Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/355

Cette page n’a pas encore été corrigée
695
69
IGNACE D’ANTIOCHE (SAINT ;

C

Brie/e, dans Zcilschrifl fur die hislorisclie Théologie, 1856, 1. 1, p. 3 sq. ; Ucbcr das Verhallniss des Textes der drei syrischen Brieje des Ignalios zu den ûbrigen Recensioncn der ignalianischen Lilcratur, dans Abhandlungen filr die Kunde des Morgent andes, 1859, t. i, p.l sq. ; Pressensé, Les Irais premiers siècles, Paris, 1858 ; Ewald, Geschichte des Volkes Israël, Gœllingue, 1859, t. VII, p. 281 sq. ; Milman, Hislory oj christianity, 1863, t. II, p. 102 ; Bôhiinger, KirchengeschicMe in Biographien, 1864, t. i, p. 16 sq.

Mais les opposants ne manquèrent pas, tant du côté protestant que du côté catholique. Dès 1847, dans la troisième édition de ses Paires aposlolici, Hefele soutint que la version syriaque n'était qu’un abrégé fait par un moine syrien pour son usage personnel, comme l’indique le caractère même des manuscrits, qui ne renferment que des extraits. D’autres critiques s’inscrivirent en faux contre l’opinion de Cureton ; Denzinger, par exemple, Ueber die Aeclitheil des bisherigen Textes der ignatianischen Brieje, Wurzbourg, 1849 ; et Uhlhorn, Zeilschrifl fur die hisiorische Théologie, 1851. Baur, pour sauvegarder les théories de l'école de Tubingue sur le canon des Écritures et l’histoire de la primitive Église, rejeta la recension nouvelle. Die ignatianischen Brieje und ihre neuester Kritiker, ein Streitschrift gegen Hernn Bunsen, Tubingue, 1848 ; de même Hilgenfeld, Die apostolischen Vàter, 1853, p. 274-279. En outre Petermann, S Ignatii epistolæ, Leipzig, 1849, par la publication de la version arménienne, et Marx, Maletemata Ignatiana, Halle, 1861, contribuèrent à prouver la priorité de la recension moj-enne. Zahn surtout, Ignatius von Anliochien, Gotha, 1873, ruina l’opinion de Cureton et porta le dernier coup à l’authenticité de la version syriaque Et Lightfoot, dans un examen détaillé de cette version, au double point de vue de l'évidence interne et externe, a définitivement clos le débat. St. Ignatius, t. i, p. 273-314. Personne, dit Funk, op. cit., t. i, p. lxii, ne détend plus l’Ignace syriaque.

La question d’authenticité et d’intégrité.

1. Les

lettres apocryphes. — Sur les treize lettres publiées sous le nom de saint Ignace, six sont suspectes du fait seul qu’elles n’ont pas été signalées par Eusèbe. Lightfoot, St. Ignatius, 1. 1, p. 234-235, a fait ressortir leur caractère apocryphe. Ce sont : une lettre de Marie de Cassoboles à Ignace, la réponse d’Ignace à Marie, et quatre autres lettres d’Ignace aux Antiochiens, à Héron, diacre d’Antioche, aux Tarsiens et aux Philippiens. Au point de vue de la critique interne, elles olTrent avec les sept lettres d’Ignace de la collection longue une telle ressemblance qu’on est en droit de conclure qu’elles sont d’une seule et même main : le faussaire qui a fabriqué ces six lettres additionnelles a également interpolé les sept autres. On trouve, en efïet, dans les unes et dans les autres, le même emploi des textes scripturaires et des exemples tirés de la Bible, le même ensemble doctrinal et les mêmes termes théologiques, les mêmes emprunts littéraires, le même style. Les lettres, censées écrites de Philippes aux fidèles de Tarse et d’Antioche, s’attachent bien à démontrer la divinité de Jésus-Christ et la réalité de son incarnation, mais le faussaire se trahit quand il parle des fonctions de sous-diacre, de lecteur, de chantre, de portier, d’exorciste, dont l’apparition parmi les membres du clergé inférieur est de date postérieure à l'époque de saint Ignace. Celle qui est censée écrite d’Italie aux Philippiens reporte à une date encore plus éloignée de saint Ignace, car c’est une thèse pour prouver qu’il n’y a pas trois Pères, trois Fils, trois Saints-Esprits, et que ces trois personnes ne se sont pas incarnées. D’autre pari, le faussaire, pour ne pas éveiller de soupçon, les a glissées, deux par deux,

dans les sept de la collection longue, mettant en tête la lettre de Marie à Ignace et la réponse d’Ignace à Marie. Viennent ensuite : les lettres aux Tralliens, aux Magnésiens, aux Tarsiens, aux Philippiens, aux Philadelphiens, aux Smyrniens, à Polycarpe, aux Antiofhiens, à Héron, aux Éphésiens, aux Romains. Sans doute, ces six lettres se trouvent aussi dans la collection moyenne, mais disposées d’une manière différente et singulièrement significative ; elles n’y forment qu’un seul groupe, ajoutées comme un appendice avant les Actes où se lit la lettre aux Romains. Même groupement et même rejet en appendice dans la version arménienne, avec cette différence qu’ici, les Actes ne paraissant pas, la lettre aux Romains reprend sa place avant le groupe des six lettres additionnelles. Cette disposition est révélatrice. Le possesseur des lettres de saint Ignace de la collection moyenne, trouvant une liste plus longue que la sienne, a voulu enrichir son recueil. Sans comparer le texte de ses lettres avec celui des lettres correspondantes de la collection longue, ce qui lui aurait permis de découvrir la différence et d’en constater l’interpolation, il s’est contenté de copier les six qu’il n’avait pas, mais en les mettant toutes ensemble à la suite, sauf à rejeter à la fin les Actes qui contenaient l'épître aux Romains. L’auteur de la version arménienne a fait de même, sans avoir à séparer la lettre aux Romains du groupe de celles de saint Ignace, parce que sa collection ne possédait pas les Actes. Ces six lettres additionnelles sont donc apocryphes ; le faussaire qui les a composées est en même temps l’interpolateur des sept autres.

2. Les lettres interpolées.

Ce sont les sept lettres de saint Ignace de la collection longue. Cette collection n’a été citée au plus tôt qu'à la fin du vie siècle par Anastase d’Antioche et Etienne Gobar. Voir les textes dans Lightfoot, St. Ignatius, t. i, p. 195-196. Mais avant de supplanter la collection moyenne, dont se servaient les écrivains monophysites, un assez long intervalle de temps a dû s'écouler. D’autre part, la version arménienne, qui est du ve siècle, d’après Somal, Quadro délie opère di vari autore anticamentc tradotte in Armeno, Venise, 1825, et Petermann, S. Ignatii epistolæ, Leipzig, 1849, contenait déjà les six lettres additionnelles de la recension longue. Cette recension longue existait donc antérieurement, au plus tard à la fin du ive siècle. Son examen interne donne des indications suffisantes pour ne pas remonter plus haut que la seconde moitié du ive siècle ; telles sont celles qui concernent la hiérarchie, les jeûnes, les noms de lieux et de personnes, les emprunts littéraires, la doctrine. A propos de la hiérarchie, par exemple, il est question des sous-diacres, des lecteurs, des chantres, des portiers, des Lor.'.à-oi :, fossoyeurs, des exorcistes et des confesseurs, fonctions du clergé inférieur qui n'étaient pas toutes nouvelles vers 360, mais qui constituent un anachronisme pour l'époque de saint Ignace. A propos du jeûne, il y est question de celui du carême, et l’on y combat ceux qui célébraient la Pâque en même temps que les juifs ; or la question des quartodécimans n’a été soulevée qu'à la fin du iie siècle, longtemps après saint Ignace. L’auteur de l’interpolation est au courant de la littérature ecclésiastique du ive siècle. Ainsi l’endroit où il fait d'Ébion un hérétique. Ad Philad., vi, 3, dans Funk, op. cit., t. II, p. 134, est un emprunt à Eusèbe, H. E.. m, 27, P. G., t. XX, col. 273 ; le passage relatif au Logos, Ad Magn., viii, 2, dans Funk, op. cit., t. ir, p. 86, rappelle Eusèbe, Eccl. theoL, ii, 8, 9, P. G-, t. xxiv, col. 913-920 ; cf. Ad Magn., vi, et Cont.Marc. Il, 1, 4, d’Eusèbe ; la remarque sur la descente du Christ aux enfers, d’où il ramena une multitude, est un emprunt à la Doctrina Addwi, conforme à la citation