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IDOLATRIE. IDOLE


profond qui le transforma moralement. Les leçons prédites par les prophètes, châtiments et déliTance. apprirent aux Juifs que les dieux chaldéens n’étaient rien en comparaison de Jéhovah. Le monothéisme s’en trouva raffermi chez les Juifs, et Dieu, qui du mal sait tirer le bien, ne permit la dispersion des Juifs que pour préparer les voies à l’évangile futur, en répandant dans les nations païennes, au milieu desquelles vécurent les Juifs, l’idée d’un Dieu personnel et du IMessie à venir. Et, de fait, ni Esdras, ni.Xéhémie, ni Aggée, ni Malachie ne prononcent le nom d’idoles. La prophétie de Zacharic, xiii, 2, n’implique nullement qu’au temps du propiiète, les idoles existaient encore en Israël. Il ne s’agit d’ailleurs que du souvenir des idoles, nomina idolorum. De plus, il faut bien comprendre le sens de la prophétie. Bien qu’au temps de Zacharie les Juifs ne fussent plus adonnés à l’idolâtrie, le prophète indique l’absence de l’idohitrie, disparue jusqu’à son souvenir même, connue note caractéristique de la théocratie nouvelle. Cf. Ose., II, 17. Voir Knabenbauer, In prophetas minores, Paris, 1886, t. ii, p. 381. Dans Zach., xi, 17, ido/um ne signifie pas idole. C’est la traduction, assez imparfaite d’ailleurs, de l’hébreu’élil, néant. Voir col. 603. « Malheur au pasteur inutile « , tel est le sens exact du passage. II faut même dire qu’après la captivité, les Juifs poussèrent jusqu’à un rigorisme exagéré toute apparence même d’idolâtrie. Toute image d’être vivant, même employée comme simple motif d’ornementation, fut sévèrement proscrite. Les aigles romaines furent presque considérées comme des idoles. Il était interdit de se baisser devant une statue païenne pour boire, pour ramasser un objet tombé, pour arracher une épine du pied. Cf. Aboda Zara, êdit. franc., par Le Blant, 1890 ; ]Iaimonide, De idolololalria cum inlerprelalione lalinæl notis Vossii, 1668. On retrouvera plus tard cette intransigeance des juifs contre le culte des images ; ils s’uniront parfois, comme ils le firent à Damas, au v<e siècle, avec les mahométans. pour accuser les chrétiens d’idolâtrie. Voir Icono-CLASME. Cf. G. Bardy, Les trophées de Damas. Introduction. Patrologia orienlalis, t. xv, p. 185.

Toutefois, toute trace d’actes idolâlriques individuels n’est pas encore disparue. Néliémie mentionne la fausse prophétesse Noadias, et les faux prophètes qui voulurent l’empêcher de reconstruire les murs de Jérusalem, II Esdr., vi, 14.

b) L’hellénisme. — Mais l’hellénisme essaya d’ébranler, une fois encore, la religion monothéiste. Jusqu’à l’avènement d’Autiochus IV Épiphane, l’hellénisme ne pénétra pour ainsi dire pas la Palestine, mais Jésus ou Jason, qui avait acheté du prince le souverain pontificat, fil tous ses efforts pour helléniser ses compatriotes. II Mac, iv, 7 sq. Il fit bâtir un gymnase et une éphébie ; fit inscrire les habitants de Jérusalem parmi les citoyens d’Antioche ; obligea les jeunes gens à se livrer aux jeux païens (et non pas, comme traduit la Vulgate, il exposa les jeunes gens dans des lieux infâmes) ; il fit progresser la vie païenne cl étrangère, 9-13. Les prêtres ne s’attachaient plus aux fonctions de l’autel, mais, méprisant le temple et négligeant les sacrifices, ils prenaient part à la palestre, comptaient pour rien les gloires de leur |ialrie, et n’estimaient que les gloires des Grecs, 14-15. .(ason osa davantage : des jeux devant se célébrer à Tyr en l’honneur de Melcarlh, il voulut offrir, lui aussi, des sacrifices à l’IIercule tyrien, et envoya à cet effet une somme de trois cents drachmes ( ulgate : didruchmas trccrntas ; version syriaque : trois mille drachmes) ; mai.’j les dépulék de Jason ne voulurent pas remplir ce mandat intàme et sacrilège ; ils supplicrcnt le roi d’employer cet argent à un autre usage. On l’appliqua à la construction des trirèmes, 18-20.

Peu de temps après, Antiochus traversa Jérusalem ; le grand-prêtre lui fit faire un accueil enthousiaste, 21-22. Bientôt, Jason fut supplanté par Ménélas, qui acheta la souveraine sacrificalure trois cents talents de plus que Jason, 24-25. Josèphe rapporte que cet intrigant se serait engagé à renier la foi de ses pères et efforcé de faire disparaître la trace de la circoncision. AnI. jud., t. XII, c. V, 1. Mais, incapable de paj’er ce qu’il avait promis, Ménélas fut remplacé ou suppléé (le texte grec dit que Lysimaque fut le o’.âoo/o ; de Ménélas) par son frère Lysimaque, iv, 27-29, lequel se rendit si odieux qu’il fut massacré par les Juifs dans le temple même, 42. t’nc réaction, faite par Jason pour reprendre le pouvoir, irrita Antiochus, cf. I Mac, I, 20-29 ; II Mac, v, 11 21, qui se liTa aux pillages et aux profanation sacrilèges sur la ville et le temple de Jérusalem. La persécution contre les Juifs fidèles au culte traditionnel devint alors terrible. Antiochus décréta « qu’il n’y aurait plus qu’un seul peuple, et que chacun abandonnerait sa loi ; et toutes les nations acquiescèrent à la parole du roi Antiochus, et beaucoup d’Israélites acquiescèrent à la servitude qu’il imposait, sacrifièrent aux idoles et souillèrent le sabbat. » 1 Mac, i, 43-45. Le détail de ces persécutions, dont le but dernier et finalement avoué était de substituer le paganisme idolàlrique au monothéisme juif, est consigné dans les deux livres des Macchabées. En 168 ou 167 avant Jésus-Christ, Antiochus envoie Apollonius, à la tête d’une armée, avec la mission d’helléniser complètement Jérusalem. I IMac, i, 30 ; II Mac, V, 14. Pour y réussir, Apollonius devait, au besoin, anéantir une grande partie de la population juive et la remplacer par des hellènes ou des hellénisants. 1 Mac, T. 38-40 ; II Mac, v, 24. Il profila d’un sabbat pour faire massacrer tous les hommes sans défense qui se présentèrent, s’emparer des femmes et des enfants pour les vendre comme esclaves. I Mac, I, 30-34 ; II Mac, v, 24-26. Ayant assuré sa position à Jérusalem, I Mac, i, 35, Apollonius commença la persécution ouverte. Le roi ordonna qu’il n’y eût plus dans le royaume qu’une seule religion, la sienne. I Mac, I, 43, 46, 53. L’observation de la loi mosaïque fut interdite, le culte légal supprimé, le sabbat et la circoncision prohibés sous peine de mort. I Mac, I, 46-53. Ordre fut donné dans toutes les villes de Juda d’offrir des sacrifices aux idoles païennes. I Mac, i, 54. Le 15 casieu de l’an 145 de l’ère des Séleucides (décembre 168) un autel païen fut construit sur l’autel juif des holocaustes, dans le temple même de Jérusalem, cl le 25 casieu on y immola pour la première fois des victimes, I Mac, i, 54 (texte grec). Le temple du vrai Dieu fut consacré à Jupiter Olympien. II Mac, ^^, 2. On dut célébrer également, chaque mois, le jour où.

tiochus était né, selon les rites païens, avec des couronnes de lierre en l’honneur de Bacchus, Pour assurer l’exécution de ses ordres, le roi envoya des émissaire.s les publier dans toutes les villes de Judée. I Mac, i, 46, Des inspecteurs avaient pour mission de les faire observer. I Mac, i, 53. Chaque mois, des perquisitions étaient faites. I Mac, i, (il. Quiconque était convaincu d’avoir gardé les observances de la loi ou conservé chez lui les Écritures saintes était mis à mort. I Mac, i, 60. Les fenunes ayant fait circoncire leurs enfants étaient tuées avec leurs enfants. 1 Mac, i, 63-64 ; II Mac, vi, 10. Partout s’offraient des sacrifices idolâlriques. I Mac, I, 49-50, 57-58. Il y eut des défections chez, les Juifs. I Mac, I. 45. Mais il y eut aussi de nobles résistances. I Mac, I, 65 ; cf. II Mac, vi, 18-31 (le saint vieillard l’"lcazar) ; vii, 1-41 (les sept frères). D’autres échappèrent à la violence en se cachant au fond des cavernes ou en s’enfuyant dans le désert. I Mac, r, 56 ; II Mac, v, 27 ; VI, 11.