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IDOLATRIE, IDOLE


l’idolâtrie, n. 1-10, et réfuté les différentes formes sous lesquelles elle se présente, n. 11-29. On trouve également dans Eusèbe de Césarée une excellente critique, aussi modérée que savante, des cultes idolâtriques, principalement dans les quinze livres de la Préparation, -po-apaiP.rjr ; hjayyiXvLrl, P. G., t. XXI. Il faut aussi, du même auteur, faire mention d’un grand ouvrage Contra Porphyre, ouvrage aujourd’hui perdu.

2. L’histoire du ive siècle accuse dans le paganisme officiel un recul de l’idée polj’théiste. Cf. Mgr Batiffol, La paix constanliniennc et le catholicisme, Paris, 1914, Excursus B, p. 108-201. Un monothéisme abstrait prend progressivement la place des multiples divinités de l’idolâtrie. Voir la lettre du grammairien Maxime de Madaure, dans saint Augustin, Epist., an, P. L., t. xxxiii, col. 386-387. Toutefois, le peuple garde encore le culte des idoles. Il n’entre pas dans le programme de cet article théologique de retracer les péripéties de cette dernière phase de la lutte entre le cathoUcisme grandissant et l’idolâtrie expirante. L’édit de Constantin, en 313, donne au catholicisme une liberté et un statut légal. Bien plus, ne pouvant supprimer d’un seul coup le culte des idoles, l’empereur essaye tout au moins de restreindre ce culte. Un grand nombre de temples dédiés aux fausses divinités furent fermés ; plusieurs statues d’idoles furent enlevées et mises en poudre. P’irmicus Maternus, dans son De errore profanarum rcligiomim (vers 347), P. L., t. XII, col. 971-1050, invitera les empereurs Constance et Constant à donner le coup de grâce au paganisme mourant. Les c. vi-xvii surtout ont trait à l’idolâtrie et aux grossières superstitions du paganisme. Toutefois l’avènement de Julien l’Apostat donne à l’idolâtrie un regain de vitalité, que saint Jean Chrysostome a décrite dans De S. Babijla, n. 14, P. G., t. L, col. 554-555. Julien l’Apostat composa un ouvrage de huit livres pour attaquer le christianisme et justifier le paganisme. Sur sa personne, ses écrits, el son œuvre polémique et persécutrice contre l’Église, voir l’ouvrage classique de Paul AUard, Julien l’Apostat, 3 vol., Paris, 1900. Les attaques et la persécution de Julien provoquèrent de la part des défenseurs du catholicisme certaines répliques directes ou indirectes qu’il suffil ici de signaler. Apollinaire avait écrit une deuxième apologie. Sur la vérité, où il réfutait Julien : elle a péri entièrement. Saint Jean Chrysostome, dans plusieurs de ses homélies, Oral, in sanct. mari. Juvenalem et Maximinain, P. G., t. L, col. 571-578 ; et dans son livre Sur saint Babijlas, contre Julien et les païens, col. 5.33-572. Mais ces écrits sont postérieurs à la mort du prince, tout comme les deux « philippiques ii, ’: -T, h.-j-i : y.o, de saint Grégoire de .N’azianze (discours Ihéologiques ivet v, l’.G., t. xxxv, col. 532-720). Plus tardivement encore [larut, de saint Cyrille d’Alexandrie, VAp : jlof/ie du christianisme contre les livres de l’impie Julien (paru en 433), contenant originairement trente livres, mais dont nous ne possédons, dans le texte original, que les dix premiers, P. G., t. Lxxvi, col. 503-1057 ; quelques fragments grecs ou syriaques nous étant encore parvenus des dix suivants, P. G., col. lOnO-lOOI. L’idolâtrie n’est pas au premier plan des préoccupations de rapologislc, ni de l’empereur apostat, mais, dans un ouvrage qui s’occupe des rapports du judaïsme et du catholicisme avec le paganisme, il en est forcément question sous une forme ou sous une autre.

3..Après la mori de Julien, on peut dire qu’en Orient l’idolâtrie et le paganisme sont à leur extrême déclin. Une loi de Théodose le Grand défendit lidolâlrie comme un crime de lèsc-majeslé. Code Théodosien, XVI, 10, 12. I, cs derniers temples furent démolis : en 123, le paganisme est considéré comme

n’existant plus, x^^, 10, 22. En Occident, l’ancien culte se soutint plus longtemps en face du christianisme triomphant. Longtemps encore les païens rééditent les calomnies dirigées contre les chrétiens, responsables, disaient-ils, de tous les maux de l’empire. Cette accusation sera réfutée par Paul Orose, Adversus paganos, historiarum libri septem, mais surtout par saint Augustin, dans son De civilale Dei. Quelques populations païennes survécurent jusqu’au vii « et même ixe siècle. Saint Césaire d’Arles, au vie siècle, « dans ses sermons contre les pratiques païennes, adopte l’interprétation évhémériste de la mythologie, interprétation qui a déjà de longs états de service. Appendice aux sermons de S. Augustin, P. L., t. XXXIX, serm. cxxix, n. 1, col. 2001 ; cxxx, n. 4, col. 2005. S’il appelle démons les dieux grécoromains, c’est par figure ; mais il sait que ce sont des personnages méchants et vicieux qui vivaient au temps où les Israélites se trouvaient en Egypte. » P. Lejay, Le rôle théologique de S. Césaire d’Arles, dans la Revue d’histoire et de littérature religieuses, t. x, p. 161. Mais c’est surtout aux pratiques divinatoires et aux sortilèges qu’il s’attaque. Serm., ccLxxvni, n. 1, col. 2269 ; n. 5, col. 2270-2271 ; Homilia sacra, publiée par Elmenhorst, p. 51. Cf. Lejay, op. cit., p. 481. Le II<^ concile de Braga (572) insiste dans son canon 1 sur l’obligation qu’ont les évêques d’exhorter le peuple, dans leurs tournées pastorales, à s’abstenir de l’idolâtrie et des vices. Cf. Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. iii, p. 194. Ce fut pour saint Martin de Braga l’occasion de composer le De corrcctione ruslicorum, édité par C. P. Caspari, Cliristiania, 1883. Un concile de Tours, tenu en 567, avait condamné un usage idolâtrique, celui de distribuer au peuple une idole de farine. Ce rite bizarre est mentionné dans une lettre de Pelage I" à l’évêque d’Arles Sapaudus. JalTé, n. 978. Cf. Hefele, op. cit., p. 185, note 6. Signalons enfin la constitution du roi de France Childéric, De abolendis reliquiis idololatrix, P.L., t. lxxii, col. 1121-1122.

Si l’idolâtrie disparaît des controverses religieuses, c’est pour faire place à la divination, dont les pratiques seront dénoncées et poursuivies par les Pères et les écrivains ecclésiastiques. Voir Divination, t. IV, col. 1441-1455.

La morale de l’Église et V idolâtrie.

Dès avant

la liberté de l’édit constantinien, les Pères de l’Église se préoccupent du péché d’idolâtrie : leur enseignement n’est pas seulement apologétique ; il est encore moral.

C’est surtout en Occident, avec TertuUien, que la préoccupation morale se prononce, plus développée. Le De spcclaculis et le De idololatria sont les meilleurs spécimens de cette préoccupation. Pour Tcrtulhen, l’idolâtrie ne consiste pas seulement à olîrir des victimes en sacrifice aux idoles ; à bien le prendre, toute olïense de Dieu est une idolâtrie. L’idolâtrie s’insinue partout : dans les arts représentatifs, adonnés â la fabrication des idoles ; dans l’astrologie et la magie, sciences qui touchent de près aux sciences occultes ; dans l’enseignement des belles lettres, qui exige des connaissances approfondics de la mythologie ; dans le négoce, où la cupidité exerce son iniluence en faveur de l’achat et de la vente des matières destinées aux sacrifices païens ; dans la parlicipation l)lus ou moins éloignée aux fêtes païennes, que les chrétiens eux-mêmes retiennent dans leurs coutumes ; dans l’acceptation des distinctions, des charges, des cmplois publics, dans le métier des armes et jusque dans les paroles imprécatoires, tout imprégnées de locutions païennes. Cf. d’Alès, La théologie de Terlullicn, Paris, 1905, p. 412-421. Bardenhewer attribue ces deux ouvrages à TertuUien catholique. I.cs Pères