Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/322

Cette page n’a pas encore été corrigée

€29

    1. IDOLATRIE##


IDOLATRIE, IDOLE

630

filles à leurs fils, et ils servirent leurs dieux », iii, 5. Les hauts-lieux furent aussi une occasion de perversion : les infidèles ne faisant aucune difficulté de prendre part aux cérémonies des Hébreux, ceux-ci étaient tentés de les payer de retour. Enfin, l’idée des religions nationales, idée si répandue chez les anciens peuples, fut aussi un prétexte d’idolâtrie : on se croyait obligé de prendre la religion du pays que l’on habitait, afin de se rendre propices les dieux protecteurs de cette région. Ruth, i, 16. De là, grave danger pour les Hébreux immigrés en Chanaan.

Le livre des Juges est rempli du récit des défections du peuple hébreu, et des châtiments dont Dieu le frappe pour le ramener à la pureté du culte monothéiste. La faute commise par les tribus épargnant les peuples de Ctianaan leur est sévèrement reprochée par l’ange du Seigneur, ii, 1 sq. La génération que gouvernait Josué étant disparue, les Israélites se mirent à servir les Baalim et ils abandonnèrent le Seigneur. .. et ils servirent les dieux étrangers, et les dieux des peuples qui habitaient autour d’eux, et ils les adorèrent et excitèrent le Seigneur à la colère, l’abandonnant et servant Baal et Astaroth, ii, 11-13. Cf. I Reg., vxii, 8 ; xii, 10. Pour remédier à l’idolâtrie, amener le peuple à la pénitence et aussi le délivrer des joBgs ennemis qu’en punition de la faute commise Dieu faisait peser sur les Hébreux, « le Seigneur suscita les juges… Lorsque le Seigneur suscitait les juges, sa miséricorde fléchissait durant les jours de ces juges, mais après que le juge était mort, ils (les Israéhtes) retombaient, et faisaient des choses bien pires que n’en avaient faites leurs pères, suivant les dieux étrangers, les servant et les adorant », ii, 16-19. Après une chute profonde dans l’idolâtrie. Dieu leur inflige huit ans de servitude sous le joug du roi Chusan Rasathaim de Mésopotamie, et suscite, pour les délivrer, Othoniel, ni, 7-10. Après quarante ans de paix, nouvelle infidélité, 12 : nouveau châliment, par l’inLermédiaire d’Églon, roi de Moab, que les Israélites servirent dix-huit ans, 14. Aod les sauva. Après la mort d’Aod, nouvelle chute, iv, 1 ; nouvelle servitude sous le joug de Jabin, roi de Chanaan, 2. Déhvrance d’Israël [tav Débora et Barac, iv-v. Nouvelles infidélités, VI, 1, nouvelle servitude sous Madian, pendant sept ans. Durant la mission même de Gédéon, deux cas d’infidélité particuliers à signaler, celle de Joas, père de Gédéon, lequel a un aulel dédié à Baal, avec un’aschéra, vi, 25, et l’incident de l’éphod de Gédéon, vui, 27, 33. A signaler aussi, sous Abimélech, le cas des Sichémites, ayant leur dieu et leur temple, le dieu Baal, dont le culte deviendra populaire dans le royaume d’Israël. Après le gouvernement de Jair, « les enfants d’Israël, ajoutant de nouveaux péchés aux anciens, firent le mal en la présence du Seigneur, et servirent les idoles, les Baalim, les asturolh, les dieux de Syrie, de Sidon, de Moab, des enfants d’Ammon et des Philistins ; et ils abandonnèrent le Seigneur et ne.l’adorèrent point », X, 6. Le Seigneur les livra aux mains des Philistins et des Ammonites. Faut-il voir dans le vœu de Jephté, xi, 31, un acte idolâtrique mêlé au culte du vrai Dieu ? La chose n’est pas improbable. L’Écriture sainte nous laisse entendre, en effet, en plusieurs endroits, que l’idolâtrie des Israélites n’était point un abandon total du culte de Jéhovah, mais un mélange de pratiques idolàlriques au culte de Dieu. Le culte idolâtrique de Michas, xvi-xvii, en est un exemple. Samuel nous laisse supposer qu’il en était ainsi dans le peuple des Hébreux, I Reg., iiv 3, l ; cf. IV, 1-7 ; xii, 21. Enfin, la grande servitude des Hébreux courbés quarante ans sous le joug des Philistins eut également l’idolâtrie comme point de départ.

c) Au Umpi des rois. — Sous le roi Saiil il n’est pas

fait mention de l’idolâtrie à proprement parler, mais de la divination et de l’évocation des morts. La divination et la magie étaient fréquentes chez les peuples de Chanaan, Exod., xxii, 18 ; Num., xxiv, 1 ; Deut., xvii, 14 ; xviii, 9-14 ; et chez les Philistins. Is., ii, 6. Les prophètes les combattent ; cf. Jer., xxvii, 9 ; Michée, v, 11. Soutenues par le paganisme ambiant, elles survivaient toujours dans le peuple. Il Reg., xxxiii, 6 ; 1°V Reg., ix, 22. Voir, sur ce sujet, Davies, Magic, divination andd^monoloç/y ainong Ihe Hebrews, Baltimore, 1897 ; Blau, Dus aUjûdische Zauberwesen, 1898. Ces pratiques avaient dû pénétrer cliez les Israélites, puisque Satil prend des mesures sévères à l’égard des magiciens et des devins, I Reg., xxvni, 3, 9, cjuoique lui-même allât consulter la pythonisse d’Endor, 7 sq. Sous le roi David, ce lut le triomphe de la religion monothéiste. David résolut de taire de Jérusalem le centre du culte divin en y transportant l’arche d’alliance, demeurée à Cariathiarim. On connaît par II Reg., VI, 1-23, 1 Par., xiii, 1-14 ; xv, 1-29 ; xvi, 1-43, les détails des translations de l’arche. Il voulut même y construire un temple au Seigneur, mais le prophète Nathan lui fit savoir, au nom de Dieu, que cet honneur était réservé à son successeur et fils, Salomon. II Reg., vii, 8-16.

2. De la construction du temple ù la captivité’.

C’est le roi Salomon, dont le début du règne avait été marqué d’une si grande sagesse et d’une si grande piété, qui donne le signal, dans son royaume, du retour à l’idolâtrie. Son apostasie fut la conséquence de son inconduitc. Aimant beaucoup de femmes étrangères, m Reg., XI, 1-3, « son cœur fut dépravé par les femmes, en sorte qu’il suivait les dieux étrangers », 4 ; Salomon servait Astarté, déesse des Sidoniens, et Moloch, idole des Ammonites, 5 ; il bâtit un temple à Chamos, idole des Moabites, sur la montagne qui est contre Jérusalem, et à JMoloch, et c’est de cette manière qu’il fit pour toutes ses femmes étrangères, qui brûlaient de l’encens et sacrifiaient à leurs dieux. Cf. 33. En punition de ces crimes. Dieu décida la division du royaume, non du vivant de Salomon, mais dès l’avènement de son fils Roboam, 34-37. A partir de ce moment, il faut diviser l’histoire de l’idolâtrie en Israël, tout comme le royaume lui-même fut divisé.

a) L’idolâtrie dans le roi/aume de Juda. — Depuis la construction du temple, les hauts-lieux, même consacrés au culte de Jéhovah, étaient prohibés. Cf. Use., X, 5, 8 ; Amos, vii, 9 ; Mich., i, 5 ; Jer., xvii, 3 ; Ezceh., VI, 3, 6. Plusieurs rois en élevèrent, que l’Écriture, même dans les récits simplement historiques, ne manque jamais de blâmer. Cf. pour Salomon, 111 Reg., XI, 7 ; pour Jéroboam, 111 Reg., xii, 31 ; xiii, 32 ; pour Joram, II Par., xxi, 11 ; pour Achaz, II Par., xxvui, 4. Une formule, qui rc ient comme un refrain, s’applique aux rois qui, sans élever de bàmàlli, n’ont cependant pas renversé ceux qui subsistaient, (^’cst du moins ce que laisserait supposer la formule de la’Vulgate : excelsa autem non abslnlit. En hébreu, le texte dit simplement : « Les hauts-lieux ne furent pas abolis », ce qui implique sans doute une responsabilité moindre pour les rois. Bien plus, un certain nombre des rois qui ont laissé subsister les hauts-lieux sont loués pour leur piété et leur droiture ; c’est ce qui arrive (lour Asa, ill Reg., xv, 14 ; pour Josaphat, xxii, 44 ; cf. 43 ; pour Joas, IV Reg., xii, 3 ; cf. 2 ; pour Amasias, xiv, 4 ; cf. 3 ; pour Azarias, xv, 4 : cf. 3 ; pour Joathain, xv, 35 ; cf. 34 ; voir également pour ^Vsa, H Par., xv, 17, et, jiour Josaphat. H Par., xx, 32, 33. Ces deux témoignages de l’auteur des Paralipomènes sutTisenl à démontrer, a l’encontrc de la thèse rationaliste, cjue cet auteur ne passe pas s>sténiatiqucinent sous silence les tolérances accordées par certains rois pieux au culte rendu à Jéhovah sur les hauts-lieux. A Je-