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IGNACE D’ANTIOCHE (SAINT)


ceux qui chercheiil à introduire l’hérésie ou à susciter des sctiismes, et qu’il qualifie de faux docteurs, d’empoisonneurs publics, sont dans un état de péché et de mort spirituelle. Ad Smgrn., vii, 1. En se séparant de l'évoque, ils se sont mis en dehors de l'Église, ils n’auront pas départ à l’héritage céleste du royaume de Dieu. Ad Philad., iii, 3. Celui qui corrompt la foi de Dieu par une fausse doctrine est mort, dit-il, il ira au feu éternel, et de même celui qui l'écoute : sî ; to Ktjp -fj àaÔE^TOv yfoprjas'., ô[j.ot’tp)ç y.ac ô àLoûfi>v aùtoO. Ad Ephes., xvi, 2. Cependant la conversion de ces pécheurs reste possible, bien qu’elle soit difficile. Ad Smyrn., iv, 1. Ils doivent recourir à la pénitence ; car ceux qui, ramenés par la pénitence, auront fait retour à l’unité de l'Église, ceux-là seront de Dieu et vivront selon Jésus-Christ. Ad Philad., iii, 2. Dieu, en effet, pardonne à tous ceux qui font pénitence, s’ils se convertissent pour s’unir à Dieu et restent en communion avec l'évêque. Ad Philad., viii, 1. Et de même qu’il a demandé une prière incessante pour la conversion des gentils. Ad Ephes., x, 1, de même saint Ignace désire qu’on prie pour l’heureux retour de tous ces égarés. Ad Smyrn., iv, 1.

I. Sources.

Avant tout, les lettres de saint Ignace, et subsidiairement, dans la mesure où ils peuvent être utilisés, les Actes du martyre. Or, ces derniers nous sont parvenus sous cinq formes différentes : 1. les Actes qu’on peut appeler antiochiens, parce qii’ils concentrent tout l’intérêt du récit à Antioche ; en grec, d’après un manuscrit de la bibliothèque de Colbert, découvert et publié par Ruinart, Acta marttirum aincera, Paris. 1689 ; la lettre aux Romains y est insérée ; dans une version latine, traduction littérale de ce texte grec, découverte et publiée par Usher en 1644 ; et dans une version syriaque, publiée par Curcton dans son Corpus Ignalianum, Londres, 1849 ; on désigne ces Actes sous le nom de Marlyrium Colbertiniim ; 2. les Actes qu’on peut appeler romains parce qu’ils concentrent tout l’intérêt du récit à Rome ; le texte grec en a été découvert dans un manuscrit du Vatican et publié par Dressel, Paires apostolici, Leipzig, 18.S7 ; on en possède une version copte et en les désigne sous le nom de Martijrium Vaticanum. Le Martyrium Colberlinum et le Martijrium Vaticanum sont indépendants l’un de l’autre.

D’après le Martyrium Colbertinum, Ignace, disciple de saint Jean, sauva son Église pendant la persécution de Domitien ; la neuvième année de Trajan, pendant que l’empereur, de passage à. tioche, préparait son expédition contre les Parthes, il fut arrêté et condamné à subir le martyre à Rome. Voyage par mer de Séleucie à Smyrne, près de saint Polycarpe, son ancien condisciple. Saint Ignace écrit de Smyrne aux Églises qui lui ont envoyé des députés ; il écrit aussi aux Romains une lettre, dont le texte est inséré intégralement. De Smyrne à Troas, puis à Néapolis par mer. De là, par Philippes, à travers la Macédoine et l'Épire, à Épidamne, où l’on s’embarque de nouveau. On contourne l’Italie et, ne pouvant débarquer à Pouzzoles il cause du vent, on arrive au port des Romains. Reçu par des chrétiens accourus de Rome, Ignace les conjure de ne rien faire pour lui. Et comme c’est la fin des spectacles, il est exposé aux bêtes qui ne laissèrent que les os les plus durs. Ceux-ci, pieusement recueillis, furent transportés à Antioche comme un trésor sans prix. Cela est arrivé le 13 des calendes de janvier, sous le consulat de Sura et de Sénécion. Les rédacteurs de ces Actes, qui se donnent pour des témoins oculaires, sont en contradiction avec les Lettres sur l’itinéraire de Séleucie à Smyrne et sur le titre de condisciple de saint Polycarpe donné à saint Ignace ; ils sont également en contradiction avec l’histoire de Trajan, parce que la neuvième année de son règne ne fut pas celle de son expédition contre les Parthes. Pour le reste, on peut leur faire crédit.

D’après le Martyrium Vaticanum, Ignace, second successeur des apôtres, est envoyé de Syrie à Rome, la neuvième année de Trajan, à travers l’Asie, la Thrace. Abordant à Reggio, il est conduit à Rome, où il comparaît devant l’empereur et le sénat. Trajan lui offre, s’il consent à sacrifier, de le faire grand-prêtre de Jupiter. Sur le refus d’Ignace, l’interrogatoire se poursuit. Malgré les menaces et les tourments, Ignace fait le procès des faux dieux. Condamné

après plusieurs séances, il est exposé aux bêtes dani l’amphithéâtre Flavien. Deux lions sont lâchés. Aussitôt Ignace se met à haranguer les spectateurs : Je suis le pain de Dieu, dit-il, et il meurt, tué mais non dévoré par les fauves, afin que ses reliques lussent une protection pour Rome, où Pierre et Paul étaient morts. Trajan, étonné de tant de courage, reçoit à ce moment une lettre de Pline et abandonne le corps du martyr aux chrétiens. La mémoire de ce saint se célèbre le 20 décembre. Ce n’est là qu’un récit romanesque, dont on ne peut utiliser que ce qui s’accorde avec le Martyrium Colbertinum, à savoir le martyre d’Ignace à Rome, la neuvième année du règne de Trajan, et la date de la fête.

3. Les Actes en latin, publiés en partie par Usher dans son Appendix Ignatiana, en 1647, et intégralement par les bollandistes dans les Acta sanctorum, à la date du 1° février. — 4. Les Actes arméniens, publiés d’abord par Auchcr, à Venise, 1810-1814, et ensuite par Petermann. S. Ignatii epistolæ, Leipzig, 1849. — 5. Les Actes de Siméon Métaphraste. Ces trois dernières espèces d’Actes ne sont qu’une combinaison plus ou moins heureuse des éléments contenus dans le Martyrium Colbertinum et le Martyrium Vaticanum. Cf. Zahn, Ignntius von Antioctiien, Gotha, 1873jp.2-56 ; Ignatii et Polycarpi epislulæ, Leipzig, 1876, p. lv-lvi ; Funk, Opéra Patrnm apostolicorum. Tubingue, 1881, t. i, p. Lxxvm-Lxxxiii ; Lightfoot, S(. Ignatius. t. ii, p. 363-472.

II. Éditions.

Lefèvre d'Étaples, Ignatii undecim epistolsp, Paris, 1498 ; Valentin Hartung, dit Paceus, Beati inter sanctos Cliristidefunctos liieromartyris Ignatii opuscula, Dillingen, 1557 ; Vedel, Ignatii epislulæ, Genève, 1623 ; Usher, Polycarpi et Ignatii epistolie, Oxford, 1644 ; Voss, Epistolæ genuinæ sancti Ignatii, Amsterdam, 1646 ; AIdrich, S. martyr is Ignatii Ant. episc. epistolæ septem genuinæ, Oxford. 1708 ; Smith, S. Ignatii epistolæ genuinæ, Oxford, 1709 ; Cotelier, Patr. apostol., édit. Leclerc, Amsterdam, 1724 ; Jacobson, S. démentis Romani, S. Ignatii, S. Polycarpi, etc., Oxford, 1838, 1840, 1847, 1863 ; Hefele, Patrum apostolicorum opéra, Tubingue, 1839, 1842, 1847, 1855 ; Petermarm, S. Ignatii epistolæ, Leipzig, 1849 ; Dressel, Patrum apostolicorum opéra, Leipzig, 1857 ; Cureton, Corpus Ignalianum, Londres, 1849. Les meilleures éditions sont celles de Zahn, Ignatii et Polycarpi epislulæ Leipzig, 1876 ; de Funk, Opéra Patrum apostolicorum, Tubingue, 1881 ; 2e édit., 1901 ; et de Lightfoot, S. Ignatius, Londres, 1885 ; 2e édit., 1889-1890 ; A. Iliigenfeld, Ignatii Antiocheni et Polycarpi Smyrnœni episcopi epistulæ et martgria, BerMa, 1902 ; G. Rauschen, Florilegium patristicum, Bonn, 1904. fasc. 1 ; A. Lelong, Les Pères apostoliques. III. Ignace d' Antioche et Polycarpe de Smyrne, Paris, 1910 (texte grec et version française). Le t. v de la P. G. de Migne contient : 1° Præfatio in epistolas sancti Ignatii, d’IsaacVoss, col. 3134 ; 2° Judicium de epistolis sancti Ignatii, de Cotelier, col. 33-36 ; 3° Vindiciæ Ignatianæ, de Pearson, col. 57-472 ; 4° Dissertatio de epistolis sancti Ignatii, de L.eNouTry, co. 471-566 ; 5° Proœmia ad epistolas sancti Ignatii, de Galland, col. 565-584 ; 6° De doctrina sancti Ignatii, de Lumper, col. 585-600 ; 7° De lextus recepti Epistolarum sancti Ignatii integritate disquisitio critica, de Denzinger.col. 601-624 ; 8° la préface et le texte de la 3° édition des Patrum apostolicorum opcra, Tubingue, 1847, d’Hefele, col. 625-728 ; 9° le texte des Lettres interpolées des Patres apostolici, Amsterdam, 1724, de Cotelier, col. 729-872 :  ; 10* les Epistolæ supposititiæ, col. 873-94?..

III. Travaux.

Outre les études qui accompagnent les éditions citées, il faut signaler : Saumaise, Apparatus ad libros de primatu papæ, 1645 ; Blondel, Apologia pro sententia Hieronymi de episcopis et presbyteris, Amsterdam, 1646 ; et Daillé, De scriptis quæ sub Dionysii Areopagitie et Ignatii Antioclieni nominibus circumferuntur, Genève. 1666, qui attaquèrent les lettres de saint Ignace et multiplièrent les objections ; Pearson, qui répondit :) Daillé, Vindiciæ Ignatianæ, Cambridge, 1672 ; Dupin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, 3e édit., Paris, 1693, t. i, p. 3850 ; Tillemont, Mémoires pour servir à l’histoire ecclésiastique des six premiers siècles, 2e édit., Paris, 1701, t. ii, p. 190-212, 576-583 ; Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, Paris, 1858-1863, t. i, p. 362-388 ; Mœhler, Pa/rotopie, 1840 ; Permaneder, Patrologia specialis, 1843 ; Dusperdieck, Quæ de Ignatianarum epistolarum authentia duorumgue textuum ratione et dignilate hucusque prolatœsunt sententiæ enarrantur et di/udican(ur, Gcettingue, 1843 ; Cureton, The ancient syriac version of the EpisUet ot St. Ignatius loSt. Polycarp, the Ephesians and the Romcais,