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HONGRIE

furent rétablis dans leurs droits essentiels, pt la diète de 1790-1791 régla un grand nombre de questions. Le libre exercice de la religion fut assuré à tous et les emplois furent accessibles à tous les nationaux, sans distinction de religion ; les biens confisqués furent rendus, les religieux purent rentrer, les questions matrimoniales des protestants étaient réglées par leurs consistoires, etc., etc. Le cardinal Batthy^my protesta contre certaines décisions avantageant trop les protestants, néanmoins la paix religieuse était établie pour assez longtemps. Au cours du règne de François I" (1792-1835), les évêchés de Kassa et de Szatmâr furent fondés ; en 1802, les bénédictins, les cisterciens et les prémontrés rouvrirent leurs établissements. Le prince-primat Rudnaj' tint, en 1822, un synode qui s’occupa des questions relatives à la discipline dans le clergé et aussi de l’enseignement du peuple. Ce fut seulement en 1832 que les questions religieuses reparurent à la diète, à propos des mariages mixtes et du passage d’une religion à une autre. Les protestants demandaient l’abrogation de la loi obligeant ceux qui voulaient devenir protestants à en obtenir l’autorisation du roi ; ils attendirent jusqu’en 1844 cette abrogation ; ils ne furent plus tenus dès lors qu'à une simple déclaration au curé, en présence de deux témoins ; si le curé refusait d’en donner acte, on pouvait passer outre. L’agitation continua longtemps autour de l’engagement à prendre, pour la religion des enfants, dans les mariages mixtes.

La révolution de 1848, en France, eut une répercussion en Hongrie ; le 15 mars, le peuple, conduit par les étudiants, revendiquait la liberté de la presse et obtenait de Ferdinand V (1835-1848) la nomination d’un ministère hongrois. La diète de 1848 reconnut l'égalité des religions ; un projet d’autonomie de l'Église fut présenté, mais les événements empêchèrent la réalisation de tous les projets libéraux. Ferdinand V ayant abdiqué, François-Joseph lui succéda ; s’il eût reconnu les droits séculaires de la Hongrie, il pouvait endiguer le mouvement libéral ; il voulut l'étouffer et la nation dut défendre son indépendance : elle le fit avec le courage que donne la conviction. Le clergé répondit à l’appel de la patrie ; la croix et l'épée en mains, il prit rang dans l’armée nationale. Vaincus par le nombre, les Hongrois déposèrent les armes à Vilâgos. Les patriotes magyars payèrent chèrement leur lutte pour l’indépendance ; les chefs furent exécutés, les autres passèrent de longues années en prison ; l'évêque de Beszterczebânya passa huit années dans les cachots des forteresses autrichiennes, l'évêque de Nagj'-Vârad y resta vingt ans, d’autres furent enfermés dans des couvents.

L’absolutisme régna en Hongrie, et les efforts de l’Autriche tendaient à placer le clergé hongrois sous la dépendance de Vienne. Le prince-primat et l’assemblée des évêques j^rotestèrent, en s’adressant à Rome, qui leur donna raison. En 1855, un concordat fut conclu avec Rome ; il réglait les rapports entre l'Église et l'État, il autorisait les relations directes entre le saint-siège et le clergé magyar, le rétablissement des congrégations, la suppression du placet, etc. Plusieurs synodes furent tenus, ils donnèrent une certaine i mpulsion à la vie spirituelle ; des évêques, se préoccupant de l’enseignement des jeunes filles, appelèrent en Hongrie (1857) les religieuses de Saint-Vincent-dePaul et de Notre-Dame. L’absolutisme continuait à sévir en Hongrie, mais la guerre d’Italie, puis celle d’Allemagne, avec Sadowa, obligèrent l’Autriche à renoncer à ce système abhorré. Le Compromis qui fut signé en 1867 rétablissait la constitution hongroise ; François-Joseph se fit couronner, à Buda, roi de Hongrie. En 1870, une partie de l'épiscopat jugea inopportun le moment de la proclamation du dogme

de l’infaillibilité ; cependant. après la décision du concile du Vatican, l’assemblée des évêques proclama, à l’unanimité, le dogme nouveau. Le KuUurkampf, qui se déroula en Allemagne (1872-1875), eut en Hongrie des répercussions hostiles à l'Église. Les questions religieuses occupèrent une grande place dans les discussions politiques. Des réformes furent réalisées. La liberté de changer de religion fut accordée à tous, à partir de l'âge de dix-huit ans. La " réception » d’un converti dans une nouvelle religion devait être ofliciellemenL signalée au représentant de la religion qu’il venait de quitter. Les mariages mixtes purent être conclus légitimement devant le représentant de la religion d’une des deux parties contractantes. Les enfants devaient suivre la religion, les fils, du père, les filles, de la mère. Les procès matrimoniaux furent jugés par deux instances difi'érentes, et opposées : la cour de Rome pour les catholiques, les tribunaux hongrois pour les protestants. Sur une simple demande des parents, les prêtres et les pasteurs inscrivaient les enfants issus des mariages mixtes et qui eussent dû appartenir à une autre religion. En 1890, une ordonnance institua des registres spéciaux pour l’inscription des enfants issus des mariages mixtes. Déjà, en 1882, un projet de loi sur les mariages entre chrétiens et Israélites avait été élaboré ; la Chambre des magnats l’avait rejeté. On parla alors du mariage civil obligatoire. Le clergé catholique protesta et, après un entretien du primat avec le roi, le ministre retira le projet. On reconnaissait cependant qu’une réglementation était nécessaire. Une grande assemblée des catholiques, présidée par les évêques, eut lieu en 1894 ; elle ne put empêcher, trois mois plus tard, le Parlement d’adopter, par 281 voix contre 106, la loi relative au mariage civil obUgatoire ; la Chambre Haute l’adoptait bientôt, par 21 voix de majorité, malgré l’opposition du haut clergé et d’une partie de la presse. 11 en avait été de même pour la loi sur l'état-civil. A partir du 1^ octobre 1895, les naissances, les mariages et les décès furent enregistrés par des fonctionnaires de l'État, sur les registres spéciaux de l'état-civil. Jusqu’alors, ce service avait été assuré par les représentants des différents cultes. La même année, la religion Israélite était admise parmi les confessions

« reconnues » par l'État. Jusqu’au moment où fut promulgué l’article xliii de la loi de 1895, chacun devait

appartenir à une religion « reconnue » ou « acceptée » ; désormais, on put n’appartenir à aucune religion. La religion des enfants est assurée par les lois de 1868 et de 1894, et les parents doivent les faire élever dans la religion à laquelle eux-mêmes appartiennent. S’ils n’en ont pas, leurs enfants doivent être instruits dans une religion « reconnue ». Les lois matrimoniales ont eu pour conséquence l’augmentation du nombre des mariages mixtes ; il est monté de 7, 25 p. 100 à 10, 25 p. 100. Quelques années plus tard, une loi sur les élections législatives fut votée ; le clergé considéra les paragraphes dits de la « chaire » comme une restriction de ses droits oratoires.

n. Organisation de l'Église catholique et

    1. SITUATION INTELLECTUELLE DES CATHOLIQUES##


SITUATION INTELLECTUELLE DES CATHOLIQUES.

Statistique.

La superficie de la Hongrie est de

325 411 kilomètres carrés. La population du roj’aume est de 20 886 487 habitants, se répartissant, quant à la religion, ainsi qu’il suit :

Catholiques romains 10 888 138

— grecs 2 025 508

(>recs orientaux 2 987 163

Calvinistes 2 621 329

I.uthériens 1 340 243

Israélites 932 458

t’nitaires 74 296

Divers 17 452