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HYTOSTATIQUE (UNION) — II Y l’OTIIÈQUE
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IDIOMES (COMMUNICATION DES)


personne par l’union de l’économie. Jbid., col. 1241 ; cf. Scliolia de incarnatione, ibid., col. 1380. Mais Cyrille remarque bien d’ailleurs que cette façon de parler n’est légitime qu’à la condition de considérer la divinité et l’humanité dans l’union, Homiliæ paschales, XVII, n. 2, P. G., t. lxxvii, col. 776 ; car la divinité elle-même n’a pas souffert ; le’Verbe de Dieu pris à part n’est pas r.é de la "Vierge ; il n’a été ni garrotté, ni meurtri ; il n’est pas mort ; il était aussi impassible dans la Passion que l’est la flamme dans laquelle est plongé un fer rouge que l’on frappe : le fer est touché, mais la flamme^ non. » iîp/sL, xlv, iv, P. G., t. Lxxvii, col. 236, 45 ; Advcrsus Neslorium, 1. "V, c. IV, P. G., t. 1.XXVI, col. 232 ; Qiiod unus sit €hristus, P. G., t. lxxv, col. 1337. Tixeront, op. cit., p. 71. On pourrait multiplier les citations de saint Cyrille. Voir Petau, op. cit., 1. l’V, c. xv, n. 5. Le fondement de la communication des idiomes est donc l’union hypostatique, par laquelle le "Verbe de Dieu a fait siennes les choses de la nature humaine. Les termes employés pour exprimer cette idée sont : oîxsiouaOat, toiOTroicïaOai, ou l’ôiov -otsïaOa ;. Epist., L, ad Valerianum, P. G., t. i.xxvii, col. 257 ; Scholia de incarnaiione, c. viii, t. lxxv, col. 1577, etc. Les expressions déjà employées par saint Athanase ont été reprises par plusieurs Pères postérieurs à saint Cyrille. "Voir Petau, loc. cit. Saint Cyrille affirme la communication des idiomes dans les anathématismes IV, xii ; cf. XI. Denzinger-Bannwart, n. 116, 124, 123. Szo-ôLoç, n’est qu’une application de la loi de la communication des idiomes.

8° L’hérésie monophysite poussée à des conséquences logiques extrêmes devrait aboutir à la négation de la communication des idiomes, et établir l’identité des idiomes en Jésus-Christ, par suite de la négation des deux natures. A propos d’un monophysite, Philoxène, M. A. "Vaschalde, Threc lellers of Philoxenus, bishop of Mabbôgh, Rome, 1902, p. 45, a soutenu cette thèse, qui, logiquement, devrait également être appliquée à tous les monophysites. En réalité, cette théorie extrême ne convient qu’à certaines catégories d’hérétiques monophysites, à ceux qui absorbent l’humamité dans la divinité et tomloent ainsi dans le théopaschisme, voir Eutychianisme, t. v, col. 1602 ; àceux qui admettent une métamorphose réelle du "Verbe en chair, ibid., col. 1604, et même à certains partisans de la théorie de la fusion ou mélange, ibid., col. 1606, et spécialement aux actistètes et aux niobites. Cf. Tixeront, op. cit., p. 112-117. En réalité, beaucoup de monophysites, et surtout les Sévériens, admettent la communication des idiomes.’Voici en quel sens :

« Si les termes mêmes de natures et de propriétés, dit à

juste titre M. Lebon, Le monophgsisme sévérien, Louvain, 1909, p. 473, étaient essentiels dans la définition de la communication des idiomes, il faudrait évidemment assurer que la doctrine monophysite ne peut connaître cette particularité. En effet…, nos auteurs n’admettent qu’une seule nature dans le Christ, et ils se refusent de conserver « les propriétés des natures » Mais la communication des idiomes n’est pas simplement une manière de parler ; dégagée de la terminologie scientifique, elle constate pratiquement une double vérité : le Christ est vrai Dieu et vrai homme ; un seul et le même sujet est à la fois vrai Dieu et vrai homme, possédant ainsi les attributs de la divinité et de l’humanité. Quiconque admet ces deux propositions doit reconnaître que l’unité personnelle donne à l’homme tout ce qui appartient à Dieu et à Dieu tout ce qui appartient à l’homme. En somme, la communication réelle des idiomes se contente de la reconnaissance d’une divinité et d’une humanité véritables dans le seul et même Verbe incarné. Plus une christologie insistera sur l’unité

individuelle dans le Christ, plus elle sera portée à faire usage des expressions qui nous occupent ici. A ce compte, la communication réelle des idiemes sera plus intime encore et jjIus fréquente chez les monophysites que chez les chalcédoniens… Toutefois, le principe flirigeant la christologie monophysite ! a portait surtout à user de la communication des idiomes pour attribuer au Verbe tout le côté humain de l’économie. » Objectivement, la communication des idiomes est donc conservée ; mais logiquement, la confusion des termes concrets et des termes abstraits (toute communication des idiomes, dans la christologie monophysite, étant in concrète) risque d’aboutir à la confusion des natures. Et c’est précisément là l’erreur monophj-site.

9° Les positions respectives sont désormais prises par les auteurs. Théodoret, dont on sait les tendances christologiques, ne pouvait pas accepter, sans l’atténuer, la loi de la communication des idiomes, telle que l’avait formulée saint Cyrille d’Alexandrie. En substance, Théodoret en parle avec justesse. Eranisles, dial. II, P. G., t. Lxxxin, col. 145. I^es réserves qu’il y apporte concernent surtout l’attribution à Dieu et au’Verbe des soufïrances et de la mort. Eranistes, dial. III, ibid., col. 264 sq., 268 ; Critique de l’anathématisme iv, P. G., t. Lxx%a, col. 409, 412 ; Fragments, P. G., t. Lxxxiv, col. 62, 639 ; cf. Critique de l’anathématisme Xil, P. G., t. lxxvi, col. 449. Il admet le OîOTû’Loç, sans rejeter l’àvOpfjj-OTo’Loç.De incarnaiione Domini, n. 35, P. G., t. lxxv. col. 1477 ; Critique de l’anathématisme I, P. G., t. lxxvi, col. 393 ; Fragments P. G., t. Lxxxiv, col. 62 ; Epist., cli, P. G., t. Lxxxiii, col. 1416. Les auteurs postérieurs n’apportent aucun élément nouveau dans l’application de cette loi de la communication des idiomes : on la trouve formulée et expliquée par Léonce de Byzance, saint Maxime, saint Sophrone, et, du côté des latins, par saint Fulgence, Ad Trasimundum, c. xxvii, P. L., t. lxv col. 291 ; et principalement par Vigile de Tapse, Contra eulychian., y passim, P.L., t. Lxii, col. 134 sq., auxquels il convient d’ajouter saint Grégoire le Grand, Moral., t. XVIII, n. 85, 86, P. L., t. lxxi, col. 89, 90 ; S. Isidore, Sententiarum, t. I, c. xiv, P. L., t. Lxxxiii, col. 565 sq.

10° Saint Jean Damascène a traité la question de la communication des idiomes dans le De fide orthodoxa, t. III, c. III et iv, P. G., t. xav, col. 993-1000. Il en établit le fondement objectif dans la -£î ; /ojpT, a’.c, circumincessio, qui existe entre la nature divine et la nature humaine dans le Verbe. Cette circumincession, dans l’incarnation, n’est, en réalité, que l’union hypostatique elle-même. Sur ce terme, voir Hypostatique (Union), col. 504. En vertu de cette circumincession des natures, c’est-à-dire en raison de l’union hypostatique, Btà tt, ’/ eî ; aXÀïjÀa tôjv ijlîocov -ioiyiÔGYi’Siv xa’Trjv xaO’i-daTaaiv Évfoaiv, et parce que c’est un seul et même sujet qui fait les actions divines et les actions humaines, « agissant dans chacune des natures, avec communion de l’autre », le Verbe fait siennes (oîP.îtojTaOles propriétés de la chair, et selon un véritable mode de communication, y.a-à tov àvT’oôaîfo ; Too’-ov, il passe à la chair ses propriétés divines. C’est ainsi qu’on dit que le Seigneur de gloire a été crucifié, I Cor., ii, 8, bien que la nature divine n’ait pas souffert ; ou encore que le Fils de l’homme, avant sa passion, était au ciel (Joa., iii, 13). Un seul et même sujet était à la fois le Seigneur de gloire, et Fils de l’homme par nature et, par là, vrai homme. C’est au même sujet que nous rapportons et les miracles et les supplices, bien que les miracles aient été accomplis en raison d’une nature, et les supplices supportés en raison d’une autre. Cf. Lettre dogmatique de S. Léon, Hypostatique {Union), col. 478-482.