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    1. IDOLATRIE##


IDOLATRIE, IDOLE

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La rigueur de la persécution amena une réaction salutaire. Matathias et ses cinq fils, les Macchabées, organisèrent une sainte rébellion et une résistance vigoureuse. I Mac, ii, 7-70 ; iii, 4. Judas Macchabée, auquel s’étaient joints un grand nombre de Juifs fidèles, vainquit Apollonius. 1 Mac, ni, 10-12. Un autre émissaire d’Antiochus, Séron, fut battu à son tour près de Béthoron. I Mac, iii, 10-12. Antiochus, en colère, I Mac, ni, 26-27, résolut d’exterminer les Juifs, et chargea de l’œuvTe de destruction Lysias en lui confiant une armée considérable avec des éléphants.

I Mac, III, 32-36. Lysias envoya contre Judas Macchabée trois généraux, dont Gorgias, qui fut battu près d’Emmatis. I Mac, iv, 1-22. L’année suivante (164 av. J.-C.) Lysias en personne fut vaincu. I Mac, IV, 28-35. Jérusalem reprise. Judas Macchabée purifia le temple, et, au jour anniversaire où, trois ans auparavant, l’autel avait été profané, le sacrifice fut offert de nouveau et l’autel dédié au culte. I Mac, îv, 36-59 ; II Mac, x, 1-8 ; cf.’Joa., x, 22. La maladie d’Antiochus IV et sa conversion intéressée, I Mac, VI, 10-12 ; II Mac, ix, 5-17, furent le signal d’un apaisement momentané. Antiochus s’efforça même de gagner des partisans à son fils, et écrivit en ce sens aux Juifs, à la fidélité desquels il rend hommage.

II Mac, IX, 18-27. Un traité de paix, où l’intervention des Romains se fit sentir, II Mac, xi, 34-38, fut signé, permettant aux Juifs le libre exercice de leur religion. II Mac, xi, 13-26. Mais cette paix était plus feinte que réelle. Lysias, qui l’avait signée au nom d’Antiochus V, s’était laissé guider par des considérations de pur intérêt politique. L’autorisation accordée au culte mosaïque, II Mac, xi, 22-26, n’empêchait pas que les apostats fussent favorisés ouvertement. II Mac, xi, 27-33. Après un an de trêve, la guerre recommença, plus violente que jamais (163). I Mac, VI, 20 ; II Mac, xni, 1. Sur les péripéties de cette lutte, voir F. Vigouroux, Antiochus V Eupator, dans le Dictionnaire de la Bible, t. I, col. 701-702, et E. Beurlier, Judas Macchabée, t. III, col. 1797 sq. Antiochus V fut obligé finalement de traiter avec les Juifs. C’était fini désormais : aucun roi syrien ne renouvela la folle tentative d’imposer un culte païen aux Juifs. Il n’y eut plus que des tendances hellénistes, personnifiées dans les Sadducéens, en face d’un attachement plus rigoureux aux coutumes et au culte national, attachement qu’on trouve chez les Pharisiens.

Ce n’est pas à dire qu’aucune défaillance individuelle ne se produisît plus : parmi les soldats de Judas Macchabée eux-mêmes, un certain nombre, tués au combat d’Odollam, furent trouvés porteurs des offrandes faites aux idoles qui étaient à Jamnia, II Mac, XII, 40, ce qui était contraire aux prescriptions du Deutéronome, vii, 25-2C.

L’hellénisme tenta de nouveau, mais sous une forme plus bénigne et respectueuse, somme toute, du culte national, de s’introduire en Palestine, sous le règne des Hérodes. Mais cette tentative n’apporte aucun élément important à l’histoire de l’idolâtrie chez les Juifs. Voir Prat, art. Hellénisme, dans le Dictionnaire de la Bible, t. iii, col. 578.

c) Le Livre de la Sagesse est un monument de conciliation entre l’hellénisme et le monothéisme : il est le précurseur de l’Évangile, brisant l’exclusivisme étroit du judaïsme palestinien. Sans doute, « il ne fait aucun pas en avant vers la philosophie païenne, et il maintient les dogmes révélés avec une infiexible rigueur. Ses idées philosophiques sont bibliques avant d’être platoniciennes, et il les reproduit comme pour revendiquer le patrimoine traditionnel de la révélation. Mais, afin de prendre pied sur un terrain commun avec ceux qu’il interpelle, il prend ce qu’il peut de leur langage.

il se sert de leur méthode, il emprunte leur éloquence, en un mol, il revêt leurs armes, mais uniquement pour les combattre, et plier déjà leur belle langue à l’expression des vérités divines. » H. Lesêtre, Le Livre de la Sagesse, Paris, 1880, Inlrod., p. 15. Le Livre de la Sagesse aborde la question historique de l’origine de l’idolâtrie, opposée à la sagesse, xiii-xiv, voir col. G16. Puis, il réfute le culte des idoles et en démontre l’inanité. Il ne dit rien de la démonolâtrie ; le culte des esprits n’ayant pas encore alors d’adeptes nombreux. Le chapitre xiii est consacré à la réfutation du naturalisme ; l’auteur y montre le vrai rôle des créatures ; elles ne sauraient être le but des adorations de l’homme, mais le moyen conduisant à la connaissance, à l’amour, au culte du créateur. Cette erreur, trouvant un prétexte dans la beauté des œuvres de la nature, est néanmoins coupable, xni, 6-7 ; le fétichisme est le comble de la dégradation, 10-19 ; l’idolâtrie, maudite de Dieu, fait un mauvais usage des créatures, xiv, 7-14 ; le culte des morts, l’adulation des rois expliquent en partie l’idolâtrie, 15-21 ; les conséquences morales de l’idolâtrie sont terribles : sacrifices humains, orgies nocturnes, impudicité ; « ce n’est partout que confusion, sang versé, meurtre, vol et tromperie, séduction et mauvaise foi, tumulte et parjure, persécution des bons, oubli de Dieu, souillure des âmes, crimes contre nature, inconstance des unions, excès de l’adultère et de l’impudicité », 15-29. Dieu punit l’idolâtrie, 30-31. Le chapitre xv raille les idoles, faites de matière et sans âme, 1-17. Le culte des animaux est aussi insensé que le culte des statues de pierre ou d’argile, 18-19.

3° Rôle des prophètes. — Les prophètes, à l’égard de l’idolâtrie, sont, comme les juges, suscités par Jéhovali, pour maintenir dans le peuple Israélite la fidélité au culte du vrai Dieu. Mais leur action s’exerce différemment, selon que le grand châtiment de l’exil est encore à venir ou est déjà infligé.

1. Avant la captivité.

a) Les premières manifestations idolâtriques en Israël provoquent la colère de Dieu. C’est le prophète Ahias qui est suscité pour faire connaître les châtiments que Dieu infligera à l’idolâtrie de Salomon et de Jéroboam. III Reg., xi, 11 ; cf. Ecch., XLvn, 21-23. Le nom de ce prophète, qui n’est pas prononcé à l’occasion de Salomon, nous ets connu par l’histoire de Jéroboam, à qui, de la part de Dieu, il promulgue la sentence qu’a méritée l’impiété de ce monarque. III Reg., xi, 29-33. A la femme de Jéroboam, venue le consulter sous un déguisement au sujet de son fils Abia, le prophète renouvelle les menaces terribles des châtiments réservés à Jéroboam et au peuple tout entier à cause de l’idolâtrie. III Reg., XIV, 6-13. Un autre prophète, dont le nom ne nous est pas connu, reproche à Jéroboam son impiété, au moment même où ce roi fait brûler l’encens sur l’autel du veau d’or de Béthel, et il lui annonce les châtiments divins tout près d’éclater. III Reg., xiii, 1-32.

b) Élie et Elisée sont suscités par Dieu pour lutter avec la plus grande énergie contre le culte de Baal, installé par Achab à Samarie. Éhe reçoit sa mission de Dieu lui-même, III Reg., xvni, 1, et doit la manifester par l’annonce de la cessation de la sécheresse qui depuis trois ans désolait Israël. Se présentant devant Achab, il lui reproche vivement d’avoir attiré le trouble en Israël, par l’abandon des commandements de Jéhovah et parl’installation du culte de Baal. Le roi doit choisir entre ces deux divinités. Élie propose de réunir sur le mont Carmel tout le peuple, avec les quatre cent cinquante prophètes de Baal et les quatre cents prêtres d’Astarté, que Jézabel, ennemie féroce des prophètes du vrai Dieu, nourrissait à sa table. On sait la proposition faite par ÉUe aux prêtres des fausses divinités. Ils prépareront une victime, et demanderont à leurs dieux d’envoyer le