pseudo-Michel), lxx, P. G., t. xax, col. 180. Saint Nicéphore dit de même : L’image est la similitude et l’empreinte des choses qui sont et qui subsistent. Mais l’idole est la fiction de choses qui ne sont pas et ne subsistent pas… C’est ainsi que l’image et l’idole diflèrent, de telle sorte que ceux qui n’admettent pas cette différence seraient justement appelés idolâtres. » Anlirrhelicns, 1, 28-29, P. G., t. c, col. 277. Enfin l’auteur cité par Euthyme Zigabene proclame la même différence : « Les prototypes des maudites idoles sont faux, étant appelés dieux et n’étant que des démons ; mais les archétypes des images sont vrais. » Panoplia, tit. xxii, P. G., t. rxxx, col. 1173.

Aux mots d’image et d’idole, touclie de près celui de simulacre. Son correspondant grec, àyaXijta, signifie proprement statue et est appliqué principalement aux statues des divinités païennes. Simulncrum a un sens ambigu. Lactance appelle l’homme Dei simulncrum, Div. inst., t. l, Devero cultu, x, P. L., t. vi, col. 666. Les traductions latines de l’Écriture emploient ce mot pour désigner les idoles. Voir col. 603. C’est bien aussi un sens péjoratif qui domine chez Jes Pères. Saint Augustin observe que ce que les latins appellent simulacre est appelé idole par les grecs. Jn ps. c.x.xxf, 3, P. 7,., t. xxxvii, col. 17.’)7. Saint Jérôme se sert du mot simulacre comme parfait synonyme d’idole, sicut enim contrarium est simulacrum Deo, ila mendacium veritali. In Ose., t. II, c. ii, 1, P. L., t. XXV, col. 872. Toutefois, à la différence d’idole, il n’exclut pas un sens favorable, et c’est ainsi qu’Alexandre VIII (l(i<JO) a pu condamner la proposition suivante : Dei Patris (Viva ajoute sfdentis) simularrum nefas est christiano in lemplo cotlocarc. Dcnzinger-Hannwart, Lnchiridion, n. 1315. Voir t. I, col. 759 760.

Sens formel du moi image.

Il nous faut maintenant,

après avoir distingué l’image de l’idole, en dégager le sens formel et les caractères saillants. Nous suivrons ici les traces du docteur angélique. A la suite de saint Augustin, qui, dans son livre des LXXXIII Quæsiiones, à la q. lxxiv, P. L., t. xl, col. 85-86, distingue soigneusement et ingénieusement l’image, l’égalité et la similitude, et les éclaire par leur comparaison mutuelle, saint Thomas nous apprend quels sont les éléments que requiert la raison d’image. « Dans la raison d’image, nous dit-il, se trouve la similitude. Non pas toutefois qu’une similitude quelconque suffise pour nous donner la raison d’image. Il faut une similitude spécifique ou tout au moins portant sur un des caractères spécifiques. Or, parmi les notes ou les signes de l’espèce, dans les choses corporelles, il semble qu’il n’est rien de plus caractéristique que la figure. Nous voyons en effet, observe finement saint Thomas, que les diverses espèces d’animaux ont toutes une figure différente. 11 n’en est pas de même pour la couleur. Aussi bien, si l’on peint sur un mur la couleur d’une chose, on ne dira point que ce soit son image, à moins qu’on n’y dessine en même temps ses traits et sa figure. » Donc, la ressemblance dans la forme spécifique, ou tout au moins dans l’un des caractères de l’espèce, et, par exemple, s’il s’agit des êtres corporels, dans les traits de la figure, est requise pour la raison d’image. " Pourtant, ni cette similitude de l’espèce, ou de la figure, ne suffit encore. Il faut de plus, pour la raison d’image, que nous ayons le rapport d’origine ; car, ainsi que le remarque saint Augustin dans son livre des LXXXIII Qua’stiones, q. Lxxiv, nous ne disons pas qu’un œuf soit l’image d’un autre œuf » bien qu’il lui ressemble spécifiquement : « c’est qu’il n’en a pas été exprimé ; » il n’a pas avec lui un rapport d’origine. « Pour cela donc que nous ayons vraiment la raison d’image, il faut que nous ayons un quelque chose procédant d’un autre en ressemblance de nature soit par la forme spécifique, soit au moins par un de ses caractères distinctifs. » S. Thomas, Sum. theoL, I", q. XXXV, a. 1 ; P. Pègues, Commentaire français littéral de la Somme théologique de S. Thomas d’Aquin, t. II, p. 331-332. Notons ici avec le P. Pègues qu’ « il n’y a pas qu’une manière dont l’image peut procéder de la chose dont elle est l’image. Elle en peut procéder comme de son principe d’ordre physique ; et c’est ainsi que le fils procède de son père. Mais elle en peut procéder aussi comme de son principe d’ordre intellectuel ; et c’est ainsi que la statue de César procède de l’être intellectuel qu’a César dans la pensée de l’artiste. » Ibid., p. 332. Trois choses donc sont requises pour qu’il y ait image. Il faut : 1. qu’il y ait similitude : 2. que la similitude porte sur un des caractères spécifiques ; 3. qu’elle ait pour cause l’origine. Dans l’article suivant de la même question, saint Thomas ajoute une quatrième condition ou plutôt il précise la troisième, à savoir qu’il faut que l’origine soit la raison propre de la similitude. C’est à défaut de cette dernière condition qnc le Saint-Esprit ne peut être appelé image au sens propre et formel du mot, bien que ce nom lui ait été donné par les Pères grecs pour indiquer la parfaite ressemblance qu’il a avec le Père et le Fils, dont il procède.

En recueillant ces divers— traits, on aura donc de l’image la définition suivante : similitudo in aliquo signo speciei expressa ab cxemplari. Similitude en un des caractères spécifiques reçue de l’original. Nous voyons par cette définition que l’image est un être relatif, essentiellement relatif, qui ne jicut s’expliquer que par l’être aucpiel il dit relation. De même que le père est père du fils, que le fils est fils du père, que l’ami est l’ami de son ami, ainsi l’image est linuigc