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IDIOMES (COMMUNICATION DES ;

    1. IDOLATRIE##


IDOLATRIE, IDOLE

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11" A ce court aperçu historique, il convient d’ajouter un dernier trait, relativement aux adoptianistes. Puisque, par son union avec le Verbe, l’homme Jésus, dans l’adoptianisme, n’est pas devenu Dieu réellement, mais nominalement, nuncupative, la loi de la communication des idiomes doit être sacrifice. Voir Adoptianisme au yiiie siècle, t. i, col. 408 sq. Voir la tradition exprimée dans S. Paulin, Contra Felicem, t. I, c. xxxv, P. L., t. xax, col. 388.

En résumé, on le voit, la communication des idiomes suit historiquement les mêmes fluctuations que la doctrine de l’union hypostatique. Après ce que nous avons dit de la nature de cette loi, cette constatation n’a rien qui doive surprendre.

III. RÈGLES.

Petau, loc. cit., c. xvi, déduit de l’exposé historique, dont on vient de tracer le canevas, douze règles concernant l’application de la loi de la communication des idiomes : 1° Les propriétés de chaque nature doivent être attribuées à un seul et même sujet. 2° Ce sujet peut être désigné soit en fonction des deux natures, soit en fonction d’une seule. 3° Du seul et même sujet, le Christ, des propriétés contraires, appartenant respectivement à chacune des deux natures, peuvent être simultanément affirmées. 4° Dans cette attribution au même sujet de propriétés opposées, il faut cependant maintenir intacte la distinction des natures. 5° L’attribution des propriétés se fait au Christ ; la communication des propriétés, dans le Christ. 6° La communication des propriétés se fait dans le Christ, selon le sujet (materialiter) et non selon les natures (formaliter). 1° D’où il suit que les noms qui désignent expressément la nature comme telle ne peuvent être indilîérenmient pris les uns pour les autres. 8° Parmi les attributions à faire au Christ, les aiïirmations doivent être énoncées absolument : le Christ est mort, les négations comportent une mention restrictive : le Christ n’est pas mort selon la divinité. 9° Les affirmations exprimant l’union in fieri ne peuvent être appliquées au Christhomme, l’humanité n’existant que par l’union ; on dit : le Verbe s’est fait chair, mais on ne dit pas : l’homme est devenu Dieu. 10° La communication des propriétés, l’àvTÎoos ; ?, doit être entendue dans un sens plus large dans l’incarnation que dans la trinité, bien que l’unité des personnes divines soit plus étroite que l’union des natures en Jésus-Christ. 11° On peut distinguer avec saint Jean Damasccne, De jide orthodoxa, t. III, c. xv, P. G., t. xav, col. 1045 sq., la véritable communication des idiomes, physique, naturelle, substantive, et la communication purement morale, qui a lieu lorsqu’on attribue au Christ ce qui appartient en réalité à une autre personne, et ce, par suite d’un rapport de grâce, de bienveillance, par exemple : nos péchés, notre malédiction, etc. Voir S. Jean Damascène, op. cit., t. IV, c. xix. 12° La communication des idiomes doit toujours, en résumé, respecter l’unité de la personne et la dualité des natures dans l’union hj-postatique dont elle est une exiircssion exacte.

Ces règles ont été reprises par les théologiens scolatiques, voir en particulier Pierre de Poitiers, Scfitentiarum, t. IV, c.ix-x, P. L., t. ccxi, col. 1 1C7-1383, et formulées d’une façon plus précise encore, et par rapport aux termes abstraits et concrets dont on se sert pour désigner l’hypostase ou la nature dans le Christ. Ces règles, réunies par saint Thomas d’Aquin, Sum. theol.. III », q. xvi ; In IV Sent., t. III, dist. VII, ont déjà été rappelées. Voir Abstraits (Termes), t. I, col. 20.5-286.

IV. Importance dogmatique.

La communication des idiomes, on l’a constaté, n’est pas une .simple affaire de terminologie : c’est une loi qui ressort de l’intime même du dogme de l’incarnation.

Il est impossible de manquer à la lai de communication des idiomes sans manquer par le fait même à la foi catholique. C’est pourquoi la communication des idiomes tient une si large place dans les Écritures, dans les premières formules de la foi catholique relativement au dogme de l’union hypostatique. Elle a servi, depuis, de pierre de touche de l’orthodoxie dans les controverses nestoriennes et monophysites, et plus tard, dans les discussions adoptiaaistes. On ne saurait donc montrer trop de vigilance à n’employer les termes concrets et abstraits s’appliquant au Christ, que selon les règles fixées par la théologie traditionnelle.

S. Jean Damascène, De fide orthodoxa, t. III, c. iii, iv ; S. Thomas d’Aquin, Sum. </ieo ;., IIla, q. xvi ; Bellarmin, De Chrisio, . III, c.ix, x ; Suarez, De incarnafione, disp. XXXV ; De Lugo, De incarnatione, disp. XXIII ; Thomassin, De incarnaiione, t. III, c. xxiv ; Ysambert, In Ill^m partem Summæ S. Thomæ, loc. cit. ; Petau, De incarnaiione, t. IV, c. XV, XVI ; Legrand, De (ncornafi’one, diss. VI, c. iv, dans Migne, Theologiæ cursus completus, t. xii, col. 642 sq., et les traités modernes de théologie. De Verbo incarnato,

« pécialement Wirceburgenses, n. 319 sq. ; Franzelin, thés.

XXXVII ; Billot, thés, xxv ; C. Pesch, prop. xiv ; Janssens, p. 577 sq. ; Hurter, th. cliii.

Au point de vue historique : Petau, loc. cit. ; Tixeront, Histoire des dogmes, t. ii, p. 99, 124-125, 291-292, 380 ; t. iii, p. 20, 33, 58, 70, 87, 100, 116, 500, 532 ; G. Voisin, L’apollinarisme, p. 293-297 ; M. Jugie, Neslorius et la controverse neslorienne, p. 115-118 ; J. Lebon, L£ monophysisme sévéricn, p. 473-486.

A. Michel.

    1. IDOLATRIE##


IDOLATRIE, IDOLE. — L Définition. II. L’idolâtrie et la religion primitive. III. L’idolâtrie et la religion mosaïque. IV. L’idolâtrie et la reUgion chrétienne. V. Exposé théologique.

I. DÉFINITION.

Nominale.

Littéralement,

idolâtrie, sîôtôÀo)’/ Xa-psîa, £ ?’i)Xo).aTGeîa, signifie culte des idoles. La définition de l’idolâtrie dépendra donc du sens à attacher à « culte » et à « idoles ». — 1. Culte, ÀaTŒta. — La signification du mot ÀaToeia est suffisamment établie par l’usage. Il s’agit du culte souverain et absolu rendu à la divinité comme telle. Sans doute, le verbe ÀaTpsjS’.v n’a pas toujours ce sens restreint. Les Septante appellent l’œuvre servile, interdite le jour du sabbat, ipYov ÀaTorjTo’v, Lev., xxiii, 7, 8, 21 ; Num., xxviii, 18 ; l’esclavage est désigné par le même mot. Deut., xxvrn, 48. D’autre part, le verbe’>ijÀ : J£iv, que l’usage théologique a consacré à la signification du culte inférieur des saints, le culte de dulie, voir t. iii, col. 2407, a fréquemment, chez les auteurs inspirés, et même chez les Pères de l’Église, le même sens que aix-oijsvI. Cf. Matth., vi, 24 ; Luc, xvi, 13 ; I Thes., i, 9 ; Act., xx, 19 ; Rom., xii, 11 ; xiv, 18 ; cL VII, 25 ; Eph., vi, 7 ; Col., iii, 24 ; Gal., iv, 8. Néanmoins, XaTOîia, ÀaTO’Jsiv semblent être réservés plus spécialement, aussi bien chez les auteurs profanes, comme Platon, Plutarque, Lucien, les tragiques grecs, que dans l’Écriture et chez les Pères, ù la désignation du service de la divinité. Exod., xii, 25 ; Deut., vi, 13 ; x, 12 ; Jos., xxiv, 15 ; I Mac, ii, 10, 22 ; Matth., IV, 10 ; Luc.i, 74 ; ii, 37 ; iv, 8 ; Joa., xvi, 2 ; Act., vu ; 7 ; xxiv, 14 ; xxvi, 7 ; xxnti, 23 ; Rom., i, 9 ; IX, 4 ; XII, 1 ; II Tim., i, 3 ; Phil., iii, 3 ; Heb., ix, 1, 6, 14 ; Apoc, VII, 15 ; xxii, 3. Ce sens est toutefois plus compréhensif que celui de ÀEiTouiy’a. Ce n’est pas seulement un rite sacré, Heb., ix, 9 ; x, 2 ; cf. viii, 5 ; XIII, 10 ; c’est, en général, tout service de Dieu qui est désigné par ce mot. Voir Lagrangc, Èpîlrc aux Romains, Paris, 1916, p. 13. L’hommage culluel rendu aux idoles étant un hommage souverain et absolu, celui que l’on accorde à Dieu seul est donc bien exprimé par le terme XaTosia. I Mac., i, 43 ; Exod., xx, 5 ; XXIII, 24 ; Ezcch., xx, 32 ; Act., vii, 42 ; Rom., i, 25. De là, l’expression composée Eto<i)Ào).aTpEfa, que l’on