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    1. IDOLATRIF##


IDOLATRIF, IDOLE

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trouver les captifs et les exhorte à la pénitence et à la confiance en la miséricorde divine. Baruch, iii, 9 ; V, 9. Ézéchiel, emmené avec les captifs, vit avec eux et est reconnu par eux comme un prophète du Seigneur : on vient le consulter en cette qualité, viii, 1 ; XIV, 1 ; XX, 1 ; xxxiii, 30. S’il prophétisa, sous Jéchonias, les derniers châtiments qui devaient frapper la ville de Jérusalem à cause de son infidélité, iii, 2’i-xxiv, 27, il ne manque pas de décrire la restauration du royaume d’Israël, xxxvi, 1-xxxix, 29 ; xLvn, 13-XLvra, 35. Ézéchiel réunissait autour de lui les exilés et ce fut là, disent quelques auteurs, l’origine des sjTiagogues.

Le prophète dont la mission providentielle est marquée avec le plus de force en ce sens est Daniel. Pendant qu’Ézéchiel vit au milieu du peuple qu’il réconforte de ses oracles, durant vingt-sept années de transmigration, Ezech., xxix, 17, Daniel est élevé à la cour de Nabuchodonosor. Il y acquiert une situation influente et peut ainsi assurer à ses compatriotes une protection efficace. Dieu l’a suscité au milieu de Babylone pour le représenter quasi-oiriciellement. Plus intelligent que les ministres des autres dieux. Dan., ii, 14-45 ; iv, lC-24 ; v, 9-29, il force Nabuchodonosor à reconnaître que le Dieu de Daniel est le dieu des dieux, ii, 47 ; iii, 91-97. Daniel démontrera l’inanité de la grande divinité chaldéenne, Bel, xni, 65-xiv, 26. Mais il devra subir un châtiment mortel à cause de son mépris pour les idoles de Babylone. Il échappe miraculeusement à ce supplice, vi, 1-28 ; XIV, 29-42, ainsi que trois compagnons qui partagent son immunité, lii, 1-97. Ces miracles démontraient aux Juifs le néant du culte des faux dieux et la vérité de la religion de Jéhovah. Enfin, les prophéties messianiques de Daniel rappelaient aux captifs que Dieu n’avait pas renoncé à ses desseins miséricordieux.

Enfin, les captifs étaient soutenus par les prophéties faites contre leurs oppresseurs. Voir Is., xiii, 19-23 ; XIV, 4-12 ; xLvii ; Habacuc, i, 12-ii, 20. Jérémie prédit que la captivité ne durera que soixante-dix ans, xxv, 8-14 ; XXIX, 10-14 ; xxx, 1-xxxi, 40 ; xxxii-xxxiii ; il annonce aussi la chute de Babylone, l-li ; cf. Baruch, iv-v. Ézéchiel annonce pareillement la fin de la captivité, le retour de Babylone et le rétablissement du royaume juif, xxx-xLvm. Enfin Daniel annonce les dominations perse, grecque, romaine et messianique, qui succéderont à l’empire babylonien, vii-xii.

4° La Bible et le culte idolâtrique des peuples étrangers. — On trouve dans la Bible certains renseignements touchant le culte idolâtrique des nations étrangères. On relèvera ici les principales indications.

1. Des dieux égyptiens, le prophète Nahum, iii, 8, nous conserve le nom du dieu Ammon, honoré dans la ville de Thèbes. La forme égyptienne antique est Amen, qui signifie « caché, mystérieux ». Pierret, Dictionnaire d’archéologie égyptienne, p. 35. Jérémie, XL VI, 5, et Ézéchiel, xxx, 4, 10, 15, semblent rapporter le nom de la même divinité ; mais en réahté, il ne s’agit ici que d’un jeu de mots. Voir D/c/ionnaire de la Bible, t. I, col. 486. Le Livre de la Sagesse, à propos de l’idolâtrie, fait des allusions constantes au culte des faux dieux de l’Egypte. Le « feu » mentionné au c. xiii, 2, rappelle le culte de Vulcain, adoré à Memphis sous le nom de Ptah. Le « vent » désigne Éole ; r « air subtil », Héra ou Junon. Cf. Eusèbe, Præp. evungel., t. III, c. ii P. G., t. XXI, col. 156 ; 1’ « eau » était aussi vénérée par les Égyptiens. Philon, Vita Morysis, I, 17. Le

« soleil j> et la « lune » ne sont autres qu’Isis et Osiris.

Le verset 10, rappelant les « figures d’animaux », se rapporte évidemment aux divinités égyptiennes. Cf. XV, 18.

2. Les dieux chananéens, que les Hébreux trouvèrent honorés comme dieux locaux, dans la Palestine,

exercèrent, on l’a vii, une influence considérable sur la vie religieuse du peuple de Dieu. — a) Il faut citer, en premier lieu, les Baals. Le mot ba’al signifie » seigneur, maître, i)Ossesseur ». Primitivement, il était donc plutôt un qualificatif de la divinité. Le dieu Baal, chez les Chananéens, recevait diverses appellations, selon les lieux où il était invoqué, ou encore selon ses attributions. Selon les lieux, Baalhasor,

II Reg., xiir, 23 ; Baalhamon, Cant., viii, ll ; Baalhermon, Jud., iii, 3 ; I Par., v, 23 ; Baalméon, Num., XXXII, 37 ; Jos., xiii, 17 ; 1 Par., v, 8 ; Ezech., xxv, 8 (ces deux derniers textes portent Béelmeon) ; Baalpharasim, II Reg., v, 20 ; I Par., xiv, 11 ; Baalsalisa, IV Reg., IV, 42 ; Baalthamar, Jud., xx, 33 ; Béelphégor, Num., xxv, 1-9 ; 18 ; xxxi, 16 ; cf. Deut., iv, 3 ; Jos., XXII, 17 ; Ps.cv, 28 ; Os., ix, 10 ; Béelséphon, Exod., xiv, 2, 9 ; Num., xxxiii, 7. Selon les attributions, Baalbérith, Jud., VIII, 33 ; ix, 4, « le Baal de l’alliance » ; Baalgad (lieu où Baal est adoré comme dieu de la fortune), Jos., xi, 17 ; xii, 7 ; xiii, 5 ; cf. Is., lxv, 11 ; Béelzeboub, IV Reg., i, 2, 3, 6, 16, « baal des mouches », soit qu’il les chasse, soit qu’elles lui soient consacrées. En dehors de ces mots de la Bible, d’autres existaient que nous livrent les inscriptions phéniciennes. Voir Dictionnaire de la Bible, art. Baal, 1. 1, col. 1315-1321 ; et J. Vandervorst, Israël et l’ancien Orient, Bruxelles, 1915, p. 52 ; Lagrange, cp. cit., c. ii, § 2, p. 83-99.

— b) Le dieu Baal, pris comme divinité particulière, était la divinité mâle, associée à la déesse Astarté, principe femelle. Il est probable que c’était une diinité solaire, dont l’emblème, en hébreu comme en phénicien, est appelé hammân, « solaire » (hébreu, seulement au pluriel : Harrunânîm), Lev., XXVI, 30 ; II Par., xiv, 4, 7 ; Is., xvii, 8 ; xxvii, 9 ; Ezech., VI, 4, 6. Cf. dans Job, xxx, 28 ; Is., xxiv, 23 ; xxx, 26 ; Cant., vi, 10 ; Ps. xix (hébreu), 7, le nom poétique du soleil, hanunâh. Sur cette caractéristique de Baal, voir Gesenius, Scripturx linguæque Pliœnicieeque monumenta, Leipzig, 1857, 1. 1, p. 171-172, 349 ; P. Sclirôder, Die phonizische Sprâche, Halle, 1869, p. 125 ; A. Levj’, Phônizisches Wôrterbuch, Breslau, 1864, p. 19 ; Corpus inscriptionum semiticarum, part. 1, Paris, 1881, t. i, p. 154, 179. Certains commentateurs pensent trouver une preuve du caractère solaire de Baal dans IV Reg., xxiii, 5 ; cf. 11. Cette identification de Baal et du soleil est d’ailleurs faite par bon nombre des auteurs classiques. Cf. Baal, dans le Dictionnaire de la Bible, col. 1318. — c) Les baalim, forme plurielle de Baal, désignent soit les diverses formes du dieu Baal, soit ses représentations ou ses emblèmes. On trouve ce pluriel fréquemment employé, etla Vulgate l’a même souvent conservé. Cf. Jud., ii 11 ; ni, 7 ; viii, 33 ; x, 6, 10 ; I Reg., vii, 3, 4 ; xii, 10 ;

III Reg., xviii, 18 ; II Par., x^^I, 3 ; xxviii, 2 ; xxxiii, 3 ; Jer., ii, 23 ; ti, 9 ; ix, 14 ; xi, 13, 17 ; xix, 5 ; Ose., Il, 13, 17 ; XI, 2. — d) Le dieu chananéen Hadad, qui n’est pas mentionné individuellement dans l’Écriture, s’y trouve cependant indiqué comme élément composant plusieurs noms propres, Bénadad, Adarézer, Adadremmon. D’après les documents les plus autorisés, Hadad aurait été le dieu principal de la Syrie. Il est le « baal » par excellence, le dieu de l’almosphère, du ciel, dont les attributs ressemblent assez à ceux de Jahveh pour que les Juifs aient mêlé le culte de ce. baal à celui du vrai Dieu. Dieu de l’atmosphère, ce baal ne serait donc pas à proprement parler le dieu solaire, mais le dieu du tonnerre, à identifier sans doute avec le dieu assyrien Ramman (cf. Zach., iix 10, Adad = remmon). Ainsi se trouverait plus complètement expliqué le symbolisme du culte des veaux d’or, voir col. 628, et l’étrange syncrétisme du culte de Baal et de Jéhovah à Béthel. Sur Hadad, voir Dictionnaire de la Bible, t. iii, col. 392 ; Lagrange, op. cit..