Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 7.1.djvu/306

Cette page n’a pas encore été corrigée
597
598
IDIOMES (COMMUNICATION DES)


d’user de la loi de la communication des idiomes : on la trouve exprimée et utilisée par Tertullien, Arnobe, cf. Hypostatique (Union), col. 455, Phebadius, De Filii divinitate, c. vui, P. L., t. xx, col. 45 sq. ; par Zenon, qui affecte de mettre en relief l’unité personnelle, en opposant les propriétés des natures, Tractatus, t. II, ’in, n. 2 ; ix, n. 2 ; vii, n. 4, P. L., t. xi, col. 413, 417, 411 jparsaintHilaire, Tractatus super psalmos, ps. un, n. 12, P. L., t. IX, col. 344. Au début du ve siècle, saint Augustin emploie la communication des idiomes, dont il fait la théorie et justifie le bien-fondé. Contra sermonem arianorum, n. 8, P. L., t. xlii, col. 688 ; De Trinitate, t. I, c. xiii, n. 28, col. 840 ; Serm., ccxiii, u. 3, P L., t. xxxviîi, col. 1061 sq. ; voir également Cassien, De incarnatione Domini, t. V, c. vii, P. L., t 4, col. 114, et Leporius, Libellus emendationis n. 3, 6, P. L., t. Li, col. 1224 (cf. Cassien, op. cit., t. I, c. V, t. L, col. 25 sq.), col. 1226.

4° La christologie d’Apollinaire accorde à la communication des idiomes une place prépondérante. Voir surtout Epist. ad Jovianum, et llzol -f^z’v16-r, -oi. La position d’Apollinaire est intermédiaire entre l’arianisme, qui attribue à la divinité les attributs de riiumanitc, et la thèse antiochienne, qui préludait déjà au nestorianisme. Voir plus loin. Mais il accentue sa position dans un sens fortement monophysite ; il attribue au Christ entier les attributs propres à la nature divine ou au corps ; au Verbe, les propriétés du corps ; à la chair, c’est-à-dire au Christ considéré dans la chair, celle de la divinité. Voir H. Lietzmann, Apollinaris von Laodicea, Tubingue, 1904, p. 250-253, 185-193 ; cf. G. Voisin, L’apoUinarisme, Louvain, 1901, p. 295-297. Relativement à la communication des idiomes, la position d’Apollinaire est donc encore orthodoxe, mais avec une tendance accentuée vers le monophysisme, qui est en germe dans sa théorie christologique. Voir Hyi-ostatique (t/nion), col. 469

5° L’école d’Antioche était principalement visée par Apollinaire. Déjà Diodore de Tarse et Théodore de Mopsueste considéraient la communication des idiomes au sens où Apollinaire l’employait, comme un abus, chaque nature gardant, en Jésus-Christ, son activité propre, et qui devait lui être attribuée. C’est donc, en conséquence de ce dyophsisme, par abus de langage que l’on attribue à une nature, même prise in concrète dans l’union hypostatique, les propriétés de l’autre nature. Nestorius formule d’une façon explicite cette nouvelle théorie de la communication des idiomes :

« La communication des propriétés ne peut se faire

que sur le prosôpon d’union et sur les noms qui le désignent. Au Christ, au Fils, au Seigneur, on pourra accorder tous les attributs divins et humains. Le Christ est Dieu parfait et homme parfait, le Fils aussi, le Seigneur aussi. Le Christ, le l’ils, le Seigneur est à la fois passible et impassible, mortel et immortel, engendré dès l’éternité et né dans le temps. Fils de Dieu et fils de Marie. Mais la communication est interdite par rapport à Dieu le Verbe et par rappor’à la nature ou personne humaine prise comme telle. «  M. Jugie, Nestorius et la controverse nes/orienrip, Paris, 1912. p. 116 ; cf. L(t)reci’//rrar/We, trad.Nau, p.87-88. 179-228, 230 ; cf. p. 148, 321,.323. Nestorius réserve sa pensée, au sujet de la comnuinication des idiomes, dans ses iv et xn contre-analhèmes, dans Kirch, Enchiridion fontium historiée ecclrsinslicic anliquw, n. 728, 736, et P. G., t. xLvnii, col. 909, 911. De cette théorie générale découle logiquement la position de Nestorius, relativement au Oîoto’Lo ;. Mario doit être dite / viTOToV.o ;, mais non OsotôLo ;. Aussi n’est-on pas étonné de rencontrer Iréquemment chez Nestorius l’emploi de termes concrets pour les termes abstraits et réciproquement : divinité signifie in Dieii ; humanité, un lioniinc, même lorsqu’il semble les distinguer

Voir Le livre d’Héraclide, p. 276, 205-207 ; cf. Labbe, Concilia, t. iii, col. 318 ; Loofs, Nestoriana, p. 205, 292 ; Petau, De incarnatione, t. VI, c. v, n. 4, 5 ; M. Jugie, op. cit., p. 129-130.

6° Le nestorianisme, postérieur à Nestorius accentue encore Terreur de l’hérésiarque touchant la communication des idiomes. Dans le traité De nutivilate Domini nostri Christi de Thomas d’Édesse, édit. F. Carr, Rome, 1898, la formule Deus crucifixus atque mortuus est toujours écartée, p. 36. Le second symbole d’Isoyhab P’se refuse à dire queûifu est mort et que Marie est mère de Dieu. Voir Chabot, Sijnodicon orientale, dans Notices et extraits des manuscrits, t. xxxvii, p. 454, 455 ; Labourt, Le christianisme dans l’empire perse, Paris, 1904, p. 277. Babaî le Grand n’admet que « l’échange des noms » : on peut, d’après lui, " attribuer au Christ considéré après l’incarnation et dans ses deux natures, les actions, passions et propriétés de chacune des deux natures Ainsi, on ne dira pas que Dieu est mort, mais bien, à cause du -pda-’j-ov de l’union, que le Fils de Dieu a été livré pour nous, le mot Fils désignant ici le Verbe incarné. » Tixcront, Histoire des dogmes, t. III, p. 58. Voir la thèse de Baljaï exposée par lui-même dans les fragments du De unions, traduits par M. Labourt, op. ci !., p. 281, 282. On fera donc l’échange des noms qui appartenaient à chacune des natures en vertu de l’union prosopique. Les noms eux-mêmes, dont on fait l’échange, et qui sont fournis par la sainte Écriture, doivent être divisés en deux classes : ceux qui appartenaient à la divinité avant son union avec l’humaniti, ceux qui appartiennent en propre au Christ. La première classe comprend les noms de : Fils, Verbe, Dieu, Seigneur, Unique, Rayon, Image, Vie, Ressemblance de Dieu, Roi, Saint ; la deuxième classe renferme les noms de : Jésus-Christ. Embryon, Premier-né de Marie, Emmaïuiel, Enfant, Homme, Fils de l’Homme, Fils du Très-Haut, Premier-né de toutes les créatures. Premier-né d’entre les morts. Prêtre, Fils de David. Roi, Seigneur, Prophète, Adam, Image de Dieu invisible, Juste, Saint, Rocher, Pain, Vigne, Voie, Porte, Agneau, Pasteur, Sceptre, etc. Cf. Labourt, loc, cit.

7° t^n face de Nestorius, saint Cyrille rétablit la véritable loi de la communication des idiomes, et il en précise le fondement objectif. Pour saint Cyrille, la communication des idiomes a deux formes. Tout d’abord, elle consiste à attribuer à la personne du Verbe incarné les actions, passions et propriétés de la divinité ou de l’humanité : le docteur alexandrin a largement usé de celle première forme de la communication des idiomes et en a justifié l’emploi. Voir De recta fide ad reginas, orat. ii, c. xvi, P. G., t. Lxx^^, col. 1353 ; Quod unns sit Christus, P. G., t. lxxv, col. 1309 ; Advcrsus Nestorium, t. I, c. vi ; t. II, c. m ; I. IV, c. VI, P. G., t. LXXVT, col. 44. 73 sq., 209 sq. ; Epist., -iiV, XLV. XL^, II. 3, P. G., t. i.xxvii, col. 196, 232, 241 Jamais Cyrille n’attribue à l’humanité comme telle les actions ou passions de Jésus-Christ ; c’est toujours le Verbe qui agit ou souffre -^-xyLi. La deuxième forme de la ccmmunication des idiomes consiste à attribuer à la divinité ou à l’humanité prises concrètement, c’est-à-dire à Dieu ou à l’homme, les actions ou les passions de l’autre nature. « Il s’est fait comme un mélange des propriétés de la divinité et de l’humanité unies, chacune d’elle devenant participante, dans l’union et par l’union, des propriétés de l’autre élément ; ’ojr-p -l’/j.rjjy ; àvaz.v/à ; (o.oyo ;) -X T’Ôv çJ3 ! ’..v iw’t’j.’x-zi. De incarnatione (Jnigenili, P. G., t. ixxv, col.’1244. « Il faut donc reconnaître que le (Verbe) a donné à sa jiropre chair la gloire de l’opération divine en même temps qu’il a fait sien ce qui est de la ch.iir, et qu’il en a revêtu sa propre