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765 ILLUMINÉS DE BAVIÈRE (ORDRE DES) — IMAGES (CULTE DES ;

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pourtant, en France, outre Diétrich, maire de Strasbourg, un illuminé de marque, Mirabeau, qui, pendant l’un de ses voyages en Allemagne, s’était fait recevoir à Brunswick par le professeur Mauvillon, un élève de Knigge. Et lorsque, en 1787, Amélius-Bode et Bayard-Busch se rendirent à Paris pour conférer avec les loges, Mirabeau adressa ces frères venus d’Allemagne au comité des Amis-Réunis, où se réunissaient de toutes les loges parisiennes les partisans les plus résolus de la révolution et les plus avancés dans les mystères. Que résulta-t-il de cette visite ? C’est ce qu’aucun document ne nous apprend ; mais il n’est pas téméraire de croire que le but secret poursuivi par les illuminés ne fut pas pour déplaire aux exaltés et ne dut pas rester étranger aux décisions prises par le club des Jacobins.

4. Influence rationaliste de l’illuminisme.

Si l’ordre des illuminés n’existait plus, il comptait toujours quelques représentants, notamment dans les universités, parmi les professeurs ecclésiastiques qui propageaient l’esprit nouveau. Un prêtre de Liefenbach, du diocèse de Spire, Philippe Brunner († 1829), connu dans la secte sous le nom de Pic de la Mirandole, avait dressé pour l’Allemagne le plan d’une académie des sciences, sous la haute protection du coadjuteur de Mayence, Crescens-Dalberg. Parmi les membres de cette académie se trouvaient d’anciens religieux et des prêtres, entre autres Werkmeister († 1823), F. Blau († 1798) et Wreden, partisans d’un rationalisme qui menaçait le surnaturel et la foi. Or c’étaient là des illuminés avérés, et ils n’étaient pas les seuls en Allemagne. Parmi les plus connus on compte deux théologiens à Mayence, F. Blau, déjà nommé, et Laurent Isenbiehl († 1818) ; à Bonn, Eulogius Schneider, qui, après s’être mis au service de l’évêque constitutionnel de Strasbourg, mourut sur l’échafaud, en 1794, et l’un des patrons du joséphismc, Ph. Hedderich (flSOS) ; à Wurzbourg, l’historien F. Berg († 1821), dont Hurter a dit : Vr’r liberrim/e senticndi Ucentiæ, in cujus diclis jam semina rcperiuntur illius crilicismi sœculi JIX omnia in dubium vocantis et religionem catholicam funditus everlenlis, Nomenclator lilerarius, Inspruck, 1886, t. iii, p. 837 ; et Oberthur, dont Perrone a signalé les tendances protestantes. Prælccl. iheol., t. vii. De sacramentis in génère, n. 76. C’est ainsi que d’anciens illuminés avaient encore la liaute main dans l’enseignement et les administrations ecclésiastiques, n importait de parer au danger qu’ils faisaient courir à la foi et à la discipline. Les concordats signés par le saint-siège avec la Bavière, en 1817, et avec la Prusse, en 1821, contribuèrent pour une part à paralyser leur action sans réussir à la détruire complètement. Un ancien illuminé, qui avait été vicaire général de Constance, le baron de Wessenberg. ne put obtenir l’agrément du pape pour être élevé à l’épiscopat et continua ses intrigues. Un autre illuminé, le comte de Spiegel († 1835), devenu archevêque de Cologne, avait ouvert aux hermésiens les portes de son chapitre et de l’université de Bonn. Ce n’est que peu à peu que disparurent les restes de l’illuminisme et que l’Église élimina le rationalisme dont il avait Imbu plusieurs membres du clergé.

Robison, ProoLi o/ a rnnxpiracu againsi ail Ihe religions and goDP.rnmenIs of Europn, carried on in Vie secret meetings (>l the frrrmnsnns, illiiminnti and reading soriclies, Edimbourg, 1797 ; HamiPl, Mémoires pour scndr à t’Iilstnire du iacohlninmr, .Tédll., Au( ?sbourK, 1799 ; Starck./Jcr Triumpli der PMtnnnpIxie in XVI H Jahriwndert, Gcrmaniovfn, 180.3 ; MouBier, Œ l’influenre attribuée aux pliilosophes, aux tranet-maçnns et aux iltuminés sur la Héoolulion de France, Tublaguc, 1801 ; Zichokkc, Bayerische Geschtchte, Aaran, 1828, f. viii ; Jarka, Vermtschte Sc/iW/fpn. Munich, 18 : {9, t. Il ; Kulnnd, Séries et vltie professorum SS. Iheologiir qui

Wiceburgi usqne ad aiinum 1834 docuerunt, Wurzbourg, 1835 ; Bruck, Die rationalistichen Bestrebungen in katho-Uschen Deuischland, Mayence, 1865 ; Schwab, Franz Berg, geistlicher Rath und Professor der Kirchengeschichte an der Universitàt Wiirzburg, Wurzbourg, 1869 ; Kloss, Bibliographie der Freimaurer und der mit ilv in Verbindung gesetzten geheimen Gcsellschaften, Franciorl, 1844 ; Wolfstieg, Bibliographie der freimaiircrischen Literatur, 1911 ; Punk, Histoire de l’Église, trad. franc., Paris, 1891, t. ii, p. 302 ; Wolframm, Die llluminaten in Bayern und ihre Verfolgung, Erlangen, 1899, 1900 ; Engel, Geschtchte des llluminatenordens, Berlin, 1906 ; Le Forestier, Les illuminés de Bavière et la iranc-maçonnerie allemande, Paris, 1914 ; Migne, Dictionnaire des hérésies, Paris, 1847, t. l ; p. 825826 ; Kirchenlexikon, 2e édit., t. vi, col. 603-608 ; Realencyklopàdie fiir protestantische Théologie und Kirche, Leipzig, 1901, t. IX, p. 61-08.

G. Bareille.

    1. ILLYRICUS Thomas##


ILLYRICUS Thomas. Voir Thomas Illyricus.

    1. IMAGES (Culte des)##


IMAGES (Culte des). — I. Histoire. IL Doctrine.

I. tliSTOiRE.

Dans l’Ancien Testament.

Le

culte des images n’existait pas dans l’Ancien Testament. L’usage même en était fort restreint, à cause du danger d’idolâtrie. Le premier commandement du Décalogue qui défend de faire aucune image taillée ni aucune figure « de ce qui est en haut dans le ciel, de ce qui est en bas sur la terre, ou de ce qui est dans les eaux au-dessous de la terre », Exod., xx, 3 sq., doit être entendu non d’une manière absolue, mais dans le sens du contexte, c’est-à-dire qu’il vise les images destinées à être adorées. Cette prohibition s’applique tout d’abord aux images des fausses divinités que les Israélites avaient pu voir dans les maisons et les temples des Égyptiens, mais encore, et sans nul doute, aux images de Jahvcli lui-même. Deut., iv, 15 sq. Le motif de cette défense, indiqué clairement par le Deutéronomc, ibid., est le danger où était le peuple juif, récemment sorti d’Egypte et entouré de nations païennes, de tomber dans l’idolâtrie. Représenter Jahveh par une image, c’était, à cause de la mentalité de ce temps-là et de la pratique des nations voisines, attribuer à Jahveh la forme choisie pour le représenter ou prendre cette forme pour la divinité elle-même, ou du moins pour une chose animée par la divinité. C’est pourquoi l’adoration du veau d’or, qui dans la pensée d’Aaron, peut-être même dans celle des Hébreux, était une image de Jahveh, fut punie comme un acte d’abominable idolâtrie. Voir col. 624 sq.

Que le précepte du Décaloguc cité plus haut n’eût point une portée absolue et ne visât « [ue les reinésentations de la divinité, cela iiaraîl par le fait que Moïse, sur l’ordre de Jahveh, lit placer deux chérubins d’or sur l’arche d’alliance, qu’il fit taire un serpent d’airain en signe de salut, Num., xxi, 3, et que Salomon décora le temple de sculptures variées (chérubins, lions, taureaux, palmes…), tous objets qui n’avaient point pour but de représenter la divinité. Plus tard, Ézéchias détruisit le serpent d’airain, parce que les Juifs brûlaient des parfums devant cette figure, et il en est loué par l’Écriture. IV Reg., xviii, 3-4. Le peuple hébreu en effet était toujours enclin à l’idolâtrie et les prophètes ne cessaient de combattre cette tendance. Leur réaction < aboutit, vers le viii'e siècle, à la proscription de toute image taillée ou fondue d’un être quel qu’il fût, appartenant au règne animal. En pratique, la statuaire n’a jamais éle que tolérée, avec des retours offensifs sous Ézéchias, .losias et d’autres encore. Mais les artistes ne pouvaient travailler qu’en cachette, et l’art, on peut le dire, n’exista jamais. La peinture fut tenue en pareille suspicion ; elle fil si peu de progrès chez les Juifs que la langue hébraïque ne possède même pas de mots qui signifient propreincnt peindre, un peintre, une peinluie. « Leclercq, Maniivl d’archéologie, t. i, p. 519.

A l’époque des Macchabées, la défense du Décaloguc