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IGNORANCE

ILDEFONSE (SAINT ;

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soutenait que, dans tous ces cas, l’ignorance de la réserve ne fait pas que l’absolution du péché ne soit vraiment réservée. La réserve, en efïet, n’est pas une peine qui atteint les pénileuts ; elle restreint seulement la juridiction des confesseurs. La réserve, par elle-même, n’est qu’une évocation de certains cas au jugement des supérieurs et une limitation du pouvoir d’absoudre chez les inférieurs. Codex juris canonici, can. 803. Si la raison de saint Liguori aut, elle a maintenant peu de portée, puisqu’un seul péché est réservé au saintsiège ratione sui, à savoir, la faute de délation qui accuse un prêtre du crime de sollicitation au péché, canon 894, et que les évoques sont invités à ne se réserver l’absolution que d’un petit nombre de fautes très graves. Canons 897, 898.

Les théologiens discutent aussi la question de savoir si une loi pénale, qui irrite certains actes, voit son effet suspendu par l’ignorance invincible de cette loi. Voir Ballerini, Opiis fheologicum morale, tr. III, c. i, n. 137, Prato, 1889, t. i, p. 313-314 ; A. Lehmkuhl, op. cit., tr. III, c. V, § G, n. 214, 1. 1, p. 138. Le Code canonique a tranché la question au sujet de l’irrégularité et des empêchements aux ordres : Ignorantia irregularitatem site ex deliclo sive ex defcctu atque impedimentorum ab eisdem non excusât. Can. 988.

6° Parmi les questions morales dans lesquelles intervient l’ignorance, signalons encore les deux suivantes, qui concernent l’administration des sacrements : 1. Un confesseur ne peut absoudre un pénitent qui ignorerait les mystères de la foi, par suite d’une négligence coupable, avant de l’avoir instruit des mystères de la sainte Trinité et de l’incarnation de Notre-Seigneur. En effet, le pape Innocent XI a condamné, le 2 mars 1679, cette 64’= proposition des jansénistes : Absolutionis capax est homo, quantumvis laborei ignorantia mijsteriorum ftdei, et etiamsi per negligentiam etiam culpabilem, nescial mijsterium sanctissimse Trinitatis et incarnationis Domini nostri Jesu Christi. Denzinger-Bannwart, i ? nc/ ! (rzdzo ; i, n.l294.

D’autre part, Busenbaum, aj’antfaitau confesseur une obligation d’avertir le pénitent, qui était dans l’ignorance vincible et gravement coupable, de sortir de son mauvais état, et même d’instruire de son devoir celui dont l’ignorance était invincible, lorsqu’il y avait espoir de lui faire entendre raison, fournit à saint Alphonse l’occasion d’un commentaire développé. Le saint docteur étudia spécialement la question de savoir s’il y avait obligation d’avertir le pénitent dans le cas où le confesseur prévoyait que sa monition n’aboutirait pas. Il tenait l’obligation pour certaine quand l’ignorance était coupable, c’est-à-dire vincible, ou portait sur quelque moyen nécessaire au salut. La discussion ne pouvait rouler que sur ce point si l’obligation d’instruire existait quand l’ignorance vincible portait sur des vérités dont la croyance n’était pas nécessaire de nécessité de moyen pour le salut, et quand elle était invincible. Des théologiens sévères, que saint Alphonse nomme, affirmaient l’obligation, lorsque l’ignorance portait sur des préceptes de droit divin ; ils ne l’imposaient pas si elle portait sur des préceptes de droit humain. Saint Alphonse réfuta leurs raisons, qui étaient peu péremptoires, et il se rallia au sentiment qu’il déclarait être à la fois vrai et commun. L’ignorance est-elle invincible, soit qu’elle ait trait au droit divin ou au droit humain, et la monition devant être infructueuse, sinon comporter plus d’inconvénients que de profits, le confesseur peut et doit omettre d’avertir son pénitent, en le laissant dans sa bonne foi. Saint Alphonse a dressé la liste des théologiens qui pensaient ainsi ; il a exposé ensuite leurs rai sons et les a appréciées. Il les trouvait peu opérantes, mais il en apporta d’autres. La principale et la plus forte est qu’entre deux maux il faut permettre le moindre

pour éviter le plus grand. Par suite, il faut laisser commettre un péché matériel plutôt que d’en provoquer un formel, le seul que Dieu punisse, parce que c’est le seul péché qui l’offense. Theologia moralis, t. VI, tr. IV, c. II, dub. v, n. 609, 610, Turin, 1879, t. ii, p. 482-486.

2. Au sujet du mariage, le nouveau Code canonique a déterminé la science qui était nécessaire pour que le contrat fût valide et a déclaré que l’ignorance contraire ne se présumait pas après la puberté. Canon 1082, § 1. Ut matrimonialis consensus huberi possit, necesse est ut contruhenies saltem non ignorent matrimonium esse societatem permanentem inter virum et mulierem ad filios procrcandos. § 2. Hœc ignorantia post pubertalrm non pripfiumitur.

S. Thomas, De nialo, q. iii, a. 7 ; Sum. llieol., la IJæ, q. vi, a. 8 ; q. i-xxvi, a. 1-4 ; Suarez, De voluntario et libéra, disp. IV ; De peccato, etc., disp. IV, n. 5, 6 ; disp. V, sect. ii, n. 4, Paris, 1850 sq., t. vi, p. 212-223, 550-551, 558 ; De legibus, t. V, c. xii, xxii, n.4, t. v. p. 469-473, 514 ; De /ïde, disp. XIV, sect. i ; disp. XVII, sect. ii, t. xii, p. 400-403, 429-432 ; De censuris, disp. IV, sect. viii-ix, t. xxiii a, p. 127-136, 148 ; Salmanticenses, De voluntario, a. 8, Paris, Bruxelles, 1878, t. V, p. 529-530 ; De bonitateactuumhumanorum, tr. XI, disp. VII, dub. ii, § 4, n. 26, t. vi, p. 177 ; De vitiis et peccatis, disp. XIII, t. vii, p. 508-569 ; Billuart, Tractatus de aclibus humants, dissert. I, a. 9, Paris, 1827, t. vii, p. 145-148 ; Tractatus de peccatis, dissert. V, a. 2-9, t. vui, p. 152-204 ; Ferraris, Prompta bibliottieca, édit. Jlignc, Paris, 1865, au mot 1 gnorantia, t.iv, col. 291-300 ; S. Alphonse de Liguori, Ttieologia moralis, t. I, tr. II, c. iv, dub. i, n. 166-174, Turin, 1879, 1. 1, p. 113-127 ;  !. VI, tr. IV, c. ii, n. 609, 610 ; t. VII, c. I, dub. IV, n. 45, t. ii, p. 482-486, 794 ; Cl. Marc, Institiitiones morales alphonsianoe, part. I, tr. I, c. i, a. 2, n. 21, 22, 25 ; tr. II, dissert. I, c. i, a. 2, § 2, n. 125 ; dissert. ii, c. V, a. 1, n. 218, 220 ; tr. III, c. l, a. 2, n. 287-289 ; tr. IV, c. I, a. 1, n. 319 : part. II, sect. iii, tr. II, c. i, a. 3, n. 1269, Rome, 1885, t. i, p.l7, 18, 19, 82, 138-139, 182-184, 206-207, 828-829 ; A. Lehmkuhl, Theologia moralis, tr. I, c. ii, a. 2, n. 16-19, 5e édit., FrU)ourg-en-Brisgau, 1889, 1. 1, p. 22-25 ; Ballerini, Opus theologicum morale, tr. I, c. ra, n. 54-102, édit. D. Palmierl, Prato, 1889, 1. 1, p. 30-55.

E. Mangen’ot.

1— ILDEFONSE (Saint), évêque de Tolède.

— I Vie. II. Œuvres.

I. Vie.

Goth d’origine, saint Ildefonse naquit à Tolède, d’une famille illustre, au commencement du vue siècle, en 607, sous le règne de Wittéric. D’après une tradition dont Antonio s’est fait l’écho dans la notice qu’il lui consacre, Bibliotheca hispana vêtus, P. L., t. xcvi, col. 11, il était le fils d’Etienne et de Lucie, et neveu par sa mère d’Eugène, le futur évêque de Tolède, qui l’initia aux premiers éléments de la science et de la vertu et l’envoya ensuite à saint Isidore de Séville pour qu’il pût progresser en l’une et en l’autre. Son séjour auprès d’Isidore ne fut pas sans profit. II apprit à mépriser les vanités du siècle, et, cédant à l’attrait qu’il avait pour la ^^e religieuse, il s’enferma, jeune encore, dans le monastère bénédictin d’Agalia, tout près de Tolède. Vers 631, il reçut le diaconat des mains d’Helladius, évêque de Tolède, comme il nous l’apprend lui-même. De vir. ill., 7, P. L., t. xcvi, col. 202. Devenu ensuite abbé de son monastère, il assista et signa en cette qualité aux Ville et IXe conciles de Tolède, en 653 et 655. A la mort de son oncle Eugène, devenu évêque de Tolède, il fut obligé, par ordre du roi Recceswinthe, de prendre sa place. Il occupa le siège de Tolède jusqu’au 23 janvier 669, jour de sa mort.

Un de ses contemporains, qui fut son second successeur sur le siège de Tolède, saint Julien, crut devoir ajouter au De viris illustribus de saint Ildefonse une notice le concernant. Il y vante particulièrement son éloquence et sa piété, B. Ildefonsi elogium, col. 43, sans mentionner aucun des deux miracles racontés plus tard par Cixila, évêque de