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IDOLOTHYTES

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eiicoi’e être déclinée, quoique saint Paul n’en parle pas. Ainsi, au iie siècle, Antoine, fils de Ptolémée, invitait à dîner avec lui à la table du Seigneur Sérapis, dans la maison de Claude, fils de Sérapion, le 16 courant, à 9 heures. Jbid., 1903, t. iii, p. 260, n. Dxxiii. S’asseoir à la table du dieu Sérapis serait s’asseoir à la table des démons. L’apôtre, en prohibant ces repas sacrés, n’a pas oublié son principe, que les idoles ne sont rien et qu’il n’y a pas de faux dieux, ni que l’idolothyte ne souille pas celui qui le mange. Mais il considère la participation aux repas sacrés comme un acte religieux d’idolâtrie, qui crée un lien religieux, non pas avec les idoles et les faux dieux, raais avec les démons à qui les sacrifices idolâtriques étaient offerts. Or, il n’est pas permis à ceux qui participent à la table du Seigneur Jésus de s’asseoir à la table des démons. La religion l’interdit aux chrétiens. 2e cas, manducation des idoloUiytes dans les maisons particulières. — Tout est permis, disent les forts. L’apôtre leur répond : Oui, mais tout n’est pas profitable. Tout est permis, mais tout n’édifie pas. Que personne ne cherche son propre avantage, mais celui d’autrui, x, 23, 24. Ces sages paroles servent d’introduction naturelle à la solution du cas des idolothytes mangés à la maison.

a) « Mangez de tout ce qui se vend au marché, sans faire aucune enquête préalable par motif de conscience. » Le marché où les bouchers tenaient étal était tout proche du temple à Pompéi. Dans une ville telle qae Corinthe, on ne pouvait guère acheter de viandes exposées au public qui n’aient été offertes auxidoles. Les chrétiens avaient donc à se préoccuper de ce cas très fréquent pour eux. Or, saint Paul tranquillise tout à fait leurs consciences : ils n’ont pas à s’enquérir de l’origine de ces viandes et ils peuvent acheter toutes celles qui sont mises en vente au marché. Ce ne sont plus que des viandes de consommation, et peu importe qu’elles aient été offertes au préalat)le aux idoles. La raison en est qu’elles sont de leur nature un don de Dieu, à qui appartient la terre et tout ce qu’elle renferme, x, 25-26.

b) Si quelqu’in fidèle invite un chrétien à sa table, celui qui accepte l’invitation peut manger de tout ce qui sera mis devant lui sans faire aucune enquête sur lés plats présentés, par motif de conscience, 27. Un chrétien aurait donc pu au ii » siècle accepter l’invitation d’Hiraïs aux noces de ses enfants pour le lendemain, cinquième du mois, à 9 heures, Grenfell et Hunt, op. cit., 1. 1, p. 177, n. cxi, alors même qu’il aurait pu craindre qu’on servît sur la tatole des viandes qui avaient été offertes aux idoles. Sa conscience n’j' était pas engagée : ces viandes étaient pour lui des viandes communes, co^mme celles qui avaient été achetées au marché.

c) Mais si quelqu’iim vous dit : Ceci est ua bpoOuToç, UjDC viande sainte, n’en mangez pas à cause de celui qui vous a avertis et à cause de la conscience, non pas à cause de votre conscience, mais à cause de celle d’autrui, 28, 29. L’inviteur lui-même n’a pas prévenu son hôte qu’il servirait des idolothytes ; mais à table un invité quelconque, un autre convive païen, signale au cki-étien que tel plat est un UpôOjToç. Le chrétien doit s’abstenir d’y toucher, non pas que sa propre conscience le lui interdise, puisque l’idiolothyte n’est rien pour lui, mais pour ne pas scamdaliser le païen qui croit, lui, à la valeur religieuse du plat. Sans doute, la liberté d’en manger demeure entière pour le chrétien, dont la conscience est formée, et elle n’est pas mise en cause par une conscience étrangère. Mais alors, dira quelqu’un, si je mange d’un aliment avec action de grâce, pourquoi serai-jte blâmé pour une chose doot je rends grâce ? 29, 30. Néanmoins, pour éviter de scandaliser autrui, k chrétien doit s’abstenir de l’ido lothyte. Qu’ils mangent, qu’ils boivent ou qu’ils lassent quelqu’autre chose, les chrétiens agissent en tout pour la gloire de Dieu. Mais ils ne doivent être une cause de scandale ni aux Grecs ni à l’Église de Dieu. L’apôtre propose encore ici son exemple : il ne cherche pas son utilité personnelle, mais celle de beaucoup pour leur salut. Que les Corinthiens l’imitent, comme lui-même imite Jésus-Clmst, x, 31-xi, 1.

Saint Paul n’a pas fait mention du décret apostolique porté au concile de Jérusalem contre les idolothytes. Ce décret n’était qu’une simple mesure de discipline, que saint Jacques avait proposée dans un but de conciliation afin d’éviter les froissements entre les juifs et les gentils convertis au christianisme. Il n’avait été promulgué qu’à Antioche et dans les chrétientés de Sj’rie et de Cilicie. La discipline est, de sa nature, temporaire et locale. Saint Paul l’avait promulguée en Lycaonie, Acl., xvi, 4, et peut-être aussi dans les communautés composées de juifs et de païens convertis. A Corinthe, l’Église comprenait surtout des paganochrétiens. Le décret apostolique n’y trouvait donc pas d’application. Les scrupyjes sur les idolothytes y provenaient d’autres considérations et intéressaient seulement la conscience chrétienne. L’apôtre, qui se faisait tout à tous, donna aux Corinthiens une solution plus libérale et mit leur conscience plus à l’aise quand la liberté accordée de manger des viandes immolées aux idoles ne devait scandaliser personne, soit chrétien faible encore, soit païen, qui attachait une valeur religieuse aux idolothytes. Il ne prohiba rigoureusement que la participation aux repas sacrés, qui était un véritable acte d’idolâtrie.

3. Dans l’Apocalypse.

Le voyant de Patmos écrit au nom du Christ, qui lui en a donné mission, à l’ange, c’est-à-dh’e à l’évêque de l’Église de Pergaine, que, bien que le lieu de son habitation soit le trône de Satan, c’est-à-dire un centre d’idolâtrie, il n’a pas renié sa foi, même au cours de la persécution durant laquelle Antipas a été martyrisé. Mais il a des reproches à lui adresser : il a, parmi ses chrétiens, des sectateiu-s de la doctrine de Balaam et des nicolaïtes. Or Balaam enseigna à Balac, roi des Moabites, Num., xxxi, 16, à jeter le scandale devant les fiis d’Israël, à manger des idolothytes et à forniquer. Apoc., ii, 12-15, Les nicolaïtes avaient déjà été nommés dans la lettre à l’ange de l’Église d’Éphèse : cet évêque haïssait leurs œuvres comme le Christ lui-même les haïssait, ii, 6. Les commentateurs modernes de l’Apocalypse pensent généralement que ces hérétiques sont les faux apôtres que le même évêque d’Éphèse avait mis à l’épreuve et qu’il avait trouvés menteurs, ii, 2, et qu’ils sont les mêmes que les balaamites, ii, 14, et que les partisans de Jézâbel, ii, 20. Tous ces noms propres seraient symboliques. Les iiicolaïtes n’auraient de commun avec le diacre Nicolas, Act., vi, 5, qu’une analogie de nom. La signification de leur nom correspondrail à celle de Balaam. Les nicolaïtes, d’après l’étymologie grecque de leur noam, seraient ceux qui séduisent le peuple. Balaam, en hébreu, signifierait aussi celui qui séduit ou qui perd le peuple ; nicolaïtes et balaamites avaient la même fausse doctrine : ils induisaient les fidèles à pailiciper aux festins idolâtriques et à pratiquer la fornication. Ils seraient dénoncés par saint Pierre, 11 Pet., ii, 10-16, comme s’adonnant à la volupté et à la bonne chère. Les mauvais chrétiens de Pergame imitaient la conduite de Balaam, qui jeta le scandale devant les fils d’Israël, en les incitant à manger des gâteaux offerts aux dieux et à forniquer avec les filles de Moaib : ils mangeaient des idolothytes et ils forniquaient dans les temples païens de la ville. Ce seraient les nicolaïtes eux-raêrnes qui enseigoeraienl la oloctrine de Balaam.

Les mêmes erreurs et les mêmes pratiques idolâ-