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IDOLATRIE, IDOLE


les emblèmes de Baal élevés par son père, mais ne déracina pas cnlièrcnient le culte, qui ne fut complètement détruit que par Jéhu, IV Reg., III, 2 ; x, 18-28. La ruine d’Israël fut la punition de son idolâtrie. IV Reg., XVII, 10, 18.

Le culte de Baal chez les Israélites mérite quelque attention. Baal eut un temple à Samarie, III Reg., XVI, 32 ; IV Reg., x, 2 1-27, et même, sous Athalie, à Jérusalem. IV Reg., XI. 18. Mais ce culte se pratiquait surtout sur les hauts-lieux, primitivement collines, ensuite, simplement tertres élevés de main d’homme. Jer., XIX, 5 ; xxxii, 35 ; III Reg., xviii, 20. Ces élévations supportaient des autels dédiés au dieu. Jud., VI, 25 ; II Par., xxxiv, 4 ; Jer., xi, 13. Ces autels avaient, en guise d’ornements, des cippes ou colonnes.

II Par., xxxiv, 4 ; IV Reg., x, 20. Comme sacrifices : immolation de taureaux ou d’autres victimes, III Reg., xaii, 23 ; IV Reg., x, 24 ; parfums brûlés, Jer., vii, 9 ; XI, 13 ; IV Reg., xxiii, 5 ; gestes de baisers et d’adorations. III Reg., XIX, 18 ; cf. Ose., xni, 2. Parfois, immolation de vicUnies humaines. Jer., xii, 16. Les nombreux prêtres attachés à ce culte formaient des classes diverses. IV Reg., x, 19, Revêtus d’ornements sacerdotaux, IV Reg., x, 22, ces prêtres (kemârim. pour les distinguer des prêtres du vrai Dieu, kohanîm. IV Reg., xxiii, 5 ; Soph., i, 4) invoquaient le nom de Baal, exécutaient des danses sacrées, en poussant de grands cris, autour de ses autels, meurtrissaient leur propre chair à coups de lances ou avec des glaives jusqu'à effusion de sang, égorgeaient les victimes.

III Reg., xTii, 26, 28. Cf. F. Vigoureux, art. Baal, dans le Dirtionnaire de la Bible, t. i, col. 1320-1321.

Au culte de Baal se joignait le culte d’Astarté, ou « reine du ciel ». Jer., xi.iv, 19 ; vii, 18. La déesse était représentée, dans les populations chananéennes, par un pieu de bois symbolique (ce que la Vulgate exprime ordinairement par lucus). Le culte d’Astarté, comme celui de Baal, était sanguinaire, III Reg., xviii, 28 ; le sang coulait dans ses fêtes et on lui offrail, comme à IMoloch, des sacrifices humains. Voir Aslarlé, dans le Dictionnaire de la Bible, t. i, col. 1187. Mais, en Israël, ce fut surtout par son aspect impur que le culte de la « reine du ciel « se manifestait. Autour de l’aachéra, on retrouve des courtisanes et des hommes voués à l’immoralité et aux vices contre nature (Vulg., effeminati). III Reg., xiv, 24 ; xv, 12-13 ; IV Reg., xxiii, 6-7 ; Ose., iv, 13-14.

Le culte de Moloch, avec ses sacrifices barbares, fut pratiqué plus d’une fois dans le royaume d’Israël, comme il le fut dans le royaume de Juda. Cf. IV Reg., xvii, 17.

c) Pendant la captivité. — Le livre de Tobie nous fournit quelques rapides aperçus sur la condition religieuse des Israélites en captivité. Tobie nous est représenté lui-même comme faisant exception dans le royaume d’Israël. Alors que tous se rendaient aux veaux d’or de Jéroboam, lui seul fréquentait le temple de Jérusalem. Tob., i, 0. Aussi, durant le temps de la captivité, s’abstenait-il, seul entre tous ses compagnons d’exil, de manger des viandes interdites par la loi. Lev., xi ; Tob., i, 12. Ce trait suffit à nous faire comprendre que les Israélites avaient transporté en exil leurs habitudes d’impiété et d’idolâtrie. Les reproches blasphématoires que Tobie reçoit, pour sa confiance en Dieu, de la part de ses proches et de sa femme elle-même, nous dépeignent un état d’esprit fort regrettable. II, 15, 16, 22, 23. La captivité de Juda à Babylone était certes remplie de périls au point de vue de l’idolâtrie pour les Juifs, transportés tout d’un coup dans cette ville riche, dans laquelle les dieux chaldéens. Bel, Nabo, Islar, étaient magnifiquement célébrés et honorés. « Quelle tentation d’adorer ces dieux, qui, aux yeux du vulgaire idolâtre, possédaient

plus de puissance que Jéhovah, puisqu’ils avaient assuré aux Chaldéens la victoire sur le peuple de Jéhovah ! Quand Nabuchodonosor ordomiait de rendre les suprêmes hommages au dieu national de Babylone,

« tous les peuples, les tribus et les langues » se pliaient

à son caprice, et la mort attendait ceux qui se refusaient à cet acte d’idolàlrie. Dan., ni, 7, 21. Se contenter d’adorer Jéhovah constituait donc un acte (le révolte contre le prince, un attentat contre les dieux protecteurs de Babylone. D’où, pour les Juifs, inclination à croire que Jéhovah les avait vraiment abandonnés, qu’il avait manqué à leur égard ou de puissance ou de bonté, qu’eux-mêmes pouvaient en tous cas associer à son culte celui de ces dieux de Babylone, qu’on portait en triomphe à travers la ^âlle au milieu d’un peuple en délire, et qui savaient si bien ménager victoire, gloire et richesses à leurs adorateurs. Ce danger de perversion grandissait encore par le fait que les Juifs vivaient mélangés avec une population de même origine qu’eux, presque de même langage, de traditions, de mœurs, de goûts identiques sur bien des points. Vigoureux, La Bible et les découvertes modernes, t. IV, p. 329-344. On ne peut dire combien de Juifs se laissèrent prendre aux attraits d’une si brillante idolâtrie. Dans le sein même de l'émigration, il se trouvait des hommes pour entraîner leurs frères au mal. Jérémie disait aux exilés : « Que vos prophètes qui sont au milieu de vous, que vos devins ne vous égarent pas. Ne prêtez pas attention aux rêves que vous suscitez. Ils vous prophétisent en mon nom ; mais c’est à faux, je ne les ai pas envoj'és, dit Jéhovah. » Lesêtre, art. Captivité, dans le Dictionnaire de la Bible, t. II, col. 236. Néanmoins, les Juifs n’abandonnèrent pas, du moins en général, le culte du Tai Dieu. La captivité, au contraire, fut, au point de vue du culte monothéiste, une épreuve salutaire. Dieu, en effet, pourvut providentiellement, par l’influence de ses prophètes principalement, à la conservation de la ^Ta ! e religion parmi son peuple.

Il faut remarquer, avant de tracer brièvement le rôle des prophètes, que l’idolâtrie à laquelle se li^Tèrent les royaumes d’Israël et de Juda ne fut jamais l’abandon complet du culte du vrai Dieu, mais plutôt le mélange à ce culte d’autres cultes idolâtriqucs.

« L’idolâtrie des Hébreux, écrit avec justesse le P. Prat,

art. Idolâtrie, dans le Dictionnaire de la Bible, t. iii col. 815-816, était moins une apostasie que l’adoption de pratiques ou de cérémonies étrangères. On n’abjurait pas Jéhovah, qui restait le seul Dieu légitime d’Israël ; mais, par entraînement ou par intérêt, on associait à son culte un culte qu’il réprouvait. Chose extraordinaire ! Il n’y a pas, dans les noms théophores juifs, qui sont très nombreux, un seul cas certain d’une divinité étrangère. L’impie Achab lui-même avait donné à ses fils des noms dans la composition desquels entre le nom de Jéhovah. Enfin, nous voyons par l’histoire que l’idolâtrie, loin d'être endémique, est toujours rapportée à une source étrangère ; et si, pour éluder cet argument, on prétend que tous les Li^Tes saints ont été falsifiés en faveur d’une théorie préconçue, on tombe dans l’arbitraire et dans l’absurde. » Voir également l’intéressante série d’articles de M. Touzard sur VAme juive au temps des Perses, dans Revue biblique, 1916-1919.

3. Après la captivit<^. — a) Après la captivité, même chez les Juifs demeurés loin de la Terre Sainte, il n’y a plus d’idolâtrie proprement dite. Le livre d'&ther, en particulier, nous montre les Juifs installés à Suse,

« ayant des lois et des cérémonies nouvelles et, de plus,

méprisant les décrets des lois. Esth., iii, 8. Les épreuves de la captivité eurent, en effet, un salutaire résultat. Selon la prophétie d'Ézéchiel, xxx^, 24-28, le peuple de Dieu fut l’objet d’un renouvellement