Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/320

Cette page n’a pas encore été corrigée
625
626
IDOLATRIE, IDOLE


devant le tabernacle les animaux destinés à leur nourriture ou aux sacrifices, et cela, outre la raison de sanctification des aliments, Lev., xvii, 3-5, dans le but d’éviter les pratiques idolâtriques qu’ils avaient parfois associées à l’immolation des animaux, 7. Cette loi fut abrogée lorsque les Hébreux furent entrés dans la terre promise. Deut., xii, 15.

« Les sacrifices devront être offerts dans le lieu que

Jéhovah aura choisi dans une des tribus. Deut., iix 13-14. En attendant qu’il fût déterminé et que Jérusalem devint le seul lieu habituel des sacrifices, la législation du livre de l’alliance subsistait ; il était toujours licite d’immoler à Jéhovah là où il avait ordonné de faire mémoire de son nom, et les expressions de la nouvelle législation, Deut., xii, 13-14, sont telles, que, tout en restreignant à un seul lieu l’érection des autels pour le culte ordinaire et officiel, cf. II Par., xxxii, 12, elles n’excluent pas que, dans des circonstances extraordinaires, on ne pût, même après la construction du temple, ériger accidentellement et transitoirement d’autres autels et y offrir des sacrifices. » P. Renard, art. Autel, dans le Dictionnaire de la Bible de M. Vigoureux, t. i, col. 1267.

2. Le Deutéronome reprend, en plusieurs endroits, en les précisant, les interdictions portées par Dieu et rappelées au livre de l’Exode.

IV, 15 sq. : « Vous n’avez vu aucune figure (extérieure ) au jour où le Seigneur vous parla sur l’Horeb au mUieu du feu (comparez : Exod., xx, 22 -Vous ave^ vu que c’est du ciel que je vous ai parlé), de peur qu’étant séduits, vous ne vous fassiez quelque image de sculpture, quelque figure d’homme ou de femme, ou de quelqu’une des bêtes qui sont sur la terre, ou des oiseaux qui volent dans le ciel, ou des animaux qui rampent et se remuent sur la terre, ou des poissons qui sont sous la terre dans les eaux ; ou qu’élevant vos j’eux vers le ciel, et y voyant le soleil, la lune et tous les astres, vous ne tombiez dans l’illusion et dans l’erreur, et que vous ne rendiez un culte d’adoration à des créatures. »

23 sq : « Gardez-vous d’oublier jamais l’alliance que le Seigneur votre Dieu a faite avec vous et de vous faire en sculpture l’image d’aucune des choses dont le Seigneur a défendu d’en faire, parce que le Seigneur votre Dieu est un feu dévorant et un Dieu jaloux (cf. Exod., xx, 5). Si, après avoir eu des enfants et des petits-enfants, et être demeurés dans ce pays, vous vous laissiez séduire jusqu’à fabriquer quelque image (sculptée), en commettant devant le Seigneur votre Dieu un crime qui attire sur vous sa colère, j’atteste aujourd’hui le ciel et la terre que vous seriez bientôt exterminés de ce pays que vous devez posséder », etc. Le texte sacré énumère ensuite les châtiments terribles qui frapperaient Israël coupable d’idolâtrie, y compris le châtiment d’adorer des dieux faits de main d’homme et de les servir, au lieu d’adorer et de servir le vrai Dieu. Cf. Deut, xi, 16-17.

3. Les livres de l’Exode et du Deutéronome contiennent des commandements plus précis encore sur l’attitude des Hébreux à l’égard des nations dont les territoires leur sont dévolus, et à l’égard des coutumes idolâtriques de ces peuples.

Exod., xxiii, 2 : 5, 24, 32, 33 : « Mon ange marchera devant vous, et il vous fera entrer dans la terre des Amorrhécns, des Héthéens, des Phérczcens, des Chananécns, des Ilévéens et des Jébuséens, car je les exterminerai. Vous ne vous prosternerez pas devant leurs dieux et vous ne les servirez pas. Vous n’imiterez point leurs œuvres, mais vous les détruirez et vous briserez leurs statues… Vous ne ferez point d’alliance avec eux ni avec les dieux qu’ils adorent. Ils n’habiteront point dans votre terre, de peur qu’ils ne vous portent à m’offenser en servant les dieux

qu’ils adorent, ce qui sera certainement votre ruine. » Exod., xxxiv, 11 sq. : « Je chasserai moi-même devant vous les Amorrhcens, les Chananéens, etc. Prenez garde de ne jamais faire amitié avec les habitant de ce pays, ce qui causerait votre ruine ; mais détruisez tous leurs autels, brisez leurs statues, coupez leurs’nsérim (c’est-à-dire les statues de la déesse Astarté) ; n’adorez point de dieu étranger. Le Seigneur s’appelle (le Dieu) jaloux ; Dieu veut être aimé uniquement. Ne faites point d’alliance avec les habitants de ce pays-là, de peur que, lorsqu’ils se seront corrompus avec leurs dieux et qu’ils auront adoré leurs statues, quelqu’un d’entre eux ne vous invite à manger des viandes immolées (aux dieux). Vous ne ferez point épouser leurs filles à vos fils, de peur qu’après qu’elles se seront corrompues elles-mêmes, elles ne portent vos fils à se corrompre aussi avec leurs dieux. Vous ne ferez pas de dieux en fonte. » Cf. III Reg., xi, 2.

Le Deutéronome, vii, 1-16 ; cf. xii, 1-2, répète, en accentuant les menaces et les promesses, les mêmes prescriptions. Cf. Num., xxxni, 52. A noter que l’interdiction d’adorer les étoiles, la lune, le soleil se trouve renouvelée au c. x^^^, 3. Au c. xvi, 21-22, défense est faite derechef, cf. Exod., xxxiv, 13, de planter en’âsêrâh, aucun arbre près de l’autel de Jéhovah. Défense d’élever un massêbâh querre levée, stèle).’Asêrâh désigne ici l’emblème de la déesse du même nom, qu’il faut identifier avec la déesse Astarté. Cf. Jud., VI, 25, 26, 28, 30 ; IV Reg., xxra, 6. De même que les Chananéens joignaient des’àscrâh à l’autel de Baal, la divinité mâle, de même, les Hébreux auraient pu être tentés de l’élever près de l’autel de Jéhovah : d’où l’interdiction du Deutéronome, xvi, 21. Cf. Mich., v, 13 ; Is., xvii, 8 ; xxvii, 9 ; II Par., XXIV, 8.

4. Le Deutéronome, enfin, porte une interdiction spéciale relative aux hauts-lieux (bâmâh, pluriel : bâmôt). L’usage de dédier les montagnes à la divinité était courant dans le paj’s de Moab et la terre de Chanaan ; sur les raisons religieuses de ce fait, voir F. Prat, art. Hauts-lieux, dans le Dictionnaire de la Bible, de M. Vigouroux, t. iii, col. 450. La législation du Deutéronome, relativement aux hauts-lieux est formulée au c. xii, où l’on retrouve également l’ordre formel de détruire tous les objets ou édifices ayant servi au culte des idoles, de changer même le nom des lieux pour effacer jusqu’à la mémoire d’un culte superstitieux. Mais une interdiction plus précise vise au n. 2 " les lieux où les nations… ont adoré leurs dieux sur les hautes montagnes, et sur les collines et sous tous les arbres touffus ». Sur ce dernier point, cf. Is., i, 29 ; Lvii, 5 ; Ezech., xiii, 28 ; Os., iv, 13. Cet ordre, relativement à la destruction des hauts-lieux idolâtriques, se retrouve au livre des Nombres, xxxni, 51, 52 :

« Quand vous aurez passé le Jourdain, et que vous

serez entrés dans le pays de Chanaan, exterminez tous les habitants de ce pays-là ; brisez les pierres érigées (en l’honneur des fausses divinités) ; mettez en pièces leurs statues et renversez tous leurs hauts-lieux… » On remarquera, dans ce dernier texte, que Moïse ne dit pas : détruisez tous les, mais tous leurs hauts-lieux. Ce ne sont donc pas les hauts-lieux eux-mêmes, ni le culte rendu au vrai Dieu sur les hauts-lieux, que Dieu entend prohiber, maissimplement les hauls-lieux de Chanaan et le culte qu’on y rendait aux idoles. A cette interdiction relative aux hauts-lieux, il convient de joindre la prescription d’offrir à Jéhovah les sacrifices prévus par la loi, en un lieu unique. Les rationalistes s’appuient principalement sur ce dernier point du code sacerdotal pour démontrer que l’idolâtrie avait été courante en Israël, ou tout au moins officiellement tolérée, jusqu’à la construction