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HONGRIE


leur accorda des privilèges et, sous son règne, on voit encore un comte-camérier Israélite. Louis le Grand voulut les bannir, mais il fut obligé de les rappeler dans le paj’s. Le roi Mâtyâs créa la préfecture juive, dont le titulaire représentait les Israélites, soumettait leurs plaintes aux autorités, etc. Pendant l’occupation turque, ils vécurent en bons termes avec les envahisseurs, faisant avec eux du commerce, surtout des prêts d’argent. En Transylvanie, ils jouissaient d’assez nombreux privilèges. Après que les Turcs eurent été chassés de la Hongrie, le sort des Israélites devint plus dur ; le cardinal KoUonics leur imposa de nombreuses restrictions. Marie-Thérèse les frappa d’un nouvel impôt, la tare de tolérance, qui subsista jusqu’en 1848. La diète de 1790-1791 confirma les droits accordés par Joseph II, celle de 1839-1840 voulut s’occuper de la réception de la religion Israélite, mais elle échoua. Néanmoins, un mouvement de magyarisation se produisit, auquel la guerre pour l’indépendance, en 1848, donna une vive impulsion. L' « émancipation » des juifs fut accordée en 1867 seulement ; la « réception » de leur religion fut demandée au Parlement en 1894 ; deux fois, la Chambre Haute la refusa ; elle l’accepta enfin en 1895 ; le roi la sanctionna.

Enseignement.

Dès que saint Etienne eut

fondé son royaume, il y organisa l’enseignement, qui fut confié à l'Église ; l’histoire de l'école magyare commence donc avec l'établissement du christianisme en Hongrie ; la première école fut celle que les bénédictins adjoignirent à leur monastère de Pannonhalma. Le roi saint Etienne avait repoussé l’influence allemande pour l’organisation de son royaume, il fit (le même pour l’enseignement, qu’il confia aux moines du Mont-Cassin, et qui subit vraisemblablement l’influence de la France, puisque le premier roi de Hongrie fut en rapport avec le supérieur de Cluny, et que l'évêque de Chartres fut également en rapport avec le chef du diocèse de Pécs, qui lui avait demandé des manuscrits. Des moines français se rendirent en Hongrie ; saint Ladislas fonda, en 1091, le monastère de Saint-Gilles, à Somogyviir, qu’il plaça " pour des temps éternels » sous la j uridiction de l’abbaye de Saint Gilles, près Nîmes. Un abbé de Saint-Gilles, Odilon, se rendit en Hongrie avec quelques moines ; il eut plusieurs entretiens avec le roi Ladislas, qui lui promit que l’abbé et les novices du monastère qu’il venait de créer seraient toujours des Français ; cette promesse fut tenue tant qu’exista ce couvent, qui disparut pendant l’occupation turque. L’infiuence de la France fut continuée par les cisterciens, qui se fixèrent en Hongrie sous Geiza II ; son successeur, Fiéla III, leur marqua un plus grand empressement encore et leur accorda de nombreux privilèges, dont l’abbé de Cîteaux alla lui-même le remercier en Hongrie. C’est alors que fut fondé le monastère de Pilis pour les cisterciens du diocèse de Hesançon. Le roi André II demanda à l’abbaye de Clairvaux de lui envoyer des religieux. Souvent des religieux se rendaient en France pour y suivre les cours de l’université de Paris ; quelques prêtres, qui devinrent évêques, avalent fait des études en France. Ce fut au xii » siècle que les prémontrés allèrent se fixer en Hongrie. L’université que I3cla III fonda à Vcszprém fut organisée sur le modèle de celle de Paris ; Louis le Grand fonda une université à Pécs, Urbain V la reconnut par une bulle, datée d’Avignon. En vue de développer plus rapidement le christianisme, l’enseignement avait été donné, au début, en hongrois, mais bientôt, la langue nationale fit place au latin, suivant en cela l’usage admis, au xiv siècle, dans les centres universitaires où la communauté de langue attirait les étudiants..-près le désastre de.Mohàcs, qui cul pour

conséquence l’occupation turque, l’enseignement subit un temps d’arrêt, et la vie intellectuelle en fut grandement troublée ; ces perturbations furent utili sées par la Réforme, qui se développa sans rencontrer l’opposition contre laquelle elle se fût heurtée en temps normal. Les catholiques parvinrent à réagir, ils rouvrirent des écoles, et le primat appela les jésuites. Ce fut la période des dissensions religieuses ; mais ce fut aussi l'époque où l'État comprit mieux la responsabilité lui incombant au sujet de la culture intellectuelle du peu]ile ; les premières dispositions législatives datent du xvie siècle au xviiie siècle ; les droits de la couronne, dans l’administration du fonds de religion et la création des écoles, furent fixés ; ils tendaient à limiter et à contrôler l’enseignement confessionnel ou libre. Le rescrit de Marie-Thérèse, Ratio cducationis, marque l’emprise de l'État sur l’enseignement, qu’on veut adapter aux exigences du gouvernement. Les règlements édictés partaient de l'école jirimaire pour arriver aux universités, en passant par l’enseignement secondaire. Ces règlements devaient s’appliquer aux protestants aussi, mais ils invoquèrent leur autonomie et refusèrent d’admettre un rescrit n'émanant pas du pouvoir législatif. Marie-Thérèse transféra à Buda l’université de Nagy-Szombat, fondée par le cardinal Pàzmàny, elle y adjoignit une faculté de médecine, puis créa l’Académie des mines. .Joseph II voulait faire de l'État le maître absolu de tout l’enseignement ; de plus, il rendit la langue allemande obligatoire dans toutes les écoles de la Hongrie, mais cette décision rencontra dans tout le pays une invincible opposition, qui donna à la vie intellectuelle une nouvelle direction : elle devint nationale, et c(uoique le latin restât encore la langue du haut enseignement, la littérature hongroise prit un certain essor. Un demi-siècle s'écoula encore a-ant d’arriver au moment où, en 1844, le hongrois devint obligatoire pour l’enseignement secondaire. Le Parlement de 1848 avait élaboré des lois libérales, qui ne purent être votées à cause des événements qui se déroulèrent. Le gouvernement absolutiste de l’Autriche appliqua de nombreuses mesures restrictives à la Hongrie, mais elles ne purent triompher de la résistance du peuple, soutenu par une littérature nationaliste fort développée. Après le Compromis, l’oppression cessa et, en 1868, une loi rendait l’instruction primaire obligatoire pour tous les enfants ; une autre loi reconnaissait l'égalité des nationalités et des confessions, en matière d’enseignement. Une loi fixant la limite du droit de surveillance de l'État sur les écoles confessionnelles fut votée en 18.S, 'i ; elle admit ces écoles à recevoir des subventions de ri->lat.

En prenant l’enseignement à sa base même, on constate que la première école maternelle fut fondée en 1828 ; en 1903, on comptait 2 768 écoles, asiles permanents, asiles d'été, pour 249 331 enfants, en âge de fréquenter les écoles maternelles. L’enseignement primaire est obligatoire pour tous les enfants de six à douze ans ; la création des écoles incombe aux communes ; la présence de trente enfants, soumis à l’obligation scolaire, sufiit pour rendre nécessaire la création d’une école. En 1848, la législation voulait que l’ent retien des écoles confessionnelles incombât à l'État, mais il fallut tenir compte des droits historiques, et l'État créa l'école publique. Les Églises peuvent prélever un impôt pour l’entrelien de leurs écoles primaires. L'État impose aux différentes écoles des conditions qui assurent l’uniformité de l’enseignement. L’instruction religieuse est réservée aux différentes confessions.

En 1903, la Hongrie comptait 18 783 écoles primaires, dont le personnel en.seignant était de 32 762 personnes pour 2 495 319 élèves.