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IGNACE D’ANTIOCHE (SAINT)


r, j- : i^’.tt) ky.y.M^’^iy. :. Ad Philad., v, 1. El l’on croit bien saisir sa pensée, quand il ajoute immédiatement après qu’il faut « aimer les prophètes parce que, eux aussi, ont annoncé l’Évangile, ont espéré dans le Christ, l’ont attendu et ont été sauvés par leur foi en lui. » Ad Philad., V, 2. Or, au moment où il s’exprime ainsi, les apôtres sont morts et ils n’en constituent pas moins, selon son expression, le presbytérium de l’Éghse. Comment donc remplissent-ils les fonctions du presbytérium relatives à l’enseignement, à la direction morale et à la discipline, s’ils n’ont point laissé par écrit des livres contenant leur prédication, leur doctrine, leurs préceptes ? Quels sont ces livres ? A tout le moins, les Évangiles ; ceci n’exclut pas les Épîtres et autres livres du Nouveau Testament, mais la manière de s’exprimer de saint Ignace est trop indécise pour permettre d’afïirmer qu’il a voulu désigner les Épîtres en même temps que les Évangiles. Quoi qu’il en soit, ses lettres portent des traces indéniables de la connaissance qu’il avait de presque tous les livres qui composent le Nouveau Testament. Lightfoot, St. Ignatius, t. ii, p. 1167-1109, en signale plus d’une centaine, dont dix-sept accusent une ressemblance si étroite avec le texte sacré qu’on peut les considérer comme des citations textuelles ; quant aux autres, beaucoup plus libres, elles sont, dans certaines de leurs expressions ou dans leur sens, un écho ou une réminiscence soit des Évangiles, soit des Épîtres.

Sur le dogme.

 l. La Trinité. — Par trois fois

saint Ignace nomme les trois personnes de la Trinité : une fois dans l’ordre même de la formule baptismale, quand il écrit aux Éphésiens : « Vous êtes des pierres du temple du Père, préparées pour l’édifice de Dieu le Père, élevées en l’air par le levier de Jésus-Christ, qui est la croix, et mues par le Saint-Esprit. » Ad Ephes., IX, 1. Pierres et temple sont deux métaphores suggérées par Eph., ii, 20-22 et I Pet., ii, 5. Dans deux autres passages, il place le Fils avant le Père et le Saint-Esprit, comme l’avait déjà fait saint Paul. II Cor., xiii, 13. » Efforcez-vous, écrit-il aux Magnésiens, de vous raffermir dans la doctrine du Seigneur et des apôtres, afin que tout ce que vous ferez vous réussisse iv’Tuo y.ixl IIïTp !. xai Èv riv ; j|j.aT’.. Ad Magn., XIII, 1. Et il ajoute aussitôt : « Soyez soumis à l’évêque comme les apôtres au Christ, au Père et à l’Esprit. » Ibid., xiit, 2. « Cette manière de s’exprimer, remarque Ceillier, Hist. génér. des auteurs sacrés et ecclés., Paris, 1858-1867, t. I, p. 386, peut encore servir à montrer l’antiquité et l’authenticité de ses lettres ; car si elles eussent été composées après que l’on eut réglé la doxologie, l’auteur n’en aurait pas renversé l’ordre. »

2. La christologie.

a) Divinité de Jésus-Christ. —’O Oso ; fiuitôv’Iriaou ; Xv.cj-ô ;. C’est en ces termes qu’à plusieurs reprises saint Ignace désigne Jésus-Christ. Ad Ephes., xviii, 2 ; Ad Rom., titre ; iii, 3 ; "vi, 3 ; Ad Polyc, viii, 3. Il le déclare au-dessus et en dehors du temps, C) ; i£py.aipo ; a/povoç, autrement dit éternel, Ad Polyc, iii, 2 ; étant dans le Père, v’riarpi tov, Ad Rom., lii, 3 ; étant auprès du Père avant les siècles, o ; Tzprj aioivdjv -api Ilaip’. tjv, Ad Magn., vi, 1 ; image du Père, --jy.o : tou Ucxpâi, Ad Trall., iii, 1 ; Fils et Verbe du Dieu unique, qui s’est manifesté par lui ; si ; Œdç Ècttiv, 6 ^avf.pwja ; âautov oià’l’fiuoS Xp’.jTciu, Tou uiou a’jToCÎ, oç ECTTiv oùtoCÎ Aôyoç, Ad Magn., viii, 2 ; toujours uni à son Père et ne faisant rien sans lui ; àvE’j ToCi rixTpo ; oxtohi ÈTCOLrjTsv, f|Vcou.Èvo ; î’iri. Ad Magn., vii, 1. Ce dernier trait rappelle le texte de saint Jean. Joa., viii, 28.

b) Incarnation et rédemption. — Celui qui était avant les siècles auprès du Père a paru à la fin, Ad Mag-n., VI, 1 ; TOV (Jésus-Christ) à^’svo ; Hatpo ; r.ooiX^ivi-a., Lal sî ; jva ôvta, y.al /fijprJ^avTa. Ad Magn., Vil, 2. Ce texte, qui est à rapprocher de Joa., i, 1 ; xiii, 3 ;

XVI, 28, marque d’abord, non point la génération éternelle du Fils, mais sa mission sur la terre ou son incarnation, puis son éternelle et absolue union avec le Père, et enfin son retour dans le ciel par son ascension. Pour venir accomplir sa mission, le Fils de Dieu s’est incarné dans le sein de Marie, pour naître de la race de David, par l’opération du Saint-Esprit : ’lï.aoùç ô Xp17To ; èL’jo^opriOr, Crô Mapiaç zxt’oiP.ovo]J. ; av OcOÛ ïy. i~£paa-o ; i.’vi vaufo, IIvï’jaaTo ; 0£ âytou. Ad Ephes., XVIII, 2. Il appartient dès lors à la famille de David selon la chair et est à la fois fils de l’homme et fils de Dieu : îjvipysjOi iv jaiôc -17Tct, La’. èv’lïjaojXpiîiTô) T’o y.aTï aàpza èz yivou ; vauio, ~i~> uîw àvOpoj-’j-j Lal ul(o Oïoj. Ad Ephes., xx, 2. Sa naissance, son baptême, sa vie, sa passion, sa mort, sa résurrection sont des réalités, et non de simples apparences, ci ; iyr/Jco ; iysvv/ÎO//, ïyayév T£ Lal’ir.wI. àLr, Oo’) ; ioK.JyOT, i-riovTLOj Yli.-oi, àXriOôj ; iaTajpfj’iOri y.% àzÉOavev, o ; Locl àXr, Odi ; riyÉpOïl xrJj vvy.rjSyi. Ad Trall., IX, 1, 2. Saint Ignace insiste sur ce point capital contre l’erreur docète ; parlant du Christ, il le dit y£ysvY|[j.=vov àXT|60) ; ïy. -apOivo’j, [ÎEoa-TiffijLEvov Gtio "l’oavvou, àXrjOà) ; £7 : 1 riovTioj Il’.XâTO’j xai’llpoiooj TéTpapyou La6r|XwaÉvov j- ; p f|[jL(T)v h’ji.vP:. Ad Smyrn., i, 1, 2.’.Àr/JôJ ; i-7.0-v, wç y.al à’krfiC} ; à.’i krs- : T’jVi âajto’v, O’j/^ (oTTisp xT.’.i-zo’. t’.v = ; Xsyo-jj’.v, to ooLsïv a-j-6v 7 : c : rovG£vai. Ad Smyrn., ii. Le Verbe incarné a ainsi deux natures dans l’unité de personne ; £u iarpo ; irj-v/, ( ;  : ^yy.vy.6 ; -i Lal -v£’jaaTLLo ;, yxvvrjxo ; xal àyivvrjtoç, Iv lapLl y£vrj[j.=vo ; Sïd ;. sv Ûavâxto rcoT) àÀïiOivrJ, Lal £I. Mapla ; Lal èI. 0cO’j, TTpôiTov raOriToç, Lal tot£ à~a9rjÇ, ’It|70’j ; Xp’.cTTÔ ; ô Ljpioç f|[j.à)v. Ad Ephes., vii, 2. Et c’est l’unité de personne qui permet à saint Ignace de parler du sang de Dieu pour dire le sang du Christ : Hv ai’[j.aTi 0£o3. Ad Ephes., i, 1.

Les souffrances et la mort réelles du Christ ont eu pour but de sauver le genre humain. C’est pour nous qu’il a été crucifié : LaOrjXtojjiévov 0-£p îiUàiv. Ad Smyrn., i, 2 ; qu’il est mort : 51’f, aàç à7 : o9avo’vta, Ad Trall., II, 1 ; c’est pour nos péchés qu’il a souffert. Ad Smyrn., vii, 1 ; c’est pour nous et pour notre salut qu’il a tant souffert : -àvxa ïnaÛEv Si’f| ; j.àç, va aojOa) ; j.£v. Ad Smyrn., ii, 1. C’est par le sang de Dieu que nous avons été rappelés à la vie : avir’o-jpr^aavTsç Èv ai’; j.a-’. Oîoj. Ad Ephes., i, 1. Et saint Ignace félicite les Smyrnéens d’avoir été fixés dans la charité par le sang du Christ, èv àyà-r] èv aluati XpuToO. Ad Smyrn., i. Comment pourrions-nous vivre sans le Christ ? Ad Magn., ^ ix, 2. Sans lui nous ne possédons pas la vraie vie : où ywp !  ; -o àÀr]6Lvôv Ç^v oùI. lyoaEv. Ad Trall.. IX, 2. Car il est notre vie véritable : to à).r, 6’.vov fj^ùv rr, v. Ad Smyrn., iv, 1. Saint Ignace a donc raison d’appeler Jésus-Christ notre Sauveur : awTr.p r, ’x( ; yj. Ad Ephes., i, 1 ; Ad Magn., titre ; Ad Philad., ix, 2 ; Ad Smyrn., vii, 1, et de voir dans sa croix notre salut et notre vie éterneUe : araupo ; ci Iutiv f, iiïv aojtripia Lal Lfo/] alojvo ;. Ad Ephes., xviii, 1.

Saint Ignace fait simplement allusion à la descente du Christ aux enfers, quand il dit, à propos des prophètes qui attendaient Jésus-Christ comme leur docteur, que Jésus vint à eux et les ressuscita. Ad Magn., ix, 2. Cf. I Pet., iii, 19 ; iv, 6. Par deux fois. Ad Trall., IX, 2 ; Ad Smyrn., vii, 1, il affirme que Dieu ressuscita le Christ ; cf. Act., ii, 24 ; iii, 15 ; iv, 10 ; I Pet., i, 21 ; dans un autre endroit, Ad Smyrn., ii, il dit que le Christ s’est ressuscité lui-même : Lal iXr, 0(ô ; àvèjTïicr ; v èajto’v. Et pour montrer la réalité de sa résurrection, il rappelle, comme nous l’avons déjà indiqué, qu’il se fit palper et toucher par ses disciples, qu’il mangea et but avec eux. Ad Smyrn., iii, 2, 3.

Saint Ignace témoigne aussi en faveur de la conception virginale de Jésus. Marie a conçu par l’opération du Saint-Esprit. Ad Ephes., xviii. 2. Le Verbe