Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/321

Cette page n’a pas encore été corrigée
597
568
HYTOSTATIQUE (UNION) — II Y l’OTIIÈQUE

€27

    1. IDOLATRIE##


IDOLATRIE, IDOLE

628

du temple de Jérusalem. En ellet, nonobstant l’obligation de sacrifier en un lieu unique, les Hébreux gardèrent la coutume de sacrifier sur les hauts-lieux. Tout d’abord, avons-nous déjà remarqué, l’interdiction des hauts-lieux regarde uniquement les hautslieux consacrés au culte idolâtriquc. Les Hébreux ont donc pu, de ce chef, avoir des hauts-lieux consacrés au culte du vrai Dieu. Ensuite, l’unité du sanctuaire ne pouvait obliger le peuple de Dieu avant la construction du temple. Les sacrifices offerts au vrai Dieu sur les hauts-lieux sont mentionnés sans le moindre blâme. I Reg., ix, 12, 13, 14, 19, 25. C’était une application particulière de laloideExod, xx, 24, 25. Nous avons déjà dit d’ailleurs que la législation plus sévère du Lev., xvii, 3-9, était abrogée. Voir col. 625. On pourrait multiplier les exemples de sacrifices offerts sur les hauts-lieux, sans que l’écrivain sacré y trouve rien à blâmer. H Reg., xv, 7, 9 ; I Reg., XX, 29. La raison de la licéité de ces sacrifices est indiquée. II Reg., vii, 6, 7 ; III Reg., viii, 16 ; cf. iii, 2-5. C’est que le temple n’était pas encore bâti. Parmi les hauts-lieux consacrés au culte de Jéhovah, Gabaon, III Reg., iii, 4 ; I Par., xvi, 39 ; xxi, 29 ; II Par., I, 3, 13 ; Rama, I Reg., ix, 12, 13, 14, 19, 25 ; Gabaath-Elohim, I Reg., x, 5, 13 ; Bethléem, I Reg., xx, 24-29 ; XVI, 2-5 ; Galgala, Jos., v, 2-9 ; iv, 19-25 ; I Reg., VII, 16 ; X, 8 ; Ose., iv, 15 ; ix, 15 ; xii, 11 ; Ophra, Jud., VI, 26 ; viii, 27 ; Hébron, II Reg., xv, 7-9, 12 ; Silo, où demeura longtemps le tabernacle, Jos., xviii, l ; Nob, où furent pendant quelque temps le tabernacle, le grand-prctre et l’éphod., I Reg., xxi, 1-9 ; et probablement aussi Béthel et Masphath, que les Septante appellent des lieux sanctifiés, iv tou r, via3aivo ; ç. IReg., vii, 16 ; le mont des Oliviers, II Reg., xv, 30-32 ; le Carmel, IV Reg., iv, 23 ; Dan, Jud., xvii, 3 ; cf. xlvi, 5-6, 30 ; le principal fut à coup sûr Gabaon, habbâmâh, hag-gedôldh, désigné cinq fois, toc. cil., sous le nom technique de bdmâh. La légitimité de ces hautslieux, en tant qu’ils étaient consacrés au culte du vrai Dieu (encore qu’un culte idolâtrique ou schismatique ait été mêlé au culte de Jéhovah à Béthel, III Reg., xii, 26-33 ; II Par., xi, 15 ; xiii, 9, et à Dan, cf. Jud., xviii, xviii), montre bien l’injustice des accusations trop absolues des rationalistes.

5. Il convient de signaler, en terminant, toute une série de mesures prises par Dieu pour empêcher son peuple de tomber dans l’idolâtrie, à laquelle un penchant quasi-irrésistible semblait entraîner les Israéhtes. Nous avons déjà d’ailleurs touché quelques-unes de ces mesures p’éventives : abolition du culte des images, Exod., xx, 3 ; Deut., iv, 15-19 ; ordre de ne rien laisser subsister des lieux et des noms mêmes de culte païens, Deut., xii, 2-4 ; Num., xxxiii, 52 ; extermination demandée des tribus chananéennes, Deut., VII, 10 ; Num., xxxiii, 55 ; dispositions restrictives relatives au commerce et aux alliances avec les étrangers, Exod., xxiii, 32-33 ; Deut., mi, 2-4 ; institution du sabbat, Exod., xx, 8-11 ; xxxi, 13-17 ; Deut., v, 12-15 ; des pèlerinages, Lev., xxiii ; Deut., xvT ; du nouveau tabernacle, Exod., xxv-xxx ; xxxv-xl ; des sacrifices, Lev., i-vii ; auxquels se rapportent un sacerdoce spécial, viii-x, et un rituel différent de celui des autres nations, rituel réglé dans ses moindres détails ; distinguant les animaux purs et les animaux impurs, xi ; cf. Deut., xiv ; interdiction d’une foule de pratiques superstitieuses, Lev., xix, 26-28 ; Deut., XIV, 1 ; et notamment des sacrifices humains, Lev., XVIII, 31 ; XX, 2, 3, 4, 5, Deut., xviii, 10 ; substitution d’autres coutumes gênantes sans doute, mais dont l’effet était de donner au peuple de Dieu plus d’unité et de cohésion en l’isolant des contacts funestes ; injonctions et menaces rigoureuses. Lev., xnti, 8-11 ; Deut., xni ; etc. Cf. F. Prat, art. Idolâtrie, op cit..

coi. 810 ; Spencer, JJe lc(jibus Hebrœorum ritualibusque earum rutiunibus, Tubingue, 1732, p. 284-288.

2° Aperçu historique de l’idolâtrie dans le peuple d’Israël. — Les différentes prescriptions et interdictions que l’on a exposées plus haut, jointes à la suite des événements, nous tracent pour ainsi dire naturellement le cadre de l’histoire de l’idolâtrie dans le peuple d’Israël. On peut considérer trois périodes : avant la construction du temple, de la construction du temple à la captivité, après la captivité.

1. De Moïse à la construction du temple.

a) L’idolâtrie dans le désert. — Deux faits culminants, l’adoration du veau d’or, quelques semaines après la sortie d’Égj’pte et, quarante ans après, adoration de Baal Phégor avec les Moabites et châtiments infligés aux prévaricateurs. Exod., xxxii, 1-6, 26-28 ; Num., xxv, 1-3, 5-9. A noter que, dans l’esprit d’Aaron, le veau d’or symboUsait Jéhovah. Exod., xxxii, 5. Sur le symbolisme du veau, voir Dhorme, Les Sémites, dans Où en est l’histoire des religions ? Paris, 1911, t. I, p. 147, 165, 166, 177 ; Lagrange, Éludes sur les religions sémitiques, Paris, 1905, p. 93-94 ; H. Vincent, Canaan, Paris, 1907, p. 467. Le taureau représentait le dieu syrien Adad, qui présidait aux vents. Jéhovah se manifestant sur l’Horeb dans les éclairs et le tonnerre, il était naturel que, pour le symbohser, Aaron

songeât à la représentation du dieu Adad. Voir

H. Lesêtre.

Veau d’or, dans le Dictionnaire de la Bible, t. v, col. 2388. Entre ces deux points culminants de l’histoire de l’idolâtrie dans le désert, se placèrent des défaillances que les écrivains sacrés ne nous ont pas conservées, mais dont nous soupçonnons l’existence par Amos, v, 25-26. — b) Au temps des Juges, « les enfants d’Israël, ajoutant de nouveaux péchés aux anciens, firent le mal en la présence du Seigneur, et servirent les idoles, les Baalim, les Astaroth, les dieux de Syrie, de Sidon, de ^Moab, des enfants d’Ammon et des Pliihstins, et ils abandonnèrent le Seigneur et ne l’adorèrent point. Le Seigneur, irrité contre eux, les livra aux mains des Phihstins et des enfants d’Ammon. » Jud., x, 6-7. Cf. ni, 7 ; viii, 33 ; ii, 11-23. Les anathèmes prononcés par Dieu contre les tribus chananéennes ne comportaient aucune exception. La première infidélité des Hébreux fut précisément d’excepter, soit délibérément, soit en raison de certaines circonstances imprévues, un grand nombre de principautés chananéennes : occupation ( ?), mais simplement temporaire, de Gaza, Ascalon et Accron, Jud., i, 18 ; maintien des Jébuséens dans la forteresse de Sion, 21 ; vie sauve consentie aux habitants de Gabaon, Béroth, Gariathiarim, Caphii’a, Jos., ix, 3-27 ; exceptions faites par Manassé, en faveur de Betsan, Thanac, Dor, Jéblaam, Mageddo, et leurs dépendances, Jud., i, 27, subjuguées ensuite, mais non anéanties, 28 ; par Éphraim, en faveur de Gazer, 29 ; par Zabulon, en faveur de Cétron et Naalol, qu’il se contenta de rendre tributaire, 30 ; par Azer, en faveur d’Accho (Acre), de Sidon, d’Ahalab, d’Achazib, d’Helba, d’Aphec etde Rohob, 31-32 ; par Nephthali, en faveur de Betsamès et de Berthanath, qu’il soumit sans les exterminer, 33 ; par Dan, en faveur des Amorrhéens, qui résistèrent sur le mont Harès, et à Aïalon et Salébim, mais dont il fit, plus tard, ses tributaires. Ainsi entourés de populations païennes, conservant à l’intérieur même de leurs terres des centres d’idolâtrie, les Hébreux prirent une partie des croyances, des mœurs, des pratiques religieuses de ceux avec qui ils habitaient. Les mariages avec les infidèles furent aussi une occasion de perversion : a Les enfants d’Israël habitèrent au raiheu du Chananéen, de l’Héthéen, de l’Ainorrhéen, du Phérézéen, de l’Hévéen et du Jébuséen ; ils prirent pour femmes leurs filles et ils donnèrent eux-mêmes leurs propres