Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

G85

IDOLOTHYTES — IGNACE D’ANTIOCHE (SAINT)

636

religieuse, Paris, 1899. p. 11-48 ; K. BiJckenhoff, Dos aposiolische Speisegesetz in den erslen fiinf JcJirhunderlen, l^iOZ ; Mgr Le Camus, L’œuvre des apôtres, Paris, 1905, t. i, p. 149-170 ; G. Resch, Dos Aposieldekret nach sciner ausserkanonischen Textgestalt, dans Texte und Untersucliungen, Leipzig, 1905,. t. xxviii, fasc. 3 ; H. Coppieters, Le décret des apôtres (Aci., XV, 28, 29), dans la Revue biblique, 1907, p. 34-58, 218-239 ;

« . Lake, The judaistic controversg and the apostolic council,

dans T/ic Church quarterlg review, Londres, 1911, t. lxxi, p. 345-370 ; K.Six, Da5 Aposteldekrel (Act., XV, 28-29). Seine Enslehung und Geltung in den ersten vier Jabrhunderten, ’Inspruck, 1912.

Sur la I" Épître aux Corinthiens, voirC. Fouard, op. cit., p. 344-346 ; Mgr Le Camus, op. cit., t. iii, p. 121-124 ; F. Prat, La théologie de saint Paul, Paris, 1908, t. t, p. 157162.

E. MN"GENOr.

    1. IGNACE (Saint)##


1. IGNACE (Saint), évoque d’Antioche, martyr.

— I. Vie. n. Lettres. IIL Doctrine.

1. Vie.

1° Ce qu’on sait de sa vie. — 1. Son nom. — Faute (le documents, on ignore presque tout de la vie de saint Ignace d’Antioche. Ses lettres, du moins, donnent une haute idée de sa grandeur morale et de sa vivante personnalité ; et son martjTe glorieux a rendu impérissable son souvenir. Ainsi qu’il l’a inscrit en tête de ses lettres, il s’appelait’I ; v7.tio ; ô Lxl Usoçocoç. C’était l’usage, chez les Romains, de porter parfois un double cognomen, l’un pour l’état civil et légal, l’autre pour l’usage familier, unis entre eux par la formule qui el, équivalent latin de 6 L%.. C’est ainsi que l’évêque d’Antioche avait deux noms : l’un d’origine latine, l’autre d’origine grecque ; le premier lui venant de sa famille, le second pris vraisemblablement par lui à son baptême ; l’un et l’autre devenus dans la suite l’objet d’explications ingénieuses, mais dont quelques-unes tiennent plus à la légende qu’à l’histoire. Ignatius, de ignis, feu, sert bien à caractériser l’homme enflammé et tout embrasé d’amour pour le Christ que fut cet évêque syrien.. Quant à Théophore, ce nom est susceptible d’une double signification d’après l’accentuation grecque du mot. Au sens passif, Hîosopoç, il signifie celui qui est porté par Dieu ; au sens actif, ("J ; osoooç, celui qui porte Dieu. Saint Ignace justifierait le nom de Théophore au sens passif parce que, d’après le témoignage d’Anaslase le Bibliothécaire, cité parPearson, Vindiciielgnalianee, part. II. c. xii, P. G., t. v, col. 401, il aurait été l’enfant que Jésus prit entre ses bras et donna comme un exemple d’humilité à ses apôtres. C’est l’interprétation acceptée par Siméon Métaphraste et transmise par lui à la postérité, ibid., col. 405, mais qui est complètement arbitraire, car saint Jean Chrysostome, bon témoin des traditions de l’Église d’. tioche,

assure que saint Ignace n’a jamais vu le Sauveur. In sanct. mort. Ignalium, 5, P. G., t. XLix, col. 591. Ce nom se justifierait mieux au sens actif, mais nullement pour la raison qu’en donne saint Vincent de Beauvais, à savoir que, le cœur d’Ignace ayant été coupé en morceaux après sa mort, chacun de ces morceaux portait en caractères d’or les lettres qui composent le nom de.lésus-Christ. « Ce qui n’étant nullement recevable, observe Tillemont, Mémoires pour servir à l’hisl. ceci, des six premiers siècles, Paris, 1701-1709, t. II, p. 191, ni par soi-même, ni par ceux qui en sont auteurs, est de plus tout à fait contraire à ce que nous savons, qu’il ne resta rien de son corps que les os les plus fixos et les plus durs. »

2. Sa jeunesse jusqu’à l’épisœpat. — On ne sait rien de positif, ni sur son origine, ni sur sa naissance, ni ^ur son éducation. On le croit pourtant, non sans rai, on, syrien d’origine. Il.serait né vers l’an.’55. Mais qu’il ait été cet enfant dont parle l’Évangile et que le Sauveur proposa comme exemple aux apôtres, ni lui. ni saint Polycarpe, son contemporain, ni saint Irénée, ni aucun écrivain parmi les anciens n’a fait la

moindre allusion àun tel fait. A-t-il été esclave, comme pourrait le faire supposer ce mot de sa lettre aux Romains : iy.îwo : iXîOOîpot, Èyw Se utjypi vOv ôoûXoç ? L’antithèse ne permet pas de conclure que BouXo ; soit pris ici au sens propre ; il sert plutôt à amener l’idée d’affranchissement moral, qui vient à la suite : « Si je soufïre, je deviendrai l’affranchi du Christ. » N’a-t-il pas été plutôt, un peu comme saint Paul, arraché aux désordres de la vie païenne et amené au Christ par une secousse violente de la grâce ? C’est l’hypothèse émise par Lightfoot, St. Ignatius. Londres, 1885. t. I, p. 28, 392 ; t. ii, p. 229 sq..et qui expUquerait le ton d’humilité et de repentir de ses lettres, le désir ardent du martyre dont elles témoignent. Un ancien persécuteur converti et devenu chef d’une Église ne s’exprimerait pas autrement. Il faut renoncer à voir en lui un disciple de saint Jean. Sans doute, dans sa revision de la Chronique d’Eusèbe. saint Jérôme l’avait rangé avec Papias et saint Polycarpe parmi les disciples de saint Jean, mais c’est utie erreur qu’il a réparée dans son De viris illusiribus. Du reste, Ignace lui-même nous apprend qu’avant d’être venu à Smyrne, il n’avait pas vu saint Polycarpe. Ad Polyc, I, 1, Funk, Patres aposlolici, 2e édit-, Tubingue. 1901, t. I, p. 288. Fut-il du moins disciple des apôtres ? Ceci semble plus plausible ; car, pendant son enfance ou sa jeunesse, il a pu voir et entendre, à Antioche, saint Pierre et saint Paul. Il touche ainsi au temps des apôtres.

3. Son épiscopal.

D’après Origène, In Luc, homil. VI, P. G., t. xiii, col. 1814, Ignace fut le second évêque d’Antioche ; d’après Eusèbe, H. E., ni, 22, P. G., t. XX, col. 256, c’est vers 69 qu’il aurait remplacé Evodius, le successeur immédiat de saint Pierre. Sur ce point, saint Jérôme reproduit Eusèbe. De vir. illustr., 16, P.L.. t. xxiii, col. 633. Mais, d’autre part, saint.Jean Chrysostome, dans son panégyrique de saint Ignace, donne clairement à entendre qu’il remplaça immédiatement saint Pierre, puisqu’il lui fait un honneur d’avoir été choisi par le prince des apôtres et d’avoir reçu de lui l’imposition des mains. Loc. cit. Théodoret, Episl., lxxxix, cxlV, P. G., t. Lxxxin, col. 1284, 1381, est tout aussi catégorique. D’autre part, encore, d’après les Constitutions apostoliques, VII, 46, P. G., t. I, col. 1052, saint Pierre aurait sacré Evodius, tandis que saint Paul aurait imposé les mains à Ignace. d’oCi l’on a cru pouvoir inférer qu’Antioche compta simultanément deux cvêques. l’un pour les judéo-chrétiens, l’autre pour les convertis du paganisme, et qu’à la mort d’Evodius, saint Ignace resta seul. Mais c’est là un renseignement suspect et une hypothèse invraisemblable, quoi qu’en aient pu penser Baronius, Halloix et Tillemont et, au siècle dernier, les partisans du pélrinisme et du paulinismc. Lightfoot, loc. cit., ne s’en embarrasse pas, et avec raison, car il n’y voit qu’une preuve en faveur du titre d’homme apostolique, qui convient à saint Ignace.

Pendant son épiscopat sévit la persécution de Domitien. Dans quelle mesure s’appliqua-t-elle à l’Église d’Antioche ? Sans donner le moindre détail précis, l’auteur des Actes du martyre de saint Ignace, le Marlijrium Colbcrlinum, dans Funk, op. cit., t. ii p. 276, affirme simplement que le saint évoque sauva son troupeau par sa vertu et son activité apostolique, satisfait du calme momentané, mais attristé de n’avoir point reçu la couroime du martyre. De son administration épiscopale, il ne reste qu’un souvenir, relatif à la liturgie, mais de date assez récente. Socrale raconte, en effet, // fi-, vi. 8, P. G., t. i.xvii, col. 692. qu’Ignace introduisit dans son église rusage du chant alterné des psaumes et que de 1 ; cet usage était passé h d’autres églises. Il n’y a rien d’impossible à cela, d’au-