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IGNACE D’ANTIOCHE (SAINT)


incarné est vraiment né d’une vierge : —’syîvr.asvo ; àXïiOo) !  ; îY. rapOivoj. Ad Smgrn., i, 1. La virginité de Marie est au nombre des mystères qui ont échappé à la connaissance du démon : ïÀaOav —o-i àp/ovra to3 aicivo ; tûJtoj i, —apOîvia Mapia ;, y.a’. ô toLsto ; auir, ;, y.ai ô Oivato ; to3 K-jpioj. Ad Ephes., xix, 1.

c) A propos du Ao’yo :. — Dans le texte de la recension moyenne, on lisait que Dieu s’est manifesté par Jésus-Christ, son Fils, ’0 ; â^-riv aÙTOJ Aoyo ; àîôioç, oùz ir.6 aiyf, ; zpoHXOfov. Ad Magn., viii, 2. Ce passage fut pour Saùmaise, Blonde ! et Daillé l’une des objections contre l’authenticité des lettres de saint Ignace, parce qu’ils y voyaient une allusion au système gnostique de Valentin. Petau l’avait interprété de manière à lui conserver un sens orthodoxe : le Verbe éternel ne provient pas du silence à la manière de toute parole ou de tout langage qui, n’étant pas éternel, sort du silence ou rompt le silence. C’est ainsi que l’avait compris l’interpolateur qui, au lieu de o-Jv. ol-.o atyf, ; —coôÀ0(i’)v, écrivit : o-j priTo’ç, àLX’o-JaioiSr, ; — oj yàp èatt XaXtà ; svàpOpou ço’)vr)’X3, àXX’ivspysia ; OsiV.r] ; oùaia yEvvT]T7Î. Dans Furik, Opéra Pair, apost., t. ii, p. 86. Tout en approuvant cette interprétation de Petau, Pearson eut raison de soutenir que la ^’.y/, dont parle saint Ignace, n’est nullement une invention de Valentin, Vindic. Ignat., II, v, P. G., t. v, col. 307-321, et que d’ailleurs, dans le système de ce gnostique, ce n’est pas le Àoyo. :, mais le vojç, qui émane de la c ; r ; r]. La découverte des Philosophoumena est venue lui donner raison. C’est Simon le Magicien qui, le premier, a donné une place importante à la cjiyri dans son système. Philosop., VI, 18, édit. Cruice, Paris, 1860, p. 261. Au reste, le contexte aurait dû montrer que l’argument de saint Ignace, visant des docètes judaïsants, il ne pouvait s’agir de Valentin, qui fut l’opposé d’un judaïsant.

Mais objection et réponse ont perdu leur raison d’être depuis que ce texte a dû être corrigé par la suppression des deux mots àloir— oùz, conformément à la version arménienne et à la citation littérale de ce passage par Sévère d’Antioche. Dans Lightfoot, SI. Ignatius, t. i, p. 173. C’est ce qu’a très bien démontré Lightfoot, op. cit., t. II, p. 126-128, et ce qu’ont admis Zahn et Funk dans leurs éditions des Pères apostoliques. Ainsi amendé, le texte offre un tout autre sens : Jésus-Christ, Fils de Dieu, est le Verbe de Dieu procédant du silence. Qu’est-ce à dire ? Sévère d’Antioche y a vu la génération éternelle du Verbe. Cf. Cureton, Corpus Igrtal., p. 213, 245. D’après le contexte, il s’agit plutôt de l’incarnation. C’est par le Fils, dont saint Ignace a affirmé de la manière la plus explicite la préexistence dans le Père, Ad Magn., vi, 1, et l’éternité. Ad Polyc, iii, 2, que le Père s’est manifesté : çivîpf.iaa ; sajTov. Et c’est ce Fils qui est le Verbe de Dieu succédant au silence pour s’entretenir avec les hommes ; son incarnation est l’une des plus grandes manifestations de Dieu. Ce passage, ainsi rétabli et compris, s’accorde en outre avec cet autre où, parlant des trois grands mystères de la prédication, à savoir de la virginité de Marie, de son enfantement et de la mort du Christ, saint Ignace dit qu’ils ont été accomplis dans le silence de Dieu : iTiva sv r, 5j/ia 0 : oO £-pi/Or, . Ad Ephes.. XIX, 1. Mais on n’a pas le droit d’en conclure que, dans la pensée de saint Ignace, le Fils de Dieu n’est Aoy— ; qu’au moment de son incarnation.

Saint Ignace a pu sans inconvénient se servir du mot’.T, iiinsi que de celui de —’/ r/^pt’ir qu’il emploie dans la suscription de ses lettres aux Éphésiens et aux Tralliens, à une époque où ces termes n’avaient pas encore la vogue et le S’-ns hétérodoxe qu’ils eurent plus tard dans la terminologie gnostique. Il était trop soucieux de la pureté de la foi et de l’orthodoxie de ceux auxquels il écrivait pour employer des termes ou des expressions qui, déjà exploités par des hérétiques connus, auraient pu les induire en erreur. Il en usait donc librement parce qu’ils étaient sans danger.

d) A propos de ysvvritoç et de àyivvriTo ;. — Saint Ignace dit de Jésus-Christ qu’il est à la fois ys/vrixoç Lai àyr ; vi, to ;. Ad Ephes., vii, 2. Telle est du moins l’orthographe donnée par les manuscrits grecs et reproduite par les premiers éditeurs, Voss, Usher, Cotelier. Telle quelle, elle se justifie, malgré l’impropriété du second terme. Ces deux mots marquent une relation ontologique et signifient proprement engendré et non-engendré ; appliqués au Verbe incarné, ils veulent dire que le Christ est engendré quant à la nature humaine, qu’il a prise dans le sein de Marie par l’opération du Saint-Esprit, et non-engendré quant à sa nature divine, qu’il possédait préalablement puisqu’il était de toute éternité avec le Père. Une telle manière de dire fait abstraction de la génération éternelle du Verbe. On trouve, après saint Ignace, des expressions semblables ou équivalentes dans les Philosophoumena, IX, 10, édit. Cruice, Paris, 1800, p. 433, et dans TertuUien, De carne Christi, v, P. L., t. ii, col. 761. Le manuscrit de la version latine porte genilus et ingenitus, conformément à cette orthographe. IVIais, d’autre part, les auteurs des versions syriaque et arménienne, traduisant la pensée plutôt que les expressions de saint Ignace, ont écrit faclus et non factus, ce qui exigerait —-vz-ii-o ; et ày£vi, Tfjç. De même, Gélase et Sévère d’Antioche. Cf. Lightfoot, SI. Ignatius, t. i, p. 168, 181, 182 ; t. ii, p. 48, 608. En tout cas, Smith d’abord, puis Hefele et Dressel ont substitué yEVT|tô : et ày£vi, To ; à y ; vvr|Toç et ày£vvi, Trj :. Mais les derniers éditeurs des Pères apostoliques, Zahn, Funk et Lightfoot, ont maintenu avec raison y ; vvi, — : ’Jç et ày£vvi, — : oç.

Il est évident, en effet, que Théodore !, quand il cite ce passage de saint Ignace, n’aurait pas icril. y3vvi, To ; i ; ay-wT^tcu, dans Lightfoot, St. Ignatius, t. i, p. 163, s’il avait eu sous les yeux l’expression parfaitement orthodoxe de yEVT| : oç xai àyàvrjTf-ç. De même l’interpolateur des lettres ne l’aurait pas remplacée par cette phrase : 6 [iovoç oÀT|Ûtvoi ; Ûeo ; ô ày£vvi, — : c^, et par cette autre : toj fis ijLovoysvoSç r.a-îip Loù yEvvrJtop. Et saint Athanase, dans sa défense du consubstantiel, disait aux ariens : Vous rejetez V ! >[i.(, oÙGoç parce qu’il a été condamné par le concile d’Antioche contre Paul de Samosate ; mais les Pères d’Antioche avaient la même foi que les Pères de Nicée, et s’ils ont rejeté ce terme, c’est dans le sens que lui donnait Paul de Samosate, car il l’entendait d’une manière erronée, prétendant que, si le Fils est consubstantiel au Père, il s’ensuivrait que la substance divine est partagée ; tout autre est le sens donné à ce mot par le concile de Nicée. Tel autre terme, par exemple, celui de àyevr.Toç, n’est pas plus de l’Écriture que celui de’J ; j.ooJ3 ! oç, et a été pris semblablement dans le sens de non-engendré et dans celui de non-créé, ’âL-’j-.o ;. Or le Fils ne peut pas être dit iysvvT, — : oc dans le premier sens, mais il peut l’être dans le second. Et saint Athanase cite alors précisément saint Ignace, qui s’est servi de ce terme dans le second sens. De synodis, 46, 47, P. G., t. xxvi. col. 776-777. Saint Athanase lisait donc dans saint Ignace yswriTo ; >-. «  ày£vvir, TO ;.

Le concile de Nicée avait proclamé le Fils yewr/jEVTi où ;  : otr/j : v : a et choisi le mot ouooOj ! ’— ; pour exprimer la christologie orthodoxe. Dans la suite les ariens, voulant discréditer l’oy-’-oj-j o ;, abusèrent des termes yivvTiT’jç et ày£vvT, T’-jç ; sans nier la propriété de ces termes, respectivement appliqués au Fils et au Père, les écrivains orthodoxes tlu ive siècle eurent quelque répugnance à s’en servir. Tel saint Épiphane : « t ;

dict. de théol. cathol.
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