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IGNACE D’ANTIOCHE (SAINT)


Ignace, voir t. iv, col. 1488-1490. a. Uhlhorn, Zeilschrift fur hist. Théologie, 1851, p. 283 sq. ; Lipsius, Ueber die Aechiheit der syrischen Recension, dans Zeiischrill jiir hisi. Théologie, 1856, p. 31 sq. ; Zahn, Ignalius von AnliochieiL, p. 356 sq. ; Lightfoot, St. Ignatius, t. I, p. 359 sq.

L’anachronisme qu’on a voulu voir dans une allusion d’un passage de l’épître aux Magnésiens, Ad Magn., viii, 2, au gnoslicisme de Valentin n’existe pas, pour la bonne raison, comme on le verra plus bas, que cette allusion est elle-même inexistante. Les lettres de la collection moyenne ne portent pas la moindre trace d’une allusion quelconque aux controverses guostiques, à la discussion de la Pâque et à l’agitation montaniste, qui ont eu lieu dans le courant du iie siècle ; elles sont bien du temps et de la main de saint Ignace ; leur authenticité ne saurait plus être mise en doute.

/) Ces lettres, étant un plaidoyer en faveur de l’épiscopat, sont postérieures à saini Ignace. — Cette objection ne tient pas plus que les précédentes. Saint Ignace, en efïet, ne plaide pas en faveur de l’épiscopat contre toute autre forme du gouvernement ecclésiastique ; il ne laisse pas soupçonner qu’il y ait le moindi-e conflit entre puissances rivales ; il constate ce qui est. Luimême se dit évêque de Syrie, Ad Rom., ii ; et, quand il parle d’Antioche, privée de sa présence, il écrit qu’elle n’a d’autre pasteur que Dieu, d’autre évêque que Jésus-Christ. Ad Rom., ix. Il nomme les évêques d’Éphèse, de Magnésie et de TraUes ; il fait allusion à l’évêque de Philadelphie ; il parle souvent de Polycarpe, évêque de Smyrne, et il lui écrit ; il laisse entendre qu’en dehors de la Syrie et de l’Asie, l’épiscopat fonctionne, quand il affirme que « les évêques établis à travers la terre sont dans les conseils de Jésus-Christ » AdEphes., iii, 2. Bref, à ses jeux, l’épiscopat n’est pas une fonction nouvelle, mais une institution établie et reconnue, dont il a soin de souligner la douljle caractéristique. C’est un épiscopat unitaire : « Ayez soin de n’avoir qu’une seule eucharistie : une seule chair de Notre-Seigneur Jésus-Christ et un seul calice de son ^ang pour l’union, un seul autel, comme il n’y a fiu’un seul évêque avec le presbytérat et les diacres. » .d Pliilad., IV. C’est un épiscopat monarchique : Tous attachez-vous à l’évêque, comme Jésus-Christ au Père, et au presbytérat comme aux apôtres. Obéissez aux diacres conmic à l’ordre de Dieu. Que personne, sans l’évêque, n’exerce aucune fonction ecclésiastique. Légitime est l’eucharistie célébrée par l’évêque ou par celui que l’évoque autorise. Que partout où paraît l’évêque, là soit la foule (des fidèles), comjne partout où est le Christ Jésus, là est l’Église catholique. Il n’est permis, sans l’évêque, ni de baptiser ni de faire ragape. Mais tout ce que l’évêque approuve est agréé de Dieu. » Ad Smyrn., viii. Ce sont des faits : l’évoque est unique, l’évêque possède tous les pouvoirs, l’évêque peut se faire remplacer ; mais, sans lui, sans son autorisation, rien ne peut se faire de ce qui concerne l’église. Il est entouré d’un clergé, d’un collège de prêtres et de diacres ; les membres du presbytérat lui sont unis comme les cordes à la lyre. Ad Ephes., IV. Ce qui le rend digne d’honneur et d’obéissance, c’est qu’il est l’envoyé, le représentant de Dieu, Ad Ephes., vi, le remplaçant, l’administrateur, le familier, le ministre de Dieu. Ad Polijc, vi. Ainsi entouré de son presbytérat et de ses diacres, l’évêque est le centre de l’ordre, la garantie et la sauvegarde’Je l’unité dans l’Église. C’est pourquoi, en face des liéré » ie » qui s’agitent et des schismes qui menacent, saint Ignace recommande si fortement l’union étroite avec l’évêque, l’obéissance absolue à l’évêque. « Quiconque est lie Dieu et de Jésus-Christ est avec l’évêque. Ad Philad^ iii, 2. « Ceux qui sont soumis à l’évêque,

comme à Jésus-Christ, vivent selon Jésus-Christ. » Ad Trall., ii, 1. Ceux-là font vraiment partie de l’Église, tandis que celui qui agit sans l’évêque n’a pas la conscience pure. Ad Trall., mi. Se cacher de l’évêque, c’est se mettre au service du diable. Ad Smyrn., ix. Saint Ignace, on le voit, ne se préoccupe guère de promouvoir l’épiscopat, qui serait en voie de formation, et d’étendre ses attributions, mais il signale dans cette institution en exercice le moyen efficace de couper court à toutes les tentatives de l’hérésie et du schisme. Il tient ainsi le langage qui convient au début du iie siècle. Voir Évêques. Origine DE l’épiscopat, t. V, col. 1656-1701.

III. Doctrine.

« Les lettres de saint Ignace — les dernières leçons, les derniers conseils de l’évêque

— forment, dit Bardenhewer, Les Pères de l’Église, trad. franc., Paris, 1898, t. i, p. 104, un des monuments les plus considérables de la littérature chrétienne primitive. On y sent déborder à flots l’amour de Jésus-Christ et de son Église, et au feu de cet amour le zèle pastoral s’embraser ; en bien des pages on dirait un écho de certaines Épîtres de l’apôtre des nations. Le style y est partout d’une étrange vivacité, style extraordinaire, inimitable ; la phrase y est surchargée de pensées, pleine de sous-entendus, incorrecte, souvent obscure ; l’élan du génie et la puissance des sentiments, que gênent les règles ordinaires du discours, en font éclater le moule trop étroit. Du point de vue de l’histoire des dogmes, les lettres du martyr d’Antioche, écrites en quelque sorte au seuil du christianisme, ofh-ent une singulière importance : dès la première heure, elles proclament entre autres, sans conteste, la constitution de l’Église catholique, la primauté de l’Église romaine et la prééminence de l’évêque dans chaque ÉgUse particulière. » Là ne se borne pas leur intérêt ; outre la contribution qu’elles apportent à l’histoire de l’hérésie et des origines de l’épiscopat. elles renferment cpielques traits relatifs à l’Écriture, au dogme, à la morale, d’autant plus précieux à relever qu’ils viennent incidemment sous la plume de saint Ignace et qu’ils impliquent d’importantes données passées sous silence.

1 » Sur l’Écriture sainte. — Pour désigner l’Écriture et les livres inspirés qui la composent, Ignace n’a à son service qu’une terminologie encore imprécise. Il n’emploie ni le terme de i-fa ; ?. :, ni celui de —a/a ; i ou de y.a’.vfi o’.aOrjy.r, . Mais ces livres, dont il ne dit ni le titre, ni le nombre, constituent, à ses yeux, des archives, kyiy.r. Ad Philad., viii, 2, OÙ l’on peut puiser des arguments d’autorité qui s’imposent dans l’enseignement chrétien. C’est à eux qu’il en appelle pour fermer la bouche à ses contradicteurs de Pliiladelphic : LîvovToç [j.’ij aJTO’. ; ’(f’(iv^jT.--x. C’est à eux qu’il emprunte par deux fois un texte avec la formule qui marque une citation scripturaire :  ; v ; ç, %--7.Ad Ephes.. v ; Arf Magn., xii.

Il ne dit pas « la Loi et l’Évangile » ou « les prophètes et l’apôtre », mais il fait allusion d’une manière équivalente à la collection des livres qui composent l’Ancien et le Nouveau Testament, quand il parle des prophètes et de l’Évangile : —zi-o’i oJv iiT’.v… —^oii-/x’i -.i)’.t rposriTa’.ç « içatoiT !  ; o » ; —.i’i> ; jiYfeL’(i>. Ad Smyrn., mi, 2. Il semble distinguer deux parties dans l’Ancien Testament : les prophéties et la Loi. « Ni les prophéties, ni la Loi de Moïse, ni même l’Évangile n’ont pu convaincre » les faux docteurs. Ad Smyrn., v, 1. Distingue-t-il aussi deux parties dans le Nouveau, les Épîtres et les Évangiles, quand il joint les apôtres à l’Évangile ? C’est ce qui ne paraît pas ncltement établi. Il écrit sans doute : « Me réfugiant dans l’Évangile, comme dans la chair de Jésus, et dans les apôtres comme dans le presbytériuin de l’Église, » r.^o’jt^fn