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Loccupatioti de Buda par les Turcs (1511) avait été pour la Hongrie une blessure fort douloureuse. qui eut des couséciueiices très graves ; presque tout le pays était au pouvoir des Osmanlis, qui l’administraient eu maîtres, ou plutôt en conquérants. Ce n'était guère que par la ruse qu’ils obligeaient un chrétien à jjrendre leur religion, mais, directement et indirectement, ils favorisaient le protestantisme, en soutenant ses adeptes et en persécutant, avec eux, les catholiques. Les diètes de 1542, 1544 et 1548 essayèrent de réagir en votant des lois pour la protection des catholiques, le bannissement des prédicants étrangers, la reslilulion des biens aux égUses, etc., mais le pays était trop troublé et les lois ne purent être appliquées. La découverte de l’imprimerie avait largement contribué à la diffusion des idées allemandes, car les prédicants écrivirent, imprimèrent et distribuèrent dans les villes des livres inspirés par une profonde animosité contre la foi et dans lesquels tous les dogmes catholiques étaient bafoués. En 1545, les protestants convoquèrent deux synodes, l’un à Medgyes, l’autre à Erdod ; le premier décida l’adoption de la Confession d’Augsbourg, et ordonna que la dîme du dixième, versée jusqu’alors à l'Église, .serait remise aux pasteurs protestants. A Erdôd. un règlement en douze articles fut élaboré. Ce qui avait contribué à la rapide diffusion du protestantisme, ce fut l'état déplorable où se trouva le clergé après la bataille de Mohâcs. Les évêchés étaient sans titulaires et les seigneurs s'étaient attribué les revenus ; ainsi à Esztergom, à Vâcz, à Nyitra, tandis que les évêchés de Pécs, Vârad, Csanâd, Kalocsa étaient aux mains des Turcs, qui refusaient le moindre traitement aux rares prêtres qui restaient encore dans ces diocèses.

Maximilien (1564-1576), indifférent en matière religieuse, facilita les progrès du protestantisme ; de nombreux généraux se firent protestants, les grandes charges de la cour étaient occupées » ar des réformés ; à l’avènement de Rodolphe II (1576-1608), la partie de la Hongrie non occupée par les Osmanlis comptait 900 communes luthériennes et autant de calvinistes. Le pays semblait destiné à devenir protestant ; on y comptait alors à peine 300 prêtres et religieux. L’archevêque d’Esztergom, Nicolas Olàh, parvint à rouvrir le séminaire de Nag-Szombat ; les jésuites, que l’on venait d’appeler en Hongrie, y formèrent des prêtres qui. au commencement du xviie siècle, purent soutenir, jiar la iilunie et par la parole, la lutte contre les protestants. Les catholiques réclamèrent leurs églises, que les réformés occupaient, quelques nobles revinrent à la vraie foi, mais le soulèvement d’Etienne Bocskay fut nuisible pour le catholicisme. Le trailé de Vienne (1606) accorda la liberté religieuse aux protestants comme aux catholiques ; sous le règne de Mâtyàs II (1608-1619), ce traité fut confirmé par la diète de 1608, et la liberté du culte fut étendue aux villes et villages : les protestants pouvaient éliie leurs pasteurs et ils formaient un corps indépendant. La dignité politique la plus élevée, celle de palatin, pouvait être attribuée à un protestant : elle fut occupée par Illéshâzi et par Tlmrzô, qui naturellement favorisèrent leurs partisans. Ne doutant plus de leur puissance, les dissidents avaient demandé l’expulsion des jésuites. Pierre Pàzmàny, élève et disciple de Bellarmin, né dans une famille protestante, revint, à l'âge de treize ans, à la foi catholique, entra à dixsept ans au noviciat des jésuites, étudia à Vienne et à Rome, puis fut envoyé en mission en Hongrie. Animé d’une foi ardente, énergique autant qu'éloquent, il fit reculer le protestantisme.. la demande d’expulsion formulée contre les jésuites, il répondit par une brochure ; ses arguments, appuyés sur les lois, sur les droits reconnus à tous les Magyars, sur

les traités, étaient irréfutables ; aussi l’eflet produit par cette défense fut-il si grand que le projet d’expulsion fut abandonné, quoiqu'à ce moment le palatin et de nombreux membres de la diète fussent protestants. Ce point acquis, Pàzmâny continua son œuvre de prédilection, la conversion des dissidents ; par son éloquence persuasive, son patriotisme ardent, sa foi enthousiaste, il parvint à convaincre quelques familles de la noblesse, dont le retour à la foi catholique fut d’un entraînant exemple. Pour les affermir dans la foi, pour y ramener d’autres familles, le jésuite se fit polémiste. En 1608, il publia deux volumes qui semblèrent aux protestants si dangereux qu’ils demandèrent au palatin de châtier ce « jésuite impie ». La môme année, il défendit, à la diète de Presbourg, les droits des catholiques ; il put les maintenir dans toutes les questions dogmatiques, mais il dut accepter les exigences politiques des protestants, car il les savait prêts à se soumettre aux Turcs plutôt que de laisser restreindre les droits qu’ils s'étaient arrogés. Quelques années plus tard, en 1613, il publia le Guide vers la vérité divine, œuvre aussi éminente au point de vue religieux que littéraire. Expliquée par Pâzmàny, la religion catholique apparaît lumineuse, les points attaqués par les protestants sont réfuté ;  ; par des arguments indiscutables. Le style du Guide est énergique, catégorique, belliqueux même. Pour accepter l’archevêché d’Esztergom que le. roi lui offrait, Pâzmâny dut quitter l’ordre des jésuites ; il eut des discussions de préséance avec le palatin Thurzô, protestant. Pendant le règne de Ferdinand II (1619-1635), le palatin fut un catholique ; un mouvement pour la défense des droits des réformés fut dirigé par Gabriel Bethlen, qui. en 1619, prit Kassa, mais une attaque des Turcs l’obligea à conclure un armistice, qui aboutit à la paix de Nicolsbourg, basée, quant aux questions religieuses, sur le traité de Vienne. La diète de Sopron (1622) vota soixante-dix-neuf lois, sans que la religion.y occupât la première place. Pâzmâny fit un voyage à Rome pour demander au pape d’intervenir auprès du roi de France, Louis XIII, pour organiser une ligue des États catholiques contre le roi de Suède ; il obtint de vagues promesses. Continuant son apostolat, Pâzmâny fonda des écoles, réorganisa les séminaires, créa l’université de Nagy-Szombat et eut la satisfaction de voir les retours au catholicisme devenir de plus en plus nombreux ; quand il mourut (1637), la Hongrie était revenue à la foi catholique. Cependant les protestants ne renonçaient pas sans lutte aux droits qu’ils avaient acquis ; mais, pendant le règne de Ferdinand III (1637-1657), leur nombre diminua ; la paix de Linz (1645) assura à leurs vassaux la liberté du culte. L'évêque grec de Munkâcs conclut, en 1649, une Union par laquelle il entrait dans l'Église catholique avec son clergé et le peuple. Le traité de Westphalie avait enlevé aux protestants l’espoir de secours étrangers, mais ne les empêchait pas, où ils avaient la majorité, d’opprimer les catholiques, restreignant leurs droits de citoyens. A Kassa, ils firent subir le martyre à deux jésuites et à un chanoine. Léopold ! « ne vit dans la Hongrie qu’un territoire occupé par les Turcs ; aussi la paix qu’il signa, en 1664, à Vasvâr, provoqua-t-elle une grande irritation ; on pensait, non sans apparence de raison, qu’elle tendait à la suppression de la Constitution. La noblesse s’unit pour chercher les moyens de lutter, mais le complot fut découvert : Zrinyi, Nâdasdy et Frangepân payèrent de leur vie le désir de sauver leur patrie ; leur sacrifice ne fut pas vain : catholiques et protestants, malgré leurs revendications opposées, s’unirent pour conquérir l’indépendante. Les familles nobles continuaient à revenir au catholicisme, mais le retour de la veuve de George Râkôczy II, Sophie