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IDOLATRIE. IDOLE


tion coupable aux rites et aux pratiques idolâtriques. Saint Jacques et le collège des apôtres avaient décidé d’imposer aux gentils venus du paganisme à l’Évangile de s’abstenir des viandes immolées aux idoles. Act., xv, 19-20, 29. Voir Idolothytes, col. G71. Saint Paul, lui aussi, parle le plus souvent à des convertis du paganisme, ICor., xii, 2 ; Eph., ii, 2 ; I Thés., I, 9 ; il leur fait la recommandation générale de fuir le culte des idoles, I Cor., x, 14, c’est-à-dire, comme l’indique la suite du contexte, tout ce qui peut paraître une participation au culte des idoles ; cf. ibid., 7 ; V, 10, 11 ; les idolâtres devant être exclus de la vie éternelle, vi, 9. A cet égard, l’avarice est une espèce d’idolâtrie qui aura la même punition. Col., in, 5 ; Eph., v, 5 ; cf. Matth., vi, 24 ; Luc-, xi, 13. Sur le point précis des idolothytes prohibés par le concile de Jérusalem, saint Paul se montre plus conciliant à l’égard des fidèles de Corinthe, leur interdisant de prendre part aux festins donnés en l’honneur des idoles, mais les autorisant, sauf péril de séduction ou de scandale, à acheter ou à manger des viandes offertes auparavant aux idoles. I Cor., X, 19-21 ; viii, 8, 9.10 ; x, 28. Cf. Idolothytes, col. 673 sq. Quant à l’idolâtrie elle-même, elle constitue un culte opposé au culte du vrai Dieu : il y a donc opposition complète entre Dieu et les idoles, II Cor., VI, 16, car les idoles, affirme saint Paul à la suite de plusieurs autorités de l’Ancien Testament, cf. Deut., xxxii, 17 ; II Par., xi, 15 ; Ps. xcv, 5 ; cv, 37 ; Baruch, IV, 7, sont en réalité des démons. I Cor., x, 20. Par rapport à Dieu ou plus exactement par rapport à la nature divine que les païens leur attribuent à tort, les idoles ne sont rien. I Cor., vra, 4 ; x, 19. A l’égard de certains judéo-chrétiens de la communauté de Rome, saint Paul rappelle que leurs traditions monothéistes ne suffisent pas à les justifier. Ces chrétiens prétendent avoir les idoles en abomination et cependant ils n’hésitent pas à commettre, à leur occasion, des sacrilèges, soit en commettant des vols dans leurs temples, soit en fabriquant et en vendant des idoles. Sur cette double interprétation possible de Rom., ii, 22, voir les commentaires.

Saint Jean rappelle, au sujet de l’idolâtrie, un point de doctrine et un point de discipline. L’idolâtrie est un péché qui ferme la porte du ciel à ceux qui s’en rendent coupables. Apoc, xxi, 8 ; xxii, 15. Il rappelle aux évoques de Pergame et de Thyatire la nécessité de veiller à l’application de la défense de manger des idolothytes, ii, 14, 20. Voir col. 076-677. Mais l’injonction formulée à l’adresse de l’évêque de Thyatire, et qui porte sur un délit précis, celui dont s’est rendue coupable la femme Jézaliel, « qui se dit prophétesse » et à qui l’évêque permet « d’enseigner et de séduire les serviteurs (de Dieu) pour… leur faire manger dos viandes sacrifiées aux idoles », v, 20, se complète d’un avis précieux touchant la possibilité pour cette criminelle de faire pénitence, v, 21. C’est la première indication que l’on rencontre sur le pardon du péché d’idolâtrie commis par un ciirétien. Enfin, dans une recommandation de forme générale, et qu’à tort certains auteurs non catholiques ont prétendue interpolée, l’apôtre saint Jean recommande, à la fin de sa I" fôpîlre, v, 21, à ses petits enfants, de se gartlv. T des idoles. Il ne semble pas qu’il s’agisse ici de l>rémunir les fidèles contre l’idolâtrie proprement dite, mais plutôt d’éveiller leur attention contre les fausses doctrines, les rêveries hérétiques de la gnose naissante. Le terme simulacntm, ii’ii’ù.i, , est employé par opposition au vrai Dieu du verset précédent.

Lrs Pires aposloliques.

Des enseignements

identiques se retrouvent sous la plume des Pères apostoliques. Oïl reconnaît la prohibition relative aux idolothytes, dans la Didachf, vi, 3. L’idolâtrie est

encore présentée, en réminiscence évidente de I Cor., VI, 9, comme menant à la perdition et à la mort éternelle, V, 1 ; Barnabæ episL, xx, 1 ; Patres apostolici, de Funk, Tubingue, 1901, t. i, p. 17, 15, 95. Le culte des idoles est démoniaque, puisque le cœur de l’homme, rempli du culte des idoles avant sa conversion, est comme une maison des démons. Barnabee epist., xvi, 7, p. 89. Partant, l’idolâtrie est le contraire même du culte de Dieu. Ibid. Voir également l’identification de l’avarice avec l’idolâtrie dans l’Épître de saint Polycarpe aux Philippiens, xi, 2, ibid., p. 309. Cf. Testament des XI i patriarches, c. iv, n. 19 : / ; tpiXap---jo ; a TTpoç îïrjioXa. ôôïiyît, ôii i/ —Àavi, 5t’àpY’Jpfou Toùç

jï| ov-rxc oli ; ôvouâÇcu^’. P. G., t. ii, col. 1080.

Le trait esquissé par saint Jean à propos de Jézabel se retrouve accentué en plusieurs textes ; la divination est prohibée expressément comme conduisant à l’idolâtrie, ou même comme une espèce d’idolâtrie. Didaché, iii, 4, p. 11. Le Pasteur d’Hermas parle, lui aussi, des ovJ^’jy o : qui consultent les devins : c’est le diable et non pas l’esprit divin qui inspire les réponses qu’ils reçoivent ; ceux qui sont affermis dans la foi ne se livrent pas à de semblables consultations, qui sont une véritable idolâtrie. Mand., xi, 2-4 ; Funlc, 1. 1, p. 504. Le Pasteur d’Hermas accentue également la note donnée par saint Jean relativement à la possibilité du pardon pour le péché d’idolâtrie : ce pardon est possible à la condition d’une pénitence prompte. Sim., IX, 21, 3-4. Voir plus loin, col. 667.

L’Épître à Diognète est comme un prélude aux apologies que susciteront dans l’Église les attaques des païens contre les chrétiens. Elle démontre que les disciples du Christ ont raison de refuser les honneurs divins à de vaines idoles, de bois, d’argile, de pierre, de métal quelconque : le culte même que leur rendent les païens est bien moins un hommage qu’un affront â la divinité, c. i, ii. Funk, op. cit., 1. 1, p. 392394.

Les ccriuains pseudo-apostoliques.

Dans ces

œuvres d’époque postérieure, le caractère apologétique <|u’on vient de signaler et qu’on trouvera nettement marqué chez les Pères apologistes, est la note prédominante au sujet de l’idolâtrie. Inanité des idoles, qui sont ou les démons, ou des ouvrages d’amusement. Constitutions apostoliques, t. V, c. xi, P. G., t. i, col. 853-856 ; les idoles sont impuissantes, inutiles, Recognitiones, t. V, n. 15, 16, col. 1337, absurdes et indignes de l’intelligence humaine, n. 14, col. 1336 ; cf. Homiliæ pseudo-Clernent., homil. x, c. xiv, xviii, t. ii, col. 268, 269 ; sans réahté divine, faites de pierre ou d’acier, c. xxi, col. 272 ; leur culte est tellement honteux qu’il sufiit à détourner de lui les gens sensés. Recognitiones, t. X, n. 36 sq., t. i, col. 1339 sq. De ces vaines cérémonies, il faut s’abstenir, n. 30 sq., col. 1344, 1345. Rendre un culte aux idoles, c’est montrer à Dieu la pire des ingratitudes, c’est s’engager dans une voie dont les conséquences sont les plus fâcheuses, car elle est source de tous péchés, ibid., col. 1344 sq. ; cf. col. 1329, et Dieu punit l’idolâtrie de toutes sortes de maux, t. IV, c. viii sq., t. i, col. 1319 sq. Défense par conséquent de chanter des chants païens, de jurer par les idoles. Constitutions apostoliques, t. V, c. iix t. i, col. 856, de manger des idolothytes. Ibid., t. VII, c. XXI, col. 1012.

Les Recognitiones expliquent comment, grâce au mauvaises passions qu’elle favorisait chez les hommes, l’idolâtrie s’est introduite dans le monde, t. IV, c. xin sq., t. I, col. 1319 ; cf. pour sa iiropagation après le déluge, Ilomiliæ pseudo-Clemrnt., homil. ix, c. IV sq., t. ii, col. 244 sf|. Les astres et le feu furent les premières idoles, Recognitiones, t. IV, c. xiii, t. i, col. 1320, 1321 ; cf. 1327 ; les apôtres ont reçu mission de vaincre l’idolâtrie. Ibid.