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HYTOSTATIQUE (UNION) — II Y l’OTIIÈQUE
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IDOLATRIE, IDOLE


liovah, disons-nous, et non pas aux idoles, ce qui les excuse en partie, sinon totalenienl, de péché, du moins de péché grave. Qu’il s’agisse ici du culte de Jéhovali (culte néanmoins interdit à cause de l’unité du sanctuaire), l’histoire de l’impie Manassé, rapportée dans ce même II"= livre des Paralipomènes le prouve suffisamment. » 1, ’impie Manassc, après avoir rétabli les liauts-Ueux, démolis par Ézéchias, son père, érigé des autels à Baal et des’asérûh, adoré toute la milice des cieux et placé des statues idolâtriques jusque dans le temple de Salomon, II Par., xxxiii, 1-7, fut emmené captif à Babylone, rentra enlui-même, fit une sincère pénitence et reconnut que Jéhovah était Dieu, 8-13. De retour à Jérusalem, il fit disparaître les dieux étrangers et l’idole, has-sémél, de la maison du Seigneur, ainsi que les autels élevés sur la montagne du temple. Il rétablit l’autel du Seigneur, y sacrifia des victimes pacifiques et des hosties de louanges et enjoignit à Juda de servir Jéhovah Dieu d’Israël, 14-16. Cependant, ajoute l’écrivain sacré, le peuple sacrifiait encore sur les hauts-lieux, mais seulement à Jéhovah. » Ce texte est instructif à plusieurs titres : il nous montre combien l’auteur des Paralipomènes est exempt de cet esprit de système qu’on lui reproche tant. Il nous apprend qu’il y avait deux sortes de hauts-lieux, ceux des idoles et ceux de Jéhovah. Manassès, converti, démolit les premiers, qu’il avait autrefois érigés lui-même, et épargna les seconds. Malgré cela l’écrivain inspiré ne met pas en doute la sincérité de sa pénitence ; il le croit donc excusé soit par la bonne foi, soit par les nécessités politiques. F. Prat, Hauis-lieux, dans le Dictionnaire de la Bible, t. iii, col. 456-457.

Sous Roboam, fils de Salomon, l’idolâtrie fit sa réapparition dans le peuple de Juda ; « ils se firent des autels, des statues et des bois sacrés sur les hautslieux et sous les arbres couverts de feuillages. Il y eut aussi des efféminés (des prostitués sacrés, cf. Deut., xxiii, 17, 18) dans leur terre, et ils commirent toutes les abominations des nations que le Seigneur avait détruites devant la face des enfants d’Israël ». IIIReg., XIV, 23-24. Sous son successeur Abia, mêmes infidélités. On ne dit pas expressément que les rois fussent eux-mêmes livrés à l’idolâtrie, mais tout le laisse supposer, XV, 3. Asa, successeur d’Abia, « chassa les efféminés du paj"s, et le purifia de toutes les souillures des idoles que ses pères avaient fabriquées. Il éloigna même sa mère Maacha, afin qu’elle ne fût pas préposée au bois de la déesse Astarté ; et il brisa sa statue très obscène et la brûla dans le torrent de Cédron ; mais il ne détruisit pas les hauts-lieux », 12-14, quoique cependant, dans son zèle à détruire les autels idolâtriques, il ait tenté une réforme sur ce dernier point. II Par., XIV, 2-5. Josaphat fit une réforme de ce genre : son cœur ayant pris de la hardiesse à cause des voies du Seigneur, il enleva de Juda même les hauts-lieux et les idoles û’Aschéra, II Par., xvii, 6 ; mais, cette fois encore, la réforme ne réussit pas complètement. Cf. III Reg., XXII, 44. Jorani, fils de Josaphat, fit le mal. IV Reg., viii, 18. Ce fut un roi impie, tout comme son fils et successeur, Ochosias, « gendre de la maison d’Achab », 27, et fils de l’impie Athalie. On connaît l’inHuence pernicieuse exercée par cette reine, qui marcha dans les voies des rois d’Israël, c’est-à-dire dans les voies de l’idolâtrie. Cf. II Par., xxii, 3 ; xxiv, 7. Après la mort violente d’Ochosias, Athalie voulut régner seule, mais son règne, après avoir débuté par de sanglantes exécutions, ne fut qu’une série ininterrompue d’actes criminels contre le culte du vrai Dieu. Les matériaux du temple et les objets du culte furent mis au service de Baal ; le sanctuaire fut profané et dévasté. IV Reg., xii, 5-12 ; II Par., xxiv, 7. Joas, pendant tous les jours que

l’instruisit Joiada, fut droit devant le Seigneur ; le début de son règne marqua une réaction violente contre l’idolâtrie, II Par., xxiii, 17 ; il laissa néanmoins subsister les hauts-lieux, mais fit réparer le temple. IV Reg., xii ; II Par., xxiv, 4-15. Mais après la mort de Joïada, Joas se laissa persuader par de nouveaux conseillers : il permit de rétablir le culte d’Astarté et des idoles à la place du culte du vrai Dieu. Le fils de Joïada lui-même ne fut pas écouté et Joas poussa l’ingratitude jusqu’à le faire mettre à mort dans le temple. II Par., xxiv, 17-21. Le châtiment de Dieu ne se fil pas attendre. La même année, le roi de Syrie, Ilazaël, entreprit une expédition contre Juda et serait arrivé à Jérusalem, si Joas ne l’avait arrêté en lui envoyant les objets précieux du temple et le contenu du trésor du sanctuaire et du trésor royal. IV Reg., xii, 17 18 ; II Par., xxiv, 23 sq. Amasias, fils de Joas, rétablit le culte du %Tai Dieu, si ce n’est seulement qu’il n’abolit point les hauts-lieux. IV Reg., XIV, 3-4. A la suite de ses victoires sur les Iduméens et les armées du royaume d’Israël, Amasias tomba dans l’idolâtrie. II Par., xxv, 14. Tué par ses sujets, on lui donna comme successeur son fils Azarias ou Ozias, roi pieux, mais qui laissa néanmoins subsister les hauts-lieux, IV Reg., xv, 3-4 ; ce roi voulut usurper les fonctions sacerdotales dans le temple, II Par., xxNT, 16, et il fut puni de la lèpre, 19 ; cf. IV Reg., xv, 5. Sous le règne du pieux Joatham, fils d’Ozias, les hauts-lieux furent encore tolérés, IV Reg., XV, 34 ; et le peuple péchait encore. II Par., xxvii, 2. Mais le fils de Joatham, Achaz, fut un impie,

« marchant dans les voies des rois d’Israël ». Il arrivait

au pouvoir dans un moment de prospérité, mais aussi de grand relâchement et d’immorahté. Cf. II Par., xxvii, 3-6 ; Is., ii, 7-16, et plus généralement ii-v ; Ose., IV, 15. L’idolâtrie particuhère à laquelle se livra Achaz fut le culte du dieu phénicien Baal, auquel il éleva des statues. II Par., xxiii, 2. Dans la trop fameuse vallée de Hinnom, il offrit de l’encens aux idoles, 3. Un jour même, il « fit passer son fils au feu en l’honneur de Moloch », IV Reg., x^^, 3, c’est-à-dire qu’il le fit brûler. II Par., xxviii, 3. Si Théodoret pense que le péché d’Achaz ne dépassa pas une simple purification par le feu imposée à son fils, Quæst. in IV Reg., c. xvi, P. G., t. Lxxx, col. 779, l’opinion d’un véritable sacrifice consommé, acceptée par Josèphe, Ant. jud., IX, xii, l’Siov 6ÀoLxj- : ’o3--aïoa LoL-k -.’x Xavavaifov ï(h„ a été adoptée par l’universalité des interprètes. Pour se défendre contre des ennemis puissants, Achaz recourt au roi d’Assyrie, pour lequel, afin de se le rendre favorable, il vide ses trésors et dépouille la maison du Seigneur. IV Reg., XVI, 8. Mais un voyage qu’il fit à Damas, pour se rendre auprès du roi victorieux, fut le point de départ de nouvelles infidélités. Achaz y prit le dessein de faire construire, dans le temple même de Jérusalem, un autel sur le modèle des autels païens d’Assyrie, en forme plus grande toutefois, sur lequel on pût offrir des sacrifices. IV Reg., xvi, 10, 12. Achaz envoya le dessin de cet autel au prêtre Urie, qui le fit en effet construire selon les désirs du roi, et, de retour à Jérusalem, Achaz monta à cet autel, y offrit des sacrifices non sanglants et y répandit le sang des victimes pacifiques. IV Reg., x^^, 12-13. Quoique ^Taisemblablement ofïerts à Jéhovah, ces sacrifices étaient empreints d’idolâtrie : l’autel païen suffisait à les rendre une profanation sacrilège. D’ailleurs Achaz, qui pratiquait le culte astrologique des Assj’riens sur des autels qu’il avait fait construire dans son palais, en l’honneur du soleil, IV Reg., xxiii, 12, ne se gênait pas d’offrir des sacrifices aux dieux de Damas. II Par., xxviii, 23. L’ameur sacrilège de la nouveauté lui fit aussi introduire des changements dans le culte.