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HONGRIE


Bâthoiy, avec son fils, à la foi de leurs ancêtres, produisit un cŒt considérable, à cause de la situation prépondérante qu’occupait cette famille. Du côté des Turcs, le danger devenait imminent ; ils avaient remporté des succès, et Kara-JNIustapha approchait de Vienne. A l’appel lancé par Innocent XI, pour sauver l’Europe du joug ottoman, des chevaliers avaient répondu ; Jean Sobieszky délivra Vienne (1683), et Charles de Lorraine, poursuivant les Turcs, les défit à Pârkâny ; aidé par les Hongrois, il s’empara de Buda (1686), et, le lendemain, le grand-vizir reprenait la route de Belgrade. Le drapeau chrétien flotta sur l'église Notre-Dame, où, durant un siècle et demi, le croissant avait été substitué à la croix. Poursuivant leur marche victorieuse, les armées chrétiennes repoussèrent les Turcs vers leurs frontières ; l’Europe était enfin délivrée de la terreur qui l’avait si longtemps oppressée.

Le commencement du xvii » siècle fut marqué par le soulèvement de François Ràkôczi II, qui se mit à la tête des « mécontents » pour conquérir l’indépendance de la Hongrie et lutter contre la germanisation que Léopold I^' poursuivait depuis qu’il avait obtenu l’hérédité de la maison de Habsbourg au trône de Hongrie. La diète convoquée en 1705, à Szécsény, par Ràkôczi. traita de questions intérieures et confirma les libertés religieuses ; la diète d’Onod (1707) proclama l’indépendance de la Hongrie et la déchéance du roi. La paix de Szatmàr (1711) mit fin à ce soulèvement. La réorganisation du pays, ruiné par une occupation étrangère plus que séculaire, s’imposait ; à Joseph P' avait succédé Charles III (1711-1740) ; il appela en Hongrie des étrangers, notamment des Allemands, pour repeupler les régions dévastées : les protestants virent les droits qui leur avaient été accordés confirmés, mais ils durent restituer les églises revendiquées par les catholiques. Une commission fut instituée pour régler les questions litigieuses entre catholiques et protestants. Les prêtres furent astreints à la résidence et ne purent plus posséder plusieurs bénéfices ; les mariages mixtes furent autorisés, les enfants devaient appartenir à la religion catholique. Charles III assura aux prêtres une existence matérielle honorable et posa les premières bases de la Congrua ; il organisa l’enseignement et créa un séminaire dans chaque diocèse ; les frais d’entretien étaient prélevés sur les revenus des monastères. Toutes ces mesures eurent pour résultat l’augmentation du nombre des catholiques, qui firent preuve alors d’une plus grande activité. N’ayant pas de successeur mâle, Charles III avait fait reconnaître, par la diète de 1723, la succession par la ligne féminine, et ainsi sa fille Marie-Thérèse (1740-1780) lui succéda ; avec l’assentiment du pape Clément XIII, elle prit (1758) le titre de reine aposloliqiie. Elle fil des réformes dans tous les domaines, administratifs, intellectuels et religieux, où elle alla plus loin que ses prédécesseurs. Elle passa outre à la résistance <|u’avaient opposée certains évêques au jiartage de leurs évêchés et. réalisant les projets de son père. créa de nouveaux évêchés : le 1° janvier 1776, elle fonda les évêrhés de Besztercze-Biinya, de Szepes et de Rozsnyô ; l’année suivante, ceux de Székesfchérvvr et de Szombathely. Pour les grecs-unis, qui jusqu’alors n’avaient eu que des vicaires apostoliques, elle créa les évêchés de Munkécs et de Nagy-Vàrad. En cas de guerre ou de calamités, les rois de Hongrie, de la maison de Habsbourg, prélevaient un impôt sur les évêchés, après en avoir demandé l’autorisation à Rome ; MarieThérèse décida de se passer de cette autorisation et, de plus, imposa aux nouveaux évêques le paiement d’une redevance à verser au fonds de l'Église ; cette somme éluil (ixéc suivant les circonstances. i ; ile fil

effectuer le recensement des ordres religieux, qui s'étaient beaucoup développés ; on constata qu’il v avait 147 couvents, avec 3 570 religieux, plus 191 ermites ; il fut décidé que ce nombre ne devait plus être dépassé. Les droits de châtiment des supérieurs furent limités, et le droit d’asile, supprimé. Il fut en même temps défendu d’envoyer de l’argent aux supérieurs des ordres résidant à Rome. La pubUcation des brefs était soumise à l’autorisation royale. MarieThérèse appréciait les services rendus par les jésuites, elle dut cependant leur infliger le sort exigé par Clément XIV, et les proscrire, non sans avoir longtemps hésité. Ils dirigeaient, à ce moment, l’université de Nagy-Szombat, les académies de Kassa, Gyôr, Zâgrâb et Buda, 30 collèges, 12 séminaires pour le clergé séculier et 9 établissements divers. Les biens qui leur furent confisqués s'élevaient à quelques millions de florins, qui furent consacrés à des œuvres de religion et d’instruction. Le fonds de religion fut constitué par les biens confisqués aux congrégations. Après le départ des i-eligieux, une nouvelle organisation de l’enseignement devint nécessaire. MarieThérèse donna, en 1777, le Ratio educationis. elle fonda le Theresianum et institua le régime des bourses d'étude ; elle fit ouvrir des écoles dans les villages, , et, sans rendre l’instruction primaire obligatoire, la rendit tout au moins plus générale. Elle contraignit les établissements d’enseignement protestants à se soumettre aux règlements édictés pour tous après le départ des jésuites. Pénétrée du droit absolu de la monarchie, Marie-Thérèse avait voulu rétablir l’unité de la foi dans ses États ; elle n’j' parvint pas et fut cependant taxée d’intolérance par les protestants, qui pourtant la préférèrent à son successeur, son fils Joseph II (1780-1790). Le nouveau souverain avait des convictions religieuses, mais il considérait les biens des religieux comme un contresens économique et la soumission à Rome comme un amoindrissement des droits de l'État. En octobre 1781, il publia VÉdit de tolérance, annulant la Resolutio Carolina ; cet édit accordait de larges droits aux protestants, tandis que les droits des catholiques étaient restreints. Le primat protesta, mais en vain, et Joseph, après avoir dissous presque toutes les congrégations, puis confisqué leurs biens, réglementa les cérémonies religieuses, interdit les processions et les pèlerinages, fixa le nombre de cierges à allumer pour les offices et alla même jusqu'à régler la façon d’enterrer les morts. Aux protestations du primat de Hongrie contre l’intrusion du roi dans les questions religieuses, s’ajoutèrent celles du nonce ; elles furent tout aussi vaines. Le pape Pie VI décida d’aller â Vienne pour s’entretenir personnellement avec Joseph H. Le peuple acclama le pape ; les évêques hongrois se rendirent à Vienne pour exposer leurs griefs au souverain pontife, qui eut plusieurs conférences avec Joseph II ; tous les pourparlers échouèrent. Pie VI, qui était arrivé à Vienne le 22 mars 1782, en partit le 24 du mois suivant sans avoir obtenu la moindre atténuation aux mesures édictées contre l'Église. Pénétré des idées philosophifiues du xvni'e siècle et de la doctrine de Febronius, Joseph II se considérait comme le maître de « son Église - ; aussi, quand il se rendit à Rome, était-il décidé à rompre avec le pape ; l’ambassadeur d’Espagne le détourna de ce projet. Joseph II s’entretint avec Pie VI et changea d’attitude à l'égard du saint-siège. Il n’avait pas limité son action à la religion, mais avait voulu réglementer tous les domaines ; le 28 janvier 1790, il se reconnaissait vaincu et rapportait, sauf r/irf(7 de tole’rnnre. presque tous ses décrets, rétablissant les choses dans l'élat où elles se trouvaient à la mort de Marie-Thérèse. Il mourut peu après et son frère Léopold (1790-1792) lui succéda. Les ciitlioliqucs