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IMAGES (CULTE DES’778

mis mysleria nullum penitus ofpcium (imagines) habere noscantur, ii, 21. /) Cependant là où il existe des images religieuses, on ne doit point les briser, ni les détruire, I, præf. ; ii, 23. Cette doctrine, on le voit, était très nette, et allait plus loin que le refus d’adorer les images. Tout culte, même relatif, ’leur était dénié ; on pouvait seulement s’en servir. » Tixeront, op. cit., t. iii, p. 475-476.

Le concile de Francfort, formé de trois cents évoques

« nviron, qui s’était réuni en juin 794 pour combattre l’adoptianisme espagnol, voir t. vi, col. 712 sq., ne pouvait

pointne pas dire son mot ausujet de l’affaire qui agitait tout l’Orient, et y avait fait, à trente-quatre ans d’intervalle, l’objet de deux conciles contradictoires. Les Livres Carolins lui furent, selon toute probabilité, communiqués. Nous ne possédons pas le compte rendu des débats, et de tout ce qui se dit et décida au concile, au sujet des images, il ne reste de précis que ce que contient le 2° canon. Le voici : Allala est in médium quæsiio de nova græcorum synode, quam de adorandis imaginibus Constandnopoli fecerunt, in qua scriplum habebaiur ut qui imaginibus sanctorum, ila ut deificx Triniiati servitium aiil adoralionem non impenderent, analhema judicarentur. Qui supra sanctissimi patres nostri omnimodis adorationem et servitulem renuentes contempserunt, alque consentientes condemnaverunt. Mansi, t. xiii, col. 909. « On voit par ce canon : a) que les Francs ne considéraient pas le concile de Nicée comme œcuménique, et qu’ils le croyaient tenu à Constantinople, cette dernière erreur étant explicable par le fait que la <lernière session s’était tenue en effet dans cette ville ; b) qu’ils lui attribuaient une doctrine qui n’était pas la sienne, erreur occasionnée par la mauvaise traduction qu’ils avaient sous les yeux, et notamment par le travestissement qu’y avait subi le vote de l’évêque Constantin de Conslantia dans l’île de Chypre. » Tixeront, op. cit., t. iii, p. 476, en note. Les légats du pape, Théophylacle et Etienne, étaient présents. Les actes ne mentionnent ni leur acceptation ni leur protestation. Leur embarras devait être bien grand ; car, d’une paît, le pape avait approuvé le concile de Nicée, et d’autre part, les l’ères de Francfort jugeaient l’œuvre des grecs d’après la traduction exécutée sur l’ordre du pape lui-même et envoyée par lui à Charlemagne. Or, cette traduction rendait indilîéremment par le mot adoralio les différents degrés et nuances du culte que les grecs avaient pris soin de distinguer, et en outre, prêtait, nous l’avons vu, des absurdités formelles aux restaurateurs du culte des images. De plus, l’objet principal du concile était l’examen et la condamnation del’adoptianisme : la question des images n’était traitée que secondairement. Il est probable que, condamnant l’erreur prêtée aux grecs, les légats, pris au dépourvu, durent, quant à la condamnation du concile de Nicée, réserver leur avis.

Le 2*^ canon de Francfort condamne-t-il aussi le culte relatif des images ? Le terme omnimodis pourrait le faire croire, mais il est bien certain que, la seconde phrase étant la contre-partie de la première, les mots adoralio et servitium, indépendamment même <ie toute autre considération sur leur valeur pour les évoques francs, doivent y avoir le même sens, c’est-à-dire absolu. El comme il faut bien que le mot omnimodis signifie quelque chose, voici comment doit cire entendu le canon cité plus haut : le concile condamne non seulement l’adorallon des images qui se fait selon le culte dû à la très sainte Trinité, mais encore, et c’est la portée du mol omnimodis, toute adoration et tout service, au sens absolu de ces mois. Celle remarque est importante, si l’on considère la présence des légats du pape à ce concile. Le concile n’errait point sur la doctrine, mais seulement sur un point d’hisloirc. Les légats pouvaient laisser passer une

erreur historique qu’il n’était pas en leur pouvoir de redresser, mais ils ne pouvaient trahir sur la question dogmatique la pensée du saint-siège. C’est même sans doute à leur influence que les Pères de Francfort se refusèrent à suivre jusqu’au bout l’enseignement des Livres Carolins, et gardèrent, en fait de doctrine, la juste vérité.

Charlemagne, du reste, obtenait l’essentiel de ce qu’il désirait, à savoir un blâme solennel infligé aux grecs. Mais il ne parut pas s’en contenter et voulut faire partager ou du moins connaître au pape lui-même son ressentiment contre les Orientaux. C’est pourquoi il lui envoya, dans la seconde moitié de 794, par l’entremise d’Angilbert, quatre-vingt-cinq capjïu/a, extraits des Livres Carolins. Ce Capitulaire, que nous n’avons plus, peut facilement être reconstitué en conférant la réponse du pape et les Livres Carolins. Hadrien reçut l’envoyé du roi avec grand honneur et prit connaissance de l’ouvrage. L’opposition de Charlemagne, ainsi que celle des évêques francs, dut bien l’étonner. Il invoqua la tradition de l’Église romaine et la doctrine de ses prédécesseurs. Sans se décourager, il répondit point par point à chaque reprehensio du Capitulaire. La subtilité de bien des réponses a pour cause la futilité pointilleuse de l’attaque, et quelquefois aussi l’embarras du pontife, lié lui-même par la mauvaise traduction des actes de Nicée. C’est ainsi qu’à la reprehensio qui concerne le vote de l’évêque Constantin de Conslantia, il ne peut que dire qu’il faut l’entendre dans le sens général de la définition du concile. P. L., t. xcvni, col. 1276. Vers la fin de sa lettre, il dissipe le malentendu qui cause l’opposition de Charlemagne. Et sicut de imaginibus sancti Gregorii sensum et nostrum cor ! ^/ne6a/ur(il s’agit de la lettre à Secundinus, citée plus haut) : ita ipsi (les Pères de Nicée) in eadem synode definitioncm confessi sunt, his (les images) osculum et honorabilem salutationem reddidere ; ncquaquam secundum fidem nostram veram culturam quæ deceisoli diuinse naturœ… Et ideo ipsam suscepimus synodum. Mansi, t. xiii, col. 808 ; P. L., t. xcvni, col. 1291. Nous ne savons pas quel effet produisit la réponse du pape sur Charlemagne et son entourage. Hadrien meurt cette année même, et il ne semble pas que son successeur ait dû s’occuper de la question. Cliarlemagne, qui, sans aucun doute, aspire dès cette époque à la couronne impériale, a besoin pour cela du saint-siège, et n’a garde de vouloir en éprouver de nouveau rinflexibilité. II s’apaise peu à peu, mais le concile de Nicée continue dans le royaume des Francs à n’être point considéré comme œcuménique. Toutefois, on n’entend plus parler des images sous son règne.

On a déjà dû remarquer combien la politique se trouva mêlée à celle querelle religieuse. C’est alors la lutte pour la domination, sur l’Italie en particulier, entre l’empire byzantin et le royaume franc, dont le prestige grandit de jour en jour. C’est à qui entraînera dans son orbite la papauté romaine, dont l’appui est le plus sûr gage de la suprématie. Le fossé se creuse ainsi entre l’Orient et l’Occident, Le blâme de Francfort l’approfondit, et l’élévation de Charles à l’empire, que le pape Léon III ne peut lui refuser à cause des émincnls services qu’il a rendus à l’Église et de ceux qu’on peut attendre de lui, achève entre les deux parties du monde chrétien l’opposition politique et prépare, pour une grande part, le schisme religieux qui se produira au siècle suivant.

3. Réunion de Paris (825). — La question des images ne réapparaît en Occident qu’en 824, à l’occasion de l’ambassade et de la lettre de Michel le Bègue à Louis le Débonnaire. Celle lettre révélait et vraisemblablement exagérait les excès où se portait la dévotion des iconophiles. « Ils onl éliminé des églises la sainte croix, qu’ils onl remplacée par des images devant lesquelles