Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/338

Cette page n’a pas encore été corrigée
661
662
IDOLATRIE, IDOLE


teurs, même catholiques, ne tirent pas des conclusions identiques. Les uns, cf. Funlc, Kirchengeschichlliche Abhandlungen und Untersuchungen, Paderborn, 1897, t. I, p. 171, pensent qu’il ne s’agit pas ici de réconciliation ecclésiastique. Pressé par l’argumentation de M. Esser, dans Der Katholik, 1907, t. ii p. 184-204, 297-309 ; 1908, t. i, p. 12-28, 93-113, Funk prit une position moins alTirmative, déclarant simplement que la thèse d’une réconciliation ecclésiastique n’était pas appuyée par des preuves certaines. Theologische Quartalschrift, Tubingue, 1906, t. Lxxxvii, p. 541 sq. Cette nouvelle position de Funk fut appuyée, en France, par Mgr Batiffol, Bulletin de littérature ecclésiastique, 1906, p. 345 ; par M. Vacandard, Revue du clergé français, t. l, p. 128, et, plus récemment. par M. Lelong, dans son introduction au Pasteur d’Hermas, Paris, 1912, p. i-xxin. A rencontre, entendent cette réconciliation d’une réconciliation ecclésiastique, M. Esser, op. cit. ; le P. Stufler, Die Bussdisziplin der abàndtichen Kirche bis Kallistus, dans Zeitschri/t fur katholisclie Théologie, 1907, t. xxxi ; M. d’Alès. L’édit de Calliste, Paris, 1914, c. m. Toutefols » ces derniers auteurs admettent que l’Église ne réconciliait qu’une fois les chrétiens tombés dans l’apostasie (l’idolâtrie). « A ceux qui, après cette première réconciliation, venaient à retomber, on ne voit pas bien ce qu’elle (l’Église) offrait, mais, sans aucun doute elle ne les désespérait pas. Car quelles que soient les sévérités du Pasteur pour les otij/o., si une chose ressort clairement de ce livre, c’est que quiconque a la volonté de faire pénitence peut rentrer en grâce avec Dieu. » D’Alès, op. cit., p. 113.

Ces conclusions trouvent, d’après le P. Stu fier, op. cit., et M. d’Alès, op. cit., c. iv, une confirmation dans saint Irénce et dans quelques récits empruntés à l’âge des Pères apologistes. Admission à la pénitence, dans l’Église de Corinthe, sous l’évêque Denys (1 70), des pécheurs les plus coupables, et même des hérétiques ; réconciliation du gnostique Cordon, de quelques hérétiques, par saint Polycarpe, de passage à Rome, de quelques lapsi à la prière des martjTS de Lyon, d’un certain Natalis sous le pontificat de Zéphyrin, tels sont les faits, auxquels M. Koch, disciple de Funk, continue à dénier un caractère de réconciliation ecclésiastique. Die Sùndenvcrgebung bei Irenàus, dans Zeitschrifl fur die neutestamentliche Wissenschaft, 1908, t. i, p. 45-46. Quant aux conclusions des auteurs protestants, qui vont jusqu’à nier que l’Église ait eu connaissance du pouvoir de remettre les péchés, nous n’avons pas à nous en occuper ici. Voir Pénitence. Sur la position des protestants, voir Harnack, Lehrbuch der Dogmengeschichte, 4e édit., Tubingue, 1909, t. i, p. 439-444 ; et Rolffs, Dos Indulgenz Edik des rômischen Bischofs Kallist kriliscli untersucht, Leplzig, 1893, p. 53 sq.

Au début du m’siècle, Terlullien témoigne, dans

« on De poenitenlia, de la possibilité du pardon pour

l’apostasie, même i)0ussée jusqu’à l’idolâtrie, qu’il décrit ainsi : fidem lerrenæ potestatis formidine everlere, n. 7, P. L., t. i, col. 1211. Il est hors de doute qu’Origène reconnaisse un pardon possible à l’idolâtric. Bien que l’idolâtrie soit un « crime mortel », In Lev., homil. xv, n. 2, P. G., t. xii, col. 560, 561 ; cf. De oralionr, n. 28, t. xi, col. 528-529, on en peut recevoir la pénitence ecclésiastique, au moins une fois. In Lev., homil. XI, n. 2, col. 523 ; homil. xv, n. 2, col. 561. La pensée d’Origène a bien été exposée, à propos des péchés dits irrémissibles, par M. Tixeront, dans ses dernières éditions de sa Théologie anlénicérnne. Histoire des dogmes, Paris, 1915, t. i, p. 321, note 5 : Origène paraît nier, généralement, la rémissibilitc des péchés commis par les chrétiens ; mais 11 s’agit là évidemment de ritsot ; àjj.aoT’.côv, de ce mode de

rémission facile propre au baptême. In Joa., tom. ii n. 6 ; tom. xxvra, n. 13, P. G., t. xiv, col. 129, 713. Ailleurs, In Matth., comnientar. séries, n. 114, P. G., t. xiii, col. 1762 ; De oratione, n. 28, P. G., t. xt, col. 529, il semble nier la rémissibilité par l’Église des péchés ad mortem, et, en particuUer, de l’apostasie ou de l’idolâtrie consciente et formelle. Cf. t. i, col. 147. A ces passages cependant on peut opposer, outre ceux qui ont été cités (plus haut), les suivants : In Lev., homil. Tii, n. 10, P. G., t. xii, col. 502 ; In ps. xxxvii, homil. I, n. 1, col. 1370-1371 ; In Jer., homil. xix, n. 9, t. xra, col. 382-384 ; /n Joa., tom. xxviii, n. 6, t. xiv, col. 696 ; Contra Celsum, t. III, n. 51, t. xi, col. 908, où Origène suppose ou dit expressément que les péchés contre Dieu et la foi, les péchés de la chair…, l’apostasie des chrétiens peuvent être et sont pardonnes par l’Église. » Le texte du De oratione qui seul fait vraiment dilTiculté, en réalité, ne saurait contredire la doctrine générale d’Origène ; il n’y a pas non plus chez lui évolution doctrinale ; il reproche simplement aux prêtres imprudents et pressés d’accorder un pardon à des pécheurs impénitents qui ne l’ont point mérité ; pardon que Dieu ne peut ratilier. Voir d’Alès, op. cit., c. IX. Cf. Stufler, art. cit., p. 218-220, où l’on trouvera un résumé des autres interprétations.

A sa manière, saint Ilippolyte, lui aussi, est un témoin du pardon accordé par l’Église à l’idolâtrie ou apostasie, puisqu’il semble attaquer Calliste pour avoir admis d’une façon régulière à la pénitence des apostats qui n’étaient auparavant réconciliés qu’exceptionnellement. Cf. d’Alès, op. cit., c. vii ; La théologie de saint Hippolyte, Paris, 1906, p. 46-48 ; Hippo-LYTE (Saint), t. VI, col. 2510.

b) L’édit de Calliste, accordant le pardon au péché d’impudicité, ne concerne pas directement le péché d’idolâtrie. Voir t. ii, col. 13.38-1340. Cependant, l’acte de Calliste a une porlée plus générale. TertuUien montaniste le remarque et s’indigne que le pape remette l’adultère, sans considérer qu’il y aurait autant de raison de remettre l’homicide et l’idolâtrie, c’est-à-dire les trois péchés qu’on a appelés, dans la discipline pénitentielle du iiie siècle, les pécliés irrémissibles. De pudicilia, n. 9, 22, P. L., t. ii, col. 999, 1028. La pratique ultérieure de l’Église montrera que le pardon sera accordé même au péché d’idolâtrie Mais l’édit de Calliste pose une question d’histoire et de discipline. Y eut-il, au début du m » siècle, une période rigoriste où l’Église, tout en se reconnaissan le pouvoir de remettre les péchés, refusait néanmoins la réconciliation ecclésiastique aux idolâtres, c’est-à-dire aux chrétiens tombés dans l’apostasie, aux liomicides et aux adultères ? Se basant sur les témoignages de TertuUien montaniste. De pudicil a, cf. d’Alès, L’édit de Calliste, p. 190-208, de saint Hippolyte, Philosophoumena, t. IX, c. xii, voir t. i, col. 149, 150 ; t. ii col. 1338-1.339 ; t. vi, col. 2510, et aussi, bien qu’avec moins de légitimité, sur un passage du De oratione d’Origène, voir plus haut et t. i, col. 147, certains théologiens et critiques pensent pouvoir allirmer qu’au début du m"e siècle existait dans l’Éghse un courant rigoriste dans le sens indiqué. Pas de pardon ecclésiastique pour les idolâtres, c’est-à-dire les apostats, les homicides et les impudiciues. Thèse de Funk, Dos Indulgenzedickt des Papstes Kallistus, dans Theologische Quartalschrift, 1906, t. Lxxxvni, rejjrenant et défendant les idées d’un précédent travail, Zur ultchristlichen Bussdisciplin, dans Kirchengeschichlliche Abhiindlungen und Untersuchungen, l., p.’li sq. ; et, en France, de M. Vacandard, TertuUien et les trois péchés irrémissibles, à propos d’une récente controverse, dans la Revue du clergé français, a’nl 1907, p. 113-131 ; de Mgr Batillol, Etudes d’histoire et de théologie positive, 3 « édil., Paris, 1901 ; L’édit de Calliste, d’après une